droneturc akinci. Home; Blog; Nosotros; Contacto; Nuestros Clientes; Copia de Home V2; localite de grece antique 5 lettres Accueil •Ajouter une définition •Dictionnaire •CODYCROSS •Contact •Anagramme mer de la grèce — Solutions pour Mots fléchés et mots croisés Recherche - Solution Recherche - Définition © 2018-2019 Politique des cookies.
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Solutionspour la definition "Circonscription grecque" en 4 lettres ainsi que les differents synonymes possibles Menu . Rechercher. Circonscription grecque Circonscription grecque en 4 lettres. Circonscription grecque en 4 lettres. Définition ou synonyme. Nombre de lettres. Lettres connues et inconnues Entrez les

InfosDiffusionsCastingRésuméEn 431 av. Athènes est florissante. Périclès a lancé de grands chantiers, comme l'Acropole du Parthénon, et s'est entouré des plus grands savants, dont Anaxagore, ainsi que des plus grands hommes de lettres que sont Hérodote, Eschyle ou Euripide. Toutefois, il aimerait renforcer la domination athénienne sur la méditerranée, toujours concurrencée par la puissante Sparte. Il décide donc d entrer en guerre contre la cité ennemie sans se douter que la peste va bientôt ravager Athènes. En 429 av. Périclès contracte la maladie et meurt. Une lutte de pouvoir s'ensuit tandis qu'Athènes s'embourbe dans la guerreGenreDocumentaire - HistoriqueAnnée de sortie2005Avec—Infos supplémentaires—Avis des internautes 1Vous avez aimé ce programme ? La Grèce antique origine de notre civilisation ? - Épisode 3 Socrate, naissance de la philosophie S'ABONNERFermerS'abonner

Lethéâtre d'Epidaure peut accueillir plus de 14 000 spectateurs. Le théâtre antique d'Epidaure Ce théâtre se trouve dans la région d'Argolide, entre le golfe Saronique et le golfe argolidique. La solution à ce puzzle est constituéè de 5 lettres et commence par la lettre D Les solutions ✅ pour CIRCONSCRIPTION GRECQUE ANTIQUE de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots Croisés pour "CIRCONSCRIPTION GRECQUE ANTIQUE " 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Suggéré par les utilisateurs Utilisateur Solution Lettres Anonyme Nike 4 Partagez cette question et demandez de l'aide à vos amis! Recommander une réponse ? Connaissez-vous la réponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires Motde passe. Mot de passe oublié ? Afficher ou masquer le menu Menu. Accueil. Ressources. Parcours Chercheurs. Services. 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Adepte de l'anarchie, à savoir qui refuse l'autorité et les conventions rejette toute autoritéAdversaire de l'étatAnarchiste populaireSans dieu, ni maîtreLibertaireIl refuse son étatIl a un drapeau noirFauteur de troubleContre le pouvoir NIE3 lettresRejetteManque de reconnaissanceRéfute en blocRefuse de reconnaître la véritéRécuseNe veut pas reconnaître sa fauteNe tombe pas d'accordDécline une invitation à se mettre à tableContesteClame son innocence ETAT4 lettresAutorité souveraineConditionA ses affaires et ses secretsNationFaçon d'êtrePatron des fonctionnairesSon chef est le président MUTINS6 lettresQui sont en révolte contre l'autorité DEPENDS7 lettresRelèves d'une autorité DIOCESE7 lettresTerritoire religieux sous l'autorité d'un évêqueCirconscription d'un évêque DOMINER7 lettresTenir sous son autorité REBELLES8 lettresQui sont en révolte contre l'autorité ORTHODOXE9 lettresChrétien rejetant l'autorité du pape RECUSATION10 lettresRejet de l'autorité SEDITIEUSE10 lettresQui sont en révolte contre l'autorité PROTESTANT10 lettresNom commun protestant masculin singulier1. Religion Chrétien qui se réclame d'un des groupements issus de la Réforme du 16è siècle. Les protestants d' rejetant l'autorité du pape IMPATRONISER12 lettresS'établir avec autorité quelque part et s'y imposer en maître ERE3 lettresToute une époqueBon nombre de sièclesAccumulation de cyclesCourse de cyclesC'est une question de tempsCouvre parfois plusieurs sièclesUne période historiqueUne époque historiqueTranche de tempsTemps sans commune mesureDes siècles et des sièclesSes jours ne se comptent pasRéférence géologiquePoint de départ d'une chronologie particulièrePeut être primaire, secondaire ou tertiaireLongue période de vie sur terreLe temps du géologueGrande périodeElle ne manque pas de lustresDivision du temps passé ZEN3 lettresPrénom Zen FémininOn le reste en toute sérénitéécole religieuseSereinSecte bouddhiqueSans réaction au japonImpassibleécole bouddhisteCoolCalme VITE4 lettresToponyme Vite Inde villeAdverbe vite invariableà toute vapeurSans lambinerà plein gaz IDEAL5 lettresLe mari que toute femme rechercheOptimalLe rêve absolu DOREE5 lettresToute bronzéeRichement colorée USAGEE6 lettresPlus toute neuve OPIACE6 lettresToute substance semblable à l'opiumSoporifique et calmantMorphinique PEINTE6 lettresToute coloréeA pris des couleurs Pourtoute cette partie, nous nous référons à l’ouvrage d’ Annie Schnapp-Gourbeillon, Aux origines de la Grèce (XIIIème-VIIIème siècles avant notre ère), la genèse du politique, Les Belles-Lettres, 2002, 426 p. Voir bibliographie. Selon la tradition, la civilisation mycénienne se serait effondrée d’un coup, victime d’invasions doriennes qui auraient tout détruit sur leur AÏNOUS Dans le chapitre "Les origines" … Vivant en pays japonais, ils ont, depuis le xi e siècle, peu à peu adopté le mode de vie nippon malgré d'anciennes hostilités. En fait, leur nombre était jadis appréciable et ils occupaient une bonne moitié du Japon. Mais ils furent peu à peu refoulés vers le nord, surtout depuis la réforme de Taika milieu du vii e siècle, la cour envoyant des troupes et établissant des retranchements dans les […] Lire la suiteLes médias de la recherche JAPON, histoire, des origines à 1192 » BOUDDHISME Histoire L'expansionÉcrit par Jean NAUDOU • 3 116 mots • 4 médias Dans le chapitre "En Corée et au Japon" … La Corée était au iv e siècle de notre ère morcelée en plusieurs royaumes, dont les principaux sont le Ko-kou-rye au nord-ouest, le Paik-tchei au sud-ouest, et le Sillā au sud-est. En 372, le roi des Jin Shǎnxi envoya le bonze Sunde avec des textes et des images à Ko-kou-rye. Douze ans plus tard, c'était au tour du Paik-tchei d'être évangélisé. Une cinquantaine d'années plus tard, Sillā reçut à […] Lire la suiteDÉBUT DU DHARMA AU JAPONÉcrit par François MACÉ • 218 mots L'arrivée officielle du bouddhisme au Japon aurait eu lieu en 552, selon le Nihon shoki , première histoire officielle du Japon. Une autre source, le Gankōji engi , donne la date de 538. Cette arrivée correspondrait à l'envoi, par le roi Syöng-Myöng du royaume coréen de Paekche, d'une statue du Bouddha et de sutras, à l'empereur du Japon, Kinmei. Le bouddhisme est alors avant tout considéré comme […] Lire la suiteDŌKYŌ mort en 772Écrit par Francine HÉRAIL • 278 mots Il semble que Dōkyō ait appartenu à une famille de très petits fonctionnaires, peut-être descendants de Mononobe no Moriya. Né sans doute au début du viii e siècle, il se fait moine, mène une vie d'ascète mais étudie aussi les doctrines de la secte Hossō. Sa réputation lui vaut d'être appelé auprès de Kōken-tennō, l'impératrice qui vient d'abdiquer. Il la soigne par des incantations et s'attire s […] Lire la suiteFUJIWARA NO MICHINAGA 966-1027Écrit par Francine HÉRAIL • 658 mots C'est à sa naissance — et au hasard — que Michinaga doit d'arriver au premier rang et de présider à l'apogée de la civilisation du Japon antique. Il est en effet le fils du grand chancelier Kaneie, et ses deux frères aînés, Michitaka et Michikane, qui avaient succédé à leur père, sont morts prématurément. L'empereur, sur le conseil de sa mère, sœur de Michinaga, lui accorde en 995 la charge d'exam […] Lire la suiteFUJIWARA NO MOTOTSUNE 836-891Écrit par Francine HÉRAIL • 249 mots Chef de la maison Fujiwara à la suite de son oncle Yoshifusa qui l'adopte comme héritier. Créant un précédent, Fujiwara no Mototsune dote sa famille, qui possédait déjà le privilège de fournir les mères des princes héritiers et les régents pendant la minorité des empereurs, de celui de revêtir la charge de grand chancelier kampaku qu'il fait créer pour lui. Ministre en 872, régent en 876, mini […] Lire la suiteFUJIWARA NO YOSHIFUSA 804-872Écrit par Francine HÉRAIL • 188 mots Deuxième fils de Fuyutsugu de la branche dite du Nord de la maison Fujiwara, Yoshifusa pose les bases qui font la fortune de ses descendants premier de sa famille, depuis le transfert de la capitale de Nara à Kyōto, à être revêtu de la charge de ministre des Affaires suprêmes de son vivant 857, premier à porter le titre de régent sesshō pendant la minorité de l'empereur Seiwa 858, premie […] Lire la suiteGO-SHIRAKAWA-TENNŌ 1127-1192 empereur du Japon 1155-1158Écrit par Universalis • 342 mots Empereur du Japon 1155-1158, né le 18 octobre 1127 à Kyōto, mort le 26 avril 1192 à Kyōto. Go-Shirakawa-tennō, ou Go-Shirikawa tennō signifie empereur, dont le nom personnel est Masahito, accède au trône en 1155, lorsque son frère l'empereur Konoe 1139-1155, règne 1142-1155 meurt. Un an plus tard, au décès de son père, l'empereur retiré Toba 1103-1156, règne 1107-1123, son troisième frè […] Lire la suiteHEIAN ÉPOQUE DE 794-1192Écrit par Pascal BURESI • 212 mots En 794, l'empereur Kammu 781-806 transfère la capitale de son empire à Heian-kyo actuelle Kyōto pour échapper à l'emprise croissante des temples bouddhiques de Nara. Dans un premier temps, les influences chinoises qui dominaient l'époque antérieure, dite de Nara 710-794, continuent d'être fortes elles se traduisent en particulier par le plan en damier de la cité nouvelle et par l'atmosphèr […] Lire la suiteHEIKE MONOGATARI anonyme - Fiche de lectureÉcrit par Florence BRAUNSTEIN • 846 mots Dans le chapitre "Une chronique guerrière" … Le Heike Monogatari relate l'ascension et la chute de la maison des Taira. Jusqu'alors dominée par le clan Fujiwara, qui abusait du pouvoir et multipliait à son seul profit les emplois et sinécures, la vie politique bascule au profit des Taira avec Taira No Kiyomori, favori impérial, au début du xii e siècle. Devenu Premier ministre, il écarte peu à peu des responsabilités tous les Fujiwara, qui […] Lire la suiteHŌJŌ TOKIMASA 1138-1205Écrit par Francine HÉRAIL • 198 mots Sa famille, installée au lieu-dit Hōjō dans la province japonaise d'Izu, aurait appartenu au clan Taira ; c'est pourquoi Tokimasa reçoit en 1159 la mission de garder Minamoto no Yoritomo exilé dans l'Est. Cependant, quand ce dernier prend la tête de la révolte contre les Taira, il le seconde, lui donne sa fille en mariage et participe à l'organisation du gouvernement militaire bakufu de Kamaku […] Lire la suiteIMPRIMERIEÉcrit par Isabelle ANTONUTTI, Jean-Pierre DRÈGE, Henri-Jean MARTIN, Universalis • 14 492 mots • 3 médias Dans le chapitre "L'Extrême-Orient" … Il est encore fréquent en Occident d'attribuer à Gutenberg l'invention de l'imprimerie, vers le milieu du xv e siècle. Cette opinion, fortement ancrée dans les esprits et les écrits, n'est guère partagée en Asie où les premiers textes reproduits par xylographie – impression de feuillets entiers à l'aide de planches gravées – l'ont été plus de six siècles auparavant et où les premières impression […] Lire la suiteINSTAURATION DU SHOGUNAT, JAPONÉcrit par Pascal BURESI • 229 mots • 1 média En 1192, Yoritomo, le chef du clan des Minamoto fondé au ix e siècle par un prince de sang impérial, reçoit le titre de sei-i-tai-shogun , grand commandant militaire pour la soumission des barbares ». Cette promotion inaugure le shogunat, système dans lequel l'empereur n'a plus qu'une autorité symbolique, l'aristocratie militaire exerçant la réalité du pouvoir. Cet événement reflète l'évolution […] Lire la suiteJAPON Arts et culture Les artsÉcrit par François BERTHIER, François CHASLIN, Nicolas FIÉVÉ, Anne GOSSOT, Chantal KOZYREFF, Hervé LE GOFF, Françoise LEVAILLANT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Shiori NAKAMA, Madeleine PAUL-DAVID, Universalis • 56 170 mots • 35 médias Dans le chapitre "L'architecture privée des classes dominantes" … La ville ancienne est historiquement déterminée par l'institution, à la fin du vii e siècle, de l' État régi par les codes », ensemble de lois qui définissent l'organisation politique, sociale, économique et urbaine du pays. Celle-ci est animée par la volonté des souverains d'insister sur l'origine céleste de la dynastie afin d'en accroître le pouvoir et le prestige. L'exaltation de la figure d […] Lire la suiteJAPON Le territoire et les hommes HistoireÉcrit par Paul AKAMATSU, Vadime ELISSEEFF, Valérie NIQUET, Céline PAJON, Universalis • 44 405 mots • 51 médias Dans l'histoire de l'Asie, le Japon occupe une place particulière du fait de son insularité. On l'a souvent comparée à celle de l'Angleterre dans l'histoire de l'Europe. Mais cette similitude géographique ne doit pas masquer les dissemblances qui, de fait, ont donné au Japon l'élément essentiel de son originalité et le caractère spécifique de son évolution historique. L'Angleterre, face à l'Europe […] Lire la suiteKAMMU-TENNŌ 736-806 empereur du Japon 781-806Écrit par Francine HÉRAIL • 228 mots Né d'un petit-fils de Tenji-tennō, celui qui devait devenir Kammu-tennō commence sa vie fort éloigné du trône, mais l'épuisement de la descendance de Temmu-tennō permet à son père de devenir empereur en 770 avec l'aide des Fujiwara. Nommé prince héritier en 773, il succède à son père en 781. Son règne est marqué par des événements importants, mais il est difficile d'apprécier dans quelle mesure il […] Lire la suiteKAMPAKUÉcrit par Francine HÉRAIL • 580 mots Au Japon, la fonction d'empereur ne comporte pas de responsabilité directe, de possibilité de diriger les affaires et d'imposer une opinion personnelle l'empereur est celui que les bureaux mettent au courant, à qui ses conseillers présentent des décisions. Rivalités et conflits agitent ces conseillers la politique de la maison Fujiwara au ix e siècle a tendu à l'emporter sur les diverses fami […] Lire la suiteKOJIKIÉcrit par René SIEFFERT • 1 214 mots Dans le chapitre "La rédaction du Kojiki »" … S'il faut en croire la préface de l'ouvrage, un édit de l'empereur Temmu, l'an 10 de son règne 682 de l'ère chrétienne, proclamait Nous avons ouï dire que les chroniques des empereurs, aussi bien que les traditions que détiennent les clans, divergent de la droite vérité, que l'on y a rajouté de vaines faussetés. Que si, en ce temps présent, ces erreurs n'étaient redressées, avant que nombre […] Lire la suiteKŌKEN-TENNŌ 718-770 impératrice du Japon 749-758 et 764-770Écrit par Universalis • 229 mots Dernière impératrice à régner sur le Japon jusqu'au xvii e siècle, Kōken-tennō occupa le trône à deux reprises 749-758 et 764-770. Un certain nombre de femmes avaient gouverné avant elle, mais le pouvoir auquel accéda le moine bouddhiste Dōkyō sous son second règne amena les ministres à écarter par la suite toute femme de la succession au trône. Fille de l'empereur Shômu, née en 718 à Nara, K […] Lire la suiteKOSAKUÉcrit par Catherine CADOU • 578 mots Terme qui au Japon désigne un petit cultivateur. Si du point de vue juridique le kosaku est un fermier qui s'acquitte du loyer de sa terre par une redevance fixe, payée en nature, du point de vue social il peut être assimilé à un métayer, car le montant de sa dette a été, à certaines époques, particulièrement élevé. Le kosaku désigne d'une part un rouage du système agraire qui fut en vigueur au J […] Lire la suiteKYŌTOÉcrit par Nicolas FIÉVÉ, Raphaël LANGUILLON-AUSSEL • 4 699 mots • 2 médias Dans le chapitre "Heian-kyō, la grande capitale aristocratique de l'époque de Heian" … Si le centre historique de Kyōto est une agglomération qui s'est développée à partir du xvi e siècle, les origines du choix du site, le tracé en damier des avenues et les nombreux hauts lieux de la ville remontent à l'ancienne capitale Heian-kyō, la capitale de la Paix et de la Tranquillité », qui avait été fondée en 794 par l'empereur Kammu. Les raisons du transfert de la capitale Heijō-kyō […] Lire la suiteMINAMOTO NO YORITOMO 1147-1199Écrit par Francine HÉRAIL • 474 mots Le nom de Minamoto a été donné au Japon à des familles issues de princes impériaux réduits à l'état de simples sujets ; la branche de Yoritomo a, depuis la fin du x e siècle, occupé des charges militaires et provinciales et essaimé dans les provinces, notamment du Nord et de l'Est. En 1159, Yoshimoto, père de Yoritomo, est écrasé par son rival, Taira no Kiyomori, et Yoritomo est condamné à l'exil […] Lire la suiteMORSE EDWARD SYLVESTER 1838-1925Écrit par Madeleine PAUL-DAVID • 131 mots Zoologue et géologue américain, disciple du naturaliste suisse Louis Agassiz qui enseignait à Cambridge Massachusetts, Edward Sylvester Morse collabora à ses fouilles et à la découverte sur le littoral américain de nombreux kjökkenmödding . En 1877, il fut invité par l'université de Tōkyō pour faire des conférences sur la zoologie et la théorie de l'évolution. Sa découverte fortuite du kaizuka […] Lire la suiteNARA ÉPOQUE DE 710-794Écrit par Pascal BURESI • 216 mots En 710, le gouvernement impérial du Japon prend la décision de se fixer à Heijo-kyo actuelle Nara. Jusque-là, l'empire n'avait pas de capitale fixe. Le plan en damier de la ville s'inspire de celui de Chang'an, capitale chinoise de la dynastie des Tang. La période qui s'ouvre alors au Japon se caractérise par une forte influence chinoise dans les domaines politique, artistique et culturel. Comme […] Lire la suitePRÉSENTATION DU KOJIKI À LA COURÉcrit par François MACÉ • 187 mots Selon sa Préface, le Kojiki Récit des temps anciens fut offert en 712 à l'impératrice Gemmyō 661-721. Il rapporte les événements fondateurs du Japon et de sa dynastie depuis le temps des dieux dans un récit continu fortement marqué par la pensée mythique. Rédigé en parallèle avec le Nihon shoki achevé en 720, il ne fera l'objet d'aucun commentaire ni citation avant le xiii e siècle. Les d […] Lire la suiteSAMURAI ou SAMOURAÏÉcrit par Paul AKAMATSU • 364 mots • 1 média Guerriers du Japon ancien . En vieux japonais, les hommes d'armes étaient appelés mononofu . Après la réorganisation du pouvoir impérial sur les modèles continentaux, apparaît, au plus tard au viii e siècle, le mot bushi , d'origine chinoise, pour désigner les fonctionnaires militaires. À partir de cette époque, des groupes de bushi se forment partout au Japon, rassemblant soit des fonctionnaire […] Lire la suiteSCIENCES SOCIALES PRÉHISTOIRE DESÉcrit par Bernard-Pierre LÉCUYER • 17 521 mots • 1 média Dans le chapitre "L'Inde et le Japon jusqu'aux Tokugawa" … Ce panorama de la comptabilité sociale dans les empires asiatiques ne serait pas complet sans l'Inde, et d'abord le Japon, dont le premier recensement avéré date de 86 avant À cette date, un registre permettait de suivre les mouvements de la population. Par la suite, certaines analogies avec la Chine permettent de marquer quelques points de repère. Au début du vii e siècle de notre ère, en […] Lire la suiteSHINTŌÉcrit par René SIEFFERT • 6 546 mots • 4 médias Dans le chapitre "Shintō et bouddhisme" … On notera que, jusque-là, nous avons utilisé le terme de shintō pour désigner non pas un système religieux organisé, une religion » au sens occidental, mais simplement un ensemble de croyances et de pratiques relatives aux kami . Telle est, en effet, la signification réelle d'un vocable qui, jusqu'au xix e siècle, n'était jamais employé que par référence au bouddhisme. Cela est vrai dès sa pre […] Lire la suiteSHŌENÉcrit par Francine HÉRAIL • 766 mots Au Japon, domaine jouissant d'une exemption fiscale, totale ou partielle. Dès le ix e siècle, temples et grands ne cessent de solliciter des exemptions auprès du ministère des Affaires suprêmes, notamment pour les terres qu'ils font défricher et qui, selon la loi, ne font pas partie des rizières sujettes à redistribution périodique. Ces exemptions concernent d'abord la taxe en riz, la moins lourd […] Lire la suiteSHŌGUNÉcrit par Paul AKAMATSU • 879 mots Abréviation du nom d'une ancienne fonction impériale du Japon, qui devait se dire, en entier, seiitaishōgun , grand commandant militaire pour la soumission des barbares ». La fonction de shōgun fut créée à titre temporaire, sans doute pour la première fois en 794, en vue de la conquête des territoires du nord de Honshū, dont les habitants n'étaient pas encore soumis au pouvoir impérial. Puis el […] Lire la suiteSHŌMU-TENNŌ 699-756 empereur du Japon 724-749Écrit par Universalis • 373 mots Empereur du Japon 724-749, né en 699 à Yamato, près de Nara, mort le 21 juin 756 à Nara. Obito monte sur le trône sous le nom de règne de Shōmu-tennō En 729, son épouse, membre de la puissante famille Fujiwara, est déclarée impératrice, faisant voler en éclat l'ancienne règle voulant que toutes les impératrices consorts soient des princesses de sang. Shōmu et son épouse sont tous deux de ferve […] Lire la suiteSHŌTOKU-TAISHI 573 par Francine HÉRAIL • 618 mots Fils de l'empereur Yōmei, Shōtoku-taishi naît en un temps où la cour de Yamato, qui a fait reconnaître sa suprématie sur le pays qui devait prendre le nom de Nihon [pays] d'où vient le soleil », est agitée par les querelles des grandes familles. En 587, quand les Soga éliminent les Mononobe et les Nakatomi qui se sont posés, dit-on, en adversaires du bouddhisme mais qui étaient leurs rivaux, l […] Lire la suiteSUGAWARA NO MICHIZANE 845-903Écrit par Francine HÉRAIL • 241 mots Homme politique et lettré japonais, appartenant à une famille de fonctionnaires lettrés de rang moyen. Dans sa jeunesse, Michizane passe brillamment tous les examens officiels et obtient dès 877 le poste de docteur ès lettres. En cette qualité, il commente les classiques chinois devant l'empereur Uda qui lui accorde sa faveur, sans doute pour faire pièce aux Fujiwara dont la puissance ne cesse de […] Lire la suiteTAIKA RÉFORME DE 645Écrit par Francine HÉRAIL • 662 mots La cour de Yamato, durant des siècles obscurs, a fait l'unité du Japon, c'est-à-dire que les puissantes familles locales ont reconnu la supériorité des souverains installés dans le bassin de Nara et ses environs, ancêtres de la maison impériale. La revendication d'une origine divine, l'ordre de la grande déesse Amaterasu, l'utilisation d'un personnel d'immigrés coréens aptes à transmettre les arts […] Lire la suiteTAIRA NO KIYOMORI 1118-1181Écrit par Francine HÉRAIL • 389 mots Appartenant à une famille dont certains membres sont restés à la cour, investis de charges militaires ou de gouvernements provinciaux, tandis que d'autres se sont installés dans les provinces, souvent en qualité d'officiers domaniaux de statut guerrier, Taira no Kiyomori succède en 1153 à son père. Celui-ci avait rendu des services aux empereurs retirés, et s'était ainsi attiré leur faveur, à une […] Lire la suiteTATOUAGEÉcrit par Catherine GROGNARD, Dominique PAQUET • 6 798 mots Dans le chapitre "Art de l'Orient extrême" … Au Japon, le tatouage connaît à la fois un sens anthropologique et social. Un texte chinois Chroniques des Wei 350 après fait mention de barbares de l'est » portant des tatouages sur le visage et les corps. Dans la culture Yahoi 300 av. 300 apr. de l'ancien Japon, les autochtones portent des tatouages indiquant leur rang. Le tatouage semble avoir été diffusé à partir du […] Lire la suiteTENJI-TENNŌ 626-671 empereur du Japon 661-671Écrit par Francine HÉRAIL • 438 mots Le prince Nakanoōe futur empereur Tenji, ou Tenchi, fils de l'empereur Jomei règne 629-641 et d'une princesse impériale qui a régné à la suite de son époux sous le nom de Kōgyoku-tennō règne 642-645, est, avec Nakatomi no Kamatari, l'ancêtre de la maison Fujiwara, l'auteur du coup d'État qui aboutit à l'élimination des Soga, accusés à mots couverts d'avoir envisagé une usurpation. Cependant, […] Lire la suiteTŌHOKUÉcrit par Raphaël LANGUILLON-AUSSEL • 1 032 mots • 1 média Avec 66 912 kilomètres carrés, le Tōhoku, aussi appelé Ōu ou encore Michinoku, est la deuxième région la plus vaste du Japon après Hokkaidō. Signifiant simplement Nord-Est », elle se situe à l'extrémité nord de l'île de Honshū, la plus importante du pays. Elle est composée de cinq départements plutôt ruraux – Fukushima, Yamagata, Iwate, Akita et Aomori – et d'un département plus urbain – Miyagi […] Lire la suiteUMCHARA SUEJI 1893-1982Écrit par Universalis • 71 mots Né près d'Ōsaka, Umchara Sueji contribua en 1914 au classement des collections archéologiques de l'université de Kyōto. En 1921, il fut chargé des fouilles par le gouvernement général de Corée. De 1925 à 1929, il voyagea en Europe et aux États-Unis. Docteur en 1939 de l'université de Kyōto pour son étude sur l'Âge du bronze en Chine, dont il est l'un des plus célèbres spécialistes. […] Lire la suiteVOYAGE DE SAICHŌ ET KŪKAI EN CHINEÉcrit par François MACÉ • 186 mots Depuis l'introduction du bouddhisme au vi e siècle, les Japonais ne cessèrent d'accueillir des moines du continent, mais aussi de se rendre en Chine. Profitant d'une ambassade en 804, deux moines partirent pour étudier dans la Chine des Tang. Saichō 767-822 séjourna au mont Tiantai où il reçut la transmission de l'enseignement de cette école. De retour au Japon, il s'installa sur le mont Hiei, […] Lire la suitePréciser avec l'index11 articlesMARCHÉS À TERME1 articleÀ L'AMI QUI NE M'A PAS SAUVÉ LA VIE, Hervé Guibert12 articlesA PRIORI CONNAISSANCE5 articlesA CAPPELLA, musique7 articlesMARCHÉS DE DROITS À POLLUER8 articlesVITAMINE A4 articlesSAGITTARIUS A*2 articlesHÉPATITE A1 articleCONCANAVALINE A1 articleMOTEURS PAS À PAS1 articleBISPHÉNOL A9 articlesMARCHÉ À OPTIONS3 articlesÀ REBOURS, Joris-Karl Huysmans23 articlesPRÊT-À-PORTER2 articlesPOINTE-À-PITRE1 articleHERBE-À-ROBERT1 articleBOUCHE-À-BOUCHE2 articlesCARTE À PUCE ou CARTE À MÉMOIRE1 articleCHAMBRE À STREAMERS ou CHAMBRE À DARDS3 articlesCOENZYME A CoA1 articleLINÉAIRE A, écriture1 articleDOMINIQUE A 1968- 1 articleA TRIBE CALLED QUEST1 articlePORTE-À-FAUX, architecture44 articlesMALADIES À VECTEURS36 articlesQUATUOR À CORDES28 articlesMACHINE À VAPEUR24 articlesCANNE À SUCRE22 articlesÉTOILES À NEUTRONS13 articlesCHASSE À LA BALEINE12 articlesMOULIN À EAU12 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À CASCADE, cryogénie1 articleLETTRES À LUCILIUS, Sénèque1 articleSÉLECTIVITÉ À L'ORIENTATION, neurophysiologie1 articleAIDE À LA DÉCISION, informatique1 articleJET A-1, carburant5 articlesÀ LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU, Marcel Proust6 articlesMARCHÉ DE GRÉ À GRÉ ou articlesGAZ À EFFET DE SERRE16 articlesTRAINS À GRANDE VITESSE12 articlesMÉMOIRE À LONG TERME9 articlesRÉACTEUR ou MOTEUR À RÉACTION9 articlesMICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE À TRANSMISSION9 articlesCONTRAT À TERME ou FUTURE8 articlesPUCE À ADN ou BIOPUCE6 articlesTRAVAIL À TEMPS PARTIEL6 articlesMÉMOIRE À COURT TERME5 articlesMICROSCOPIE ÉLECTRONIQUE À BALAYAGE5 articlesMICROSCOPIE À EFFET TUNNEL4 articlesMICROSCOPIE À CONTRASTE INTERFÉRENTIEL4 articlesRÉACTEUR À EAU LOURDE4 articlesRÉACTEUR À GRAPHITE-GAZ4 articlesACADÉMIE DE FRANCE À ROME3 articlesATTEINTES À LA VIE PRIVÉE3 articlesMOTEURS À DEUX TEMPS3 articlesINDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION3 articlesPRÊT À LA GROSSE AVENTURE2 articlesRÉDUCTION À L'ÉTAT LAÏC2 articlesMOTEURS À QUATRE TEMPS2 articlesMICROSCOPIE À CONTRASTE DE PHASE2 articlesTUBE À ONDES PROGRESSIVES2 articlesLAME À FACES PARALLÈLES2 articlesCELLULE À ENCLUMES DE DIAMANT2 articlesDÉCOUPLAGE DES AIDES À L'AGRICULTURE2 articlesTUBE À CHAMPS CROISÉS2 articlesMICROSCOPIE À RAYONS X2 articlesLASERS À ÉLECTRONS LIBRES2 articlesDINOSAURES À QUATRE AILES2 articlesACCÈS AU DROIT ET À LA JUSTICE2 articlesTRADING À HAUTE FRÉQUENCE1 articleALLIAGES À MÉMOIRE DE FORME1 articleLASERS À DIOXYDE DE CARBONE1 articleMICROSCOPIE À FORCE ATOMIQUE1 articleMICROSCOPIE À FORCE MAGNÉTIQUE1 articleMAÎTRE DE BADIA À ISOLA1 articleSURSIS AVEC MISE À L'ÉPREUVE1 articleSKATEBOARD ou PLANCHE À ROULETTES1 articleCHAWAN ou BOL À THÉ1 articleLASERS À HÉLIUM-NÉON1 articleCHROMATOGRAPHIE À CONTRE-COURANT1 articleFULIGULE À TÊTE ROUGE1 articleFULIGULE À BEC CERCLÉ1 articleFULIGULE À DOS BLANC1 articlePOMPE À PALETTES MOBILES1 articlePOMPE À DIFFUSION D'HUILE1 articleLEUCÉMIE AIGUË À PROMYÉLOCYTES1 articleMÉMOIRES À TORES DE 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S. Neill170 articlesFRANCE, histoire, de 1871 à 19397 articlesMUNDELL ROBERT A. 1932-20214 articlesEFFET DE CHAMP TRANSISTOR À articlesEULER MÉTHODE DU PAS À PAS D', analyse numérique3 articlesWAKSMAN SELMAN A. 1888-19733 articlesDIAGNE BLAISE A. 1872-19342 articlesHĀLĪ A. H. 1837-19142 articlesNAISMITH JAMES A. 1861-19391 articlePENCK A. R. 1939-20171 articleWEIKARD MELCHIOR A. 1742-1803144 articlesFRANCE, histoire, de 1958 à 1974141 articlesRUSSIE, histoire, de 1801 à 1917137 articlesRUSSIE, histoire, des origines à 1801110 articlesCHINE, histoire, de 1949 à nos jours110 articlesFRANCE, histoire, de 1815 à 1871104 articlesITALIE, histoire, de 476 à 14942 articlesADMINISTRATIVE BEHAVIOR, Herbert A. Simon2 articlesSOCIODYNAMIQUE DE LA CULTURE, Abraham A. Moles1 articleJETABLE ou PàP prêt à photographier174 articlesFRANCE, histoire, du XVIe s. à 171591 articlesFRANCE, histoire, de 1715 à 178973 articlesITALIE, histoire, de 1870 à 194557 articlesINDE, histoire de 1947 à nos jours51 articlesESPAGNE, histoire, de 1900 à nos jours50 articlesITALIE, histoire, de 1945 à nos jours48 articlesGRÈCE, histoire, de 1830 à nos jours47 articlesITALIE, histoire, de 1494 à 178944 articlesPERSE, histoire de 651 à 150141 articlesÉGYPTE, histoire, de 1952 à nos jours40 articlesJAPON, histoire, des origines à 119239 articlesITALIE, histoire, de 1789 à 187038 articlesÉGYPTE, histoire de 1805 à 195237 articlesPOLOGNE, histoire, de 1914 à 194537 articlesPOLOGNE, histoire, de 1945 à nos jours36 articlesBELGIQUE, histoire, de 1945 à nos jours36 articlesPERSE, histoire de 1501 à 192535 articlesJAPON, histoire, de 1946 à nos jours34 articlesPOLOGNE, histoire, de 1500 à 176334 articlesSYRIE, histoire, de 1941 à nos jours33 articlesBELGIQUE, histoire, de 1830 à 194533 articlesMEXIQUE, histoire, de 1910 à nos jours33 articlesPOLOGNE, histoire, de 1764 à 19146 taxe à la valeur ajoutée17 articlesASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION AMP ou PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE PMA4 ligne à grande vitesse29 articlesÉGYPTE, histoire de 639 à 180529 articlesHONGRIE, histoire, de 1945 à nos jours3 société à responsabilité limitée3 articlesSECAM séquentiel couleur à mémoire28 articlesBRÉSIL, histoire, de 1950 à nos jours2 zone à urbaniser en priorité26 articlesMEXIQUE, histoire, de la conquête à la révolution24 articlesBELGIQUE, histoire, des origines à 183024 articlesIRAN, histoire de 1925 à 197924 articlesJAPON, histoire, de 1192 à 160323 articlesITALIE, histoire, des origines à 47622 articlesMAROC, histoire, de 1956 à nos jours3 articlesAVIONS À DÉCOLLAGE & ATTERRISSAGE VERTICAUX ou vertical take off and landing2 articlesÉLECTRONS BIDIMENSIONNELS TRANSISTORS À GAZ D'18 articlesCANADA, histoire, de 1968 à nos jours2 articlesLE MERVEILLEUX VOYAGE DE NILS HOLGERSSON À TRAVERS LA SUÈDE, Selma Lagerlöf2 articlesART ET HUMANISME À FLORENCE AU TEMPS DE LAURENT LE MAGNIFIQUE, André Chastel13 articlesGRÈCE, histoire, jusqu'à l'indépendance 183012 articlesAUTRICHE, histoire, de 1945 à nos jours15 articlesVILLA, architecture du XVIIIe s. à nos jours206 articlesPEINTURE DU XXe SIÈCLE, de 1900 à 19393 articlesHISTOIRE MONDIALE DE LA SPÉCULATION FINANCIÈRE, DE 1700 À NOS JOURS, Charles P. Kindleberger1 articleLETTRES À MIRANDA SUR LE DÉPLACEMENT DES MONUMENTS DE L'ART DE L'ITALIE, Antoine Quatremère de Quincy171 articlesÉGLISE HISTOIRE DE L', du concile de Trente à nos jours3 articlesLA NUIT DES MORTS-VIVANTS, George A. Romero101 articlesROYAUME-UNI, histoire, de 1945 à nos jours95 articlesROYAUME-UNI, histoire, de 1914 à 194595 articlesGRANDE-BRETAGNE, histoire, de 1801 à 191494 articlesAFRIQUE NOIRE, histoire, des indépendances à nos jours93 articlesGRANDE-BRETAGNE, histoire, de 1914 à 194591 articlesROYAUME-UNI, histoire, de 1801 à 191489 articlesGRANDE-BRETAGNE, histoire, de 1945 à nos jours57 articlesPAROLE POUVOIRS DE LA, de l'Antiquité à l'âge classique48 articlesPAYS-BAS, histoire, de 1579 à 18302 articlesLOMBARD STREET A DESCRIPTION OF THE MONEY MARKET, Walter Bagehot32 articlesPAYS-BAS, histoire, des origines à 15792 articlesBORGOÑA JUAN DE actif de 1494 à 15362 articlesJEAN DE ROUEN actif de 1510 à 15721 articleAFONSO JORGE actif de 1508 à 15401 articleFROMENT NICOLAS connu de 1461 à 14861 articleMEMMI LIPPO connu de 1317 à 13471 articleWYDITZ HANS actif de 1497 à 15161 articleYSELIN HEINRICH actif de 1478 à 15131 articleBENNET JOHN actif de 1599 à 16141 articleJONES ROBERT actif de 1597 à 16151 articleARRUDA DIOGO actif de 1508 à 153127 articlesAFRIQUE DU NORD, histoire, de 1945 à nos jours24 articlesPAYS-BAS, histoire, de 1830 à nos jours23 articlesPAYS-BAS PEINTURE DES, du XVIIIe s. à nos jours20 articlesAFRIQUE DU NORD, histoire, de 1880 à 19451 articleRUNCIE ROBERT A. K. 1921-20001 articleLOUIS PIERRE CHARLES A. 1787-1872103 articlesALLEMAGNE, histoire, du Moyen Âge à 1806103 articlesFRANÇAISE PEINTURE, XXe s. de 1900 à 193917 articlesAFRIQUE DU NORD, histoire, de 1440 à 188088 articlesJAPON, histoire, de l'ère Meiji à 19463 réseau numérique à intégration de services1 articleSICAV Société d'investissement à capital variable1 autorisations d'usage à des fins thérapeutiques1 articlePRADO Programme d'accompagnement du retour à domicile1 articleANTARES, télescope sous-marin à neutrinos285 articlesPEINTURE DU XXe ET DU DÉBUT DU XXIeSIÈCLE, de 1939 à nos jours271 articlesÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, histoire, de 1945 à nos jours4 articlesSVEN ou SVEND À LA BARBE FOURCHUE 960 roi de Danemark 986-1014 et d'Angleterre 1013-1014137 articlesÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, histoire, de 1865 à 19452 articlesLA NOUVELLE JUSTINE, OU LES MALHEURS DE LA VERTU, D. A. F. de Sade107 articlesÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, histoire, des origines à 18654 articlesARNAUD ou ARNAUT DANIEL actif de 1180 à 12001 articleELY REGINALD ou REYNOLD actif de 1438 à 14712 articlesCHANTEREINE NICOLAS activité connue de 1517 à 15371 articleKHĀZINĪ AL- actif de 1115 à 1121 env.9 articlesCEA Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives71 articlesCHINE, histoire l'Empire, des Yuan à la Révolution de 191167 articlesCHINE, histoire de la Révolution de 1911 à la République populaire39 articlesINDE, histoire du XIIIe s. à la conquête britannique 175777 articlesALLEMAGNE RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D' RFA, histoire, de 1945 à 19893 articlesPATENIER ou PATINIR JOACHIM 1475 à 1480 Système d'imagerie gamma à masque aléatoire, télescope1 articleMARSYAS PEINTRE DE milieu à 3e quart IVe s. av. articlesGRANDE-BRETAGNE, histoire, le Moyen Âge de 1066 à 1485149 articlesFRANÇAISE PEINTURE, XXe et début du XXIe s. de 1939 à nos jours2 articlesCEPMMT Centre européen de prévision météorologique à moyen terme27 articlesCHINE, histoire des origines à la fondation de l'Empire 221 av. articlesHENNEQUIN, JEAN DE BRUGES ou JEAN DE BONDOL actif de 1368 à 13811 articleMICROSCOPE MICRO-Satellite à traînée Compensée pour l'Observation du Principe d'Équivalence1 articleCREDIT RATIONING IN MARKETS WITH IMPERFECT INFORMATION, J. Stiglitz et A. Weiss3 articlesTHE MARKET FOR LEMONS QUALITY UNCERTAINTY AND THE MARKET MECHANISM, George A. Akerlof4 articlesIgA5 União nacional para a independência total de Angola ou Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola Atlasde la Grèce classique ve-ive siècle av. J.-C., l’âge d’or d’une civilisation fondatrice Nicolas Richer Cartographie : Claire Levasseur Éditions Autrement Collection Atlas/Mémoires 4 Atlas de la Grèce classique 6 Introduction 9 Les ressources et les hommes 10 Les matières premières et les ressources halieutiques Edward M. Harris, Democracy and the Rule of Law in Classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, XXXII-486 p. 1Le recueil de certains de ses propres articles publié ici par Edward M. Harris s’avérera certainement d’une grande utilité pour quiconque aura à traiter de l’histoire sociale ou judiciaire d’Athènes à l’époque classique. Après, notamment, un sommaire p. VII-VIII et une commode présentation du travail par l’A. lui-même p. XVII-XXXII, ce sont en tout 21 études qui sont regroupées en 4 rubriques. 2La première rubrique est intitulée Loi et histoire constitutionnelle ». On y trouve des études telles que Solon et l’esprit de la loi en Grèce archaïque et classique » p. 3-28 ; cf. J. Blok et A. Lardinois eds, Solon of Athens New Historical and Philological Approaches, Leyde, 2006, p. 290-320, L’éloge de la démocratie athénienne par Périclès » p. 29-39 ; cf. Harvard Studies in Classical Philology, 94, 1992, p. 57-67, Antigone le Législateur, ou les ambiguïtés du Nomos » p. 41-80 ; cf. E. M. Harris et L. Rubinstein eds, The Law and the Courts in Ancient Greece, Londres, 2004, p. 19-56, Selon quelle fréquence l’Assemblée athénienne se réunissait-elle ? » p. 81-101 ; Classical Quarterly, 36, 1986, p. 363-377, Quand l’Assemblée athénienne se réunissait-elle ? Quelques données nouvelles » p. 103-120 ; cf. American Journal of Philology, 112, 1991, p. 329-345, Démosthène et le fonds du théorique » p. 121-139 ; cf. R. Wallace et E. M. Harris eds, Transitions to Empire Essays in Greco-Roman History, 360-146 BC in Honor of E. Badian, Norman-Londres, 1996, p. 57-76. 3La deuxième section porte sur Loi et économie ». Y sont rassemblés des articles tels que Loi et économie dans l’Athènes classique [Démosthène], Contre Dionysodore » p. 143-162 ; cet article avait été originellement publié sur un site informatique, Quand une vente n’est-elle pas une vente ? Réexamen de l’énigme de la terminologie athénienne sur la garantie réelle » p. 163-206 ; cf. Classical Quarterly, 38, 1988, p. 351-381, Apotimèma la terminologie athénienne sur la garantie réelle dans les accords de baux et de dot » p. 207-239 ; cf. Classical Quarterly, 43, 1993, p. 73-95, La responsabilité des partenaires commerciaux dans la loi athénienne la dispute entre Lycon et Mégacleidès [Démosthène], 52, 20-1 » p. 241-247 ; cf. Classical Quarterly, 39, 1989, p. 339-343, Solon a-t-il aboli la servitude pour dette ? » p. 249-269 ; cf. Classical Quarterly, 52, 2002, p. 415-430, Notes sur une lettre de plomb provenant de l’agora d’Athènes » p. 271-279, paru depuis dans Harvard Studies in Classical Philology, 102, 2004, p. 157-170. 4La troisième division concerne La loi et la famille ». On y trouve des publications intitulées Les Athéniens considéraient-ils la séduction comme un crime pire que le viol ? » p. 283-295 ; cf. Classical Quarterly, 40, 1990, p. 370-377, Le viol existait-il dans l’Athènes classique ? Réflexions complémentaires sur les lois concernant la violence sexuelle » p. 297-332 ; cf. Dikè, 7, 2004, p. 41-83, Les femmes et le prêt dans la société athénienne réexamen d’un horos » p. 333-346 ; cf. Phoenix, 4, 1992, p. 309-321, Notes sur un horos provenant de l’agora d’Athènes » travail en collaboration avec Kenneth Tuite, p. 347-354 ; cf. Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 131, 2000, p. 101-105, La date du discours d’Apollodore contre Timothée et ses implications pour l’histoire athénienne et la procédure légale » p. 355-364 ; cf. American Journal of Philology, 109, 1988, p. 44-52, Une note sur l’adoption et l’enregistrement dans le dème » p. 365-370 ; cf. Tyche, 11, 1996, p. 123-127. 5La quatrième partie aborde des Aspects de procédure ». On y voit des travaux variés “En flagrant délit” ou “ayant sur soi les preuves de sa culpabilité” ? Apagogè aux Onze et furtum manifestum » p. 373-390 ; cf. G. Thür éd., Symposion 1993 Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Cologne-Weimar- Vienne, 1994, p. 129-146, Comment tuer en grec attique les valeurs sémantiques du verbe 3ποκεBνειν et leurs implications pour la loi athénienne sur l’homicide » p. 391-404 ; cf. E. Cantarella et G. Thür éd., Symposion, 1997 Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Cologne-Weimar-Vienne, 2001, p. 75-88, La sanction pour poursuite injustifiée dans la loi athénienne » p. 405-422 ; cf. Dikè, 2, 1999, p. 123-142. 6Le recueil s’achève, sous l’intitulé d’un envoi », par la reprise d’une note, Le législateur Phidippide une note sur Les Nuées d’Aristophane » p. 425-430 ; cf. Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 140, 2002, p. 3-5. 7Sous le titre de Réflexions ultérieures » Afterthoughts » , les différents articles font souvent l’objet de compléments bibliographiques, qui contribuent à accroître la valeur du volume indépendamment de quelques modifications de fond, ainsi dans l’article écrit avec K. Tuite. 8À la fin, une bibliographie des travaux cités p. 431-450 ; une liste des travaux de l’auteur figure p. 438-440 est suivie d’un index locorum p. 451-476 et d’un index général des sujets abordés noms propres et mots clés, p. 477-486. 9De façon générale, l’auteur a voulu examiner des dispositions légales athéniennes dans leur cadre politique, social et économique. 10La première rubrique met l’accent sur la régulation de la vie politique par la loi, et en particulier la prévention de la tyrannie ; y sont notamment soulignés la pleine compatibilité, aux yeux des Athéniens, entre la démocratie et le règne de la loi, le fait aussi que malgré M. H. Hansen l’expression ekklesia synkletos devait bien désigner une réunion exceptionnelle de l’assemblée en cas d’urgence, ou encore la possibilité de souligner la complémentarité et non l’opposition des politiques de Démosthène et d’Eubule à propos de l’usage des fonds du théorique. 11La deuxième section explique comment les Athéniens mirent en place une législation permettant le développement du crédit et, en conséquence, le développement d’une certaine économie de marché. L’auteur entend montrer que Solon a interdit l’asservissement pour dette mais pas la servitude temporaire d’un débiteur devant rembourser ses dettes par son travail ; considérant le texte porté par une plaque de plomb du IVe siècle trouvée à l’agora d’Athènes, l’auteur estime qu’elle atteste la misérable condition qui était alors celle des esclaves. 12La troisième division s’interroge sur l’action des femmes dans la société athénienne, la façon dont la violence à l’égard des femmes était considérée il est souligné que la sanction est fondée sur la nature de l’intention qui meut l’agresseur masculin et non sur la violence subie par la femme et aussi la manière dont les femmes pouvaient agir en matière économique en s’appuyant sur un consentement masculin. Considérant le discours d’Apollodore, alias le Pseudo-Démosthène, Contre Timothée, l’A. estime qu’il n’a pas été prononcé en 362-361, mais avant 366-365, alors même que Pasiclès, le frère d’Apollodore, que l’on voit intervenir comme témoin, n’avait pas 18 ans. 13Dans la quatrième partie, il est relevé que le verbe apokteinein tuer » est utilisé, en prose attique, pour désigner à la fois la préparation d’un assassinat et l’acte même de meurtre ; en conséquence, les actes perpétrés par le comploteur d’un assassinat et par un meurtrier relevaient de la même procédure. Une autre procédure la dikè bouleuseôs s’appliquait à ceux qui avaient fomenté un assassinat sans que celui-ci eût été effectué. Par ailleurs, l’A. met en question le point de vue selon lequel le système de lois athénien n’aurait pas visé à produire une norme positive mais plutôt à permettre aux citoyens – et en particulier aux plus aisés d’entre eux – de poursuivre leurs vengeances privées ; les plaignants auraient pu renoncer aux poursuites entreprises par eux, pourvu que le Trésor public ne fût pas privé du revenu d’une amende. 14Quant à l’ envoi », il souligne que la parodie de la terminologie législative effectuée par Aristophane doit montrer que leurs lois constituaient pleinement un bien commun des Athéniens en opposition, par exemple, à une appréciation de M. H. Hansen estimant, dans La démocratie athénienne à l’époque de Démosthène, Paris, 1993, p. 229, qu’ il devait être excessivement difficile pour l’Athénien moyen de se retrouver dans [le] maquis [des] procédures ». 15Un autre livre, complémentaire de celui-ci, est annoncé p. IX il portera sur la manière dont les Athéniens interprétaient et appliquaient la loi dans leurs cours judiciaires ce livre sera en principe intitulé The Rule of Law in Action The Nature of Litigation in Classical Athens. Le diptyque ainsi constitué ne pourra que constituer un précieux instrument de référence, et une base de bien des débats. 16Nicolas RICHER. Christopher J. Smith, The Roman Clan. The gens from Ancient Ideology to Modern Anthropology, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, 393 p. 17Ce livre est une enquête fouillée sur le concept de gens. La 1re partie p. 12-165 fait le point des interprétations modernes du mot ; la seconde est une tentative de définition, anthropologique dans son approche, de la gens p. 169-346. L’ouvrage contient deux appendices l’un concerne les rapports entre curie romaine et religion d’après le témoignage de Denys d’Halicarnasse ; l’autre, des curies disparues. La bibliographie de 21 pages 363-383 contient 559 références, la plupart en anglais, de plus de 350 auteurs différents. On relève trois indices général, des noms antiques et des sources littéraires discutées. On peut considérer que le livre est, dans son entier, une historiographie à deux niveaux une historiographie moderne puis une historiographie des sources antiques elles-mêmes. 18La difficulté majeure de l’entreprise vient de l’absence de définition englobante de la gens les sources littéraires ne définissent pas le mot mais donnent des exemples de gentes particulières et décrivent leurs singularités extraordinaires ou fascinantes qu’elles mettent en relation avec des sacra. Jamais cependant il n’est possible de relier des familles aux dieux, à la mythologie ou aux origines de Rome de manière convaincante et assurée. Les sources antiques ne permettent pas de relier génériquement la gens à l’organisation originelle des cadres civiques de l’État romain. Elles ne décrivent pas la gens comme une entité politique mais il est clair que les gentes participaient à la vie politique. L’enquête passe donc par les lieux d’expression du terme gens, ceux où elle intervient l’armée et la terre, donc la relation de clientèle, parce que la terre donne le pouvoir, hiérarchise socialement les hommes, et que la possession de terres ou d’hommes donne le pouvoir de lever des troupes ; la religion. Ce faisant, à partir de l’époque républicaine, ce sont les questions de dynastie » dans la détention des sacerdoces et des magistratures qui apparaissent et doivent être analysées. D’où aussi une enquête qui essaie de décrypter l’un des sujets majeurs de l’historiographie antique – à savoir, la question de la lutte entre patriciens et plébéiens. Chez Cicéron, le terme est rarement utilisé en relation avec les plébéiens ; à lire Tite-Live, la notion de gens ne pouvait pas être appliquée aux plébéiens. Mais cela signifie-t-il autre chose que le fait qu’à son époque, consciemment ou non, le terme n’était guère en usage que pour les patriciens ? Cela signifie-t-il autre chose que l’idée et la représentation que se faisaient d’eux les patriciens à la fin de la République, période au cours de laquelle on sait qu’il y eut une tendance à la construction ou à la reconstruction de généalogies ? 19La première partie du livre passe en revue les interprétations modernes depuis la Renaissance de Carlo Sigonio, au milieu du XVIe siècle, aux historiens du XXe siècle – comme Arangio-Ruiz et Bonfante en passant par Vico, Niebuhr, Mommsen, Morgan, ce dernier d’une grande importance par son approche comparatiste et philologique, et M. Radin. Progressivement une ouverture ethnographique et anthropologique est apparue qui a permis d’envisager les sociétés antiques plus largement, en particulier dans le rapport entre famille et gens. Cette mise au point effectuée, C. J. Smith s’attache, dans la deuxième partie, non pas à définir la gens – ce qui, au terme de la lecture de l’ouvrage, se révèle impossible – mais à tenter d’approcher institutions, organes, circonstances – politiques, sociales, économiques, militaires – qui pourraient mettre en évidence l’idée de gens, ou révéler son existence. Car, dans les textes, le mot est associé à d’autres termes et réalités clients, plébéiens, curies, quirites, patriciens et patriciat, armée. Il confronte d’abord les sources et leurs interprétations à l’archéologie et aux structures onomastiques. L’archéologie n’a pas entièrement permis de retrouver la gens elle montre plutôt le développement rapide de centres urbains qu’une structure sociale qui dépendrait d’un groupe identifié et organisé. Finalement, la gens est une notion loin d’être évidente, contrairement à ce que les sources antiques pourraient laisser croire ; de l’Antiquité à nos jours, elle a pris une place de plus en plus grande alors que les sources littéraires antiques sont problématiques parce que la plupart sont de beaucoup postérieures aux temps qu’elles prétendent expliquer ; la référence au genos attique n’est pas prouvée et l’on ne peut pas établir de comparaison légitime et directe entre les deux concepts. Qualifier la société italienne de gentilice », c’est tirer une conclusion dangereuse en donnant plus de sens au mot qu’il n’en a. Au terme de cette série d’observations indirectes, C. J. Smith en vient Explaining the gens » à la gens et montre que, pour comprendre ce qu’elle est, il faut en passer par la compréhension de l’histoire du patriciat et non réfléchir en termes d’institution statique. Un arrière-plan institutionnel avec, au cours du temps, un affrontement entre une élite et ses opposants a sans doute rendu nos explications trop simplistes. Nous sommes tributaires notamment de Tite-Live qui a tenté de croire et de faire croire que les patriciens étaient organisés en gentes et que la relation entre les patriciens et les auspices n’était pas morte à la fin de la République. Or il est probable que l’histoire primitive du patriciat n’est pas celle d’un ordre aristocratique. Avant la République, c’est-à-dire avant que n’apparaisse la liste des magistrats de Rome, les patriciens sont invisibles ou silencieux dans les sources en tant qu’acteurs politiques. Ensuite, ils deviennent le groupe d’intérêt le plus puissant. 20La gens, en tant qu’institution, n’a probablement jamais existé. Elle dut être un principe d’organisation sociale, une aspiration, en particulier pour les anciens lignages plébéiens. Le sujet du livre est d’une grande complexité. La quantité accumulée des indices minutieux en fait la densité, mais le cheminement sinueux fait parfois oublier les buts de la démonstration. À force de détails et exposés des thèses des chercheurs modernes dans la première partie, on en finit par ne plus voir l’objectif et qu’il ne s’agit que d’analyses et d’interprétations autres que celles de Smith. La gens disparaît même parfois. Dans la deuxième partie, pendant des pages, il n’est plus question que du patriciat en tant que groupe. Dans l’index général, il est révélateur que tout ce qui tourne autour du mot gens ne renvoie qu’à 10 % des pages du livre, contre 20 % pour le patriciat, avec très peu de contacts entre les deux séries d’occurrences. Bref, s’il est riche, sa lecture en est ardue et des lecteurs qui n’ont pas une bonne maîtrise des sources de la période et de son historiographie s’y perdront. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’y plonger. 21Nicolas MATHIEU. Gérard Minaud, La comptabilité à Rome. Essai d’histoire économique sur la pensée comptable commerciale et privée dans le monde romain antique, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2005, 383 p. 22Cet ouvrage est issu d’une thèse de doctorat soutenue par l’A. en 2002. Il est préfacé par A. Tchernia. Son objet est de reconstituer les méthodes de la comptabilité romaine. Il s’agit de dresser l’inventaire des outils comptables des Romains, en désignant ceux qu’ils possédaient et ceux dont ils étaient dépourvus, volontairement ou non » p. 24. En étudiant quel usage les Romains font des moyens à leur disposition, l’auteur espère approcher ce qu’il appelle leur rationalité ». Il s’agit donc de partir des pratiques pour tenter une histoire des mentalités économiques. L’argumentation, si elle peut paraître parfois complexe, est originale et stimulante. Elle est servie par une présentation claire, proposant systématiquement textes latins et traductions. 23L’ouvrage s’ouvre sur le constat du manque de sources. Aucun livre de comptes n’est parvenu jusqu’à nous, ni aucun traité de comptabilité. Les archéologues ont bien mis au jour quelques ensembles de tablettes ou papyri, mais ces textes sont bien allusifs. À côté des témoignages souvent faussement précis d’un Cicéron ou d’un Pline le Jeune, seul subsiste le vocabulaire ces mots, dispersés dans les textes littéraires de toutes époques et de toutes natures, utilisés par les Romains lorsqu’ils parlent de la gestion de leur patrimoine. Mais les traducteurs peinent à trouver leur sens précis. Or, tant que ces termes techniques ne sont pas compris, les pratiques qu’ils recouvrent ne peuvent l’être. 24Pour briser ce cercle vicieux, G. Minaud propose une démarche comparative tenter de comprendre la comptabilité romaine à la lumière du système utilisé de nos jours. L’A. tire profit d’une histoire personnelle originale issu d’une école de commerce, il a été chef d’entreprise avant d’entreprendre des études d’histoire. Il est donc tout qualifié pour expérimenter une démarche dont la recherche actuelle souligne de plus en plus l’intérêt l’étude des sources anciennes à l’aide d’outils importés d’autres disciplines. Le danger d’une telle méthode pourrait être de plaquer sur les témoignages antiques des concepts artificiellement empruntés à la comptabilité moderne. Le grand intérêt de l’ouvrage est que l’auteur, loin de tomber dans ce travers, ne cesse de revenir à l’étude des sources antiques, qu’il cite et analyse abondamment. Sa connaissance de la comptabilité moderne est donc réellement mise au service de l’étude historique. Elle permet de proposer de nouvelles interprétations de certains textes, mais aussi de réviser ou préciser les traductions de nombreux termes latins. 25L’ouvrage se divise en deux parties la première tente de déterminer quels sont les outils comptables dont disposent les Romains ; la seconde, quels usages ils en font. 26La première partie regroupe 4 chapitres. Le premier propose une initiation aux principes de comptabilité. Le lecteur peu familier de cette discipline pourra trouver l’exercice austère, mais ses efforts sont indispensables pour comprendre la suite du raisonnement. Les chapitres suivants décrivent les outils comptables des Romains. Le paterfamilias tenait un compte au nom de chacun de ses correspondants, ce que l’on appelle aujourd’hui compte de tiers chap. 2. Centralisés et juridiquement reconnus chap. 3, ces comptes appliquent le principe de l’équilibre mécanique un débit pour un crédit, premier pas vers la comptabilité en partie double. Le vocabulaire est précis, les connaissances arithmétiques également, la numérotation en chiffres romains ne constituant nullement un handicap à la tenue de comptes efficaces chap. 4. L’auteur conclut que les Romains disposaient d’instruments dépassant les simples besoins d’une gestion domestique. Ils manipulaient différents documents comptables dont chacun remplissait une fonction bien précise les aduersaria enregistraient les opérations courantes, centralisées ensuite dans le codex accepti et expensi. 27La deuxième partie s’attache à déterminer quel usage les Romains faisaient de ce système complexe et précis. Il leur permettait d’apprécier les flux financiers chap. 5, ou l’accroissement d’un patrimoine entre deux périodes de référence chap. 6. Il servait également à maîtriser et contrôler les comptes chap. 7, mais rarement comme outil de prise de décision économique chap. 8. Le nœud de l’argumentation est que cet usage limité de la comptabilité romaine est intimement lié à la structure même de l’économie, marquée par l’esclavage. La valeur d’un esclave est trop fluctuante pour faire l’objet d’un traitement comptable sa fuite ou son décès réduisent de manière imprévisible le patrimoine de son propriétaire, qu’il peut, à l’inverse, augmenter, en se reproduisant ou en transmettant son savoir-faire. Les variations de valeur de cet outil de production si particulier sont impossibles à prévoir et formaliser dans des calculs d’amortissement évaluant la dépréciation d’un patrimoine. Or cette notion d’amortissement est centrale dans la comptabilité moderne, notamment pour le calcul du coût de revient, du profit, et les décisions d’investissement. C’est donc l’importance de l’esclavage qui explique l’usage spécifique que font les Romains de leur comptabilité, réduite à un rôle de mémorisation et de contrôle, mais rarement utilisée pour prendre des décisions économiques quel que soit son degré de précision, elle ne peut servir à évaluer la rentabilité d’un domaine dont le personnel servile est irréductible à une prise en compte purement comptable. 28La comparaison avec les pratiques modernes trouve ainsi sa limite, non dans un caractère primitif » de la comptabilité romaine, mais dans le fait qu’elle est, comme toute activité économique, très dépendante de la société dans laquelle elle s’inscrit. Ce raisonnement devrait séduire tant les historiens soucieux d’éclairer les mentalités économiques antiques que les gestionnaires curieux de mise en perspective historique de leurs méthodes. 29Laetitia GRASLIN-THOMé. Ezio Buchi dir., Storia del Trentino, II. L’Età romana, Bologne, Il Mulino, 2000, 645 p. avec illustrations. 30Ce gros ouvrage, publié sous la direction d’E. Buchi, professeur d’histoire romaine à l’Université de Vérone, correspond au deuxième volume de l’histoire du Trentin qui en comptera six ; il regroupe plusieurs contributions importantes sinon fondamentales pour l’histoire de cette région septentrionale de l’Italie. 31La première contribution signée de Stefania Pesavento Mattioli est consacrée à l’étude du réseau routier intégré, dans une vision plus globale de la circulation en Italie nord-orientale région X. Cette étude est complétée de cartes situant les stations citées dans les sources. 32La contribution suivante, que l’on doit à Ezio Buchi, est particulièrement importante, centrée sur la colonisation de la Cisalpine jusqu’à la déduction de la colonie de Tridentum. Reprenant toute l’histoire de la conquête depuis la déduction en 268 avant notre ère de la colonie latine d’Ariminum dans le territoire des Gaulois Sénons, l’auteur s’attache à retracer toute l’histoire de la conquête romaine victoire contre les Gaulois Boïens, déductions coloniales dans la plaine du Pô, construction de la via Flaminia, guerre contre Hannibal, déduction de la colonie latine d’Aquilée en 181, lutte contre les Cimbres et les Teutons et leur défaite en 101, pour en arriver à l’octroi du ius Latii aux communautés transpadanes, puis de la citoyenneté romaine sous César. Il s’intéresse ensuite au municipium de Tridentum et aux limites de son territoire. Il rappelle l’édit de Claude de 46 connu sous le nom de tabula Clesiana, qui fait référence à certaine pratique illégale de militaires usurpant la citoyenneté romaine, mais que Claude, afin d’éviter tout trouble, rendit légale par cet édit. Le passage au statut de colonie se situe entre 46 et 165-166, sans qu’il soit possible de préciser ; cependant, l’auteur pencherait pour une décision de Marc Aurèle. Enfin, un long discours est consacré à l’étude du culte impérial dont on relève les premières traces dès Auguste. 33La contribution d’Alfredo Buonopane est tout aussi importante, consacrée à la société, l’économie et la religion. Si les sources épigraphiques sont peu abondantes concernant les magistrats, elles sont beaucoup plus nombreuses concernant les militaires ; les habitants du Trentin semblent avoir eu une propension certaine pour la carrière militaire. Le chapitre consacré à l’économie est particulièrement intéressant et révèle une très grande variété d’activités agriculture intensive dans les vallées, de subsistance en hauteur et pastoralisme, culture de la vigne, exploitation de la forêt présentant une grande diversité d’espèces selon l’altitude, recours à la chasse et à la pêche, élevage diversifié ovins, porcins, bovins, chevaux, extraction et travail de la pierre, travail du bois, production textile, travail des métaux et du verre, production de céramique, de matériaux de construction, d’amphores... De ce panorama, il ressort une très grande vitalité économique se traduisant par des échanges diversifiés avec l’Afrique, l’Égée et le Proche-Orient. Dans toute la région, on observe un grand dynamisme économique. Les connaissances sur la religion reposent sur les sources épigraphiques et les trouvailles archéologiques divinités indigènes romanisées ou assimilées, cultes salutaires, égyptiens et orientaux, cultes italiques et romains... ensemble d’une grande variété. 34À l’étude des trouvailles monétaires, qu’elles soient erratiques ou en dépôts, s’est attaché Giovanni Gorini. 35Gianni Ciurletti dresse un inventaire des trouvailles archéologiques de la ville de Trente en s’intéressant plus particulièrement au schéma urbain enceinte, voirie, égouts, constructions publiques et privées, découvertes extra-urbaines, avec notamment l’amphithéâtre et les cimetières. En complément, Elisabetta Baggio Bernardoni présente une étude de la porte Veronensis, l’unique porte de l’enceinte identifiée, à l’extrémité méridionale du cardo maximus. 36Enrico Cavada s’est intéressé au territoire, à son peuplement, aux habitats et aux nécropoles. La documentation archéologique est particulièrement importante depuis le XIXe siècle. L’A. divise son étude en secteurs géographiques qui semblent tous avoir leurs caractéristiques propres. Ainsi, dans le Trentin méridional, on relève la présence de praedia et de villas rustiques ; dans le secteur de l’Adige central, la présence d’entreprises agraires ; dans les vallées internes, on retrouve des agglomérations de type vicus, pagus et des activités liées à la forêt et au pastoralisme ; le territoire du Trentin oriental et Feltre, tournés vers le bassin du Brenta, ne semblent pas avoir connu une occupation intensive et apparaissent plutôt comme zone de passage. 37Gianfranco Paci centre son enquête sur le secteur sud-ouest du Trentin l’alto Garda e le Giudicarie » , davantage tourné vers Brixia et la plaine padane ; il nous en donne une histoire politico-administrative et une analyse de la société et de l’économie. 38Enfin, Iginio Rogger s’interroge sur les débuts chrétiens de la région ; il insiste sur le retard de la christianisation de la région par rapport à l’espace méditerranéen. Peu de sources écrites sur les origines demeurent, si ce n’est une série de documents relatifs à l’évêque Vigile de la fin du IVe siècle, à qui fut dédié un culte au VIe siècle. 39L’ouvrage se termine sur une importante bibliographie et sur des indices de noms de personnes, de lieux, et de choses remarquables, que l’on doit à Anna Zamparini. 40Ce livre consacré à l’époque romaine du Trentin est remarquable par la qualité des articles réunis, qui constituent une somme des connaissances de cette région, si importante par son dynamisme économique et pour les relations commerciales entre l’Italie et les régions septentrionales. 41Christiane DELPLACE. Anouar Louca, L’autre Égypte, de Bonaparte à Taha Hussein, Le Caire, IFAO, Cahier des Annales islamologiques, 26, 2006, 223 p., 14 ill., index. 42Cet ouvrage est un recueil de 15 articles I à XV, dont trois inédits, écrits par le regretté Anouar Louca 1927-2003. C’est, en quelque sorte, un ultime hommage rendu à ce chercheur égyptien, ami de la France et d’expérience internationale. Il avait été déjà honoré de son vivant dans une publication de l’IFPO J. Dichy, H. Hamzé éd., Le voyage et la langue. Mélanges en l’honneur d’Anouar Louca et d’André Roman colloque de Lyon II, 28-29 mars 1997, 2004. Au fur et à mesure de la lecture, on perçoit une quête des liens subtils noués entre culture française et culture égyptienne, depuis l’événement fondateur de l’expédition de Bonaparte dans la vallée du Nil. La construction de l’ensemble suit la chronologie, armature des faits », tout en tissant finement la trame des échanges. De plus, la parfaite maîtrise des deux langues et des deux cultures permet d’analyser le dialogue d’une rive à l’autre et de mettre au jour la chaîne des interlocuteurs. En contrepoint des figures bien connues de Bonaparte, de Jomard, de Champollion, des saint-simoniens et de J. Berque, on découvre des intermédiaires culturels » moins connus ; ainsi, Moallem Yacoub 1745-1801, l’intendant copte du général Desaix, est réhabilité d’une accusation de collaboration avec la France par son projet d’indépendance de l’Égypte II. D’Edmée François Jomard, jeune géographe de l’Expédition, maître d’œuvre infatigable de la Description de l’Égypte, on connaît moins les projets pédagogiques soumis à Méhémet Ali. Ainsi va naître l’École égyptienne de Paris 1826-1835, boursiers musulmans et chrétiens dont la formation est à dominante scientifique et technique I ; on peut aussi lire sur la diversité de leurs origines l’article de Jomard, Les étudiants arméniens dans la première mission égyptienne à Paris envoyée par Méhémet Ali en 1826 », dans Nouveau Journal asiatique, 1828, II, p. 16-116. Ils sont accompagnés de leur guide spirituel, le remarquable imam éclairé Rifaca al-Tahtawi 1801-1873 dont les œuvres complètes ont été traduites par A. Louca et dont la figure est récurrente dans plusieurs articles I, p. 9-15 ; IX ; X, p. 142-145 ; XV, p. 192-193 ; on signalera, en complément, l’édition récente du journal de l’imam, L’Or de Paris, traduite par notre auteur et publiée aux Éditions Sindbad en 1988. Al-Tahtawi reste encore une des meilleures références d’ouverture au monde moderne et d’islam des Lumières, si l’on en juge par des parutions récentes comme l’ouvrage de Guy Sorman, Les enfants de Rifaa musulmans et modernes, Paris, Le Livre de poche, 2005. 43À cette glorieuse pépinière de cadres pour l’Égypte des Khédives, une autre série d’articles oppose la malheureuse communauté des réfugiés de Marseille IV, en particulier les mamelouks » V dont la silhouette pittoresque a inspiré l’orientalisme romantique dans sa double tradition littéraire, mais surtout picturale III. Exotisme meurtrier, VI. Clandestins du romantisme. Quelques figures peu connues d’hommes de lettres et surtout de linguistes le poète Joseph Agoub, les interprètes Ellious Bocthor, Michel Sabbagh, le Suisse Jean Humbert nous introduisent dans l’univers de Champollion VII-VIII, sous le signe du déchiffrement des hiéroglyphes 1822. Une enquête dans les archives porte sur le mystérieux prêtre copte dont le Père de l’égyptologie suivait les offices à l’église Saint-Roch et les conseils le nom est correctement restitué comme Hanna Chiftigi, et non Cheftidchy H. Hartleben, 1906 ou Shephtichi A. Faure, 2004 ; une biographie lacunaire » p. 97-98 peut, ainsi, être proposée. 44Passant sur la rive égyptienne, le Pr Louca s’intéresse aux saint-simoniens X dont le projet initial est de creuser l’isthme de Suez. Il nous présente, ce qui est moins connu, leurs interlocuteurs égyptiens les ministres turcs Edhem Pacha et Mustafa Mukhtar Instruction publique ainsi que trois ingénieurs de l’École égyptienne de Paris, Mahzar ministre des Travaux publics, Baghat et Bayyumi, animateur de l’École polytechnique du Caire et ses disciples. À côté des réserves au sujet d’Enfantin, il est fait grand cas de l’exemplaire Charles Lambert ». L’article suivant XI est consacré au fellah suisse », l’agronome socialisant John Ninet dont Louca a publié les Lettres d’Égypte 1871-1882, CNRS, 1979, et qui est l’auteur du premier Manifeste du Parti national égyptien en novembre 1879. 45La deuxième grande figure de l’islam éclairé, au XXe siècle, cette fois, est la grande figure de Taha Hussein dont l’extraordinaire carrière et le portrait sont esquissés dans deux conférences sans notes Un enfant aveugle devient le guide d’une nation » XII et l’inclassable Taha Hussein » XIII, mais il manque peut-être une bibliographie de son œuvre en annexe. Suit un hommage au maître et ami, Jacques Berque XIV ; en écho, un autre savant, auteur du livre de référence sur l’Expédition d’Égypte 1989, Henry Laurens, a dédié son livre Orientales I. Autour de l’expédition d’Égypte, CNRS, 2004, à la mémoire d’Anouar Louca, ce maître de plusieurs générations d’historiens de l’Égypte au XIXe siècle et le véritable rénovateur de l’histoire de l’expédition d’Égypte et des relations entre la France et l’Égypte ». L’autre Égypte se termine en boucle sur une réflexion utile d’historien, face aux controverses qui ont suivi le bicentenaire de l’expédition d’Égypte, Repenser l’expédition de Bonaparte » XV, où il souligne que le binarisme colonisateur/colonisé occulte, rétrospectivement, la complexité du contexte » et le salut d’un autre chercheur, spécialisé dans l’étude de cette période, Patrice Bret. L’expédition militaire est, aussi, une exploration », source d’horizons partagés. La vie et l’œuvre d’Anouar Louca en sont une parfaite illustration. 46Marie-Christine BUDISCHOVSKY. Paul Freedman, Bourin Monique eds, Forms of Servitude in Northern and Central Europe. Decline, Resistance and Expansion, Turnhout, Brepols, 449 p., coll. Medieval Texts and Cultures of Northern Europe », 2005. 47Cet ouvrage constitue les actes du colloque sur le nouveau servage en Europe médiane qui s’est tenu en février 2003 à Göttingen sous la direction des deux éditeurs ainsi que celles de Ludolf Kuchenbuch et Pierre Monnet, avec l’appui du Max-Planck-Institut. Il s’agissait d’étendre à l’Europe centrale et septentrionale une analyse du phénomène dans l’espace méditerranéen qui avait été abordée à Rome en 1999. Les communications présentées à cette occasion traitent de la question entre le XIIIe et le XVIe siècle, mis à part un article de Michel Parisse qui pose la question de façon générale depuis le haut Moyen Âge et une contribution de Heide Wunder qui pousse la problématique jusqu’au XVIIIe siècle à partir d’un exemple pris dans la Hesse. 48L’ouvrage commence par une longue introduction des deux éditeurs qui font le point sur l’historiographie et se demandent s’il y a lieu d’introduire un nouveau ou un second servage qui naîtrait sous la pression du pouvoir nobiliaire ou sous la contrainte de la crise des XIVe et XVe siècles. Les A. s’attachent à une gageure, donner une tentative de définition commune des traits du servage sans pour autant la diluer dans un cadre purement formel géographique et chronologique, en mettant en avant l’existence de serfs, hommes de corps ou dépendants dans la terminologie, qui renvoie à une double perception ; d’une part, l’existence d’une catégorie pensée ou perçue par les seigneurs et sur laquelle ils exercent leurs droits ; d’autre part, la conscience, qu’en ont les intéressés eux-mêmes, des formes de la macule qui se traduit par des signes visibles comme la mainmorte ou le formariage qui ne sont pas vécus de gaieté de cœur. L’enquête débouche ensuite sur une série d’études régionales, avec des contributions sur la France 3 Vincent Corriol pour le Jura, Ghislain Brunel en Laonnois, Denise Angers en Normandie, sur l’espace germanophone 7 Julien Demade et Joseph Morsel pour la Franconie, Tom Scott aux confins sud-ouest du monde germanique, Kurt Andermann en Pays de Bade, Roger Sablonier en terre helvétique, Heide Wunder en Hesse, Werner Rösener en Allemagne méridionale, Heinz Dopsch dans les Alpes autrichiennes, le Danemark 2 avec Michael H. Gelting pour le XIIIe siècle et Jeppe Büchert Netterstrøm pour les XVe-XVIe, avant de se conclure par un article sur la Hongrie J. M. Bak, un autre sur la Pologne Marian Dygo et un dernier sur l’Angleterre Christopher Dyer. Par contre, la complexité de la question, la dispersion géographique et temporelle des contributions n’a pas permis de synthèse et l’ouvrage n’offre pas de conclusion, ce qu’on peut regretter, car, s’il est évidemment impossible de tirer toutes les conséquences à chaud », lors des prestations orales, on peut espérer le faire à tête reposée pour l’édition ; seulement la multitude des champs d’observation rendait ici l’exercice aléatoire et explique la longue introduction problématique qui est d’autant plus précieuse. 49Il est hors de question de rendre compte de la teneur des propos de chaque article dans un compte rendu qui doit être bref et c’est d’ailleurs inutile, tant il est vrai que transparaissent à travers les démonstrations des divers auteurs quelques thèmes récurrents qui soulignent les lignes de force de toute réflexion actuelle sur la question du servage. Pour faire court, disons que trois domaines sont à privilégier. D’abord, la question de l’origine et de l’évolution de ce servage, dont on peut faire un héritage des époques antérieures ou, au contraire, une nouveauté qualifiée de second servage ; ensuite, l’étude des formes infiniment variées de la dépendance qui sont loin de se laisser réduire à un modèle unique et se définissent toujours par rapport à l’exigence seigneuriale ; enfin, la réaction des populations soumises à ces contraintes, qui oscillent entre contestation sourde, tentatives d’échapper à la marque du mépris social par le rachat, et rejet violent comme à l’occasion de la guerre des paysans qui a tant marqué dans le monde germanique. 50Sur le premier point, les divers auteurs semblent plutôt considérer que le servage a toujours existé, même si parfois la nature des documents a pu l’occulter, mais que la forme de cette servitude a pu fort bien évoluer en un statut souvent moins contraignant que la servitude féodale ou domaniale qui sont elles aussi, et il est bon de s’en souvenir, des catégories formelles de l’historien plus que des cadres intangibles. La servitude connaît des variations infinies avec des pulsations tantôt vers une certaine forme de liberté relative cas le plus général, tantôt vers une contrainte nouvelle par exemple dans la Pologne du XVe siècle, et il est bien délicat de théoriser ce qui est par contre une coutume socio-économique bien ancrée, celle d’un prélèvement sur un monde paysan par une élite seigneuriale qui se poursuit à l’époque moderne. 51En second lieu, ces articles attirent attention sur l’extraordinaire émiettement des statuts qui est une constante de ce monde ; qu’on soit Eigenleute, Leibeigene, homme de corps, servus, villein, bondsman, on est toujours soumis à des obligations, qui, si elles paraissent fixes a priori, peuvent toujours évoluer dans des enjeux de pouvoirs, des conflits, des processus de négociations plus ou moins feutrés ou carrément violents. Mais, quelle que soit l’évolution, le seigneur percepteur ne renonce pas facilement à sa quote-part, peut-être parce qu’elle est rentable, encore qu’une estimation tardive XVIIIe siècle en Pays de Bade montre des réserves, mais aussi parce qu’elle est un marqueur de la contrainte qui traduit la supériorité sociale de celui qui l’impose. 52Dans un troisième temps, il faut aussi retrouver les manifestations usuelles de cette servitude qui s’appuie sur le trio académique du chevage, de la mainmorte et du formariage, mais se concentre de plus en plus souvent sur la perception d’une rente monétaire, sauf en Pologne encore une fois, accordant plus d’intérêt aux prélèvements exceptionnels sur les noces ou l’héritage, occasions plus rémunératrices que la perception d’usage d’un cens rapidement recognitif pour peu que les monnaies varient. Ces contraintes sont aussi vécues de façon ambiguë par ceux qui y sont soumis, apparemment plus vite et plus souvent débarrassés du chevage que des taxes d’héritage ou des contraintes limitant les mariages extérieurs. Pour faire sauter ce qui est parfois ressenti comme un verrou, on connaît des affranchissements collectifs, notamment dans le cas de serfs dépendant d’une ville, mais c’est loin d’être le cas dominant, car, à moins d’y être poussé par la nécessité économique, le maître y est rarement favorable et préfère la remise d’une liberté individuelle et d’ailleurs rarement plénière, l’ex-dépendant restant souvent enserré dans un réseau d’obligations envers son seigneur. 53Au total, cet ouvrage très riche souffre de l’impossibilité d’une synthèse générale de la question d’autant moins évidente qu’il englobe largement le début des Temps modernes en Europe centrale, mais il est d’un apport précieux pour la connaissance de la servitude ou du servage – les mots eux-mêmes sont des pièges –, notamment dans l’espace de l’empire. L’existence du phénomène est ainsi envisagée dans une longue période et le chercheur à l’affût de précisions plus ciblées trouvera son bonheur dans les contributions plus particulièrement consacrées aux temps ou aux contrées où il a choisi d’exercer sa sagacité. 54Olivier BRUAND. Massimo Vallerani, La giustizia pubblica medievale, Bologne, Il Mulino, coll. Ricerca », 2005, 304 p. 55Le livre que signe ici M. Vallerani représente le bilan d’une quinzaine d’années de recherches consacrées à l’histoire du droit et de la procédure, initiées par la publication de son ouvrage sur le fonctionnement de la justice à Pérouse Il sistema giudiziario del comune di Perugia conflitti, reati e processi nella seconda metà del XIII secolo, Pérouse, 1991. Dans cet essai composé de six chapitres pour la plupart repris de précédents articles, il propose une réflexion sur l’évolution des systèmes judiciaires au sein du monde communal italien, s’attachant plus particulièrement à la question complexe des rapports entre procédures accusatoire et inquisitoire. Pour le Moyen Âge, cette évolution fut marquée par des jalons importants le concile de Latran IV, le Tractatus de Maleficiis d’Alberto Gandino, les grands procès politiques du début du XIVe siècle, comme ceux de Boniface VIII ou des Templiers. L’A. pose comme postulat que les modèles procéduraux sont intimement liés aux diverses phases d’évolution du pouvoir politique et il souligne à quel point les communes italiennes médiévales constituent en ce sens un cadre d’étude particulièrement riche en matière de pratiques judiciaires. La documentation mobilisée pour cette enquête est vaste, constituée principalement de la production théorique des juristes médiévaux, des statuts communaux, des consilia et bien, entendu, des registres judiciaires des différents tribunaux. 56Dans un premier chapitre de synthèse inédit Procedura e giustizia nelle città italiane del basso medioevo, il met l’accent sur un processus culturel majeur du XIIe siècle la diffusion des ordines iudiciarii, c’est-à-dire des manuels de procédure, dont la fonction est notamment d’établir une définition rigoureuse de l’organisation du procès. Tous ces ordines mettent en avant le fait que le procès, le jugement sont l’expression de la potestas publique ; à travers cette volonté de maîtrise des instruments de pacification de la part des premiers gouvernements consulaires et podestataux, c’est bien la pax qui est en jeu, c’est-à-dire la constitution de la communauté comme délimitation d’un espace pacifié ». Après avoir dressé ce tableau évolutif général, faisant également une grande place à l’œuvre d’Alberto Gandino, l’A. poursuit par une réflexion sur la procédure Come pensano le procedure. I fatti e il processo. Partant d’une définition du procès comme système de connaissance des faits qui doivent être définis et prouvés », il insiste sur la complexité de cette notion de fait, qui devient particulièrement sensible à partir du XIIe siècle et de la redécouverte du droit romain. Il s’attache à montrer les différences entre l’organisation triadique du système accusatoire accusateur, accusé et juge, modèle dans lequel la reconstruction du fait échoit aux parties, et le modèle inquisitoire qui suit une logique opposée, et dans lequel le juge peut recourir à tous les types de preuves qu’il jugera utiles. Dans ce dernier modèle, la fama joue alors un rôle moteur comme agent denunciante. Tout le chapitre s’attache donc à cerner ces différences de fond autour du déclenchement du procès, de la reconstruction du fait, de l’établissement de la preuve, et de l’émergence de la vérité. Une fois les bases théoriques et techniques posées, M. Vallerani analyse l’application de ces modèles procéduraux à l’échelle de deux villes dont il a dépouillé les registres judiciaires Bologne et Pérouse. Il commence dans un troisième chapitre par l’étude du système accusatoire à Bologne Il sistema accusatorio in azione Bologna tra XIIIe XIV secolo, réalisant un examen détaillé de son application par le tribunal du Podestat. Ses dépouillements prouvent la très grande diffusion du procès accusatoire – environ 1 300-1 400 procès par an dans les années 1286-1291 et jusqu’à 3 118 au cours de l’année 1294, et montrent la très nette prépondérance de l’absolution comme issue des procès 83 % des issues en moyenne, devant les condamnations et exclusions. Il poursuit par l’étude de la valeur et de la fonction des actes de paix auprès des tribunaux communaux Pace e processo nel sistema giudiziario. L’esempio di Perugia, insistant sur l’importance de la concordia dans la société communale et sur l’impact des accords privés » sur la justice publique, et rejette ainsi l’idée trop longtemps véhiculée selon lui que l’acceptation de la paix soit le signe d’une faiblesse des systèmes judiciaires médiévaux. Dans le cinquième chapitre Come si costruisce l’inquisizione arbitrium » e potere a Perugia sont mis en avant les développements, les adaptations et les déformations de la procédure ex officio à Pérouse dans la seconde moitié du XIIIe siècle la procédure inquisitoire s’y construit en effet au gré des conflits doctrinaux et des décisions politiques. Enfin, dans une ultime partie Il processo inquisitorio nella lotta politica a Bologna fra Due e Trecento, il donne un autre exemple d’évolution de la procédure inquisitoire et revient sur le cas de Bologne à une époque de fortes tensions politiques, le début du XIVe siècle, où l’on observe une intervention très forte des organes de gouvernement sur le cours de la justice et une tendance de plus en plus marquée à régir l’arbitrium du podestat ; autant de tensions qui eurent des conséquences sur le déroulement même des procès. 57L’ouvrage de M. Vallerani, qui se concentre donc à la fois sur les cadres théoriques d’élaboration de ces procédures et sur leur mise à l’épreuve dans le contexte urbain italien, met en définitive bien en lumière le fait que cette construction, loin d’être linéaire, est une opération complexe, polyphonique, très tourmentée » ; et l’histoire du passage de l’accusatoire à l’inquisitoire, rappelle l’A., ne peut être appréhendée que sur une période très longue, qui dépasse largement le cadre du Moyen Âge. 58Sylvain PARENT. Jean de Roquetaillade, Liber ostensor quod adesse festinant tempora, édition critique sous la direction d’André Vauchez, par Clémence Thévenaz-Modestin et Christine Morerod-Fattebert, Rome, École française de Rome Sources et documents d’histoire du Moyen Âge », 8, 2005, XIII-1 041 p. 59À quoi servent les prophètes ? Le titre même du grand livre du Franciscain Jean de Roquetaillade, le Liber ostensor quod adesse festinant tempora, rédigé en quelques mois dans une prison d’Avignon, entre le 20 mai et le 1er septembre 1356, semble fournir la réponse. Le Livre révélateur », c’est celui qui dit ce qui est caché, ce qui doit être livré à l’interprétation – celui qui annonce les temps futurs, et l’approche de la fin des temps. Figure étrange et singulière, Jean de Roquetaillade, pourtant, ne se considérait pas comme un prophète, mais plutôt comme un visionnaire, transporté sur les rivages de Chine pour y rencontrer l’Antéchrist enfant, ou visité dans son cachot par la Vierge Marie. Ses contemporains, qu’il inquiétait, le tenaient, quant à eux, plutôt pour un fantasticus, un homme se prétendant certes inspiré par Dieu, mais sans que la part de l’inspiration authentique et celle de l’imagination ne soient clairement établies. L’itinéraire biographique de Jean de Roquetaillade n’est guère banal. Après avoir étudié à Toulouse, il entre dans l’ordre des frères mineurs, en 1332, à Aurillac. Dans les années 1340, ses visions, ses propos dénonçant les vices du clergé, potentiellement subversifs, lui valent d’être incarcéré. Pendant une vingtaine d’années, jusqu’à sa mort ou presque – survenue entre 1365 et 1370, – il est transféré de prison en prison et connaît, à ses propres dires, des conditions de détention extrêmement pénibles. À l’été 1349, Jean se trouve à Avignon, enfermé dans la prison du Soudan. Suspect, il est lavé de l’accusation d’hérésie – il a toujours proclamé son orthodoxie. Il reste néanmoins assigné à résidence à la curie pontificale. La réputation de ce prisonnier peu ordinaire est colportée à travers l’Europe, comme en témoignent les chroniqueurs nombreux sont ceux qui lui consacrent quelques mots, ou parfois tout un développement ainsi Jean de Venette, Jean le Bel ou Froissart. Réputation pour partie posthume cependant Jean de Roquetaillade passait pour avoir annoncé, outre la défaite de Jean le Bon à Poitiers en 1356, l’ouverture du Grand Schisme en 1378, punition d’une Église corrompue annoncée par l’effondrement du pont d’Avignon en 1345. Au fond de sa prison, Jean dispose de matériel d’écriture, se fait prêter des livres, reçoit des visites. Dans un contexte avignonnais marqué par les intrigues et le jeu des factions, les cardinaux n’hésitent pas à le consulter – le Liber ostensor est dédié au cardinal Élie Talleyrand de Périgord, protecteur des Franciscains. C’est ainsi que l’on a pu décrire Jean de Roquetaillade en prophète de cour », sous surveillance, mais en un lieu où s’affirmaient stratégies, clivages et conflits au plus haut niveau, et où convergeaient les informations venues de toute la chrétienté. Le paradoxe d’une privation de liberté couplée à une connaissance du siècle hors du commun trouve à s’exprimer dans une production écrite abondante, répétitive, et pour partie disparue, au sein de laquelle le Liber ostensor apparaît comme l’ un des derniers chefs-d’œuvre de la prose latine médiévale », selon les mots d’André Vauchez. L’édition qui paraît aujourd’hui sous la direction de ce dernier est le fruit d’un long travail associant une vingtaine de collaborateurs et s’inscrivant dans la filiation des recherches de Jeanne Bignami-Odier. Le texte lui-même p. 105-855 est encadré par des notes et des commentaires abondants sur la vie et l’œuvre de Jean de Roquetaillade, sur le Liber ostensor lui-même, sur les sources prophétiques utilisées, ainsi que par une longue analyse p. 63-97 et un triple index autant de clefs d’entrée dans une œuvre complexe. De celle-ci, il n’existe qu’un seul manuscrit le ms. Rossiano 753 de la Bibliothèque Apostolique Vaticane, provenant de la bibliothèque du cardinal Domenico Capranica p. 1458, et découvert dans les années 1920. Il se compose de 149 folios de papier, où court une écriture de la seconde moitié du XIVe siècle probablement. La structure du Livre révélateur » est labyrinthique, mais l’auteur n’en a pas perdu la maîtrise. L’ouvrage est constitué de 12 traités ou chapitres, de longueur variable la matière du onzième traité occupe le tiers du volume total de l’œuvre, et répartis en 2 livres l’un correspondant aux dix premiers traités, l’autre aux onzième et douzième traités. Le foisonnement des thèmes laisse apparaître quelques motifs caractéristiques les péchés et la crise de l’Église, l’éloge de la pauvreté évangélique, les guerres et la ruine des pouvoirs princiers, la conversion des Juifs et la défaite des Sarrasins, l’avènement de l’Antéchrist. La pensée de Jean de Roquetaillade est marquée par une conviction centrale l’Église et le monde doivent être sauvés par la venue d’un réparateur », issu du petit groupe des Franciscains restés fidèles à l’idéal de pauvreté, et d’un pape angélique ». Jean utilise et commente de nombreux textes prophétiques, et les cite parfois abondamment le Liber ostensor est un bon témoin de la circulation de la littérature prophétique, et prend valeur d’anthologie. Figurent ainsi parmi ces références Joachim de Flore dont Jean cite cependant surtout des œuvres apocryphes, la Sibylle Tiburtine, ou encore Hildegarde de Bingen le dixième traité dans son entier est un commentaire des écrits d’Hildegarde, connus à travers la compilation établie par le moine Gebeno au début du XIIIe siècle la liste ne saurait être exhaustive. Soucieux de son orthodoxie, Jean de Roquetaillade adopte à l’égard de Pierre de Jean Olivi une attitude mêlée de respect et de prudence ; il en va de même envers Arnaud de Villeneuve, admiré et influent, considéré comme un maître », mais peu explicitement cité. Autre trait caractéristique du Livre révélateur » les références, nombreuses et informées, aux événements récents, qu’il s’agisse de l’Italie ou de l’Espagne, du conflit franco-anglais, de la situation de Chypre ou de celle de l’Orient. Ces événements sont donnés pour annonciateurs de la crise majeure à venir Jean se préoccupe d’établir avec précision des correspondances entre les troubles du temps présent et le temps eschatologique, développant ce que l’on a pu désigner comme une conception historicisante du prophétisme ». La postérité n’a parfois retenu de Jean de Roquetaillade que la critique de l’institution ecclésiale et de la corruption du clergé. Contestataire, il le fut, mais la lecture est un peu univoque. Cette belle édition de son œuvre majeure livre de lui un portrait riche et complexe, ambigu sans doute, sous les traits d’un prophète de transition », selon la formule d’André Vauchez. Dire ainsi les inquiétudes et les contradictions de la société de son temps, leur donner forme, s’en saisir et les porter en soi telle est peut-être la première fonction du prophète. 60Alain PROVOST. Jean-Paul Hervieu, Emmanuel Poulle, Philippe Manneville éd., La place de la Normandie dans la diffusion des savoirs du livre manuscrit à la bibliothèque virtuelle. Actes du XLe Congrès organisé par la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie Avranches, 20-23 octobre 2005, Rouen, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie Congrès des sociétés historiques et archéologiques de Normandie », 11, 2006, 332 p. 61Rassemblant 28 contributions, le XLe Congrès de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie aborde de manière simultanée les trois périodes de la diffusion des savoirs, passant de l’ère de la production manuscrite des origines au XVe siècle à la prédominance de l’imprimerie, puis au règne de la communication électronique. Le questionnement se fonde sur la place de la Normandie dans cette histoire. Les interventions sont regroupées autour de trois thèmes distincts la mise en œuvre des savoirs, puis leur diffusion et, enfin, leur conservation. Dans ce canevas novateur, chacune des périodes historiques est bien représentée, puisque 7 communications concernent le Moyen Âge, 7 l’époque moderne et 11 l’époque contemporaine. Toutes les formes de communication et de conservation sont étudiées, même si le mode de diffusion le plus souvent envisagé est le livre. À travers ces articles, apparaît une spécificité normande – à savoir, l’accent mis sur la connaissance historique de la mise en place de la Société de l’histoire de Normandie et de ses héritières Philippe Manneville à l’étude d’un historien américain, Charles Homer Haskins Jean-Claude Martin, en passant par le Roman de Rou de Wace Françoise Vielliard et par la galerie des portraits du château d’Eu voulue par Louis-Philippe et Jean Vatout Martine Bailleux-Delbecq. Outre l’histoire, d’autres savoirs ont été évoqués la théologie, à travers l’examen par Cédric Giraud d’un manuscrit produit dans un établissement monastique normand au début du XIIe siècle attestant la réception précoce de l’enseignement de l’école de Laon dans l’espace normand ; l’hagiographie, avec l’étude de la réécriture de vies de saints après la fin des invasions scandinaves Jacques Le Maho ; la paléographie, avec une interrogation sur le rôle joué par la Normandie dans la naissance de l’écriture gothique Marc Smith. Tous ces textes s’adressaient à un large public, des nobles courtisans des Plantagenêt du XIIe siècle, passionnés par les paroles des troubadours Hélène Biu, aux élèves de l’École centrale de l’Eure entre 1795 et 1803 André Goudeau, en passant par les curés de campagne du début du XVIe siècle Marc Venard. Pour faciliter la diffusion de leurs écrits, les différents auteurs ont fait des choix, en particulier Émile-Louis-Joseph Lechanteur de Pontaumont qui décida de faire connaître une petite page d’histoire de Normandie en écrivant un roman historique fondé sur le voyage fictif dans cette province de Raoul de Rayneval en 1380 Nicolas Lecervoisier. Le rôle des éditions a été longuement étudié à travers les exemples des imprimeurs d’Avranches Anne Morvan et David Nicolas-Méry, du Centre havrais de recherche historique Philippe Manneville. L’accent a également été porté sur l’intérêt que représente l’utilisation d’Internet dans la diffusion des savoirs Georges-Robert Bottin. Le congrès s’est terminé sur les moyens de conserver les textes, à travers l’étude des différentes archives et bibliothèques normandes. 62L’ensemble de cet ouvrage est un bel exemple d’interdisciplinarité réussie et revigorante. 63Marlène HéLIAS-BARON. André Bazzana, Nicole Bériou, Pierre Guichard éd., Averroès et l’averroïsme. Un itinéraire historique du Haut Atlas à Paris et à Padoue, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2005, 348 p. 64Parce qu’il est mot à mot celui d’Ernest Renan, le titre du présent recueil eût été peu signifiant si un sous-titre n’était venu en éclairer la visée principale aborder historiquement l’homme et l’œuvre du grand philosophe arabe. Il s’agissait en effet, pour les auteurs, de resituer Averroès dans le temps long de la société qui l’a engendré et, en aval, de mesurer la portée et la diffusion de sa pensée dans les différentes cultures musulmane, juive et chrétienne. C’est donc à une contextualisation très serrée que s’emploient des médiévistes, de formation diverse – archéologues, historiens, historiens de l’art, spécialistes d’histoire politique, militaire et culturelle – pour tenter d’approcher au mieux les conditions socioculturelles de l’émergence d’une pensée, celle d’Averroès. 65Ce sont d’abord les données sociopolitiques de la dynastie almohade, dans la seconde moitié du XIIe siècle, qui sont retracées, de leur description matérielle à leur fonctionnement diplomatique. La reconstitution d’une ville almohade au temps du grand penseur, grâce aux fouilles du site de Saltès, ou les analyses esthétiques et architecturales de la mosquée de Tinmal montrent le dynamisme économique et culturel de la puissance almohade. Les analyses plus événementielles sur la victoire d’Alarcos 1195 ou sur la défaite de Las Navas de Tolosa 1212 rendent compte des tensions que doit affronter le régime almohade dans un contexte de politique internationale tendu, dû à la progression des royaumes chrétiens dans la Péninsule ou aux résistances internes à l’espace andalous comme celle du régime anti-almohade de Murcie. 66Dans ce contexte général, Ibn Rushd est repéré, dès 1153, parmi les élites andalouses de la cour almohade, au sein de laquelle il accède aux plus hautes fonctions. Cadi de Cordoue, puis de Grand Cadi de Séville, il est également médecin personnel du calife et son penseur attitré, s’inscrivant dans une propagande pro-almohade dès ses premiers écrits ou répondant au souhait du calife dans son entreprise quasi exhaustive de commenter Aristote. Favori et personnage brillant, Averroès n’est pas épargné par les jeux de factions, notamment celui du parti traditionaliste qui combat son rationalisme philosophique lorsqu’il s’applique à la sphère religieuse. L’étude de cette disgrâce, dite mihna, permet de mieux saisir les conséquences de ses positions conceptuelles au sein d’une actualité de tensions sociales et d’enjeux politico-religieux. À titre d’exemple, lorsqu’il traite la question du témoignage dans son Abrégé de la Rhétorique d’Aristote, Averroès conceptualise en termes philosophiques et universels la querelle qui l’oppose circonstanciellement aux mutakallims, adversaires de tout rationalisme en matière de foi. 67Enfin, la pensée d’Averroès elle-même est réinscrite dans le mouvement long de la production du savoir au Moyen Âge central. L’Abrégé de l’Almageste, texte inédit qui ne nous est parvenu que dans sa version hébraïque, permet de replacer le philosophe dans un mouvement de pensée qui le dépasse et l’englobe celui de la critique de l’astronomie ptolémaïque. Quant à l’averroïsme, cette appropriation de la pensée rushdienne avec son cortège de méprises propres à tout transfert culturel, il s’opère par le biais d’échanges culturels complexes. Les textes d’Averroès ne sont pas transmis par le fait d’un dialogue arabo-chrétien, mais par ces passeurs que sont les intellectuels juifs, notamment Moïse de Narbonne, en qui la symbiose judéo-arabe trouve son expression la plus haute. Au XVe siècle, l’averroïsme est attesté de manière plus cryptée chez des humanistes, comme Lauro Quirini, qui, sans l’avouer, puise au fonds doctrinal averroïste en une élégance formelle à l’allure cicéronienne. 68Le sujet, on l’aura compris, séduit par la pertinence de sa mise en œuvre historique. Pour autant, on ne peut que regretter l’absence de quelques grands spécialistes actuels d’Averroès, tel Marc Geoffroy, qui, pour être philosophes, n’ont pas trouvé leur place dans ce volume. La rencontre interdisciplinaire n’a pas encore convaincu de ses vertus, au moins aussi grandes que celle de l’échange interculturel. 69Bénédicte SèRE. Jeffrey S. Hamilton ed, Fourteenth-Century England IV, Woodbridge, The Boydell Press, 2006, XII-191 p. 70Le XIVe siècle anglais fut riche en rebondissements politiques et la figure du grand noble immolé sur l’autel de la tyrannie demeure un thème favori des historiens, ce dont témoigne le dernier volume de la collection Fourteenth-Century England ». Sans doute produit à Saint-Omer, le livre d’heures dit Heures Sellers, aujourd’hui conservé à la Bridwell Library, s’ouvre sur une prière à Thomas de Lancastre, laquelle est accompagnée d’une image qui montre Thomas sur le point d’être exécuté, et qui devait servir de support à la contemplation. Il ne s’agit pas là d’un exemple isolé – on peut citer la représentation du martyre de Thomas de Lancastre dans le Psautier Luttrell – mais les Heures Sellers témoignent de la diffusion inattendue, sur le continent, du culte de ce martyr politique et royal John T. McQuillen. La deuxième figure politique évoquée ici est celle de Thomas Despenser, un favori de Richard II, qui fut exécuté sommairement à Bristol en janvier 1400, un destin qui rappelle, bien sûr, celui de son ancêtre, Hugh Despenser, exécuté lors de la prise de pouvoir par Isabelle et Mortimer. Au-delà de l’incapacité politique ou de l’extravagance personnelle, c’est l’absence d’une culture et d’une emprise politiques locales dignes de ce nom qui explique, en dernier ressort, les destinées de cette famille Martyn Lawrence. Finalement, la belle étude d’Helen Lacy sur l’usage du pardon par Richard II en 1397 et 1398, que vient compléter celle de John L. Leland sur les étrangers dans les pardons de Richard II, met en exergue un usage détourné, au profit d’une politique factieuse, de la prérogative royale de la grâce en manipulant un concept profondément ancré dans le système judiciaire, et garant du bon fonctionnement de celui-ci, le roi obligeait les opposants à son régime à reconnaître publiquement leur culpabilité. 71D’autres facettes de la vie politique anglaise au XIVe siècle sont abordées dans le volume, parfois sous un angle particulièrement original. Amanda Richardson démontre le rôle que jouaient les parcs royaux, notamment à Clarendon et à Windsor, dans la vie de la cour, mais aussi comme cadre de l’étalage du pouvoir royal, un rôle qui s’accentua au cours de la période, parallèlement à des transformations dans l’art de la chasse. Et c’est sans doute l’hostilité des contemporains à la politique royale d’élargissement des parcs qui explique la réputation faite à un roi comme Édouard II de cultiver des goûts éloignés des canons aristocratiques. Deux contributions portent sur les rapports entre la Couronne et l’Église. La stratégie du gouvernement royal pour obtenir une contribution financière de communautés religieuses réticentes est bien mise en lumière par A. K. McHardy au sujet de la demande d’une aide pour le mariage de la sœur du roi en 1332. La question des relations avec Rome dans la seconde moitié du XIVe siècle fait l’objet d’une étude par Diane Martin, qui là aussi s’intéresse à la stratégie de harcèlement développée par le gouvernement royal pour décourager les clercs d’en appeler au pape afin d’obtenir des bénéfices en Angleterre. 72La question de l’étendue et du poids des grandes franchises dans la vie politique du royaume d’Angleterre est l’un des aspects les plus controversés de l’historiographie les deux contributions qui portent sur le comté palatin de Durham viennent partiellement renouveler la discussion. Au-delà de la question déjà très travaillée de l’équilibre des rapports entre la Couronne et le comté, Christian D. Liddy démontre l’existence d’une troisième force politique, représentée par une communauté locale indépendante du pouvoir de l’évêque, le Haliwerfolk, qui s’avéra capable de refuser une aide militaire ou financière au roi ou de négocier directement avec les Écossais. La contribution de Mark Arvanigian sur l’exploitation des mines de charbon dans le palatinat renforce le sentiment que les élites locales, urbaines ou rurales, pouvaient se montrer capables de tirer le meilleur parti économique et politique d’une ressource majeure. 73La place des femmes dans la société anglaise du XIVe siècle fait l’objet de deux contributions. J. S. Bothwell montre comment John Maltravers, compromis dans le gouvernement d’Isabelle et Mortimer, et qui dut fuir l’Angleterre après le coup de Nottingham, put rentrer graduellement en grâce et protéger son patrimoine grâce à l’action de son épouse, Agnes, fille du juge William de Bereford. Beth Allison Barr se penche sur la vision des femmes dans le manuel d’instruction pour les prêtres de John Mirk. Les femmes n’occupent qu’une place très secondaire dans l’ouvrage, et semblent à la fois moins actives et moins pécheresses que les hommes ; un manuscrit de l’ouvrage toutefois présente des variantes destinées à renforcer l’arsenal du confesseur face à un sexe considéré comme rétif. 74On pourra déplorer l’absence d’un fil directeur ferme pour l’ensemble du volume mais, devant la richesse, la nouveauté et la qualité des contributions, on ne peut que se rallier à la formule d’un périodique cernant une chronologie restreinte, et qui pourrait faire, dans le cadre francophone, des émules. 75Frédérique LACHAUD. Geneviève Ribordy, Faire les nopces ». Le mariage de la noblesse française 1375-1475, Toronto, 2004 Pontifical Institute of Mediaeval Studies. Studies and Texts », 146, XXVI-207 p. 76Cet ouvrage est tiré d’une thèse soutenue en 1999 à l’Université de Montréal. L’A. se propose d’examiner, pour la fin du Moyen Âge, la validité des conclusions tirées en 1981 par Georges Duby dans Le chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France féodale. G. Duby avait mis en évidence la divergence entre les deux modèles matrimoniaux en vigueur aux XIVe-XVe siècles le modèle aristocratique et le modèle ecclésiastique. Dans son excellente introduction, l’A. retrace de façon très claire la construction de la doctrine ecclésiastique du mariage, qu’élaborent avec une force particulière des théologiens comme Yves de Chartres ou Pierre Lombard. C’est dans le courant du XIIe siècle que l’Église impose l’idée que le consentement libre des époux joue le rôle central dans une union par nature indissoluble. Dans ce schéma, les relations sexuelles sont reléguées au second plan, même si elles ne peuvent être refusées par les conjoints. Face à cet idéal élaboré par les clercs, quelle est la réalité du mariage noble à la fin du Moyen Âge ? Les sources utilisées sont de deux natures. Ce sont d’abord les sources judiciaires, plaidoiries criminelles du Parlement et lettres de rémission, dont les récits détaillés et savoureux n’avaient que peu été mis à contribution pour l’étude du mariage. Les chroniques fournissent un autre point de vue sur le mariage dans la noblesse, plutôt, il est vrai, dans les couches supérieures. Le corps de l’ouvrage suit un plan habile, des étapes préalables au mariage jusqu’à sa consommation. Le lecteur sortira de ce livre avec une meilleure appréhension du mariage tel qu’il était pratiqué par la noblesse française à la fin du Moyen Âge. La signification du rapt et du mariage clandestin, la place des fiançailles et des rites ecclésiastiques s’en trouvent souvent éclairées d’une vive lumière ; les conclusions de l’auteur montrent la souplesse de l’Église dans l’application des règles qu’elle avait définies particulièrement la consanguinité, et l’intérêt que les clercs tirent de cette souplesse. Dans l’ensemble, les prescriptions ecclésiastiques sont d’ailleurs respectées, et la bigamie assumée de Jacqueline de Bavière ou le mariage incestueux de Jean d’Armagnac suscitent une forte désapprobation, sociale autant qu’ecclésiastique. Cela ne signifie pas pour autant que la noblesse suive aveuglément les recommandations de l’Église, notamment pour ce qui touche au consentement libre des époux et surtout de la femme, qui semble rarement respecté. Le mariage est une affaire trop importante pour la plier à la liberté des époux, contrairement à ce que voudrait la doctrine de l’Église mais là non plus, celle-ci ne paraît pas s’être montrée intransigeante. Si ces conclusions n’appellent pas la critique, une réserve doit être faite à propos des sources utilisées par l’ouvrage. Sauf exception, les chroniques ne s’intéressent qu’à la très haute noblesse et les seuls passages détaillés, au demeurant assez rares, concernent les familles royales. Il aurait mieux valu se passer des chroniques pour se tourner vers les sources proprement littéraires, qui auraient sans doute donné plus d’éléments sur la noblesse petite et moyenne tout laisse penser en effet qu’on ne s’y mariait pas comme à la cour de France. Or mariages royaux et mariages dans des sphères beaucoup moins huppées sont mis sur le même plan. C’est frappant dans le premier chapitre, consacré à la démarche familiale » pour préparer un mariage, où il n’est question que de la très haute noblesse et des rois. Quant aux sources judiciaires, elles sont par nature fondées sur des épisodes conflictuels et ne donnent qu’une vision biaisée de la réalité. L’A. ne l’ignore pas, du reste, et, quand il le faut, démonte avec finesse les stratégies d’énonciation des parties en présence particulièrement dans le dernier chapitre à propos des relations sexuelles, qui peuvent être assimilées dans certains cas à un viol, et qu’il vaut parfois mieux, du coup, taire. L’auteur a certainement vu la difficulté que posaient les sources choisies. Une bonne partie de l’ouvrage s’appuie de fait sur la bibliographie, comme le montre l’examen des notes les historiens y sont au moins aussi fréquemment cités que les sources. On peut penser que la consultation de documents plus variés et cités plus longuement aurait permis de resserrer le sujet sur la masse de la noblesse et de pousser davantage les conclusions. La bibliographie, impressionnante 40 pages, est très complète, mais elle est répartie de façon assez incommode dans plusieurs sections ; un index des auteurs cités permet cependant de s’y retrouver. L’auteur pourrait être prise en défaut sur des détails particulièrement pour les chroniques, la date d’édition est souvent en réalité celle de la réimpression ; l’éditeur des chroniques de Thomas Basin est un certain S. Samaran », dans lequel il faut reconnaître Charles Samaran ; la Chronique d’un bourgeois de Vernueil est en réalité celle d’un bourgeois de Verneuil ; Robert Blondel est classé à Robert, alors que Jean Raoulet l’est à Raoulet ; on relève parfois des points plus embarrassants il manque par exemple la synthèse de Philippe Contamine, parue en 1997, intitulée La noblesse au royaume de France, de Philippe le Bel à Louis XII, tandis que le beau volume de mélanges qui lui a été dédié en 2000, bien que cité p. 153, n’est pas clairement identifié comme tel. Mais des lacunes sont inévitables sur un sujet aussi vaste, et ce livre synthétique, bien écrit et bien construit, est sans conteste une contribution importante à l’étude du mariage dans la noblesse française de la fin du Moyen Âge. 77Xavier HéLARY. James Hogg, Alain Girard, Daniel Le Blévec éd., L’ordre des Chartreux au XIIIe siècle. Actes du Colloque international d’histoire et de spiritualité cartusienne. VIIIe centenaire de la chartreuse de Valbonne, 11-13 juin 2004, Salzburg, 2006, 145 p. Analecta cartusiana, 234. 78À l’occasion du VIIIe centenaire de la fondation de la chartreuse de Valbonne a été réuni en 2004 un colloque international consacré à l’ordre des Chartreux au XIIIe siècle. Dès l’introduction, Daniel Le Blévec constate pour ce siècle non seulement une expansion continue de l’ordre avec 35 fondations, contre 37 ou 38 avant 1200, mais aussi une évolution concernant les implantations. Les chartreuses sont certes de plus en plus présentes dans le vieux pays cartusien », mais aussi en Italie et en Provence. C’est également l’époque des premières fondations urbaines ou périurbaines. 79Grâce à 12 interventions, est dressé un panorama relativement complet de la vie cartusienne au XIIIe siècle. Les A. s’intéressent d’abord aux institutions en cours de normalisation Cécile Caby, James Hogg, Florent Cygler et John Clark, puis à la sortie des Chartreux hors de leurs déserts originels Sylvain Excoffon, Michel Carlat, Michel Wullschleger, Alain Saint-Denis et Silvio Chiaberto et enfin à la spiritualité de l’ordre Fabrice Wendling et Nathalie Nabert. Ces articles ont tous un point commun celui de montrer la vitalité des Chartreux en cette période peu étudiée. Les institutions de l’ordre évoluent rapidement comme le montre Cécile Caby L’érémitisme au XIIIe siècle, entre solitude du cœur et contraintes du droit » . Elle s’y intéresse à une période de l’érémitisme encore peu étudiée en dehors de la place hégémonique occupée par le phénomène mendiant. Au cours de ce siècle, l’Église, se méfiant de plus en plus des mouvements érémitiques susceptibles de tomber dans l’hérésie, engage un processus de régularisation de la vie religieuse auquel n’échappent pas les Chartreux. Ces derniers mettent alors au point une législation plus rigoureuse, venant compléter leurs premiers statuts. 80Autre changement crucial la sortie des Chartreux hors de leurs déserts. L’article d’Alain Saint-Denis, Saint Louis et la fondation de la chartreuse de Vauvert », montre une rupture radicale avec les choix originels de saint Bruno. La chartreuse de Vauvert a, en effet, été fondée en 1259 par Louis IX sous les murs de Paris. À cette époque, le roi cherche à attirer dans sa ville tous les ordres monastiques pour la transformer en une véritable capitale religieuse. Quant aux Chartreux, ils veulent profiter de la fécondité intellectuelle de Paris et surtout de son université. 81Enfin, deux interventions viennent illustrer les mutations de la spiritualité cartusienne. Dans la première La spiritualité d’un chartreux provençal », Fabrice Wendling décrit la spiritualité d’Hugues de Miramar, entré à Montrieux vers 1236-1238, à travers l’étude du Liber de miseria hominis. S’y côtoient des thèmes traditionnels, tel le contemptus mundi, des thèmes uniquement cartusiens glorifiant le mode de vie des Chartreux et des thèmes nouveaux, tels le réalisme macabre et la personnification de la mort. La seconde porte sur la vie de Béatrice d’Ornacieux, écrite en langue vernaculaire par Marguerite d’Oingt avant 1310. Pour Nathalie Nabert, Béatrice est un modèle de vie cartusienne, malgré quelques excès de mortification. Comme de nombreuses mystiques, elle brûle d’amour pour le Christ de la Passion et a une dévotion ardente pour l’eucharistie, au point de vivre un véritable miracle de la transsubstantiation lors de la manducation. 82Tout ce travail de recherche exposé ici est souligné par Pierrette Paravy, qui rappelle la vitalité de l’ordre au XIIIe siècle et sa propension à sortir de ses habitudes. Surtout, elle ouvre des perspectives de recherches sur une histoire comparée des différents ordres ». Finalement, cette publication a le mérite de sortir les Chartreux du XIIe siècle où ils ont été généralement cantonnés. 83Marlène HéLIAS-BARON. Monique Maillard-Luypaert, Les suppliques de la Pénitencerie apostolique pour les diocèses de Cambrai, Liège, Thérouanne et Tournai 1410-1411 A. S. V., Penitenzieria Ap., Reg. Matrim. et Div., 1, Bruxelles-Rome, Institut historique belge de Rome Analecta vaticano-belgica, 1re sér., 34, 2003, 201 p. 84Cela fait déjà plus de vingt ans que Monique Maillard-Luypaert consacre ses recherches à l’édition et à l’exploitation des archives médiévales de la papauté. Auteur d’une volumineuse étude sur les relations entre le diocèse de Cambrai et les papes du Grand Schisme 1996, elle éditait, dès 1987, les lettres du pape urbaniste Innocent VII 1404-1406. La présente édition des suppliques de la Pénitencerie apostolique est, comme Mme Maillard-Luypaert le dit elle-même, une première à plus d’un titre. C’est en effet la première fois que les Analecta vaticano-belgica, la célèbre collection de l’Institut historique belge de Rome, publient les archives d’un tribunal romain. Mais c’est aussi la première fois que les archives de la Pénitencerie sont rendues accessibles pour un domaine géographique qui couvre une partie du royaume de France à la fin du Moyen Âge, essentiellement les diocèses de Thérouanne et de Tournai. C’est dire tout l’intérêt que représente cet ouvrage pour les médiévistes français. Cette publication était d’autant plus attendue qu’elle s’inscrit dans un mouvement qui débuta en 1969, date à laquelle Filippo Tamburini 1999 attira l’attention de la communauté scientifique sur l’extraordinaire richesse des archives de la Pénitencerie apostolique. Ces travaux pionniers ont ouvert la voie à la vaste publication du Deutsches Historisches Institut in Rom, qui édite, depuis 1996, le Repertorium Poenitentiariae Germanicum, sous la direction de Ludwig Schmugge. Le fonds de la Pénitencerie, qui contient les copies des suppliques adressées au pape et des lettres expédiées par le cardinal pénitencier jusqu’en 1890, se compose en fait de 746 volumes, dont une cinquantaine seulement couvrent le XVe siècle. Le premier de ces registres est l’unique représentant de la période du Grand Schisme, puisque la série ne reprend qu’en 1438, sous le pape Eugène IV 1431-1447. On ne peut donc que louer l’initiative d’éditer cette source contenant des fragments d’archives des deux papes pisans, Alexandre V 1409-1410 et Jean XXIII 1410-1415, que le Repertorium Poenitentiariae Germanicum avait par ailleurs négligés. Pour respecter les principes de la collection belge, l’éditeur a ainsi extrait les 156 suppliques concernant les diocèses de Cambrai, Liège, Thérouanne et Tournai, parmi les quelque 800 que renfermait le volume. 85Après un avant-propos p. 5-12, qui évoque le contexte dans lequel s’est inscrite cette publication, et une bibliographie sélective p. 15-25 d’une centaine de références, l’introduction p. 27-53 commence par un bref rappel historique sur la naissance, le développement et les compétences de la Pénitencerie apostolique, tribunal du for interne par opposition à la Rote, qui était celui du for externe. Surtout, l’éditeur consacre de très belles pages à la description de la source, dont les 110 feuillets se divisent en six cahiers contenant chacun un type particulier de suppliques le premier fascicule de officio procurationis comprend les suppliques présentées en vue d’obtenir une charge de procurator litterarum penitentiarie ; le suivant super defectu natalium in forma ampliori, celles présentées par des enfants illégitimes qui souhaitent obtenir ou conserver plusieurs bénéfices ecclésiastiques ; le troisième de matrimonialibus, celles relatives aux empêchements au mariage ; le quatrième de Sancto Sepulcro, Sancto Jacobo et commutatione votorum, celles destinées à commuer un vœu solennel de pèlerinage en une autre œuvre pie ; quant aux deux derniers fascicules in diversis formis, ils rassemblent les demandes d’absolution, les lettres de confession, ainsi que les autres dispenses canoniques et licences spéciales. Ce premier survol permet d’ores et déjà de constater que les trois quarts des suppliques éditées 120 sur 156 concernent des grâces pour défaut de naissance, et que les clercs des anciens diocèses belges constituent presque la moitié des suppliants de ce groupe 120 sur 287, ce qui est largement supérieur à leur proportion globale sur l’ensemble du registre 20 %. L’analyse de la source se termine par l’ébauche d’une étude diplomatique des suppliques de la Pénitencerie. Elles se composent ordinairement, à l’instar de celles de la Daterie, d’une expositio déclinaison d’identité de l’impétrant, d’une narratio exposé des faits qui ont provoqué le recours à la grâce, d’une supplicatio ou petitio nature de la grâce impétrée, de clauses de dérogation, d’une signatura, d’une datatio et d’éventuelles mentions hors teneur. La principale particularité diplomatique de ces suppliques réside, en fait, dans l’identité du signataire, qui se trouve être le grand pénitencier ou un simple délégué et non le pape lui-même, comme c’est le cas à la Daterie. Si cette étude ne dispense pas de lire les pages que Filippo Tamburini, Ludwig Schmugge et Kirsi Salonen ont consacrées aux suppliques de la Pénitencerie, elle n’en reste pas moins l’une des meilleures présentations en français pour ce type de sources. 86L’essentiel du volume consiste, bien sûr, en l’édition des 156 suppliques qui concernent les diocèses de Cambrai, Liège, Thérouanne et Tournai p. 55-161. Classées dans l’ordre chronologique, entre le 5 avril 1410 et le 16 mai 1411, elles ont le grand avantage d’être publiées en texte intégral avec un apparat critique comprenant les variantes et les notations du registrator. Certes, l’absence, dans ce registre, de litterae declaratoriae, où la narratio sert à prouver l’innocence de l’impétrant, exclut les riches témoignages comparables à ceux des fameuses lettres de rémission de la Chancellerie du roi de France. Mais, à défaut d’être variés, ces documents apportent cependant une foule de renseignements biographiques sur un grand nombre de clercs flamands, hainuyers, luxembourgeois et brabançons, pendant l’une des périodes les plus troublées du Grand Schisme. On peut même lire, au détour d’une lettre, quelques récits hauts en couleurs, comme celui que relate la supplique no 142 après un échange d’injures avec Jacobus de Motta, chapelain à Saint-Pierre de Lille, Johannes de Rosmel, chanoine dans la même église, avait battu et blessé son confrère, au moyen d’un marteau, usque ad magnam sanguinis effusionem, si bien que le chapelain ne pouvait plus dire la messe. Les deux protagonistes s’étant finalement mis d’accord contre une compensation financière, le chanoine demanda naturellement la levée de son excommunication, ce qui lui fut accordé, le 30 avril 1411, de gratia speciali. Enfin, cette publication aurait perdu beaucoup de sa valeur, si elle n’avait pas été accompagnée d’un substantiel index. Or, il n’y en a pas un, mais six à la fin du volume p. 163-201. En plus de l’index des noms de personnes et de lieux, l’éditeur a indexé les signataires, les lieux de signature, les patronages d’églises, les ordres religieux et plus de 600 matières. La multiplication des index est une bonne chose, même si certains d’entre eux ne paraissent pas indispensables celui des congrégations et celui des patronages font pratiquement double emploi avec celui des noms ou celui des matières, sauf pour l’ordre des Clarisses, qui figure dans les deux derniers, mais pas dans le premier. De même, l’index rerum est encombré de plusieurs termes usuels, tels que deinde, invicem, usque et videlicet, dont l’indexation ne s’imposait pas. Mais ces quelques remarques n’enlèvent rien au très grand profit qu’il y aura à consulter cette édition de sources, en espérant qu’elle soit suivie d’autres volumes dans la même collection, ce qui pourrait peut-être inspirer un travail similaire pour l’ensemble des diocèses français. 87Thierry KOUAMé. Hélène Millet dir., Suppliques et requêtes. Le gouvernement par la grâce en Occident XIIe-XVe siècle, Rome, École française de Rome Collection de l’École française de Rome », 310 2003, 434 p. 88Les 20 contributions réunies dans ce volume forment les actes du colloque qui s’est tenu à Rome les 9, 10 et 11 novembre 1998, sous l’égide de l’École française de Rome et du GDR Gerson, avec la collaboration de l’UMR 8589 de l’Université de Paris I LAMOP. Le but de cette rencontre étant de comparer les suppliques présentées aux papes et les requêtes soumises à d’autres souverains, le colloque était donc consacré à ce modèle particulier de pouvoir qu’est le gouvernement pontifical par la grâce et à son adaptabilité aux divers régimes politiques médiévaux, ce qui nécessitait une approche délibérément internationale et comparatiste. Pour ce faire, les organisateurs avaient réuni 19 chercheurs confirmés venus de 7 pays différents. Les onze Français, qui formaient la majorité des intervenants, côtoyaient ainsi trois Espagnols, trois Anglo-Saxons, un Italien et un Allemand. À l’image de la diversité des participants, les actes couvrent un grand nombre de domaines géographiques et thématiques si la papauté et le royaume de France sont très largement représentés, on trouve aussi des études sur l’Angleterre, la Castille, les villes italiennes et l’Empire, qui reste cependant, comme le remarque d’ailleurs Hélène Millet, le parent pauvre de ce tour d’horizon européen du gouvernement par la grâce. Après l’introduction et la bibliographie sélective d’Hélène Millet p. 1-18, les communications se répartissent en 5 ensembles plus ou moins homogènes Formes et prémices de la supplication » p. 19-102, Présenter une supplique » p. 103-173, La grâce pratiques et principes de gestion » p. 175-262, Les requêtes présentation et gestion » p. 263-317 et Gouverner par la grâce » p. 319-404. Même si l’on comprend parfaitement les préoccupations comparatistes qui ont présidé à certains de ces rapprochements, il nous sera néanmoins permis de présenter toute la richesse de ces contributions dans un ordre légèrement différent. 89La genèse de la pétition médiévale est évoquée dans les quatre premières communications. Geoffrey Koziol The early history of rites of supplication », p. 21-36, qui reprend les conclusions de son ouvrage Begging Pardon and Favor Ritual and Political Order in Early Medieval France 1992, montre que toutes les formes de requêtes écrites de la fin du Moyen Âge descendent en fait du rituel de la supplication carolingienne, dans lequel le demandeur adoptait le vocabulaire et l’attitude de l’orant pour s’adresser au roi, qui répondait avec le vocabulaire de la grâce et de la bienveillance. Jean-Marie Moeglin Pandolf la corde au cou Ottoboni lat. 74, f. 193 v quelques réflexions au sujet d’un rituel de supplication XIe-XVe siècle », p. 37-76 retrouve d’ailleurs cette posture, poussée à l’extrême, dans le rituel de la corde au cou, qui permettait aux princes de gracier des coupables dont le crime de lèse-majesté aurait mérité la mort. Quelques pages plus loin, Charles Vulliez L’ars dictaminis et sa place dans la “préhistoire” médiévale de la requête écrite », p. 89-102 rappelle le rôle fondamental de l’ars dictaminis dans la genèse de la pétition. C’est en effet au XIIe siècle que les maîtres en dictamen placèrent la petitio au centre de l’epistola, faisant ainsi de la lettre le support privilégié de la requête. Cet écrit devient même, dans l’iconographie, le signe distinctif de la supplique au pape, comme le constate Jean-Claude Schmitt Les suppliques dans les images », p. 77-87 dans les manuscrits enluminés du Décret de Gratien Causae 7 et 25. La formalisation écrite de la supplication rendant désormais possible son utilisation administrative, il restait cependant à la justifier théoriquement et à la mettre en œuvre pratiquement entre le XIIe et le XVe siècle. La justification théorique du gouvernement par la grâce est abordée dans deux contributions Antonio García y García El poder por la gracia de Dios aspectos canónicos », p. 233-249 présente les principes juridiques de ce gouvernement, tant à l’intérieur de l’Église que dans les relations de celle-ci avec les pouvoirs séculiers, tandis que Christian Trottmann Gouvernement divin et gouvernement humain par la grâce », p. 251-262 s’attache aux raisonnements théologiques qui justifient la supériorité du pouvoir de la grâce sur celui de la nature. La mise en œuvre de ce type de gouvernement est, quant à elle, illustrée par les 14 communications restantes, qui se partagent entre la grâce pratiquée par la papauté et celle pratiquée par les États modernes en construction. 90Le fonctionnement administratif de la Curie est au cœur du sujet les 5 études qui lui sont consacrées renouvellent, en partie, nos connaissances sur la question. Présentant les moyens nouveaux mis en œuvre par l’administration pontificale pour traiter le nombre croissant des demandes de grâces, Pascal Montaubin L’administration pontificale de la grâce au XIIIe siècle l’exemple de la politique bénéficiale », p. 321-342 montre que la relation directe et personnelle entre le souverain pontife et le bénéficiaire de la grâce était strictement encadrée et médiatisée par une législation canonique précise et des pratiques administratives standardisées, dès le XIIIe siècle. Nathalie Gorochov Le recours aux intercesseurs l’exemple des universitaires parisiens en quête de bénéfices ecclésiastiques vers 1340 - vers 1420 », p. 151-164 constate, quant à elle, que l’inflation des expectatives délivrées pendant le Grand Schisme provoqua la multiplication des intercessions parallèles et transforma le lien entre le suppliant et son intercesseur en une relation moins personnelle et plus administrative. Mais la principale limite du système résidait dans l’impossibilité de conserver la mémoire de toutes les suppliques et grâces délivrées. C’est justement à cette question que s’est intéressé Patrick Zutshi The origins of the registration of petitions in the papal chancery in the first half of the fourteenth-century », p. 177-191 en étudiant les circonstances qui ont motivé, dans la première moitié du XIVe siècle, la décision d’enregistrer les suppliques adressées au pape. Avec beaucoup de précautions et une grande rigueur, l’A. suggère que l’organisation plus systématique de l’enregistrement aurait été provoquée par la constitution Pater familias de Jean XXII 1331, qui distingua, au sein de la Chancellerie, les abbreviatores des lettres signées par le pape et ceux des lettres signées par le vice-chancelier. Les notaires pontificaux perdant tout contrôle sur la rédaction des lettres de grâce au profit des abbreviatores du pape, il leur serait devenu difficile de se charger, en outre, de l’enregistrement des suppliques qui étaient à l’origine de ces lettres, ce qui nécessita, sans doute sous Benoît XII 1334-1342, la mise en place d’un corps spécifique de registratores. Javier Serra Estellés Acerca de las súplicas dirigidas a Clemente VII de Aviñón », p. 193-205 présente, quant à lui, les conclusions de son article, paru dans l’Archivum historiae pontificiae, 33 1995, p. 7-39. Cette étude se fonde sur l’analyse du manuscrit Barberini lat. 2101 de la Bibliothèque vaticane, qui contient un certain nombre de suppliques présentées dans la dixième année du pontificat de Clément VII 1387-1388 et expédiées par le secrétaire pontifical Gilles Le Jeune. Tout porte à croire que ce document, déjà décrit par Paul Kehr et Emil Göller, est l’unique témoignage d’un registre particulier de secrétaire pontifical contenant la copie des suppliques avant leur expédition en lettres. Mais, pour l’A., il s’agirait en fait du vestige d’une série de registres parallèle aux Registra Supplicationum de la Daterie selon lui, la copie de certaines suppliques dans ces registres de secrétaires devait permettre de réaliser les minutes des lettres correspondantes, même pour celles qui n’étaient finalement pas expédiées par la Chancellerie pontificale, ce qui supposerait, au temps de Clément VII du moins, l’existence d’une expeditio litterarum per viam secretarii, plus rapide, plus sûre, mais aussi plus chère que la voie ordinaire. Toutefois, devant le caractère unique et incomplet de ce document, on ne peut s’empêcher de penser qu’il pouvait tout simplement s’agir d’une initiative individuelle de Gilles Le Jeune, qui se serait constitué un instrument de travail à partir des suppliques qu’on lui assignait, à l’instar des formulaires composés par les procureurs en Curie Heinrich Bucgland et Andreas Sapiti, au milieu du XIVe siècle. Or la démonstration de l’A., qui se fonde essentiellement sur l’inadéquation des documents enregistrés dans les séries principales de suppliques et de lettres, n’est guère convaincante face à une telle objection. Enfin, Ludwig Schmugge Suppliche e diritto canonico il caso della Penitenziera, p. 207-231 présente l’administration de la grâce à travers le fonctionnement de la Pénitencerie apostolique, qui délivre, depuis le XIIIe siècle, absolutions, dispenses, indults et licences aux fidèles qui s’écartent des règles strictes du droit canonique. Au-delà du fonctionnement de ce gouvernement par la grâce, trois contributions illustrent, plus classiquement, le profit que l’on peut tirer de l’exploitation des suppliques pontificales. Élisabeth Lalou Les suppliques des gens de l’Hôtel de Philippe VI de Valois d’après le dossier de Louis Carolus-Barré », p. 105-120 analyse les suppliques des membres de l’Hôtel et de la Chancellerie de France présentées par le roi aux papes d’Avignon entre 1342 et 1366, à partir des papiers de Louis Carolus-Barré 1993, conservés à l’IRHT. Anne-Marie Hayez Les demandes de bénéfices présentées à Urbain V une approche géographico-politique », p. 121-150 expose les résultats du traitement informatique d’environ 14 000 demandes de bénéfices sur les 20 408 suppliques adressées à Urbain V entre 1362 et 1366. Enfin, Charles Vulliez Un rotulus original de la nation picarde de l’université de Paris au temps du pape Jean XXIII », p. 165-173 intervient, une seconde fois, pour porter à la connaissance de la communauté scientifique la découverte qu’il a faite aux Archives nationales carton S 6201 d’un rotulus inédit de la nation picarde de l’Université de Paris, qu’il date de la dernière année du pontificat de Jean XXIII 1414-1415. Ce document, qui nous informe sur la composition du corps des maîtres ès arts et sur le travail des inrotulatores parisiens, est en effet un témoignage dont la rareté méritait d’être relevée. 91Les 6 communications restantes s’intéressent à la manière dont les États modernes en construction ont adapté ou se sont adaptés au modèle pontifical du gouvernement par la grâce. Cette pratique entretient en fait un rapport étroit avec l’évolution du régime politique. Andrea Barlucchi Le “petizioni” inviate dalle comunità del contado al governo senese secoli XIII-XV », p. 265-279 montre, à travers l’exemple de la cité de Sienne, que l’usage de la pétition par la communauté du contado correspond exactement au moment où le popolo domine le gouvernement communal. L’avènement, à la fin du XVe siècle, du régime aristocratique de Pandolfo Petrucci met ainsi fin à cette expérience politique. D’un autre côté, José Manuel Nieto Soria De la grâce papale à l’absolutisme royal le roi de Castille suppliant le pape au XVe siècle », p. 343-356 considère que la participation du roi de Castille au gouvernement par la grâce, en tant que suppliant, a favorisé la mise en place d’un pouvoir royal absolu dans cet État. En ce qui concerne les transferts de modèles, Olivier Mattéoni “Plaise au roi” les requêtes des officiers en France à la fin du Moyen Âge », p. 281-296 offre, avec son étude sur les requêtes des officiers du roi, un exemple saisissant de transposition des pratiques bénéficiales au fonctionnement de la monarchie française. En effet, l’usage abusif que les officiers faisaient de la requête reposait sur le fait que cette dernière était au cœur de la procédure d’obtention de l’office. Or le vocabulaire normalisé des requêtes tendait à faire de ce dernier une récompense, plaçant le demandeur en situation de dépendance, ce qui créait, au-delà de l’obéissance due au souverain, une relation affective entre l’officier et le prince. Mais c’est sans doute dans l’administration de la justice que le gouvernement par la grâce a le plus contribué à la construction de l’État moderne. Timothy Haskett Access to grace Bills, justice and governance in England », 1300-1500, p. 297-317 rappelle que, dans l’Angleterre de la fin du Moyen Âge, le recours à la grâce royale passait généralement par des suppliques écrites transmises au chancelier, la plupart des sujets n’ayant pas directement accès à la personne du roi. Or ces bills de chancellerie, qui servirent à bon nombre de sujets issus des classes moyennes de la société anglaise, jouèrent un rôle fondamental dans le développement moderne de la procédure par bill. Jean Hilaire La grâce et l’État de droit dans la procédure civile 1250-1350 », p. 357-369 présente, quant à lui, les voies de recours qui se sont constituées en France, sous le couvert de la grâce, dans le cadre de la justice déléguée, lesquelles voies ont tenu une place essentielle dans la construction de l’État de droit. Le Parlement rendant sa justice au nom du roi, les sujets ne pouvaient plus faire appel d’un jugement que le souverain avait, par fiction, déjà pris lui-même. Ils en vinrent alors à supplier le roi d’user de sa grâce pour obtenir un éventuel réexamen de l’affaire jugée, ce qui donna naissance à l’amendement du jugement, à la requête civile et surtout à la proposition d’erreur, qui annonce la procédure moderne de cassation. Enfin, dans un article conclusif, Claude Gauvard Le roi de France et le gouvernement par la grâce à la fin du Moyen Âge genèse et développement d’une politique judiciaire », p. 371-404 rappelle que la lettre de rémission obéissait à des règles strictes, qui définissaient la procédure de supplication, le contenu de la supplique et les limites de son application. Il convient donc de redéfinir les rapports qu’entretenaient la justice retenue, gracieuse et extraordinaire, pratiquée par la Chancellerie, et la justice déléguée, coercitive et ordinaire, rendue par le Parlement, dans la mesure où la supplique et la grâce permettaient aussi au roi d’imposer, par ailleurs, les décisions prises dans ses tribunaux. Ainsi, l’inflation des lettres de rémission, sous le règne de Charles VI, n’est pas un signe de faiblesse. Elle contribua, au contraire, à créer la sujétion par le pouvoir justicier du souverain, en s’adressant en priorité aux nobles, puis à tous les sujets du royaume, à partir du milieu du XIVe siècle. En résumé, l’A. démontre que c’est par la grâce, plus que par la rigueur, que la justice du roi s’est imposée en France. 92Il est inutile d’insister sur le profit incomparable que l’on peut tirer de la réunion dans un même volume d’un aussi grand nombre d’études sur le gouvernement par la grâce dans l’Occident médiéval. La mise en perspective de l’ensemble des communications laisse en fait apparaître des lignes de forces dont la plus évidente reste l’analogie de la prière à Dieu pour s’adresser au détenteur du pouvoir. Cette confusion volontaire entre les grâces divine et princière a, en effet, été relevée par bon nombre de contributeurs. Plus intéressante sans doute est l’inflation de la politique gracieuse au cours de la période déjà sensible à la Curie au XIIIe siècle, elle touche, aux XIVe et XVe siècles, des catégories de plus en plus larges de la société dans les royaumes de France et d’Angleterre. Or la multiplication des grâces interdisait un contrôle rigoureux du contenu des requêtes. À ce titre, on ne peut s’empêcher d’évoquer le cas peu banal de ce prélat irlandais, Thomas Macmahon, qui s’était fait attribuer, avant 1362, un évêché qui n’existait pas et qui réussit quand même à présenter quelques suppliques à Urbain V 1362-1370 avant que sa supercherie ne fût découverte Hayez, p. 124, n. 15. Face à de telles dérives, la papauté et les États ont dû mettre en place de véritables instruments de gestion des grâces établissement de normes précises définissant les procédures d’exécution et les limites de la politique gracieuse, présentation de la demande par des intercesseurs dignes de foi, examen par des maîtres des requêtes et enregistrement plus rigoureux. Mais la dénonciation de la plupart des abus s’appuyait, en définitive, sur la possibilité pour tout tiers lésé d’en appeler au souverain lui-même. Le gouvernement par la grâce trouvait ainsi son accomplissement dans l’exercice de la justice, car, comme le rappelle Hélène Millet, l’art de régner consistait finalement à gérer harmonieusement des demandes issues d’intérêts contradictoires. Au terme d’une lecture aussi stimulante, on peut seulement regretter qu’aucune communication n’ait été consacrée à la place de la petitio romaine dans la genèse de la pétition médiévale. En effet, cette procédure antique, qui fut à la base du gouvernement impérial par rescrit, s’est non seulement maintenue durant tout le haut Moyen Âge avec la pratique pontificale des décrétales, mais elle a surtout bénéficié d’un véritable arsenal théorique, à partir du XIIe siècle, avec la redécouverte du Corpus juris civilis. Il est peu probable que cela n’ait eu aucune influence sur l’usage tardo-médiéval des suppliques et autres requêtes. Précisons, pour finir, que l’accès au contenu très dense des vingt contributions réunies dans ce volume est facilité par un index des noms de lieu et de personne p. 405-421 et par le résumé de chaque article dans sa langue p. 423-431. On ne peut donc que louer une telle initiative, qui montre tout l’intérêt d’une réflexion collective pour l’intelligence d’un phénomène historique. 93Thierry KOUAMé. Brian Patrick McGuire, Jean Gerson and the Last Medieval Reformation, Philadelphie, The Pennsylvania State University Press, 2005, XVIII-442 p. ISBN 0-271-02707-3, 0-271-02706-1. 94Fruit d’un long et intime compagnonnage avec les écrits de Gerson, cet ouvrage est une présentation très vivante de la personnalité intellectuelle de ce dernier, de son activité et de sa production. Fondé sur la lecture de ses œuvres d’où peut-être une certaine déformation hagiographique, il est organisé dans des chapitres qui suivent la biographie et l’ordre chronologique de la composition. Il retrace les choix et les prises de position du chancelier – dans ses démarches officielles, ecclésiales et politiques, autant que dans sa vie privée et les contacts avec sa famille – et expose les préoccupations théologiques et pastorales qu’il manifeste dans ses écrits. Son engagement pour la réforme – intérieure, des mœurs, des contenus de l’enseignement théologique, de l’encadrement ecclésial –, réforme qu’il ne put imposer, est pour l’auteur la dimension fondamentale du personnage, profondément idéaliste. L’analyse des œuvres – lettres, sermons, traités – occupe une place importante et certains moments sont privilégiés de manière à suivre son cheminement. Après les études au collège de Navarre, l’auteur souligne les moments marquants de l’itinéraire du chancelier et les crises de conscience qui les ont accompagnés. Il en repère en particulier deux lorsqu’il songe à abandonner la chancellerie, en 1400, et au moment de la révolte des Cabochiens, dont il est la victime, en 1413, crise qui l’a amené à promouvoir le culte de saint Joseph car il estimait que ce dernier l’avait protégé. Il suit l’évolution de son attitude au sujet du schisme, ses démêlés avec les chanoines de Bruges, son activité à Constance, pour ne citer que quelques points plus longuement développés. L’étude est fouillée et toujours attentive au témoignage des écrits. 95L’ouvrage est solidement bâti, mais le fait que les œuvres de Gerson soient la source privilégiée de l’exposé, malgré les mises en garde de l’auteur, laisse au deuxième plan la dimension politique de certains choix du chancelier. Sans mettre en doute son aspiration à la concorde et à la paix, au milieu du jeu des factions de ces temps troublés, son itinéraire dans le siècle n’a pas été dicté uniquement par ses préoccupations spirituelles, même à travers les crises que l’auteur évoque avec soin. Parler d’ambiguïtés dans la carrière de Gerson est peut-être excessif, mais ses silences sont certainement aussi significatifs que ses prises de position publiques. Son attachement à Pierre d’Ailly, auquel il restera toujours fidèle, lui permet d’accéder à la chancellerie de l’Université. À cette époque, celui-ci s’est déjà rallié au parti orléaniste et avignonnais, mais cela n’empêche pas Gerson de rester longtemps dans la mouvance du duc de Bourgogne, jusque après la mort de Philippe le Hardi. Comme l’auteur le rappelle, il n’approuvait certainement pas les agissements de Jean sans Peur ; cependant, par modération ou prudence, il a évité la confrontation aussi longtemps que possible. Le mécontentement du duc face à la tiédeur du chancelier a dû amener à la rupture. Mais celle-ci a mis du temps à venir, la pression de l’Université elle-même ayant eu certainement son poids, et ce contexte explique, autant que l’obligation de résidence et que le mûrissement profond de sa démarche intérieure, ses séjours à Bruges, son absence ou ses silences lors des compromettantes assemblées du clergé traitant de la soustraction d’obédience, son attentisme pendant plusieurs années après le meurtre de Louis d’Orléans. La lecture d’E. Ornato Jean Muret, 1969 et B. Guenée Entre l’Église, 1987 ; Un meurtre, 1992 apporte des éclairages complémentaires à la dimension spirituelle des prises de position d’un acteur certainement d’importance à l’époque, et qu’on attendait au tournant. 96De même, le point de vue adopté maintient l’étude à l’écart d’un aspect fondamental de la production de Gerson ce dont l’auteur est parfaitement conscient, cf. p. XI-XII, 14, aspect que Th. Hobbins a mis récemment en évidence The American Historical Review, 2003 le caractère public » des traités gersoniens, leur adaptation dans la forme à un auditoire dépassant les limites de l’Université. Gerson a joué un rôle essentiel dans l’évolution de la production universitaire, délaissant la somme systématique pour le traité ponctuel sur un sujet spécifique ; sans doute, il a cherché avant tout l’efficacité dans ses réactions à l’actualité, sans mesurer véritablement la portée de sa démarche, mais il y a là un point de vue à ne pas négliger pour comprendre la personnalité du chancelier. 97On retiendra enfin les perspectives qui se dégagent des remarques consacrées à l’humanisme de Gerson. À juste titre, l’auteur souligne p. 30, 35-36, 42 que, loin d’être une dimension culturelle qui s’ajoute aux multiformes intérêts du chancelier, il s’agit d’une véritable arme dont celui-ci se sert adroitement. Dans la promotion de ce qui lui tient à cœur, Gerson pratique les techniques rhétoriques les plus efficaces afin d’atteindre le but recherché. Son attention au style n’est pas un loisir érudit le Pastorium carmen, première églogue humaniste en France, est une prise de position sur le schisme ; la Josephina, premier poème virgilien d’argument scripturaire très différent dans son organisation et dans son contenu par rapport aux élaborations théologiques des siècles antérieurs, est une pièce de propagande en faveur du culte de saint Joseph, conçue pour être diffusée à Constance. L’attitude de Gerson est en fait révélatrice de l’importance que les nouvelles exigences stylistiques ont prise dans les milieux lettrés de l’époque. Certainement marginales par rapport à la culture aristocratique, elles s’imposent cependant sans réticence lorsqu’il s’agit de toucher un public choisi d’universitaires et de prélats. 98La chronologie établie par Mgr Glorieux – s’appuyant elle-même sur les études qui l’ont précédée – est à la base de l’approche de l’auteur et, pour limiter les dimensions du livre, celui-ci préfère ne pas rentrer dans des querelles érudites sur des points particuliers. Le résultat est certainement valable ; parfois il serait cependant possible d’envisager d’autres pistes. Ainsi, en suivant G. Ouy Cahiers de l’Association internationale des études françaises, 1971, il faudrait repousser la date du petit poème Contra curiositatem faciendi plures libros plutôt à la dernière période de la vie du chancelier, la simple réminiscence biblique qui fournit le thème ne permettant pas de lier la composition de ces vers à la lettre adressée aux membres du collège de Navarre en 1400. 99Un dernier chapitre évoque rapidement le legs de Gerson les manuscrits de ses œuvres tout de suite après sa mort, mais aussi le culte dont il a été l’objet à la fin du XVe siècle, puis au XVIIe ; la manière dont ses ouvrages ont été reçus, notamment par les réformés, d’abord au niveau européen – ce dont témoignent les traductions latines de ses œuvres en français –, ensuite essentiellement en France comme source d’inspiration pour les gallicans et les conciliaristes modernes. En conclusion sont évoqués l’échec des exigences de réforme incarnées par Gerson – échec à l’origine de la situation qui mènera aux déchirements du XVIe siècle – et l’actualité de sa spiritualité, dans sa dimension à la fois scolastique et affective, émotionnelle. Vient ensuite la chronologie de la vie du chancelier et des événements auxquels sa vie est liée, ainsi que des principaux moments qui révèlent sa vitalité jusqu’à nos jours. Un guide bibliographique, organisé de manière méthodique et discursive selon les différents axes d’intérêt que la production gersonienne présente, puis la bibliographie générale sources et études, enfin l’index incluant noms propres et notions complètent le volume. 100G. Matteo ROCCATI, Université de Turin. Martin Aurell, Jean-Paul Boyer, Noël Coulet, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2005, 360 p. 101Cet ouvrage sur la Provence médiévale était attendu depuis longtemps. Aucune synthèse n’a, en effet, remplacé l’ancienne encyclopédie des Bouches-du Rhône, parue en 1924. L’histoire de la Provence médiévale y est divisée en trois grands chapitres rédigés par des plumes différentes. La première partie est rédigée par Martin Aurell et correspond à une période allant de 972 à 1245, décrite comme la genèse de la Provence comtale ». La deuxième partie est écrite par Jean-Paul Boyer. Elle embrasse une période allant de 1245 à 1380 que l’auteur a intitulé l’éphémère paix du prince », et couvre le temps de la première maison d’Anjou. Enfin, une dernière partie est rédigée par Noël Coulet. Celle-ci concerne les années 1380 à 1482 et a pour titre L’ultime principauté de Provence ou la seconde maison d’Anjou ». 102M. Aurell s’attache à la présentation de la période peut-être la moins étudiée par les historiens contemporains. Il explique brillamment la construction de la Provence depuis l’éclatement de l’Empire carolingien et la domination des grands lignages aristocratiques jusqu’à la domination catalane. Cette domination ne s’imposa pas facilement en raison des conflits avec la maison de Toulouse et l’opposition d’une partie de l’aristocratie dont la célèbre maison des Baux. Néanmoins, appuyée par la chevalerie urbaine, très nombreuse en Provence – celle-ci apporta un soutien politique, militaire et financier en vue d’obtenir un ordre que l’aristocratie ne pouvait assurer à cause de son goût pour la guerre et le brigandage –, la nouvelle dynastie parvint finalement à assurer son emprise sur le territoire. Elle profita également de l’appui des évêques, de la renaissance du droit romain et de l’apparition d’un nouveau personnel politique formé au droit savant. À partir d’Aix-en-Provence, qui s’affirma progressivement comme la capitale du comté, les comtes catalans contrôlèrent petit à petit l’espace provençal en affirmant leur possession exclusive de droits régaliens tels que l’albergue, la cavalcade et la justice. C’est le temps de la genèse d’un appareil administratif construit à partir de la curia et d’une administration locale, avec l’apparition de bailes locaux dont les attributions ne cesseront d’augmenter au cours du siècle. Furent ainsi posées les bases des futures baillies provençales dont la première mention date de 1209. Il en résulta le déclassement progressif des vieilles familles aristocratiques en même temps que s’affirmait l’expansion urbaine. 103En parallèle à l’évolution politique, l’auteur aborde le renouveau monastique de la fin du Xe siècle dont la figure dominante fut Cluny et le monastère de Saint-Victor. Devenu le centre de la réforme en Provence, Saint-Victor entreprit une lutte pour libérer les évêchés du contrôle aristocratique, bataille gagnée dans les années 1100. Dans le même moment, l’abbaye fut aussi gagnée par l’entreprise de pacification initiée par Cluny. C’est en Provence que ce mouvement trouva son application pratique par le biais de la trêve de Dieu. L’Église provençale en sortit renforcée avec des évêques au prestige accru et affranchis de l’emprise aristocratique. 104M. Aurell insiste sur l’important mouvement communal que connut le comté à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, même si, selon lui, l’histoire du mouvement communal provençal reste encore à faire. Portés par une alliance entre le comte, les évêques et la chevalerie urbaine, et grâce à la diffusion du droit romain, les consulats urbains fleurirent à partir du deuxième tiers du XIIe siècle et s’étendirent jusque dans les plus petits villages. À l’image de l’Italie voisine, la podestarie se développa à partir des années 1220 pour voir apparaître, à partir de 1245, une nouvelle forme d’organisation, la confrérie. Cette dernière constitue une radicalisation de la lutte contre les évêques marquée parfois de violentes manifestations d’anticléricalisme. En écho à la lutte entre le Sacerdoce et l’Empire, des partis politiques se mirent en place, autour du parti clérical et autour de gens hostiles à la domination des prélats » animés par des vicaires impériaux. Ce dernier parti se radicalisa au fur et à mesure que les marchands et artisans entrèrent dans les institutions communales. L’auteur clôt sa contribution en s’attardant sur les idéologies et méthodes de combat au sein de ces mouvements ainsi que sur les stratégies personnelles des individus tout en soulignant le soutien apporté par les troubadours provençaux qui écrivent de nombreuses chansons politiques stigmatisant l’épiscopat provençal. 105Jean-Paul Boyer traite de la période correspondant à la première maison d’Anjou 1245-1380 en abordant successivement les événements politiques, les structures politiques de la monarchie angevine, la papauté avignonnaise, l’activité économique ainsi que l’histoire culturelle et religieuse pour terminer avec le règne de la reine Jeanne 1343-1380 décrit par l’auteur comme un épilogue tragique ». Il s’attache particulièrement à l’étude des structures politiques ainsi qu’à l’action culturelle et religieuse de la nouvelle dynastie. 106L’auteur explique habilement l’unification politique et culturelle de la Provence ainsi que le développement de l’État provençal sous la première dynastie angevine. De l’installation des Angevins – laquelle se fit sans grandes difficultés grâce, souligne-t-il, à la désunion de leurs adversaires » et une aspiration générale de la société à l’ordre et à la sécurité » – au renforcement de la monarchie guelfe sous Charles II et Robert Ier, ce sont les grandes années de la puissance angevine ». Cette installation fut toutefois marquée par la fin des libertés consulaires des communes provençales et l’instauration de l’autorité du comte sur les villes au moyen de leur administration directe par le comte. Cela n’empêcha pas toutefois les communautés de garder une personnalité morale et d’élire des représentants appelés syndics. Elles conservaient donc un minimum de pouvoir d’expression ». 107Une fois les résistances vaincues, commença la collaboration des élites dirigeantes avec le nouveau pouvoir. Le comté fut intégré dans la grande politique italienne et orientale de la dynastie angevine. Base arrière de l’expansion angevine, il fournit hommes et ressources matérielles aux ambitions des rois de Naples sans pour autant, selon l’auteur, en tirer des bénéfices substantiels. C’est la grande époque de l’État angevin, lequel renforça sa domination dans tous les domaines. Systématisant sa seigneurie majeure » et s’appuyant sur le concept de mère empire, issu du Digeste et signifiant le pouvoir du glaive, pour châtier les hommes », le comte parvint à mieux définir sa domination grâce aux ressources offertes par le droit romain. La justice constitua ainsi le principal outil de la souveraineté des comtes angevins qui affirmèrent gouverner le comté en tant que rois. La Provence développa alors un appareil administratif de plus en plus autonome de la cour napolitaine en raison de l’absence du souverain. Cette croissance des institutions gouvernementales fut accompagnée de la multiplication du nombre d’officiers, en grande partie des jurisconsultes. Une des caractéristiques provençales, fait remarquer l’auteur, fut le contrôle poussé de l’espace par l’intermédiaire de circonscriptions administratives vigueries ou baillies quadrillant parfaitement le territoire. Un autre outil fut la systématisation des enquêtes qui permirent à la fois de surveiller le personnel administratif et de faire valoir les droits du roi partout sur le territoire. 108Cette affirmation de la dynastie angevine ne fut également possible sans l’adhésion profonde des Provençaux à son programme politique et idéologique. Boyer insiste sur l’établissement de liens de nature religieuse, voire affective » entre le roi et le pays, liens s’appuyant sur la sainteté revendiquée de la dynastie angevine, défenderesse par excellence de l’Église, et son adhésion aux valeurs mendiantes. 109L’auteur termine sa collaboration en offrant une vision très sombre du règne de la reine Jeanne. Cette interprétation aurait pu être nuancée en soulignant davantage la résistance de l’appareil administratif, lequel, malgré les difficultés politiques et économiques, parvint en collaboration avec les États de Provence à prendre en charge le pays. 110Enfin, N. Coulet s’attelle à la tâche de traiter de la seconde maison d’Anjou 1380-1482. À cette fin, il décrit les nombreux troubles de la fin du XIVe siècle pour expliquer par la suite la crise économique et les difficiles reconstructions du XVe siècle. Il traite ensuite de la vie religieuse de la fin du Moyen Âge pour terminer sa contribution avec un rapide aperçu du gouvernement de la Provence au XVe siècle. 111L’auteur entame sa présentation du XVe siècle par une description narrative des troubles de la fin du siècle précédent marquée par l’irruption de Raymond de Turenne et la difficile succession de la reine Jeanne, laquelle donna lieu à l’opposition des principales villes de Provence et la guerre de l’Union d’Aix. L’auteur met l’accent sur les difficultés économiques du temps et la lente reprise économique. La ponction démographique fut particulièrement importante, le comté n’échappant au désastre que grâce à un afflux » d’immigrants qui permirent le redémarrage de la production » au XVe siècle. N. Coulet souligne avec justesse les modifications que la crise apporta à l’agriculture provençale l’importance nouvelle du froment et de l’olivier, l’apparition des bastides, l’augmentation de la taille des troupeaux d’ovins et la croissance de la transhumance, organisée par de véritables entrepreneurs urbains. 112Cet ouvrage se veut une synthèse de l’histoire de la Provence médiévale intégrant les résultats des dernières recherches. Dans un ouvrage de cette ampleur, l’absence du haut Moyen Âge peut a priori surprendre. Cela s’explique par le choix éditorial de la maison d’édition à l’origine du projet. Un volume portant sur l’histoire de la Provence des origines à l’an mil est sorti il y a plusieurs années P..A. Février, La Provence des origines à l’an mil, Rennes, Éd. Ouest-France, 1989. Cet ouvrage s’en veut la prolongation. 113Confier l’écriture de chaque chapitre à un historien différent comporte des avantages certains. Cette formule permet de s’assurer que les meilleurs spécialistes prennent en charge l’écriture de chaque pan de l’histoire de la Provence. Les auteurs. réussissent ainsi la gageure de présenter, en un peu plus de 300 pages, les événements principaux de l’histoire de la Provence au Moyen Âge tout en expliquant les structures de la société provençale. Il en résulte par contre un manque d’unité générale de l’ouvrage. Même si chaque historien s’est efforcé de traiter tous les aspects de l’histoire provençale, il n’en reste pas moins que chacun reste influencé par ses propres intérêts de recherche. Ce problème reste cependant mineur. 114Un peu plus gênante est l’absence d’une véritable synthèse finale. La conclusion déçoit quelque peu par sa relative brièveté 4 p.. Riche en suggestions, elle propose des pistes de réflexion qui auraient mérité d’être davantage explorées. Comment, par exemple, s’articulent les influences extérieures catalanes, siciliennes, italiennes, françaises et comment ont-elles pu contribuer à l’originalité provençale ? Il aurait été également pertinent d’aborder l’histoire de la Provence en fonction du rapport centre-périphérie. Le comté a souvent été orphelin de son comte, lequel résidait le plus souvent à l’extérieur. Comment cette absence influença-t-elle l’histoire du comté ? D’autre part, les auteurs soulignent à juste titre la rupture de la fin du XIVe siècle et du début du XVe siècle. Comment explique-t-on les différences frappantes entre la Provence de la première et de la seconde maison d’Anjou ? Si les auteurs nous présentent bien les changements intervenus dans l’administration du comté à partir du règne de la reine Jeanne et sous la seconde maison d’Anjou XVe siècle, il aurait été souhaitable que soit fait état des hypothèses expliquant ce cycle de difficultés et de tragédies ». L’importance des liens de clientèle ainsi que l’instauration d’une nouvelle féodalité paraissent être les spécificités du XVe siècle provençal, thèmes qu’il aurait été souhaitable d’exploiter davantage plutôt que de seulement affirmer que la Provence est un exemple parfait du mécanisme des crises de la fin du Moyen Âge ». 115Ces quelques carences restent cependant mineures. Au total, cet ouvrage constitue une excellente synthèse, indispensable à tout étudiant ou chercheur s’intéressant à l’histoire de la Provence médiévale. 116Jean-Luc BONNAUD. Serena Morelli, Le carte di Léon Cadier alla Bibliothèque nationale de France. Contributo alla ricostruzione della Cancelleria angioina, Rome, 2005, 354 p. École française de Rome, Sources et documents d’histoire du Moyen Âge », 9 ; Istituto storico italiano per il Medio Evo, Fonti per la storia dell’Italia medievale, Antiquitates », 20. 117Jusqu’en 1943, l’Archivio di Stato di Napoli détenait les archives venues de la première monarchie angevine » de Sicile 1266-1435, la dynastie fondée par Charles Ier 1285, frère de Saint Louis. Ces archives angevines ne rassemblaient que des épaves du passé. Elles demeuraient énormes, avec plus de 500 000 documents. Pendant la guerre, elles furent abritées dans une propriété de la campagne napolitaine. Les Allemands incendièrent ce refuge, le 30 septembre 1943. Le fonds périt dans sa presque totalité. Heureusement, des éditions nombreuses, des reproductions, des copies et des analyses demeuraient. Le directeur du dépôt sinistré, Riccardo Filangieri, lança la reconstruction, sous forme imprimée, du trésor perdu. Établi à son initiative, l’Ufficio della Ricostruzione angioina se tourna vers la principale série détruite, celle des registres ». Ils réunissaient les actes émanant du pouvoir central. Le premier volume des Registri della Cancelleria angioina ricostruiti parut en 1950. Parvenue en 2005 au tome 48 année 1293-1294, l’entreprise est désormais très avancée. En 1995, une étape supplémentaire a été franchie avec l’inauguration d’une collection consacrée aux Fascicoli ricostruiti. Les Fascicoli regroupaient surtout les recueils où les agents de l’administration périphérique transcrivaient les actes touchant leur office. Ils les adressaient ensuite à la cour. L’effort de restauration, poursuivi depuis une soixantaine d’années, entre en synergie avec une recherche attentive du matériel réuni par les érudits qui fréquentèrent l’Archivio di Stato de Naples avant le sinistre de 1943 Stefano Palmieri, Degli archivi napolitani, storia e tradizione, Naples, 2002. 118La documentation sur le régime angevin collectée par Léon Cadier 1862-1889 compte parmi les principales, entre analyses et transcriptions. Elle regarde les trois premiers souverains de la maison, de Charles Ier à Robert 1309-1343. Elle concerne surtout les gouvernements de Charles Ier et de Charles II 1285-1309, en relation avec la grande ambition de Cadier. Il désirait combattre la thèse répandue au premier chef par Michele Amari, dans La guerra del Vespro siciliano 1re éd., 1840 ; éd. définitive, 1886-1887. Il voulait répliquer à qui voyait, dans les Vêpres siciliennes 1282, un soulèvement contre la mala segnoria angevine Dante, Paradiso, VIII, 73. Il entendait montrer la qualité de l’administration de Charles Ier et de Charles II. Dans ce but, il s’intéressait non seulement à la cour, mais encore aux institutions territoriales, selon une orientation moins commune. Cela le conduisait à des investigations dans les fascicoli. Elles donnent un prix particulier à ses recherches. Parue en 1891, l’œuvre majeure de Léon Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile sous Charles Ier et Charles II d’Anjou, continue de faire autorité. Elle a bénéficié d’une traduction italienne en 1974. Il s’agit toutefois d’un livre posthume et inachevé, en raison de la mort précoce de l’auteur. 119Ses archives n’en restent que plus précieuses. Le principal s’en conserve à la Bibliothèque nationale de France. Il était tombé dans un presque oubli, avant que Serena Morelli ne le porte au jour. Elle donne dans son récent ouvrage 277 transcriptions du fonds Cadier, en grand part inédites, pour les années 1285-1293. Ses choix s’articulent avec le travail mené par l’Ufficio della Ricostruzione angioina. Ils réparent certaines lacunes des Registres reconstruits parus. Ils fournissent des extraits des Fascicoli. La présentation des textes est irréprochable. Un bon index des lieux et des personnes donne accès à leur contenu. Reste un petit regret pour l’absence d’un index des matières. 120Mais Serena Morelli ne se borne pas à cette tâche profitable d’édition. Elle offre une excellente introduction, d’une soixantaine de pages. La présentation de Léon Cadier lui permet de dresser le portrait exemplaire d’un jeune savant français de la fin du XIXe siècle. Il bénéficiait des grandes initiatives intellectuelles de son pays, telle la création de l’École française de Rome 1875, dont il fut élève. La fierté nationale et le désir de réparer l’opprobre de 1870 aident à comprendre sa démarche. Cette étude du personnage contribue à éclairer l’historiographie angevine des premières générations, jusqu’au début du XXe siècle. Par ailleurs, Serena Morelli analyse les actes les plus remarquables qu’elle publie. Elle s’attarde sur l’administration provinciale des justiciers. De la sorte, elle continue le projet brisé de Léon Cadier. Elle le fait déboucher sur la dimension d’histoire sociale qui lui manquait un peu. Elle-même se confirme comme un très bon spécialiste de l’organisation territoriale du royaume angevin de Sicile voir, en dernier lieu, Il personale giudiziario del regno di Napoli durante i governi di Carlo I e Carlo II d’Angiò », La justice temporelle dans les territoires angevins, Boyer, A. Mailloux et L. Verdon dir., Rome, 2005, p. 159-169. 121Jean-Paul BOYER. Marie-Madeleine de Cevins, Jean-Michel Matz dir., Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins milieu du XIIIe - fin du XVe siècle, Rome, École française de Rome Collection de l’École française de Rome, 349 », 2005, 382 p. . 122Rassemblant les actes d’un colloque qui poursuivait une série de rencontres consacrées aux Angevins entre les mains desquelles furent divers royaumes et principautés d’Europe, le volume compte une vingtaine de contributions traitant d’histoire intellectuelle et culturelle. Le clergé est placé au centre de l’observation, en un domaine où son poids demeure encore prééminent à la fin du Moyen Âge. Les études sont agencées thématiquement la formation, les bibliothèques, puis quelques acteurs ou groupes marquants sont abordés selon une logique qui revient à juxtaposer les points de vue géographiques. La focalisation angevine n’est souvent qu’un prétexte pour présenter une étude particulière et le lecteur se demande tout au long du volume, jusqu’à en trouver confirmation dans les propos conclusifs, si elle ne relève pas de l’artifice, sauf à démontrer, ce qui paraît difficile, que la présence au pouvoir de princes angevins a pu avoir une incidence sur la culture de clercs d’ailleurs parfois étrangers à l’aire angevine, comme le relèvent lucidement plusieurs auteurs. 123Ce scepticisme sur la pertinence d’un sujet trop éloigné du champ politique et institutionnel jusqu’ici à bon droit au cœur des colloques angevins n’enlève rien à la qualité de la majeure partie des contributions. L’introduction tente de justifier le thème retenu en posant la question des échanges culturels au sein d’une aire angevine à géométrie variable et en observant que celle-ci a abrité universités et ordres mendiants, ce qui n’a rien de très spécifique. La question à poser était plutôt celle du degré d’implication des princes angevins du même sang que Saint Louis dans l’amélioration ici intellectuelle du clergé. On ne la voit nulle part comme on ne voit nulle part la moindre tentative de comparaison interangevine, conséquence probable dans l’hyperspécialisation dans laquelle se réfugient désormais les chercheurs. 124La partie consacrée à la formation des clercs est à haute teneur magyare la moitié des contributions et concerne tous les types de clercs, moines royaumes de Naples et de Hongrie, ermites, chanoines Toul, évêques Maine, Anjou, Provence. Il est bien difficile de croire que les Angevins aient quoi que ce soit à voir avec des situations façonnées par l’histoire locale, à quelques fondations près. En Italie méridionale, où le réseau monastique précède de beaucoup la venue de Charles d’Anjou, s’observent les mêmes traits qu’ailleurs. Seuls les Célestins paraissent soucieux de former leurs membres en créant un lieu d’accueil à Bologne. En Hongrie, les Bénédictins se réforment à partir de 1327. Il est vrai que le roi Charles-Robert soutient activement le mouvement et, en matière de formation, l’impulsion vient de la bulle Benedictina du pape Benoît XII 1336 mais antérieurement, le développement après 1250 d’une sorte de rôle notarial dans les chapitres et monastères loca credibilia avait conduit à renforcer la formation juridique de certains clercs. Les Bénédictins hongrois sont pourtant loin d’atteindre un haut niveau culturel au XIVe siècle. Ils font piètre figure à côté des chanoines une contribution évalue celle des membres du chapitre d’Esztergom, à haute teneur canonique, des Mendiants ou des ermites de saint Paul, ordre apparu au XIIIe siècle, structuré avec l’appui royal au XIVe. Une contribution d’orientation assez peu culturelle leur est consacrée. Celle de de Cevins pose la question de la formation du clergé paroissial hongrois. Autant celle des chanoines semble avoir progressé, autant celle des desservants de paroisse est difficile à évaluer. Il faut attendre 1515 pour que la capacité d’écrire soit requise des clercs séculiers ! Et, comme l’auteur le signale honnêtement, les rois angevins ne se préoccupent guère de la question durant leur domination. Ils sont étrangers au développement d’un réseau d’écoles paroissiales au XIVe siècle ainsi qu’à l’épanouissement des écoles cathédrales dans un royaume sans université durable le studium de Pécs fondé en 1367 disparaît à la mort du roi Louis le Grand. Les communications concernant l’aire francophone apportent des éléments intéressants en soi sur la formation des chanoines de Toul dans la Lorraine angevine du XVe siècle ou sur celle des évêques provençaux, manceaux et angevins, formés à la gestion des diocèses plus qu’à la pastorale, mais rien de tout cela n’a de saveur spécialement angevine. Ces études mordent d’ailleurs sur la seconde partie en abordant les livres et les bibliothèques, et certaines débordent les cadres fixés certes Angevin d’origine, Guillaume Fillastre n’a jamais été effectivement évêque et l’essentiel de sa bibliothèque a été constituée durant son canonicat rémois, loin de la douceur du Val de Loire. 125La seconde partie regarde donc les livres et les bibliothèques de prélats ou de chapitres. On connaît partiellement celles des prélats d’Italie méridionale grâce à l’exercice par le pape du droit de dépouille qui a suscité des inventaires de biens saisis à la mort des évêques, en l’occurrence souvent pauvres en ouvrages dans les évêchés reculés du Mezzogiorno. Ces ouvrages sont de nature essentiellement juridique, liturgique et patristique avec un certain intérêt pour la médecine proximité de Salerne ?, aucun pour les humanités. Trois bibliothèques archiépiscopales aixoises du XIVe siècle sont étudiées sans qu’y soient spécialement discernés d’incertains traits angevins. Même chose pour celle d’un évêque marseillais mort en 1257 ou pour la bibliothèque capitulaire d’Angers inventoriée en 1472. Le travail qui porte sur les bibliothèques de trois grands chapitres du royaume de Hongrie Vészprém, Presbourg, Zagreb note leur étanchéité à la théologie systématique. Ces solides études ont l’avantage de donner des éditions de document. 126La dernière partie regroupe des études de figures intellectuelles épanouies ou vénérées dans l’aire angevine. Soit il s’agit de groupes frères mineurs, clercs cultivés, plutôt provençaux, envoyés au concile de Pise, soit de personnages comme Thomas d’Aquin ou François de Meyronnes. La culture franciscaine s’est développée en Provence à partir d’Hugues de Digne, joachimite orthodoxe » dont le portrait intellectuel et spirituel est retracé. L’auteur de la communication insiste sur la présence de frères cordeliers à la cour angevine de Provence on aurait aimé un rappel de la dilection de Robert d’Anjou, à Naples, pour le même ordre et sur de grandes figures comme Pierre-Jean Olivi et saint Louis d’Anjou, éduqué au couvent de Brignoles, enterré avec Hugues de Digne et sa sœur Douceline au couvent des Mineurs de Marseille. Un autre franciscain provençal célèbre pour ses réflexions politiques, François de Meyronnes, est ensuite étudié. Bien en cour napolitaine et pontificale, le théologien a reçu une formation très classique mais a développé des positions originales défendues selon des procédés rhétoriques particuliers. À Naples a enseigné brièvement Thomas d’Aquin 1272-1273, membre d’un ordre dominicain auquel deux provinces angevines » ont beaucoup apporté sur le plan de l’organisation des études, la Provence et la province romaine qui comprenait le Midi italien avant l’érection d’une province de Sicile en 1294-1295. En cette région se développèrent des studia provinciaux de théologie, intermédiaires entre l’école conventuelle et le studium generale. Avant d’accéder à ce statut 1303, Naples abrita un studium dominicain soutenu par Charles d’Anjou et où enseigna saint Thomas. Contrairement à la légende gibeline » qui veut que l’Aquinate ait été empoisonné sur ordre du roi de Sicile, le théologien fut vénéré des rois angevins et le roi-prédicateur Robert le Sage prononça même un sermon à sa gloire à l’occasion de sa canonisation en 1323. Elle fut considérée comme un succès remporté par la royauté angevine dont le couvent napolitain San Domenico devint la nécropole. Dans l’une des meilleures contributions du volume, Boyer montre très bien comment le Docteur Angélique et sa rigoureuse doctrine ont cimenté le pouvoir royal prétendant s’exercer sur les bases de la sagesse et de la raison, mais que son culte, dépourvu de reliques, ne fut jamais vraiment populaire, concurrencé, jusque chez le monarque, par celui de saint François. L’étude est suivie de l’édition du sermon de Federico Franconi pour la fête de Thomas d’Aquin. 127En conclusion, J. Verger admet que la problématique ecclésiastico-culturelle du IVe Colloque angevin se révèle inadéquate. Les espaces angevins n’ont nulle homogénéité. Leur parcours permet seulement de multiplier les points de vue géographiques. Les territoires angevins constituent un excellent observatoire du clergé européen dans ses pratiques communes. Le volume est un instructif panorama forcément dépourvu d’une impossible synthèse et malheureusement bien pauvre en comparaisons. 128Franck COLLARD. Irmgard Fees, Ricchezza e potenza nella Venezia medioevale. La famiglia Ziani, Rome, Il Veltro, 2005, 520 p. trad. de l’allemand par Carla Vinci-Orlando, titre original, Reichtum und Macht in mittelalterlichen Venedig, die Familie Ziani, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 1988. 129L’éditeur italien Il Veltro, qui ne craint pas de publier des traductions de qualité a constitué depuis les années 1980 une riche collection d’histoire de Venise. Cette fois, il offre aux italianisants une thèse magistrale publiée d’abord en Allemagne sur l’histoire de la famille Ziani, qui a traversé l’histoire de Venise à la façon d’un météore, entre 1150 et 1250, en donnant à la Commune deux doges, Sebastiano et son fils Pietro. En 384 pages, Irmgard Fees commence par enquêter sur les diverses composantes de la parentèle, puis sur leurs activités commerciales en qualité de marchands ou d’investisseurs les rapports entre Sebastiano Ziani et Romano Mairano sont bien connus, avant de passer en revue les acquisitions foncières et immobilières à Venise, dans le duché et sur la Terreferme, puis d’examiner les rapports que les membres les plus éminents de la famille ont noués avec l’Église, en particulier avec les monastères bénédictins par le biais de l’avouerie, puis avec les franciscains, pour conclure sur le rôle politique, social et culturel de cette famille ducale. Un appendice d’une centaine de pages passe en revue l’ensemble des sources utilisées et publie quelques documents. Ces sources vont au-delà de l’extinction des mâles du lignage ; elles s’arrêtent en réalité avec la liquidation, un siècle plus tard, des biens gérés par les tutelles. Conformément à la tradition allemande, Irmgard Fees commence par inscrire son sujet dans le grand débat historiographique qui opposa au début du siècle passé Werner Sombart et Reinhard Heynen à propos de la naissance du capitalisme, le premier tenant pour l’antériorité et le caractère décisif de la propriété immobilière dans l’accumulation du capital, le second voyant dans cette même propriété un effet de l’accumulation du capital marchand converti dans l’achat de biens durables, si on peut aussi brièvement résumer l’opinion de ces deux fondateurs. Heynen s’appuyait sur l’exemple du grand marchand déjà cité, Mairano. I. Fees, étudiant le capitaliste qui par ses investissements permit à Mairano de faire d’excellentes affaires dans toute la Méditerranée, confirme le bien-fondé des thèses de Heynen et conclut p. 382 que la base déterminante de la puissance et de l’autorité au XIIIe siècle à Venise était toujours encore une activité dans le commerce et les affaires ; richesse et puissance étaient inséparablement liées au commerce ». Prenant comme sujet d’étude deux partenaires étroitement liés en affaires, comme Ziani et Mairano, y avait-il une autre conclusion possible ? Il faut remarquer que le nom même de Ziani apparaît tardivement 1079, mais en 1089 un curé, appelé Marcello Ziani, avait de son vivant donné à l’abbé de San Giorgio toutes les salines d’un fondamento de Murano, dont les propriétaires, de la famille Lupanico authentique vieille famille, rappelaient au donataire qu’il ne faudrait pas oublier de leur verser le cens annuel sur la récolte et le quint en cas de vente du bien, ce que le tenancier livellaire n’avait pu céder. De toute façon, I. Fees passe scrupuleusement en revue tous les biens fonciers, après avoir abordé les investissements commerciaux, mais, en marge de ce modèle d’érudition, elle pose l’hypothèse a priori que le premier investissement de Sebastiano Ziani, soit 1 000 hyperpères, prêtés en 1146, étant donné son exceptionnelle importance, ne pouvait provenir que de gains commerciaux antérieurs sur lesquels la documentation est muette, car rentes foncières et loyers ne procuraient, écrit-elle, que de modestes avantages. S’il est vrai qu’ensuite on voit les Ziani acheter massivement ou pièce à pièce des biens immeubles, on doit quand même se demander si le choix d’une autre famille, plus antique, aux biens mieux établis –, et je pense ici aux Gradenigo, par exemple –, n’aurait pas confirmé avec éclat le bien-fondé des thèses de Sombart. Il est vrai que cette famille, plus durable, n’a pas disposé d’hommes aussi flamboyants que le chevalier Marco, brillant vainqueur de tournoi en place Saint Marc. 130Jean-Claude HOCQUET. Paola Lanaro ed., At the Centre of the Old World. Trade and Manufacturing in Venice and the Venetian Mainland, 1400-1800, Toronto, Centre for Reformation and Renaissance Studies Essays and Studies », 9, 2006, 412 p. cartes, illustrations, glossaire et index. 131Autrefois, quand l’économie vénitienne se confondait avec le commerce maritime et, au premier chef, avec les voyages des galées, la seule industrie florissante était la construction navale dans le vaste chantier d’État de l’Arsenal, plus grande entreprise européenne ; il avait alors suffi à quelques hardis navigateurs de créer une nouvelle route des épices pour entraîner l’irrémédiable décadence. Commença alors une véritable course au déclin parmi les historiens, certains n’hésitant pas à en voir les signes avant-coureurs dès la seconde moitié du XVe siècle, quand le patriciat marchand, soucieux de diversifier ses investissements, se serait tourné vers l’achat et la mise en valeur de propriétés sur la Terreferme. Braudel ayant réhabilité le XVIe siècle, il avait été entendu que la crise ne s’abattait sur Venise, sur l’Italie et sur l’ensemble méditerranéen que vers les années 1620-1630. Il est vrai que l’historiographie vénitienne se prêtait à cette lecture dans la mesure où la plus ancienne statistique aurait remonté au discours-testament prêté au doge Mocenigo qui, dans un éclair de lucidité, aurait mis en garde contre la politique de conquêtes en Lombardie de son successeur non encore désigné. On n’en a pas fini avec ce discours qui demeure la référence à laquelle confronter le devenir économique de la cité ; j’avais pourtant exprimé des soupçons dès 1975 Voiliers et commerce en Méditerranée, p. 536, n. 42, avant qu’Alan Stahl ne publiât en 1995 un article définitif The deathbed oration of Doge Mocenigo », qui démontait le mécanisme de fabrication du document. Une seconde difficulté venait obscurcir la situation dans l’État vénitien, on étudiait presque exclusivement la capitale bien servie par ses incomparables archives, on se contentait aussi de dépouiller les seules archives politico-administratives, les registres des conseils, en particulier le Sénat et, avec Reinhold Mueller, les Procurateurs de S. Marco. Ces temps sont révolus et Paola Lanaro a réuni une équipe d’historiens, souvent élèves de Mueller, pour nous livrer une réinterprétation de l’histoire économique de Venise. À l’issue de la lecture, on ne se pose plus la question de savoir si Venise a connu une révolution industrielle ni si celle-ci a été brutalement stoppée par quelque catastrophe démographique ou par les concurrences étrangères, non plus portugaise, mais anglo-hollandaise, et par une persistante hostilité ottomane. La réponse est venue à la fois d’une ouverture aux archives des villes de la Terreferme et d’un renouvellement des sources consultées, notamment les inépuisables archives notariales, et d’un questionnement inspiré du concept wallersteinien de world-economy qui débouche ici sur la construction d’une économie régionale à laquelle ont participé les différentes villes de l’État, et pas seulement la capitale, tout un réseau de foires, de routes, de canaux, qui a mobilisé les ressources anciennes l’élevage transhumant du mouton, les mines et nouvelles l’énergie hydraulique de la zone des collines, l’élevage du ver à soie, un essor auquel ont contribué les nobles vénitiens, dont la figure la plus emblématique reste celle de Nicolò Tron qui, vers 1718, fonda la lainière lanificio de Schio laquelle, en 1732, employait 600 ouvriers, puis celle de Follina, où il produisait, aidé de techniciens étrangers, des draps bon marché pour l’exportation. Insister sur ces nouvelles implantations proches de Vicence nuance le jugement né de la consultation de la courbe calamiteuse sur les mouvements longs de l’industrie lainière à Venise aux XVIe et XVIIe siècles. Depuis, plusieurs auteurs Molà s’étaient penchés sur une industrie nouvelle qui avait pris brillamment le relais la soierie. 132Le livre examine l’histoire industrielle et commerciale de la République de Venise entre le début du XVe siècle et la fin du XVIIIe, en commençant par Venise elle-même, d’abord les draps de laine Andrea Mozzato, les tissus de soie Marcello della Valentina et l’industrie du verre Francesca Trivellato, Walter Panciera traçant une conjoncture précise de chacun des secteurs industriels de la ville, y compris de l’industrie chimique et pharmaceutique et de l’imprimerie, et dégageant le rôle des forces productives, à l’intérieur des corporations ou à l’extérieur, ainsi de l’emploi du travail féminin. La seconde partie traite de l’État, du Veneto et de la Lombardie vénitienne autour de Brescia et de Bergame. Cette dernière ville constitue à bien des égards la découverte du livre, tant sont grand son dynamisme, variées ses activités, experte sa main-d’œuvre, renommée sa foire. Les A. examinent à la fois, en divers secteurs géographiques, l’industrie urbaine et la proto-industrie du monde rural où se développe le Verlagssystem Edoardo Demo traite de la laine et de la soie ; Belfanti, d’une industrie nouvelle, la bonneterie ; Favero, de la nouvelle céramique autour de Bassano ; Luca Mocarelli, de l’activité manufacturière en Lombardie ; tandis que Vianello revient en Vénétie pour étudier la diffusion de la manufacture rurale produisant pour les marchés locaux. Dans chacune des contributions, on voit Venise fonctionner comme centre de rayonnement de connaissances techniques et foyer d’appel de techniciens spécialisés porteurs d’innovations. Pour relancer l’industrie lainière, elle a accueilli des techniciens étrangers qui apportèrent des procédés nouveaux de filature, de travail des cardés, de teinture mixte de la laine. De nouveaux types de tissu, d’abord créés à Venise, gagnaient ensuite Vicence et Trévise. Et le port, les activités portuaires, loin d’être négligés, profitaient au contraire de l’expansion des activités industrielles pour importer les matières premières les plus variées, la laine et le coton ou le lin, l’huile, le sucre, la cire pour l’éclairage, les teintures, et exporter les produits fabriqués. Jamais le port n’avait connu par le passé une telle activité à laquelle contribuait encore le pavillon de S. Marco encouragé par une habile politique de protection et de subvention conciliant intérêts privés et défense du bien public. Bien entendu, pour protéger un environnement urbain fragile, Venise avait tendance à écarter les activités polluantes, tandis que, pour utiliser au mieux une main-d’œuvre experte et bien formée, elle se tournait de plus en plus vers l’industrie du luxe et les industries à forte valeur ajoutée, la soierie, l’imprimerie qui s’appuyait, dans la ville, sur un maillage serré de librairies, la verrerie, la porcelaine. Commence aussi à se développer une industrie nouvelle, le tourisme, qui créait de nombreux emplois dans un secteur nouveau, le tertiaire. Il reste que l’on peut reprendre l’heureuse formule d’Andrea Mozzato qui voit le noble vénitien du Quattrocento S’il n’est pas employé à temps plein dans l’appareil d’État, être actif, d’abord dans le commerce, ensuite dans la propriété foncière, enfin dans l’industrie textile. » La formule peut s’appliquer au XVIIIe siècle, si on l’inverse, car le commerce n’est plus l’élément moteur ; il a cédé la place, même si les opérateurs économiques continuaient de privilégier les productions, pour lesquelles ils savaient disposer de marchés, et d’adapter leurs produits aux goûts des clientèles, à leur pouvoir d’achat, à leur éloignement. Sachons gré à Paola Lanaro d’avoir réuni autour de son projet tant de brillants talents, jeunes ou déjà confirmés, mais dont les travaux n’avaient pas eu le retentissement mérité, notamment en France. L’historiographie vénitienne se porte bien est-ce la traduction anglaise qui commet une bévue en substituant bales à cloths, ce qui a pour effet de multiplier par sept la production drapière de la fin du XVe siècle ? Une balle de draps contenait en effet 7 pannilana de première qualité, avait pourtant averti Mozzato [p. 83, n. 49]. Disons pour terminer un mot du titre, bien explicité dans la lumineuse introduction du volume, relayée par la conclusion de M. Aymard l’ancienne ville clé du capitalisme marchand médiéval se serait trouvée devancée par l’économie marchande-financière du Nord qui aurait établi une nouvelle division internationale du travail reléguant la Méditerranée à la périphérie, mais Venise, aidée par les savoir-faire et les capitaux accumulés au temps de la splendeur, aurait rapidement réagi avec succès en explorant de nouvelles voies économiques qui la maintinrent au centre de l’ancien monde. 133Jean-Claude HOCQUET. Eric R. Dursteler, Venetians in Constantinople. Nation, Identity, and Coexistence in the Early Modern Mediterranean, Baltimore, The Johns Hopkins University Press The Johns Hopkins University Studies in Historical and Political Science », 124th series, no 2, 2006, 289 p. 134Dursteler s’est fait connaître depuis 1998 par des articles sur les relations commerciales, diplomatiques et culturelles nouées par les Vénitiens avec l’Empire ottoman et sa capitale aux XVIe et XVIIe siècles. Le contenu de ces travaux est éparpillé et élargi dans le présent livre qu’il a écrit en compagnie d’un guide, le jeune Pietro della Valle, qui, en 1614 à la suite d’une aventure galante, avait fui la ville et s’était embarqué sur un galion pour accomplir un voyage de onze années en Orient, vrai pèlerinage de curiosité » à la rencontre de cultures autres. La première étape le conduisit en deux mois à Galata. Sur ses carnets, il a décrit ses compagnons de voyage hommes et femmes, soldats, marins, marchands et passagers Il y avait, écrivait-il, des catholiques, des chrétiens, des hérétiques de diverses sectes, des Grecs, des Arméniens, des Turcs, des Persans, des Juifs, des Italiens de plusieurs cités, des Français, des Espagnols, des Portugais, des Anglais, des Allemands, des Flamands – en somme, des gens de toutes les religions et les nations du monde. » Cette taxinomie selon la religion et la nation est le point de départ d’une réflexion sur le pluralisme culturel de la Méditerranée, Venise étant choisie comme laboratoire d’analyse grâce à sa richesse archivistique, à sa tradition historiographique, aux relations durables nouées avec l’Empire ottoman, à son caractère pluriethnique et multiculturel au centre, dans la ville elle-même, et par sa périphérie, son empire maritime perçu comme frontière de l’Europe et milieu culturel où confluaient toutes sortes d’hommes porteurs des diverses cultures méditerranéennes. Venise a encore un autre mérite relevé par le perspicace Guicciardini un demi-siècle après la conquête de Constantinople et après deux guerres désastreuses, elle a appris qu’il valait mieux utiliser l’art de la défense qu’engager la bataille avec l’ennemi » p. 5, où la défense prépare non à la guerre mais à une paix durable. Dursteler va donc étudier la longue coexistence de quatre-vingts ans entre les deux États, qui succéda à quelques brefs conflits après 1500, et se termina dans la guerre de Candie 1645-1669 pour insister sur l’attitude de relative tolérance des Ottomans à l’égard des minorités à l’époque moderne, loin des clichés du conflit des civilisations », proche d’un nouveau modèle qui envisage la Méditerranée comme participant d’une civilisation islamo-chrétienne ». Au cœur de la problématique il y a la question de l’identité. 135Della Valle y répondait d’abord par la religion, élément premier d’appartenance à un groupe au début de l’époque moderne. À la différence de Dursteler, je pense que della Valle inclut dans ce classement par la religion les Grecs orthodoxes, les Arméniens et les Juifs, les Turcs sunnites et les Persans chiites, même si Turc » servait alors, pour les Européens, à désigner tous les musulmans. Les autres, les non-chrétiens, sont donc caractérisés par leur religion, et les chrétiens d’Europe par leur langue, leur culture, leur identité nationale, encore que le concept de nation fasse l’objet d’un minutieux examen critique, les chrétiens étant de leur côté qualifiés d’ infidèles » par les musulmans, sans plus de nuance. En fait, écrit Dursteler, les frontières de la foi religieuse étaient poreuses », et le sénat vénitien pouvait proclamer fièrement, après Lépante Prima semo veneziani, poi cristiani, ce qui n’a pas besoin de traduction et confirme la soif d’indépendance politique contre le désir de croisade manifesté par la papauté et l’Espagne. Bien des paysans des Balkans pensaient, comme Luther, que le turban turc est préférable à la tiare pontificale ». La société ottomane était ouverte aux chrétiens et aux juifs ; le pouvoir ottoman, loin de viser à la domination du monde et à la destruction de la chrétienté, dirigeait ses armes contre d’autres pouvoirs musulmans, Séfévides d’Iran, Mamlûks en Égypte et Syrie, ou encore au Maghreb. 136Dursteler cite le cas des Grecs du stato da mar qui se rendaient à Constantinople pour leurs affaires, s’y mariaient, s’y établissaient, impossibles à distinguer de leurs coreligionnaires sujets du sultan, sinon qu’ils se faisaient enregistrer comme sujets vénitiens auprès du baile pour n’avoir pas à payer les impôts des Ottomans. Ils jouaient alternativement des deux systèmes, au mieux de leurs intérêts, comme les Juifs qui montraient en toutes circonstances un grand souci d’adaptabilité. L’État vénitien polyglotte et polyethnique » s’étendait de Bergame à Candie et englobait des groupes antagonistes, sans cohérence religieuse, linguistique ni culturelle. C’était un tout hétérogène de territoires distincts rassemblés sous l’autorité d’institutions vénitiennes. Mais qu’est-ce qu’un Vénitien ?, demande Dursteler la législation reconnaissait cette qualité à une infime minorité, les nobles de Venise et un groupe étroit de citoyens nés dans la ville. Tous les autres, y compris ceux qui habitaient Venise, étaient des sujets. On connaît le résultat aussi bien les nobles des cités sujettes de Vénétie que les notables des îles grecques considéraient les Vénitiens comme une force d’occupation et appelaient de leurs vœux l’envahisseur qui les délivrerait de leur oppression. 137Marranes et renégats illustrent aussi ce caractère fluide de l’identité nationale, car il s’agissait de groupes compacts qui adaptaient leur identité à leur intérêt. Mais on trouve la même versatilité dans ce qui formait l’essence même de la société vénitienne, son milieu marchand. En principe, la législation réservait l’exercice de la marchandise sous pavillon vénitien aux seuls nobles et citoyens. Or beaucoup de non-Vénitiens, sujets et même étrangers fuyant les troubles religieux de leur pays, ou sujets ottomans, exerçaient le commerce illégalement, après quoi les autorités, au lieu de les sanctionner, leur accordaient la citoyenneté pour services rendus dans le commerce du Levant. 138Dursteler examine comment Vénitiens et Ottomans ont vécu côte à côte et les voies par lesquelles des peuples de diverses origines culturelles, religieuses et linguistiques ou sociales, ont agi et coexisté localement, en particulier dans la communauté vénitienne de Constantinople installée depuis la conquête à Galata qui n’était pas le ghetto pour chrétiens complaisamment décrit par les voyageurs, puisque de nombreux Turcs y vivaient et travaillaient. À l’issue de son enquête il pense avoir démontré que les sociétés pré-modernes » n’étaient ni caractérisées par des modèles rigides, intangibles d’association et d’identité, ni isolés à l’abri de barrières étanches. L’étude de la structure et des institutions de la nation vénitienne dans la capitale de l’empire, des marchands comme du monde non officiel des bandits, des esclaves, des Grecs, le persuade d’abandonner l’image traditionnelle de l’identité au profit d’un processus fluide de définition et de redéfinition, puis de privilégier la coexistence entre musulmans et chrétiens sur la frontière de la Méditerranée, loin du modèle binaire du choc des cultures ». 139Certaines données méritent qu’on y insiste. En 1588, le sénat vénitien estimait à 2 500 le nombre de Vénitiens captifs et réduits en esclavage dans l’ensemble du monde méditerranéen, mais les traités signés par Venise avec le sultan obligeaient les Ottomans à libérer ces esclaves et à les remettre au baile qui les rapatriait. L’historien n’est pas dupe du respect de cette clause humanitaire ni des échappatoires trouvées par les maîtres qui cachaient leurs esclaves dans la clandestinité. En 1567, le nonce à Venise, frappé par la multitude de Turcs » établis dans la ville, y voyait un terrain fertile pour les missionnaires jésuites, tandis qu’à Galata, lieu de perdition célèbre pour ses tavernes, de nombreux Turcs assistaient en spectateurs aux offices des grandes fêtes chrétiennes dans l’église Saint-François. En 1570, à la veille de la guerre de la Sainte-Ligue, on arrêta à Venise les marchands ottomans 65 musulmans et 97 juifs. En 1594, le baile Matteo Zane informait que le commerce des Ottomans avec Venise atteignait 400 000 ducats par an. Parmi les courtiers sensali qui négociaient les transactions entre Vénitiens et étrangers dans la ville, 20 connaissaient le turc et 4 le slavon ; en 1621, à l’ouverture du fondaco dei turchi sur le grand Canal, leur nombre était monté à 33. Venise ne pouvait se passer du commerce turc. À Constantinople, patriciens, marchands et citoyens vénitiens rencontraient les Ottomans lors des fêtes, à la chasse, dans les salons, au sérail, tandis que les popolani commoners travaillaient sur les mêmes chantiers et Dursteler exhume une liste 1596 de 46 charpentiers occupés à réparer un vaisseau vénitien, parmi lesquels figuraient slaves, Génois, gens de Messine et de Naples, Français, Romains, Grecs, Allemands et Corses. 140On est loin des vues d’un historien qui continue de faire autorité, Wilhelm Heyd, pour qui les Turcs n’ont aucun goût pour le commerce ... seulement une insatiable passion de conquêtes » cité p. 159. Dursteler a fait entendre un autre message si nous percevons le monde méditerranéen comme fait d’identités composites, assemblées de multiples couches, malléables et se construisant selon un processus dynamique de négociation plutôt que comme un objet statique obéissant à des divisions binaires Est/Ouest, islam/chrétienté qui conduisent au conflit de civilisations, alors les évidences frappantes de paix et de coexistence entre peuples de diverses religions et cultures peuvent être plus facilement saisies et offrir peut-être quelque espoir à notre époque troublée p. 185. C’est là le message des démocrates américains, et si je n’ai pas mis les guillemets à la citation, c’est par un ultime scrupule de traducteur. 141Jean-Claude HOCQUET. Claire Dolan dir., Entre justice et justiciables les auxiliaires de la justice du Moyen Âge au XXe siècle, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. Inter-Cultures », 2005, 828 p. 142L’histoire de la justice est devenue aujourd’hui l’un des domaines les plus actifs de la recherche historique. En témoignent notamment les colloques de plus en plus fréquents qui, rassemblant de nombreux participants, parmi lesquels, à côté des pionniers, un nombre important de jeunes chercheurs, abordent des thèmes novateurs dans une perspective généralement diachronique, du Moyen Âge au XXe siècle. Le présent ouvrage en constitue un bon exemple consacré à ces oubliés, pour les uns presque complètement par exemple, les huissiers, pour certains seulement partiellement par exemple, la police et les avocats, de l’historiographie que sont les auxiliaires de justice, il rend compte d’un colloque qui a réuni à l’Université Laval à Québec en septembre 2004 plus d’une cinquantaine de participants, dont 46 communications sont ici publiées, précédées d’une présentation détaillée de la maîtresse d’œuvre, Claire Dolan. 143L’expression commode d’ auxiliaires de justice » rend mal compte d’une diversité foisonnante. Ils sont définis ici d’une manière négative l’auxiliaire, qui participe évidemment d’une manière ou d’une autre au fonctionnement de la justice, ne doit pas avoir pour fonction de juger. Le classement retenu, établi sur des bases empiriques, semble pertinent, avec deux grandes catégories, chacune subdivisée en plusieurs rubriques. La première catégorie concerne les auxiliaires de justice par fonction », avec d’une part les exécutants et la main forte » les sergents, les commissaires et la police, les gardes forestiers et les huissiers, les bourreaux, d’autre part ceux qui parlent et écrivent pour les justiciables les avocats, les procureurs, les greffiers et les notaires. La seconde catégorie concerne les autres auxiliaires de justice, ceux qui ne le sont pas par fonction, mais qui le deviennent ponctuellement du fait des circonstances le titre de cette partie ne me semble pas très explicite auxiliaires de la justice ou auxiliaires de justice ? » il s’agit d’abord du clergé dans le cadre des monitoires, puis des auxiliaires au service de la concorde » les bailes des seigneurs, les arbitres, les consistoires réformés, les suppléants de paix, qui agissent tous dans un cadre officiel, donc qu’il ne faut pas inclure dans l’infrajustice, enfin des experts sages-femmes, chirurgiens, médecins, psychiatres, ingénieurs, etc.. Seul petite critique, on peut se demander si les notaires n’auraient pas dû figurer dans la seconde catégorie plutôt que dans la première, puisque dans la plupart des cas ils ne jouent un rôle d’auxiliaire de la justice que ponctuellement. 144Si le champ chronologique retenu va du Moyen Âge au XXe siècle, et même au XXIe siècle dans une communication, il est abordé inégalement. La période moderne domine largement avec 27 communications ; et comme les 5 communications concernant l’époque médiévale ne traitent que de la fin de celle-ci et la plupart des 12 concernant l’époque contemporaine du XIXe siècle, on peut estimer que le titre de l’ouvrage est un peu trop englobant. Quant à la perspective spatiale, elle accorde de loin la plus belle part à la France avec 33 communications, mais des exemples canadiens six communications, anglais 2, brabançons et genevois 2 chacun, et même valaque une communication, permettent d’introduire quelques éléments de comparaison, notamment quant aux sens différents des mêmes mots dans ces divers espaces l’avocat canadien, par exemple, correspond à la fois à l’avocat et au procureur français. 145Cet ouvrage montre bien la diversité des raisons d’être et des façons d’agir des auxiliaires de justice en fonction des époques et des régimes – ou, plus précisément, des systèmes judiciaires. Cette diversité est particulièrement nette dans le domaine pénal entre le système inquisitoire à la française et le système accusatoire à l’anglo-saxonne même si ce dernier garde en France une place malgré tout primordiale pendant toute la période moderne ; en outre, selon qu’on s’approche ou qu’on s’éloigne du pénal, les mêmes auxiliaires de justice prennent des visages différents et multiples. Dans ces perspectives, l’adaptabilité des institutions judiciaires et de ses auxiliaires apparaît comme une donnée constante et essentielle c’est dans les périodes de changement qu’on s’en aperçoit le mieux. 146Quant aux apports ponctuels du livre, ils sont multiples et ne sauraient être énumérés ici de manière exhaustive. D’ailleurs la présentation générale de Claire Dolan les expose très bien et permet au lecteur de se retrouver facilement, en fonction de ses propres centres d’intérêt, dans ce très gros ouvrage. 147Les points faibles de l’ouvrage me semblent être de trois ordres. Le premier réside dans l’inégalité du traitement accordé à chaque sous-catégorie d’auxiliaires de justice, les uns bénéficiant de plusieurs communications les avocats, les experts, etc., les autres d’une seule les bourreaux, le clergé, etc., de sorte qu’on retire de la lecture le sentiment d’un domaine très inégalement exploré. Cette impression est accentuée par les déséquilibres chronologiques et géographiques soulignés plus haut. Mais comment faire autrement sur un aussi vaste sujet et dans le cadre des actes d’un colloque, dont l’économie d’ensemble échappe forcément pour une bonne part à ses concepteurs ? Ma seconde interrogation porte sur la justification même du sujet de l’ouvrage. Certes, on ne peut que se réjouir de l’accent mis sur les auxiliaires de justice en général, mais on peut se demander à juste titre si le concept possède une cohérence suffisante pour justifier un traitement spécifique. Car, en l’absence des juges, la justice qui apparaît ici semble quelque peu tronquée, comme amputée. En d’autres termes, si l’histoire de la justice ne peut pas se limiter à la seule action des juges, elle ne peut pas non plus être faite à partir de l’observation des seuls auxiliaires. Bref, une histoire équilibrée et cohérente suppose la prise en compte simultanée de tous les acteurs de la vie judiciaire les juges, les auxiliaires de justice et, évidemment les justiciables. Enfin, troisième critique, il me semble que les auxiliaires sont ici présentés, d’une communication à l’autre, sous des angles d’approche parfois trop différents les uns des autres, certains les plus nombreux l’étant sous celui de leur action dans le cours de la justice, mais d’autres dans une perspective surtout sociale, économique et culturelle, qui tient peu ou pas du tout compte de leur rôle spécifiquement judiciaire ; on pourrait considérer que cette diversité constitue une richesse, mais j’ai plutôt tendance à croire qu’elle affaiblit la cohérence de l’ouvrage. 148Malgré ces quelques petites faiblesses, sans doute inévitables dans une entreprise d’une telle ampleur et d’une pareille ambition, et qui ne sont en réalité que la conséquence du foisonnement et de la richesse des communications, ce livre apporte une multitude d’informations et ouvre des pistes qu’il faudra prolonger et élargir dans l’avenir. Il contribue à combler une lacune historiographique et surtout il peut être considéré comme un ouvrage fondateur, base de départ pour de fécondes recherches. Il devrait rendre de grands services aux historiens non seulement de la justice, mais aussi plus largement de la société, et contribuer à impulser les travaux futurs. Comme l’écrit Claire Dolan à la fin de sa présentation S’il est quelque chose qu’on peut tirer de cet ouvrage, c’est bien que la justice, pour les historiens comme pour les justiciables, a désormais un visage. » 149Benoît GARNOT. Jean-François Chauvard, La circulation des biens à Venise. Stratégies patrimoniales et marché immobilier 1600-1750, Rome, École française de Rome Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome », 323, 2005, 629 p.. 150Cette thèse, appuyée sur un dépouillement considérable d’archives vénitiennes, s’intéresse autant à un objet le marché immobilier qu’à son inexistence, puisque l’essentiel des mutations immobilières intervient dans un cadre successoral le paradoxe, assumé par l’auteur, le conduit à multiplier les précautions méthodologiques louables, bien que cette tension puisse parfois fragiliser le raisonnement. Chauvard a construit l’essentiel de son analyse sur une source fiscale manifestement très riche, celle des Dieci Savi alle decime in Rialto, magistrature chargée d’établir le montant d’un impôt annuel une décime sur les rentes immobilières et foncières outre de rares recensements 1661, 1711 et 1740 dans le cadre de cette étude, ce collège de magistrats enregistre tous les changements de propriété, renvoyant de plus à l’acte juridique qui validait la mutation. Face à l’énormité du fonds, l’auteur a fait le choix de centrer une partie de son étude sur un des sestiers de Venise celui de San Polo et de repérer l’évolution du groupe de propriétaires initial lors du recensement de 1661, sans pour autant passer sous silence le reste de la cité vénitienne. 151Une telle recherche, ambitieuse méthodologiquement, par le croisement d’approches sérielle et micro-historienne comme l’attestent les graphiques, les annexes nombreuses, la cartographie locale, qui retracent tant des évolutions quantitatives d’ensemble que des évolutions aussi fines qu’individuelles, dans un donné le bâti globalement stable au XVIIe siècle, possède parfois les limites de ses ambitions. Le choix de la paroisse de San Polo pose par exemple le problème, très classique face à une analyse spatiale étroite, de sa représentativité. Dans cette paroisse, le nombre de propriétaires est globalement stable au XVIIe siècle, là où D. Beltrami Storia della popolazione di Venezia, dalla fine del secolo XVI alla caduta della Repubblica, 1954 estimait que le nombre de propriétaires doublait approximativement à Venise dans le même laps de temps ; de même, dans cette paroisse, la propriété patricienne est écrasante le patriciat perçoit environ 80 % de la rente foncière, quand il en perçoit la moitié pour l’ensemble de la cité. Il s’agit donc ici d’un échantillon vénitien très particulier, et cette originalité de la paroisse étudiée a pu peser sur cette impression très fixiste d’un marché immobilier dominé par la douloureuse nécessité de vendre. De même, et c’est là le silence des sources qu’il faut incriminer, la sous-location, phénomène massif le quart des revenus fonciers environ autant qu’invisible, et son impossible prise en compte peuvent peser sur la classification des revenus fonciers et de leur évolution. Plus généralement, l’étroitesse du marché foncier tend parfois à fragiliser les analyses ; par exemple, la construction d’une typologie à nombreuses entrées, pour une cohorte de 57 personnes chap. VII, apparaît artificielle. 152Malgré ces quelques réserves de méthode, liées pour l’essentiel à l’étude d’un marché si discret qu’il en devient parfois introuvable, l’ouvrage a l’audace de proposer conjointement une analyse quantitative, sérielle, et une perspective proche de la micro-histoire, marquée notamment par l’importance des réseaux sociaux et l’impact de la dimension culturelle du foncier. La démarche d’histoire socio-économique est d’autant plus intéressante qu’elle se fonde d’abord, dans l’étude des comportements patrimoniaux, sur la maison plus que sur les acteurs c’est le bâti, dans une perspective non pas d’économie de la construction puisqu’il est globalement stable au XVIIe siècle mais de changement de mains, qui joue le rôle de fil conducteur de la démarche, permettant ainsi à l’auteur d’échapper à une lecture trop impressionniste » du jeu de l’échange. 153Le marché de la pierre apparaît marqué par un acteur aussi discret qu’efficace, l’État, qui brouille la lisibilité d’un système d’échanges. Certes, le contrôle public sur les ventes tend à décliner ; certes, les acteurs peuvent tenter de jouer avec des dispositions réglementaires largement héritées du Moyen Âge. Le deuxième chapitre, après avoir rappelé la grande diversité des formes de propriété et les opérations de crédit qu’elles suscitent, montre ainsi qu’existent des formes souples, mêlant crédit, logement et opération immobilière. Néanmoins, la pratique du fidéicommis, c’est-à-dire la constitution d’un patrimoine inaliénable, constitue un frein à l’établissement d’un marché immobilier libre la République de Venise, en autorisant le patriciat à figer son patrimoine foncier, en jouant la carte d’une stabilité sociale visible dans la pierre, perturbe les mécanismes fonciers et ceux du crédit. Des perspectives comparatistes auraient été ici les bienvenues, avec le majorat espagnol par exemple ; trop souvent, la thèse se refuse à poser la question d’une éventuelle exception vénitienne, se prêtant parfois implicitement à la fermeture de la storia patria italienne, c’est-à-dire au présupposé d’une irréductible originalité de chacun des espaces politiques péninsulaires à l’époque moderne. 154À cette influence indirecte de l’État en autorisant les fidéicommis s’ajoute un rôle direct majeur, puisqu’une forte part des ventes immobilières sont des ventes en faveur du fisc – et l’évolution générale du marché de la pierre une lente croissance jusqu’au milieu du XVIIe siècle, suivie d’une retombée suit celle de ces ventes forcées, elles-mêmes directement liées aux évolutions fiscales de Venise. De même, le prix de vente, s’il tend à s’aligner sur une projection des loyers comme rémunération du capital c’est-à-dire que le prix s’approche de la somme d’argent qui, placée, apporterait des profits comparables aux loyers, repose largement sur la caution implicite de la puissance publique, permettant de fixer un prix véritable. Il s’agit donc d’un marché hybride, entre capitalisation de la rente et tutelle étatique, et le portrait très détaillé qui en est fait, des acteurs à la formation des prix, de son évolution à ses déterminantes extérieures, est aussi éclairant qu’exemplaire au-delà de la seule question d’une rigidification de la société vénitienne, au-delà même du cas particulier de Venise, il s’agit d’un apport essentiel à la compréhension du double jeu, social et économique, de l’échange dans les sociétés dites d’Ancien Régime. 155L’évolution du marché, au-delà de son étroitesse et de l’impact du fisc, semble peu liée à la rentabilité de l’investissement dans la pierre au fil du siècle, le rendement de la pierre augmente les ventes forcées en faveur du fisc, effectuées à des prix relativement bas, offriraient une rémunération du capital de l’ordre de 10 % par an sans pour autant susciter une pression de la demande. L’offre, quant à elle, est en général contrainte, la mise en vente d’un bien immobilier intervient comme ultime recours, face à une situation financière critique. De ce fait, les popolani, les non-nobles, sont paradoxalement les principaux acteurs du marché foncier, alors que le patriciat possède la grande majorité du bâti c’est à la fois l’indice d’une plus grande fragilité des patrimoines populaires par rapport aux patrimoines nobiliaires, soutenus en outre qu’ils sont par la puissance publique à travers les fidéicommis, mais aussi le signe d’une lente érosion de cette domination patricienne, concurrencée par les appétits fonciers de nouveaux venus. Sans la protection d’une République qui sclérose le marché immobilier, cette érosion foncière du patriciat aurait sans doute été plus marquée le mythe politique de la stabilité vénitienne passait également par cette réduction du marché foncier, dans une ville pourtant marquée par la culture d’entreprise. Ce marché biaisé peut ainsi coexister avec des formes très capitalistiques du foncier, comme la détention de parts, de carats de maison, comparable aux formes traditionnelles d’investissement économique. 156Le resserrement de l’analyse chap. 6 à 9 sur la paroisse de San Polo permet de mieux mesurer les dynamiques à l’œuvre dans un ensemble apparemment peu mobile une lecture qualitative d’un marché certes étroit 55 ventes réelles, sur 390 changements de propriétaire, en quatre-vingts ans offre la possibilité de cerner les variations du foncier dans l’espace géographique et social, entre les deux recensements de 1661 et 1740 – ne fût-ce qu’en raison de la hausse du nombre de propriétaires. La règle successorale héréditaire entraînait un risque de morcellement de la propriété foncière, mais ne génère pas un développement du marché soit le partage n’a pas lieu d’être, du fait d’un héritier unique le suicide démographique » du patriciat, la faible natalité qui le caractérise, est sans doute aussi une stratégie patrimoniale, soit il s’effectue en créant des sous-ensembles immobiliers comparables entre eux, et comparables surtout, dans leur structure, à l’ensemble immobilier antérieur. Plus généralement, les patrimoines fonciers sont constitués en partie de biens de rapport considérés comme interchangeables, en particulier quand ils sont d’acquisition récente, perçus comme aux marges des biens lignagers. 157Les deux derniers chapitres s’attachent à dégager des stratégies patrimoniales, mais ils sont, pour le premier d’entre eux en particulier, limités par l’étroitesse de l’échantillon des acteurs, comme par la courte durée prise en compte. De ce fait, la fragilité des petits patrimoines, la capacité de résistance des patrimoines fonciers importants, semblent presque aller de soi c’est dans le groupe intermédiaire des patrimoines moyens que peuvent, en moins d’un siècle, s’opérer de réels reclassements. De même, l’absence de stratégie d’agrégation patrimoniale, c’est-à-dire l’extension anarchique des possessions, pourrait bien n’être liée qu’au hasard des lots disponibles – d’autant que l’auteur montre bien l’étroitesse du cercle d’échanges, la tendance à acheter le foncier par l’intermédiaire d’un circuit d’échanges déjà connu pour les patrimoines modestes, l’horizon d’achat est réduit par l’étroitesse du réseau social, ce qui limite d’autant l’existence d’un marché de la pierre et freine l’extension sociale du groupe des propriétaires. Dans la diversité des stratégies d’acquisition, marquées, dans la majorité des cas de figure, par le primat du foncier rural, émerge un groupe déviant », qui privilégie investissements urbains et regroupements de bâti dominé par les artisans et commerçants, c’est probablement ce groupe qui conteste bien timidement la domination foncière du patriciat. On aurait pu souhaiter que l’auteur donne sens à cette stratégie du boutiquier l’ouvrage souffre parfois d’une forme de prudence de la pensée, et, si l’aveu d’un silence des sources est louable, l’hésitation à formuler des hypothèses quand, par exemple, les données quantitatives peinent à faire émerger de nettes ruptures peut, à de rares occasions, laisser le lecteur sur sa faim. 158Le prisme du foncier, malgré l’étroitesse du marché immobilier, permet donc à Chauvard de proposer des éclairages nouveaux sur une vaste palette de thèmes centraux, qui vont des formes originales du marché aux stratégies de conservation du patriciat, des impacts de la pression fiscale et des guerres contre l’Empire ottoman aux interactions avec les ralentissements de l’économie vénitienne, de la difficile mobilité sociale à la culture foncière. Autant que des réponses, cette belle thèse offre de vastes perspectives, et c’est l’un de ses nombreux mérites. 159Renaud VILLARD. Pierre-Yves Laffont Études réunies par, Transhumances et estivage en Occident des origines aux enjeux actuels, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006, 415 p. Actes des XXVIes Journées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran, 9, 10 et 11 septembre 2004. 160Après les beaux livres de Ph. Arbos, de F. Braudel et, plus récemment, de Moriceau, voilà un bon livre qui réexamine l’histoire des déplacements de bétail sur la très longue période, puisque les communications présentées couvrent les millénaires qui séparent la préhistoire et la Grèce archaïque de l’époque strictement contemporaine. Les perspectives se situent essentiellement dans le cadre du Bassin méditerranéen, du Maroc au sud, à tous les pays qui entourent la grand mer intérieure au nord, mais il manque le Proche-Orient et l’Asie Mineure ; très normalement, l’Espagne tient une grande place dans ces études, ne serait-ce que parce que la Mesta, cette organisation corporative, et même corporatiste de la transhumance, y trouve son origine castillane dans la seconde moitié du XIIe siècle, et parce que le mot même de transhumance, utilisé en France depuis l’extrême fin du XVIIIe siècle seulement, est traduit directement de l’espagnol. Vingt-cinq études de grande qualité qui apportent des réponses et ouvrent des perspectives pour la recherche future mais qu’il est impossible de résumer. 161Historiens et géographes connaissent bien ces mots de transhumance et d’estive, et savent qu’il est parfois difficile de les distinguer ou des les opposer. Des moutons partout, des millions de moutons qui parcourent parfois plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre leurs prairies estivales ; des vaches par centaines de milliers qui n’effectuent généralement que quelques dizaines de kilomètres ; mais encore des chèvres, mal tolérées parce qu’elles nuisent à la végétation arbustive, et même quelques juments suitées ; et encore des porcs qui vont glaner faînes et glands pour revenir, bien gras, mourir sous le couteau du charcutier et pour garnir les charniers des paysans aisés ; et aussi des abeilles dont on transporte les ruches pour leur faire butiner des variétés de fleurs dont la floraison s’étale dans le temps, des sainfoins précoces aux bruyères tardives. 162Les questions sont souvent traitées sur le long terme mais font apparaître une absence de connaissances sur tout le haut Moyen Âge qui semble marquer une discontinuité. Elles mettent en lumière des intérêts divergents qui opposent souvent étrangers et indigènes, entrepreneurs lointains qui disputent l’alpe aux éleveurs locaux soucieux aussi de protéger leurs maigres cultures de la dent du bétail ; bien présentes aussi, les querelles de bergers dont les troupeaux se concurrencent, les réclamations contre les taxes levées par les communautés traversées, contre le prix de location des alpages qui varient en fonction de la pression démographique. 163La recherche d’une laine fine de mérinos a longtemps prédominé puis on a axé la transhumance sur la recherche de la viande et des fromages pour alimenter des marchés urbains toujours plus importants, la transhumance hivernale, dite inverse, ramenant le bétail dans les plaines urbanisées. À tous les stades de la grande migration les intérêts des communautés paysannes, des seigneurs locaux, des établissements religieux détenteurs de droits de pacage sur les hautes montagnes s’opposent aux acteurs urbains. 164Au cours du XIXe siècle, l’importance de la transhumance diminue ; les montagnes se dépeuplent et l’élevage d’altitude perd de son importance quand les prairies artificielles de plaine se multiplient et dispensent de sortir le bétail de l’étable. Les moyens de transport modernes, le chemin de fer d’abord puis le camion, ôtent à ces remues de bêtes le pittoresque du voyage à pied. Aujourd’hui, la transhumance n’est souvent plus qu’un souvenir et l’estive du bétail local suffit à animer les régions de montagne. D’ailleurs la montagne, d’un point de vue économique, est beaucoup plus profitable l’hiver par la pratique du ski. À coups de subventions européennes et de plans d’aménagement, on s’efforce, par le biais du tourisme d’été, par l’attribution d’AOC aux productions fromagères ou à la viande l’agneau des Causses, de redonner vie à la présence animale aux altitudes élevées ; des fêtes de la transhumance apparaissent, très populaires, qui accompagnent la montée des troupeaux en Provence surtout, et le folklore qui ravit les populations urbaines aide à la survivance des pratiques anciennes. La nécessité d’entretenir les pelouses et de limiter la croissance spontanée de l’arbre joue aussi en ce siècle soucieux d’écologie et d’environnement. La transhumance, réadaptée, peut encore avoir de beaux jours ; cela dépend uniquement de la volonté des hommes plus que des impératifs économiques liés à l’élevage. Un livre donc qui non seulement enrichit considérablement nos connaissances mais qui, par les questions qu’il pose, fait réfléchir à l’avenir de l’Europe. 165Marcel LACHIVER. Pierre Charbonnier dir., Les anciennes mesures locales du Centre-Est d’après les tables de conversion, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2005, 403 p. 166Les équipes locales que Pierre Charbonnier anime depuis près de vingt ans le premier volume de la collection qui concernait, comme il se doit, le Massif central a paru en 1990 poursuivent régulièrement leur travail. Avec ce volume, le cinquième de la collection, tout le centre-est de la France est exploré, de la Haute-Saône et de la Côte-d’Or à la Drôme 11 départements qui s’ajoutent aux 46 déjà étudiés. Ainsi, le territoire français se trouve couvert aux deux tiers et il suffira de trois volumes pour assurer l’exploration des départements situés au nord d’une ligne Nantes-Mulhouse. 167Pour la première fois, les auteurs ne se sont pas contentés d’utiliser les tables de conversion généralement élaborées par les soins de l’Administration du début du XIXe siècle. Ils ont eu recours au cadastre, principalement pour les trois départements que composait la Franche-Comté, le cadastre, en certaines communes, ne se contentant pas d’indiquer la valeur des anciennes mesures agraires ; ils ont aussi utilisé différentes séries des archives départementales, en particulier les séries B, C, E, H, L. 168Commune par commune, on trouvera donc, malgré quelques points communs dans les dénominations, l’étonnante variabilité des mesures agraires, des mesures de longueur, des mesures de capacité pour les matières sèches avec le cas, toujours particulier, de l’avoine et pour les liquides, le vin, l’huile, le lait même, ne se mesurant pas de la même façon. N’oublions pas les mesures pour le bois bois d’œuvre et bois de chauffage, pour le charbon de bois, pour le fil, les tissus, les pommes de terre même. 169Bien sûr, des érudits locaux, comme pour les volumes déjà parus, ne manqueront pas de relever quelques inexactitudes, de mentionner le cas particulier de telle seigneurie ou de tel hameau, ou le changement de valeur de la mesure dans le cours du temps à la suite de la réorganisation de tel ou tel marché des grains. Le dépouillement exhaustif des minutes notariales livre toujours des particularités de ce type. D’ailleurs les auteurs ont pris la précaution de traiter de l’évolution des mesures depuis le Moyen Âge, en particulier en Savoie. 170Mais, répétons-le, ces livres constituent de remarquables instruments de travail et il faut espérer la parution rapide des trois derniers volumes. Tous les ruralistes, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à la production et aux échanges commerciaux, ne peuvent que se féliciter de l’œuvre entreprise et remercier Pierre Charbonnier et tous ses collaborateurs. 171Marcel LACHIVER. Grégory Quenet, Les tremblements de terre aux XVIIe et XVIIIe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2005, 587 p. 172Voilà un travail lourd d’informations, soutenu par des analyses subtiles, un livre érudit en dépit de quelques redondances et d’une complexification de la pensée parfois un peu vaine. Bref, une belle thèse qui interroge le tremblement de terre en France à la fois pour lui-même, sorte d’événement local en quelque sorte, comme y invite le chapitre 4 sur le désastre de Manosque en 1708, mais aussi comme une donnée culturelle majeure en raison de ses larges implications. À travers le tremblement de terre, en effet, se révèlent des enjeux intellectuels liés à l’évolution des interrogations et des explications scientifiques, un enjeu social avec les réactions des communautés, voire un enjeu politique dans une prise en compte assez timide des séquelles du séisme de la part de l’État. Il permet ainsi à Grégory Quénet d’inscrire le phénomène comme une contribution majeure à l’histoire du des risques au cours de l’époque moderne et de saisir ainsi une autre facette des relations complexes de l’homme et de la nature. 173L’ouvrage propose d’emblée d’analyser le processus informatif qui conduit un événement naturel à devenir une catastrophe, contribuant à faire du risque une construction sociale dont il faut examiner ... les catégories d’acteurs et d’organisations impliquées, les stratégies et procédures mobilisées, les instrumentations mises en œuvre, les modélisations effectuées, le rôle des représentations et des conceptualisations du risque constituées et véhiculées, la hiérarchisation entre les différents risques, l’évaluation du rôle des représentations et des perceptions » p. 66. Cet ambitieux programme, qui se fonde essentiellement sur quatre grandes sources les procès-verbaux de l’Académie des sciences, les gazettes, les textes littéraires et les écrits des curés à la fois mémoriels, gestionnaires et médiateurs, subtilement traités ici, a privilégié un dialogue fructueux avec les scientifiques et a permis de répertorier plus de 750 séismes entre 1600 et 1800 en France. Il a surtout mis en valeur l’évolution décalée des perceptions grâce à l’adoption d’un plan chronologique. 174Au début de la période considérée, l’interprétation se nourrit d’abord de l’imaginaire des phénomènes prodigieux, se réfère à une dimension religieuse explicative nécessairement punitive, volontiers prophétique et dont l’exégèse se trouve ainsi aisément récupérée par la culture politique. Le second temps, qui court du milieu du XVIIe siècle au tremblement de Lisbonne, constitue le temps de la mise à distance où se répondent, sans se combattre vraiment, les interprétations religieuses, qui privilégient désormais les bienfaits de la catastrophe comme truchement du salut, et les approches scientifiques et laïques alors que se maintient une lecture politique à l’exemple du séisme pyrénéen de juin 1660 tenu pour le présage d’un règne difficile. La dernière phase commence après la tragédie lusitanienne de novembre 1755, moment privilégié sans doute mais qui ne fait qu’amplifier des changements déjà à l’œuvre. Comme le souligne clairement l’auteur, même si Lisbonne interroge la fonction providentielle du divin et la place du mal, ce n’est pas elle qui laïcise la catastrophe. Dès avant cette date, la recherche des causes et la mesure des effets des tremblements de terre plus que leur signification l’emportaient déjà. La mobilisation technique et scientifique mit en œuvre de nouveaux protocoles d’observations et de mesures diffusés par les gazettes et inscrivit le séisme comme un dérèglement naturel d’intensité plus ou moins variable. Jadis tenu pour une rupture unique, le tremblement de terre participait désormais à un cycle d’évolution tellurique. Néanmoins ces inflexions n’évinçaient pour autant des lectures morales et religieuses, à l’image de la Lettre sur la Providence de Rousseau en 1756, ni n’effaçaient de l’horizon intellectuel l’inquiétude pérenne du siècle des Lumières. 175Le bref rappel de ce parcours aux chevauchements composites souligne indirectement la part prise par certains acteurs dans les appréhensions et les modifications du phénomène clercs, scientifiques, politiques, journalistes ou écrivains. Restait à savoir comment la société dans son ensemble vivait et percevait le séisme. La mise en place d’un nécessaire jeu d’échelle restait délicate et menaçait de renvoyer à l’opposition bien connue mais souvent peu opératoire entre le peuple et les élites p. 417. Grégory Quénet se demande justement si, au XVIIIe siècle, les différentes gestions de la catastrophe, la confrontation des multiples lectures de l’événement ne permettent pas d’illustrer une facette de ce clivage manichéen. La démonstration difficile et réitérée p. 398-402, 424-430 révèle, bien sûr, l’émergence d’une distinction sociale après 1740 entre la parole des experts et les interprétations de la nature de la part des populations concernées autant que par celles... qui ne l’étaient pas. Elle demeure cependant hésitante et généralisante. Et, après la bonne analyse du récit de Jacques-Louis Ménétra sur les secousses ressenties à Bordeaux pendant l’été 1759, les conclusions du paragraphe consacré à la complexité des attitudes “populaires” » et appuyées sur ce seul témoignage ne convainquent pas totalement. Après tout, le malaise métaphysique et le souci matériel des élites » face au tremblement de terre du XVIIIe siècle ne seraient-ils pas une autre manière de traduire la crainte obligatoirement superstitieuse et fataliste du peuple » ? 176Bien des développements intéressants de ce travail permettent cependant de s’interroger, et en l’inscrivant dans un contexte plus vaste, sur les figures originales du tremblement de terre dans la construction d’une culture du risque. Ainsi, la fonction religieuse bienfaisante de la catastrophe dans l’économie du salut se retrouve dans les récits de confrontation avec les tempêtes océanes. Il en est de même pour l’influence de la physico-théologie à travers une lecture renouvelée du spectacle de la nature beaucoup trop rapidement évoquée ici quelques lignes confuses, p. 422. On pourrait questionner pareillement le rôle joué ici par la communication dans la transformation de l’événement naturel en catastrophe p. 125. La condition d’une telle métamorphose ne vaut-elle pas en réalité pour tout événement, ce fait porteur de sens Paul Ricœur et, par là, producteur potentiel d’un discours ? Par ailleurs, et en dépit des utiles précautions liminaires de l’A. p. 69-70, les ambiguïtés propres au mouvement de laïcisation ne sont pas toutes levées. Peut-être en raison d’une analyse un peu succincte des savoirs empiriques, comme explication complémentaire au providentialisme, ou du rôle non seulement scripturaire mais public et pastoral tenu par ces curés-écrivains dans l’affirmation du processus le sermon du curé Marchais de 1783 fournissant alors un contre- exemple. Enfin, au sujet de l’efficacité relative de l’État, auquel on recourt pourtant plus fréquemment, ne peut-on plaider aussi la faiblesse quantitative d’un phénomène qui n’aura quand même suscité aucun saint protecteur ?... 177Ces courtes observations veulent toutefois contribuer à souligner combien la grille de lecture élaborée à propos du tremblement de terre constituera désormais un outil indispensable pour toute recherche sur l’histoire sociale et culturelle du risque naturel. 178Alain CABANTOUS. Harro Höpfl, Jesuit Political Thought. The Society of Jesus and the State, c. 1540-1630. Ideas in Context, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, XII-406 p. 179Si les catholiques intransigeants ont attribué les origines de la Révolution française aux gallicans et aux jansénistes, il s’est trouvé des conservateurs protestants, comme Ranke, pour accuser les Jésuites d’en avoir été les premiers et véritables instigateurs. Par la suite, cette thèse sera reprise dans un sens progressiste par de nombreux auteurs anglophones qui ont transformé les membres de la Compagnie de Jésus en proto-démocrates. À l’inverse, en France ou en Espagne, une forte tradition vise à considérer les Jésuites comme les ennemis par excellence de la modernité politique ! 180Récemment, les études du jésuite Robert Bireley et de la non-jésuite Lynn Martin ont obligé à nuancer ces thèses en mettant à mal toute vision monolithique et unilatérale de la Compagnie de Jésus. Elles ont montré, en effet, qu’en France et en Allemagne les Jésuites dépendaient de leurs patrons princiers, et que leur fameux vœu d’obéissance au Général à Rome ou leur lien indissoluble au gouvernement central s’avéraient très problématiques dans la pratique. Mais personne n’avait encore osé s’attaquer frontalement aux idées politiques des Jésuites avant la tentative de Harro Höpfl, historien des idées britannique, connu par ailleurs pour sa précédente étude sur la pensée politique de Calvin. 181Il est vrai que le sujet est piégé, pour ainsi dire, de naissance. Depuis le XVIe siècle, il a fait l’objet d’une polémique qui accompagne l’histoire même de la naissance et du développement de la Société de Jésus au sein de la constitution et du renforcement des nations européennes. On peut se demander si la démarche n’aurait pas gagné à mettre d’emblée en perspective le vaste corpus de reproches que les adversaires des Jésuites ont élaboré précisément à propos de leurs ingérences et interférences dans le domaine de l’État ou de la société civile. Et cela d’autant plus que l’A. ne cesse de s’y référer tout au long de son livre. Jusqu’à nos jours, ainsi qu’en témoigne l’article Jesuits » de l’Oxford English Dictionary cité à la première page, aucun autre groupe religieux n’a suscité, que ce soit de la part des machiavéliens », des politiques », des gallicans », des protestants », des parlements », des dominicains » ou des jansénistes », autant de critiques et de peurs que la Compagnie de Jésus. Sans doute la vision optimiste de la relation chrétienne au monde propre aux Jésuites et la reconnaissance de la dignité de la vocation politique qui va avec ne sont-elles pas étrangères à ces vives réactions. 182Alors que, face à l’émergence de l’État et de sa raison », les machiavéliens » séparent radicalement politique et vertu morale, les Jésuites, à la pointe de la Contre-Réforme et de l’anti-machiavélisme, aspirent au contraire à la restauration de l’universalisme, de l’unité et de l’hégémonie du catholicisme. C’est de cette volonté d’adaptation de l’Église aux nouveaux défis lancés par l’évolution de la société que découlent leurs pratiques d’éducateurs, de missionnaires, de conseillers du Prince, de casuistes ou de polémistes. Toutes ces nouvelles fonctions à la fois religieuses et sociales vont être interprétées par leurs adversaires dans un sens exagéré et unilatéral jusqu’à donner lieu à la théorie du complot, forme extrême du soupçon de cacher des ambitions politiques et d’aspirer à la monarchie universelle. 183Traiter de la pensée politique jésuite revient donc à se lancer dans un sujet intrinsèquement polémique. H. Höpfl n’en est pas inconscient, puisqu’il se défend de vouloir écrire la théorie politique que les Jésuites ne sont pas parvenus à élaborer. Il ne leur attribue pas d’avoir développé des considérations spéculatives sur la République, à l’instar des auteurs classiques du domaine. Il n’ignore nullement l’ambition essentiellement religieuse et spirituelle des pères fondateurs, des missionnaires et des éducateurs qui entendent rétablir l’unité de l’Église sous le patronage de protecteurs princiers. Néanmoins, il ne peut pas s’empêcher de leur prêter, ne serait-ce qu’en pointillé, une doctrine constituée. À cet égard, la source d’inspiration de sa réflexion est moins le livre de Bireley, The Counter Reformation Prince. Anti-Machiavellianism or Catholic Statecraft in Early Modern Europe Chapel Hill, 1990, qui insiste sur la diversité des situations spécifiques propres aux pratiques des moralistes ou des casuistes jésuites, que celui de Quentin Skinner, The Foundations of Modern Political Thought Cambridge, 1978. L’ouvrage est, du reste, édité dans la collection du maître de l’École de Cambridge, Idées en contexte ». 184Conformément au modèle skinnérien de l’histoire des idées, l’entreprise se distingue par son souci de précision. Elle repose sur l’analyse minutieuse des écrits d’une série d’auteurs jésuites, Francisco Suarez, Luis de Molina, Juan de Mariana, Gabriel Vasquez, Giovanni Botero, Adam Contzen, Robert Persons, ou le cardinal Robert Bellarmin, miroirs des princes, littérature polémique ou traités théologico-juridiques en rapport avec les contextes intellectuels du néothomisme, de la scolastique espagnole, du droit naturel et, bien évidemment, des débats sur la raison d’État. C’est la grille conceptuelle élaborée par Skinner autour de la légitimation du pouvoir, du contractualisme et du constitutionnalisme qui organise la problématique. H. Höpfl ne s’occupe ni des moyens de la puissance, ni des finances de l’État, ni du contrôle des sujets, moins encore des exigences économiques. Il n’aborde pas non plus le conseil politique ou le problème de la guerre juste qui a pourtant beaucoup intéressé Contzen. 185Sa démarche balance continuellement entre, d’un côté, la nécessité de replacer les théoriciens jésuites dans le champ problématique de leur époque, ce qui conduit à les diversifier, voire à les banaliser, et, de l’autre, le besoin de cerner l’expression d’une théorie politique distinctement jésuite » p. 2, d’une conception identifiable à l’œuvre » p. 367, voire d’une homogénéité de pensée » p. 366. H. Höpfl ne croit certes pas à l’existence d’une doctrine politique collective qui serait propre à la Compagnie de Jésus dans son ensemble. Cependant, il pense pouvoir mettre en évidence une série de croyances concernant la nature du bon ordre dans la collectivité et de pratiques de gouvernement qui seraient constitutives de la spiritualité, de l’activité missionnaire et éducative ainsi que de l’ecclésiologie des Jésuites, même si elles n’éliminent pas la possibilité d’un désaccord entre eux. 186Pour caractériser la Société de Jésus, H. Höpfl commence très classiquement par examiner les Règles » ou Constitutions » qui, de tout temps, notons-le en passant, ont eu le don d’intriguer et d’inquiéter les adversaires des Jésuites, d’Étienne Pasquier aux parlementaires français du milieu du XVIIIe siècle et au-delà. Il resitue parfaitement l’Institut dans le projet tridentin de reconstruction de l’unité de l’Église catholique, Societas Perfecta, menée contre la fracture protestante. Il en représente la forme d’organisation la plus efficace. Toutes les activités de la Société sont au service de ce grand dessein de la Contre-Réforme l’éducation, la prédication, la confession des princes, la casuistique, la controverse, les livres de piété. Le bon ordre à l’intérieur de la Société est conçu, tel un microcosme, comme une anticipation du bien commun » à l’extérieur. 187Leur organisation admirée en même temps que redoutée par tous leurs détracteurs est fondée sur quelques principes qui ont des implications politiques ou qui contiennent des références explicites à la politique, ainsi le contrôle des passions ou l’ obéissance » chez des auteurs comme Pedro de Ribadeneira, Robert Persons ou Robert Bellarmin. Certes, personne ne doute à l’époque que l’obéissance ne soit une injonction divine, mais l’originalité jésuite repose sur la conception de la volonté de Dieu comme liée à une supériorité visible. Elle implique la hiérarchie et ses incarnations, le supérieur général, le général, le pape. Tous les auteurs jésuites optent pour la monarchie comme meilleure forme de l’État. Les principes de hiérarchie et de subordination sont également pour eux les conditions de l’ordre social. Cependant, H. Höpfl est obligé de reconnaître que ces croyances sont largement partagées aux XVIe et XVIIe siècles, d’Arnisius à Althusius et de Hobbes à Filmer p. 57. 188La dimension politique » découle logiquement de l’ingérence dans les affaires séculières », negotia secularia. La pratique du patronage princier et l’instrument que constitue la casuistique permettent d’accommoder la conscience chrétienne à la raison d’État. Néanmoins l’A. relève, avec beaucoup d’honnêteté, l’existence de traités d’apologétique, dus à la plume d’auteurs jésuites qui dénoncent précisément ce mélange avec les affaires publiques ou s’en plaignent comme ceux de Richeome p. 60-61. L’ambiguïté est déjà présente chez les pères fondateurs, par rapport à cette captation de la bienveillance des puissants. La situation objective du patronat des Guises pendant les guerres de Religion, ou la pratique de Contzen, confesseur de Maximilien de Bavière, ne font que l’aggraver. Contre les politiques, les Jésuites entendent bien défendre l’unité du catholicisme et, par voie de conséquence l’intolérance qui est considérée comme indispensable au maintien de l’État. 189Une des thèses fondamentales du livre veut que la source de cette recherche d’une coïncidence entre le spirituel et le temporel provienne précisément de l’objectif tridentin combattre la peste » de l’hérésie. La Compagnie de Jésus s’en est faite la championne. Les Jésuites prônent le devoir de répression contre l’hérésie qui, à leurs yeux, entraîne de graves conséquences politiques. Ils insistent sur le caractère profondément rebelle et subversif du calvinisme. 190Mais, pour H. Höpfl, les Jésuites, notamment Giovanni Botero présenté comme prototypique, ne se contentent pas de répondre aux réformés. Il insiste sur le rôle de leur polémique contre les machiavéliens associés, il est vrai, à l’hérésie, mais aussi à l’athéisme, à la politique selon les politiques » et à la tolérance. Contre Machiavel et sa critique du christianisme, des théoriciens comme Ribadeneira affirment la vertu civile du catholicisme présenté comme facteur social stabilisant et modèle de bonne conduite pour les citoyens. À l’opposé, ils soutiennent que la tolérance religieuse ne peut avoir que des conséquences désastreuses tant sur le plan spirituel que dans l’ordre politique. 191H. Höpfl éclaire très bien l’enjeu des débats autour des différentes conceptions de la raison d’État. Aux yeux des théoriciens jésuites, la vraie raison d’État ne se définit que par ce qui est moralement soutenable dans la conduite politique. Cette tentative d’accommodation entre morale et politique implique des techniques souples comme l’équivoque, la restriction mentale, la casuistique ou la prudence. Cependant ces dernières ne parviennent pas à éliminer complètement les tensions et les incompatibilités entre les deux objectifs. 192Dans les chapitres concernant l’autorité politique et la légitimation du pouvoir, les Jésuites sont présentés comme des théoriciens du droit divin très proches de Bodin ou de Hobbes p. 261, 300. Mais l’auteur prend grand soin d’éviter toute généalogie modernisante et souligne l’absence du rôle de l’état de nature dans la conception jésuite du transfert du pouvoir de la communauté au Prince. Il n’y a pas de place chez eux pour l’institutionnalisation d’une quelconque limitation du pouvoir, et spécialement à partir d’un contrat », malgré quelques exceptions apparentes comme Suarez ou Mariana. Dans la ligne des thèses de Skinner, la démonstration vise à marginaliser la dimension contractualiste, au sens moderne, de ces deux auteurs qui restent, selon H. Höpfl, des exceptions sans réelle postérité au sein de la Compagnie de Jésus. Ils conservent par ailleurs des aspects archaïques qui interdisent, selon lui, d’établir toute filiation en ligne directe avec Locke. L’A. reste néanmoins sensible aux tensions qui découlent de la conception de l’autorité en termes de règles et de devoirs des sujets à l’égardens co3;miessio17;en t&es p.& de 7507;litique ;𱇈n le lR lectuiiences, pouvoirseux poi conm217;une ne croit3;suites qui liminaires de l33;s deressias232;ron admd H&>at="exposant">e 233;tatlieu du XVIIe de17;Arnis e cette co-re mn44;le de dltaines eniode c la dimensio,ependant cntrelaceholridér&233;l C̵r, Champationant sur le p;ran8217;en plaige de la ncues iden est fégitimati160;57. at="exe d&deoN m&;&Ino7;une cn spirituel que dpua="pactis="marquage italiia s17;hommDeb186">Compagnie sé, ;cis’nes le ne sera3;monstration difres, de è3;cit deus"pavtiqa189A/sup>>Une et, de lee J&974ns&igieue conduite podiresution et rn Err3;tiqus"pavtiqcontinuel appapas t ne sere copt qu&33;nnsuites d les troiA/sup>>Une et, de lee attXVI homogénéité de pens&m࢐es fonction">&i160;5233;oricie233;s d𔃺si&d’undérel picroco7;éduca puissants. rreferencepa179-817;homm cls sensib-Gs=t goerenant lave1rceptionus"pavtiqpa191"> assi0pfl,lmoins80">rip33;coulentienne à la nfoe3;e. 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Read announcement Pau Study days - Ethnology, anthropology L'espace dans l'Antiquité Utilisation, fonction et représentation L’espace est un thème permanent de la littérature antique. Tour à tour scruté, analysé, chanté, décrit, fragmenté, recherché, convoité, imaginé, utilisé ou délaissé, il s’impose comme préoccupation partagée – de l’habitant le plus humble à l’intellectuel le plus illustre. Les écrits antiques s’intéressent à l’action et à la conception, autrement dit aux expériences et aux représentations de l’espace ; ils nous invitent à un véritable voyage au sein des mentalités antiques. Car c’est bien d’une ouverture de nature anthropologique qu’il sera question. De plus, l’utilisation de l’espace explique et dévoile sa fonction ; et cela nous offre l’occasion d’approcher ce que l’homme antique a en tête lorsqu’il opte pour telle ou telle représentation de l’espace ou quand il cherche à faire l’expérience de nouveaux espaces, révélant dans le même mouvement les valeurs, le mode de vie, les croyances ou les besoins des ces différentes civilisations. Read announcement Rabat Study days - History Analysing the spaces of transition. Interdisciplinary dialogue around the Strait of Gibraltar L'objectif de ce séminaire, dans le cadre du programme de recherches le détroit de Gibraltar aux époques antique et médiévale » financé par l'ANR, est de munir le programme d'un cadre conceptuel rigoureux, qui sera particulièrement utile dans la perspective de la rédaction d'un ouvrage de synthèse. L'implication du Centre Jacques Berque, en tant qu'institution partenaire du programme, est particulièrement judicieuse pour la réalisation de ce séminaire, puisqu'elle permettra aux spécialistes de diverses sciences humaines associés au CJB de proposer des approches et des concepts à portée générale à des historiens, que leur pointillisme écarte parfois de ces schémas opératoires ; à l'inverse, les difficultés heuristiques des historiens doivent les conduire à se réapproprier les systèmes explicatifs issus des sciences humaines voisines pour les transposer efficacement à l'analyse des sociétés du passé. Read announcement Istanbul Study days - Urban studies Metropolitan energy policies the case of the Turkish cities Call for paper for a Seminar at the French Institute of Anatolian Studies IFEA, co-organized by Eric Verdeil Jean Moulin University in Lyon - UMR Environment City Corporation and Jean-François Pérouse Galatasaray University and IFEA. The report Energy and Urban Innovation 2010 by the World Energy Council underlines the fundamental role of cities in the energy transition and the interlocking of several series of actions, related to technology, economy and policy. It appears that the political and social practices are a major issue and justify an increased contribution of social sciences to the analysis of the implementation of these new policies. The seminar intends to address these issues in the case of large Turkish cities. Read announcement La Plaine-Saint-Denis Study days - Urban studies Urban Heritage Stakeholders and their Conflictual Memories and Representations France, Romania, Turkey First Workshop Governance in policies and practicies concerning Urban heritage Ce cycle de rencontres scientifiques vise à approcher la question des acteurs du patrimoine urbain au sens large et au-delà des monuments classés ou historiques et celle des conflits de mémoire que la patrimonialisation engendre. Dans une perspective assez généraliste et introductive, cette première journée sera l’occasion de revenir sur la question de la gouvernance dans les trois contextes aux histoires, cultures, et gestions patrimoniales différentes, mais soumis à des injonctions Europe, Unesco de bonne gouvernance » et de participation ». Read announcement Paris Study days - History Les chemins de l’industrialisation en France et en Espagne XVIIIe-XXIe siècle Les PME et le développement des territoires L’objet de la journée d’études sera de confronter les approches historiques françaises et espagnoles autour de la question des PME et des territoires, des systèmes productifs localisés et des chemins de l’industrialisation. Des contributions portant sur des exemples espagnols, des comparaisons franco-espagnoles ou des relations transnationales entre les deux pays sont attendues. Read announcement Aix-en-Provence Study days - Europe Les îles de la Grèce dans la mondialisation À l’égal de la plage caraïbe et de ses cocotiers, l’image de l’île grecque constitue aujourd’hui l’une des représentations stéréotypées du dépaysement et des vacances dans le monde entier. L’invention de ce cliché est déjà ancienne et les conditions qui ont présidé à sa formation doivent être cherchées tant dans le philhellénisme européen du XIXe siècle que dans la quête d’authenticité des sociétés traditionnelles au XXe siècle. Pourtant, la vie des archipels de la Grèce contemporaine, comme celle de l’ensemble des îles de la Méditerranée, ne se résume pas à ces quelques images. Read announcement Tours Study days - Urban studies Villes, bourgs et villages des actes de nouvelle fondation en situation fasciste » Les transformations d’un modèle dans le temps et dans l’espace quelles dynamiques et quel rôle pour les nouvelles fondations » dans l’après-guerre ? Italie, Libye et Portugal Le sujet spécifique de cette journée d'étude est celui des nouvelles implantations que les régimes fascistes ont réalisé pour coloniser ex-nihilo des parties de leurs pays et des leurs colonies. Il s’agit aussi bien de villages que de bourgs que de véritables villes nouvelles, l’ensemble caractérisé par un acte de naissance unique et multiple une nouvelle fondation. Le caractère matériel de ces bourgs, et des mailles territoriales qu’ils organisent parfois, permet aujourd’hui une lecture patrimoniale des paysages culturels qui ont produit – ouverts et fermés, valorisés et cachés ou démolis. Les domaines géographiques de ce thème de recherche sont nombreux et découlent de l’expérience fasciste italienne, pour atteindre la péninsule ibérique. Cette journée d’étude vise le transfert vers les îles italiennes Sicile et Sardaigne, la Libye et le Portugal. Read announcement
Ilétait possible de réunir l'ensemble des citoyens (il fallait être nait d'au moins un père athénien & être inscrit sur des registres d'une circonscription (le deme) conditions de sang et de territoire). Au total c'était 30 000 à 50 000 citoyens. Population totale: avec femmes, enfants, étrangers. Les étrangers sont appelées les métèques en Grèce et les pérégrins à Rome. On a

Texte intégral 1Comment fabrique-t-on un territoire national dans les Balkans ? Même si elle ne fut alors pas formulée en ces termes, la question se posa pour la première fois de façon concrète au moment de l’indépendance grecque et de la délimitation de son territoire. Elle a sous-tendu plusieurs années de négociations entre les Grandes Puissances à partir de 1827 et occupé une place centrale dans l’œuvre d’organisation de l’État après sa reconnaissance internationale en 1832. 2Elle sera étudiée ici par le biais des lois qui, entre 1833 et 1837, procédèrent à la création des circonscriptions qui donnèrent au nouveau territoire sa forme et ses limites, et qui devaient contribuer à la définition de son identité, symbolisée par l’attribution généralisée de noms de lieux helléniques. Ces lois, qui avaient pour objet d’organiser et de classer les espaces, visaient en effet, dans ce nouveau cadre territorial, à institutionnaliser les rapports entre le centre et les sociétés locales, et à réguler les relations sociales sur la base desquelles devrait se fonder l’intégration nationale. 1 Cf. pour le cadre général de la fondation et l’organisation de l’État grec, J. Petropulos, Politics ... 3L’histoire de cette fondation, au-delà de la chronologie nationale grecque, s’inscrit dans le cours plus général de l’histoire de l’Europe, dans l’esprit encore sensible de la Sainte-Alliance et du raidissement des chancelleries provoqué par la révolution de juillet 1830 en France1. Cette organisation du nouvel État territorial fut ainsi menée au nom d’un roi mineur installé sur le trône par la Conférence de Londres Othon, roi de Grèce par la grâce de Dieu », dont le pouvoir n’était tempéré par aucune constitution ; un conseil de régence, composé de hauts fonctionnaires bavarois venus avec lui de Munich, préparait les lois et posait les cadres du royaume, alors qu’un conseil des ministres qui avaient rang de secrétaires d’État en assurait l’application et faisait figure de relais de la régence en Grèce ceux-ci étaient les hommes politiques grecs qui avaient mené la guerre d’indépendance. Les relations entre les différents réseaux exerçant le pouvoir, entre les représentants d’un passé révolutionnaire et un régime monarchique ont leur place dans l’étude d’une législation appelée à définir l’État et son territoire. 4Surtout, cette histoire de la fondation du territoire s’inscrit dans un temps plus long, celui de l’histoire du rapport entre les hommes et les lieux, celui d’une occupation du sol où les formes de l’économie, les coutumes, la vie quotidienne, les rapports sociaux et familiaux, les relations de pouvoir obéissaient encore à des modes de vie et des codes hérités du passé ottoman. 5Dès lors, une question se pose. Sur quel substrat, politique, social – et identitaire – édifier le territoire grec, reconnu par l’Europe occidentale en vertu de valeurs philhellènes, alors que, sa frontière tracée, il n’était encore qu’une simple parcelle prélevée sur le territoire ottoman et que, par bien des aspects de son organisation, il participait encore de l’espace ottoman ? Ainsi, l’ensemble des problèmes soulevés par l’organisation du territoire grec – centralisation mais préservation d’autonomies locales, monarchie de droit divin mais reconnaissance de certaines formes de vie démocratique, sédentarisation versus nomadisme, intervention massive sur les noms de lieux – peuvent-ils être étudiés comme la gestion problématique de l’héritage ottoman dans la construction d’un ordre nouveau, voire comme un conflit entre deux espaces concurrents, l’espace impérial ottoman et l’espace national hellène. 6Les archives du roi Othon conservées à Athènes aux Archives générales de l’État rendent un reflet, dense et complexe, de l’œuvre d’organisation de l’État dans son ensemble, menée dans la décennie 1830 par la régence bavaroise et le personnel grec. Au sein de ces archives, le fonds du ministère de l’Intérieur permet d’appréhender l’esprit dans lequel les lois relatives à l’organisation du territoire furent élaborées, ainsi que les conditions de leur application. Elles nous permettront ici d’en étudier la teneur et les étapes par une analyse en premier lieu du texte des lois relatives au découpage du royaume et des conditions de la définition de nouvelles limites, puis du nouveau classement hiérarchisé des espaces qui en était issu, et enfin du rôle joué par l’archéologie dans la dénomination d’un territoire dont on affirme ainsi l’ancrage dans l’histoire. Nouveau territoire et anciennes limites 2 Εφημεϱί η Κυβεϱνήε ου Βαιλείου η Ελλάδο/Regierungsblatt des Koenigreichs Griechenland [J ... 3 Cf. G. L. von Maurer, Das Griechische Volk in öffentlicher, kirchlicher und privatrechtlicher Bezie ... 4 G. L. von Maurer, op. cit. ; pour les travaux de la commission cf. Archives générales de l’État GA ... 5 Ibid., pièce 13, Rapport du secrétaire d’État à l’Intérieur au conseil des ministres, Nauplie, 1/13 ... 6 Νόμο Πεϱὶ υάε ν Δήμν/Gemeinde-Gesetz [Loi sur la formation des dèmes], Εφημεϱί η Κυβεϱ ... 7 G. L. von Maurer, op. cit, supra, n. 3, p. 97. 8 Cf. M. Dunan, Napoléon et l’Allemagne. Le système continental et les débuts du royaume de Bavière, ... 9 […] das Abelsche Organisationswesen, das alles französisch-bayerisch in Hellas machen will », Lou ... 10 Man hat […] den Vorwurf vernommen, dass der ganze Plan der Griechischen Landesverwaltung in der B ... 7L’ordonnance Sur le découpage du royaume et son administration du 3/15 avril 18332 fixa les fondements de l’organisation territoriale de l’État grec. Trois niveaux de division furent établis, les nomes, sièges des préfectures, les éparchies pour les sous-préfectures et les dèmes, qui constitueraient les nouvelles communes. Ces dernières, seulement mentionnées dans l’ordonnance d’avril, firent l’objet d’une loi séparée, élaborée dans le courant de 1833. Sa conception fut confiée à l’un des régents, Karl von Abel3 ; le texte fut soumis en septembre à l’avis d’une commission de quatre membres grecs nommés par le conseil de régence, trois ministres et un préfet4 ; les adaptations proposées furent en partie reprises par le conseil des ministres5 ; ce texte enfin fut promulgué par le roi et publié au Journal du gouvernement en janvier18346. La Régence, en particulier Abel et Georg Ludwig von Maurer qui, en charge de la Justice, des Affaires religieuses et de l’Éducation, fut lui aussi impliqué dans la définition des circonscriptions7, organisa ce découpage en référence directe à celui de la Bavière ; or celui-ci avait été conçu, on le sait, sur le modèle français, lors de la réorganisation centralisée de l’État après l’érection de la Bavière en royaume par Napoléon en 18058. La dénomination grecque des nomes, éparchies et dèmes n’était en fait que la traduction d’une désignation originale en allemand qui figura elle aussi dans l’édition, bilingue, du Journal du gouvernement Kreise, Bezirke, Gemeinde, l’exacte réplique des noms des circonscriptions bavaroises. L’importation du modèle, sans adaptation apparente, fut à l’époque relevée par tous. Le roi de Bavière lui-même, lorsqu’il rappela en 1834 Abel et Maurer en raison de discordes surgies au sein du conseil de régence, reprocha depuis Munich le caractère de l’organisation d’Abel, qui v[oulait] tout rendre franco-bavarois dans l’Hellade9 ». Quant à Maurer, il ne mit pas en doute cette filiation directe ; dans les mémoires qu’il rédigea dès son retour en Bavière, il nota ainsi On a […] reçu le reproche selon lequel le plan d’administration territoriale grecque dans son ensemble avait eu avec le découpage départemental bavarois […] un modèle très inadapté, comme si bavarois et mauvais étaient synonymes10 ! » 8Pour autant, le découpage proposé était loin d’être une complète nouveauté. Le cadre administratif défini par la régence remployait certaines divisions plus anciennes ainsi que leur dénomination, conforté ainsi par la familiarité qu’elles pouvaient susciter parmi les administrés. L’éparchie notamment, terme emprunté au vocabulaire administratif byzantin mais appliqué à une circonscription plus restreinte, était apparue à l’époque de la révolution grecque comme l’unité territoriale de base, celle-là même qui servit à définir l’État grec dans sa Constitution 11 Constitution provisoire de la Grèce votée par la troisième Assemblée nationale de Trézène, le 1er m ... L’État grec est un et est composé d’ éparchies de la Grèce toutes celles qui ont pris et qui prendront les armes contre la domination ottomane11 » 12 Cf. Th. Théodorou, Η Ελληνιϰή οπιϰή αυοδιοίϰηη [L’auto-administration locale grecque] 1995, et ... 9L’unité que représentait l’éparchie était ainsi, sans doute, celle qui sous-tendait les représentations du territoire avant la période othonienne. Indépendamment du nom qu’on lui donnait, elle correspondait, par sa taille comme par des limites relativement stables, aux divisions qu’avaient connues aux époques antérieures les régions qui constituèrent le nouvel État, notamment le Péloponnèse, premier territoire libéré et lieu d’élaboration des constitutions provisoires de la Grèce. Elle succédait en effet, souvent sans le transformer, au kaza de l’époque ottomane et, au-delà, au territorio des époques vénitiennes12. 13 Sur ces différents projets, cf. le recueil de sources de M. Chouliarakis, Γεγϱαφιϰή, διοιϰηιϰή ϰα ... 10Le nome en revanche, s’il pouvait être rapproché du sandjak ottoman en Grèce centrale, ne correspondait dans bien des régions à aucune circonscription ancienne, comme dans le Péloponnèse qui avait constitué, à l’exception du Magne, un gouvernement unique sans autre subdivision que celle des kaza. Il reprenait néanmoins les schémas d’organisation élaborés à la fin de la période révolutionnaire et sous le gouvernement de Jean Capodistria, entre 1827 et 1831, qui prévoyaient, dans un but nouveau de centralisation des pouvoirs, de regrouper les éparchies dans des provinces nommées, dans la constitution de Trézène en 1827, thèmes θέμαα, du nom des anciennes divisions byzantines, puis départements μήμαα dans le projet mis au point par Capodistria en 182813. 14 Sur l’incorporation implicite des anciennes municipalités dans le nouveau cadre communal cf. E. Ski ... 15 Rapport de la commission…, op. cit. supra, n. 4. 16 Ce terme est employé couramment par le secrétaire d’État à l’Intérieur. 17 Loi sur la formation des dèmes, op. cit. supra, n. 6, art. 4. 18 Ibid., art. 4, 6 et 7. 11C’est au niveau des communes cependant que la monarchie se montra le plus novatrice, tout en ménageant les formes plus anciennes de vie communale. Dans l’Empire ottoman, des municipalités ϰοινηε avaient existé dans certains villages, bourgs et villes. La Loi sur la formation des dèmes n’ordonna pas leur abolition et les engloba de fait dans de nouvelles communes plus vastes14, qui devaient constituer quant à elles une division radicalement nouvelle, car étendue à l’ensemble du territoire et non plus limitée aux seuls centres urbains. Notons ici l’habileté du législateur, qui ménagea ainsi, au moins formellement, l’ancien cadre de l’auto-administration villageoise issue de l’époque ottomane auquel tenaient tant d’intérêts particuliers. La commission qui examina le projet en vint même à conclure que les transformations prévues passeraient de la sorte pour pure théorie15 ». La loi sur les dèmes prévoyait la création, présentée comme ex nihilo, de circonscriptions dont le calibre serait celui du canton. Ce calibre correspondait en fait plus ou moins à celui du nahije ottoman, la subdivision du kaza. Les sources du ministère ne s’y réfèrent pas, mais l’étude de la pérennité de limites de nahiye dans le nouveau cadre municipal reste à faire. La loi municipale stipulait qu’un dème pourrait être formé à partir d’un groupement d’au moins trois cents habitants ; or, la situation démographique de la Grèce après dix ans de guerre et de guerre civile, la faiblesse et la dispersion de sa population rendaient bien rares les villages de plus de trois cents habitants. Ainsi, à côté de dèmes naturels16 » formés des bourgs et des villes déjà existants, les villages plus petits, les maisons isolées, les moulins et les autres habitations devr[aie]nt s’unir ou bien entre eux ou bien à un plus grand village pour former une commune [… ]17 ». Cette constitution des dèmes par agglomération de villages et hameaux devait donner naissance, d’après la loi, à trois classes de communes, en fonction de leur population la première pour les communes d’au moins dix mille habitants, la deuxième pour celles d’au moins deux mille et la troisième pour celles de moins de deux mille18. 12Ainsi, indépendamment de la conservation de formes d’organisation territoriales anciennes, toute la nouveauté, tout l’enjeu de la loi sur les dèmes résida dans les combinaisons qui pourraient être faites par la délimitation de ces nouvelles communes. À l’État et ses représentants il revint de proposer ces assemblages et ces limites, aux populations locales, consultées au sein de ce nouveau cadre, de réagir par la suite et d’éventuellement réclamer des ajustements. Le ministère de l’Intérieur et ses préfets avaient l’avantage de l’initiative. La loi leur permettait de tenter d’imprimer dans l’espace les choix de la monarchie, au sortir d’une période de troubles, de rééquilibrer en fonction de ses propres critères les rapports de force entre les différents partis, les différents groupes sociaux, entre les populations locales et le centre. La conception de toutes pièces de circonscriptions de classes différentes donnait en effet l’occasion de fonder un territoire nouveau, d’emblée organisé et hiérarchisé hiérarchie urbaine, mais aussi, en fonction des valeurs qui étaient celles des acteurs gouvernementaux, hiérarchie des activités, des modes de vie, des paysages, en un mot, nouvelle hiérarchie des espaces. Nouvelle hiérarchie des espaces 13Les archives du secrétariat d’État à l’Intérieur offrent un reflet relativement étendu de la mise en œuvre de la loi communale. La position névralgique du secrétaire d’État Colettis pendant toute la période, chef de file du parti français, qui soutenait Abel et Maurer n’occulte pas dans ces sources ce qui revient aux autres acteurs, Régence en amont, nomarques, éparques et leurs services en aval. 19 GAK, OA, MI, dossier 6, pièce 136, Instructions pour la formation des communes, [titre en français, ... 20 GAK, OA, MI, dossier 99, pièce 23, Circulaire aux nomarques, 20 mars 1834. 14Les principes qui devaient présider à la formation des communes furent explicités dans les textes qui accompagnèrent la loi pour en régler l’application Instructions pour la formation des communes d’une part, composées en allemand par la Régence à destination du secrétaire d’État à l’Intérieur19 ; Circulaire aux nomarques20 d’autre part rédigée par ce dernier en fonction des Instructions, qui fixait les compétences des nomarques et des éparques pour la délimitation des dèmes. 15Les instructions de la Régence annonçaient d’emblée que le découpage du royaume devrait avoir comme fonction première l’organisation rationnelle de son gouvernement 21 Der Zweck dieser Gebiets-Eintheilung ist die organische Ausbildung des Staatskörpers und seiner T ... Le but de ce découpage régional est la formation organique du corps de l’État et de ses parties, et l’établissement d’une simple et facile administration de l’État, qui, depuis un point central commun, a pour mission de faire appliquer les lois […] dans les nomarchies par les autorités départementales, dans les éparchies par les autorités d’arrondissement et dans les communes par les autorités municipales21. » 22 Notons que le terme nation », régulièrement employé par le ministre – grec – de l’Intérieur, n’es ... 23 Loi sur la formation des dèmes, op. cit. supra, n. 6, notamment IIIe partie, art. 15 à 17, Des ... 24 In der Gemeinde enden demnach, als in dem aussersten Gliede, sämtliche Zweige der Staatsverwaltun ... 25 Fehlt unter diesen Bewohner das Band gleichartiger Interessen, und werden dieselben nicht durch g ... 16On voit ici la classique expression des exigences d’un État centralisé, qui nécessairement tend à tisser des liens directs et quotidiens avec chaque partie de son territoire. Cependant, la relation que l’on peut discerner dans ce texte entre le centre et le local, voire entre l’État et les individus offre un certain intérêt ; un compromis est recherché entre l’unité de l’État, dépeint dans son ensemble sous la forme, familière à la tradition monarchique, du corps et de ses différentes parties22, et la particularité de l’échelon communal. Au contraire des départements et des arrondissements, la commune devait en effet être dotée d’une relative autonomie23 ; ainsi fut-elle désignée dans la suite du texte non seulement comme le membre extrême » auquel aboutit l’ensemble des ramifications de l’administration de l’État », mais aussi comme un corps constitué en soi »24. La constitution de ce corps autonome mais articulé à celui de l’État apparaissait essentielle au nouvel édifice. L’existence de liens entre les habitants des communes, leur volonté de vivre ensemble dans ce cadre étaient, en dernière analyse, la condition de leur intégration collective à l’État qui se constituait Si, avertissait le législateur, il manque entre [les] habitants [des communes] le lien que suscitent des intérêts similaires, les relations d’habitudes ou les liens naturels, alors l’administration publique est privée de son fondement principal [...]25 ». 26 Ozouf-Marignier, Centralisation et lien social le débat de la première moitié du xixe siè ... 27 Gemeinde-Corporation », terme employé dans la loi sur la formation des dèmes, art. 49. Sur cet as ... 17C’était donc un projet politique et social global que la loi sur les dèmes portait ; on assiste ici, avec cette tentative de compromis entre centralisation et autonomie locale, à cette rencontre d’enjeux spatiaux et d’enjeux sociaux » que Marie-Vic Ozouf relève et illustre à propos du débat sur la centralisation en France dans la première moitié du xixe siècle26 ; si l’un des enjeux spécifiques pour la France était la création d’un esprit départemental, suscité par l’identité des pratiques au sein d’un même espace, la tentative de créer, en Grèce, un esprit communal était formulée dans des termes proches et avait pour même but ultime l’adhésion au cadre national par l’appartenance au local ; la différence de gabarit est sans doute significative de la politique de la monarchie en Grèce, cantonnement des élites issues des élections locales à l’échelon le plus modeste et, surtout, substitution de la corporation communale27 » à l’individu pour l’intégration des habitants » à l’État. 28 nicht blos die gegenwartige Bevölkerung eines bestimmtes Flächenraumes, sondern auch dessen Fähic ... 18Pour mettre en œuvre ce projet, la régence introduisit un principe jusque-là seulement implicite les agents de la délimitation des communes n’avaient à considérer que comme provisoire » la répartition qu’avait alors le peuplement, car elle portait la marque des souffrances que le peuple grec avait endurées » ; cette répartition devrait peu à peu disparaître », avec la protection de la providence divine » et sous la direction paternelle d’un roi empli de l’infatigable souci de son bonheur ». Les instructions recommandaient donc que la délimitation des communes fût décidée moins en fonction d’un peuplement hérité du passé » qu’en fonction de la capacité de leur territoire à nourrir un nombre déterminé de population, et des possibilités que sa position naturelle d[evrait] offrir au développement de trafics et de communications fréquentes28 ». Une nouvelle occupation de l’espace pourrait ainsi être opérée par la simple démarcation des limites communales. 19Colettis s’en fit l’interprète en posant un maître mot, la concentration 29 Circulaire aux nomarques, op. cit. supra, n. 20. Augmenter le bien-être des habitants par la concentration de leurs facultés physiques et intellectuelles et par l’établissement de diverses institutions qui éclairent l’esprit ou qui rendent la vie plus aisée, au lieu que l’insociabilité [sic] mène l’homme à cet état sauvage qui l’abrutit sans l’humaniser29. » 30 Cf. entre autres occurrences Rapport de la commission…, op. cit. supra, n. 4, GAK, OA, MI, dossie ... 20Dans la pratique, ces principes se traduisirent par la fixation, le plus systématiquement possible, des chefs-lieux des communes dans les plaines ou les fonds de vallée ; l’affirmation de la supériorité de la plaine, berceau de la civilisation », sur la montagne, stérile » voire malsaine » est une constante des textes émanant du gouvernement30. 31 Sur la politique de fixation des populations semi-nomades à l’occasion de l’établissement des commu ... 21L’objectif de cette volonté de réorganisation spatiale était triple remédier à la dispersion des populations en montagne, associée à l’état sauvage », au nomadisme, au brigandage31 ; promouvoir l’agriculture qui, en permettant de nourrir les habitants », devait devenir le fondement de l’économie grecque ; enfin encourager un commerce local rendu possible par l’établissement des chefs-lieux dans ces sites où trafics et communications étaient aptes à se développer. 32 Rapport sur la formation des communes d’Arcadie, op. cit. supra, n. 30. 22Classer les activités et les hommes, classer les espaces qui étaient les leurs le mémoire sur la formation des dèmes d’Arcadie laisse penser que ces principes furent appliqués à la lettre. Colettis y expose ainsi que le nomos d’Arcadie, sans compter les pâtres, contient deux classes d’hommes, celle des laboureurs et des ouvriers et celle des négociants et entrepreneurs » ; et l’auteur, sans plus se soucier de pâtres ni d’élevage, de décrire d’actives relations d’échange entre les produits de l’agriculture et du petit artisanat urbain dans toute l’étendue du département, chaque bourg servant de centre au petit commerce intérieur32 ». 33 Fr. Thiersch, De l’état actuel de la Grèce et des moyens d’arriver à sa restauration 1833, 2 vol. ... 23Ce choix économique, le choix de société, la définition nationale qu’il impliquait venaient en outre d’être clairement formulés par celui qui était tenu comme l’une des sources d’information les plus sûres sur la Grèce, Friedrich Thiersch. Conseiller aulique, professeur à l’université de Munich, il avait été dépêché en Grèce en 1830 par Louis Ier de Bavière lorsque son fils Othon avait été pressenti par la Conférence de Londres pour devenir le premier souverain de Grèce. Il publia en 1833 un livre adressé à tous ceux que les destinées du nouvel État pourraient intéresser, en particulier ses gouvernants De l’état actuel de la Grèce et des moyens d’arriver à sa restauration33. Or à propos de la population du Péloponnèse, il note l’existence d’une classe de petits marchands et artisans disséminée dans les campagnes et concentrée dans les villes » qui débitent des petites marchandises dont les dépôts sont dans les villes maritimes, entr’autres à Nauplie, à Patras, à Calamata et dont les ramifications s’étendent dans tout l’intérieur » ; et c’est exactement sur ce type d’activité fondée comme on le voit sur de petits trafics propres à créer des ramifications sur tout le territoire, liée à l’agriculture, qu’il propose sans ambiguïté de miser 34 Ibid., vol. 1, p. 224. Tenant au plus près à la classe des paysans, ces hommes en partagent les bonnes qualités et forment avec les cultivateurs ce qu’on peut appeler le peuple grec, dans le sens restreint du mot peuple, considéré à juste titre comme bon, probe, actif, intelligent, sobre, et l’un des meilleurs qui existe34. » 24L’important ici comme dans le rapport sur l’Arcadie est la mention de la petitesse des marchandises, de la modestie des échanges, et en même temps leur extension à l’ensemble d’un territoire qu’ils sont aptes à structurer de proche en proche. 25L’exemple de la création du dème de Sparte et de son marché d’éparchie est emblématique des conceptions sur lesquelles cette œuvre municipale repose 35 GAK, OA, MI, dossier 122, pièce 72, Sur la formation et la délimitation des éparchies et des commun ... La première commune [de Laconie] est celle de Sparte. On lui a donné une population de 3 493 habitants tant pour faciliter la fondation de la ville de Sparte que pour donner quelque importance à une commune qui sera le chef-lieu du nomos35. » 36 Ibid. Cf. aussi E. Skiadas, op. cit. supra, n. 14, p. 373. 37 GAK, OA, MI, dossier 48, pièces 1 à 20 mai-août 1837. 26Or, Sparte n’existait pas avant la publication au Journal du Gouvernement de la fondation du nouveau dème. La population annoncée résultait de la réunion dans les limites communales de quarante et un hameaux et villages autour du chef-lieu36. Et celui-ci, le site de l’ancienne Sparte au lieu-dit Magoula dans la vallée de l’Eurotas, était strictement inhabité. Certains villages en revanche comptaient plusieurs centaines d’habitants, derrière le bourg de Mistra qui regroupait, lui, huit cents âmes. Mistra faisait jusqu’alors figure de centre régional, siège d’un marché hebdomadaire, mais situé en altitude sur les flancs du Taygète. L’établissement du marché de Sparte, fixé par ordonnance royale, devait permettre non seulement d’assurer le développement du chef-lieu, mais aussi de rassembler dans la plaine au détriment de Mistra ces populations d’agriculteurs dont les textes officiels font mention, qui ne pouvaient pas plus d’une fois par semaine se détourner de leur activité et n’étaient donc pas en mesure de fréquenter les deux villes37. 38 Cf. I. Burckhardt, Das Verhältnis von Wirtschaft und Verwaltung in Bayern während der Anfänge der I ... 39 Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonienne 1989 ... 40 I. Burckhardt, op. cit. supra, n. 38, p. 73. 27Le choix d’un développement fondé sur l’agriculture de la part des régents bavarois, issus d’un État essentiellement agraire qui fondait son développement industriel sur la transformation des produits agricoles38, n’a rien de surprenant. Il rejoint en outre des conceptions communément répandues chez les philhellènes, qui s’appuyaient généralement sur des sources françaises comme Pouqueville. Marie-Noëlle Bourguet a montré la proximité des conceptions de l’administration territoriale française avec celle des États allemands39 ; or, les rapports de consuls comme Pouqueville, envoyés dans la péninsule Balkanique par Napoléon, se conformaient en fait à des instructions proches de celles des préfets français et montraient des conceptions convergentes avec celles de la tradition caméraliste allemande, qui marquait encore fortement la monarchie bavaroise à la veille de son adhésion au Zollverein en 183440. Et, de fait, cette tradition laissait tout autant sa marque dans la législation d’une monarchie othonienne qui tentait d’organiser, dans leur globalité, vie et bien-être des habitants. 41 Sur la pensée de Lip et Rau et leur rayonnement en Allemagne du Sud, ibid., p. 43-50. 28Les conceptions de l’économie politique qui avaient cours en Bavière au début des années 1830, exprimées par les économistes Alexander Lip et son disciple Karl Heinrich Rau, correspondent en outre de façon directe avec la représentation d’un territoire national structuré par les échanges commerciaux à faible rayon. Le commerce selon eux devait conserver sa vraie nature, l’échange » ; il pouvait être garant, s’il était exercé à une échelle modérée et accessible à tous, de la paix sociale, par l’apport d’un bien-être matériel partagé. Il s’agissait donc avant tout de créer un marché intérieur unissant l’ensemble des individus de la nation, sans particulièrement favoriser sa bourgeoisie41. La volonté de susciter le commerce intérieur mais dans un cadre spatial bien délimité et contrôlé, le dème et l’éparchie, participe à l’évidence de telles conceptions. 42 Cf. pour le problème général des relations économiques entre État grec et diaspora, G. Dertilis, Ba ... 29Ces choix, résolument continentaux, étaient on le voit essentiellement tournés vers l’appropriation du territoire national restreint qui était issu de la délimitation de 1832 ; ils comptaient peu sur un développement maritime, international, capable d’intégrer la force commerciale et économique de la diaspora grecque dans son ensemble, dont la grande bourgeoisie agissait depuis Constantinople et les échelles de la Méditerranée42. Les fondements politiques et idéologiques de cette législation encore fortement marquée par la tradition monarchique sont aussi confirmés, en creux, par les réserves du journaliste philhellène anglais George Finlay, à propos de Ludwig von Maurer 43 Mr de Maurer seemed a man of talent in his department […], he had been Professor of Law in the Un ... M. de Maurer semblait être un homme de talent dans son département […], il a été professeur de droit à l’Université de Munich. Et pourtant je me pris à penser qu’il ne paraissait pas aussi profond dans la science de l’économie politique, et qu’il était plus certainement disposé à poursuivre ce système de législation qui jette des barrières sur le chemin du progrès social dans les monarchies européennes que celui qui a rendu l’Amérique et la Nouvelle Hollande capables de progresser comme elles l’ont fait43. » 44 Cf. J. Petropulos, op. cit. supra, n. 1, p. 494-514. 30La régence en outre trouva, dans la collaboration de Colettis et le soutien du parti français, une volonté d’ouverture exclusive sur l’Europe occidentale, menée à l’encontre de la mouvance constantinopolitaine autour d’Alexandre Mavrocordatos et des proches du parti anglais44. Les intérêts propres à la vie politique grecque rejoignaient ainsi les fondements de l’action de la régence bavaroise. 45 Cf. Bourguet, op. cit. supra, n. 39, p. 309-313. 31La publication officielle des nouvelles circonscriptions est elle aussi représentative de cette volonté de forte territorialisation d’une société en cours de reclassement et de son intégration à travers le cadre local. Le compte rendu de leur création, présenté par département, était adressé au roi par le ministre de l’Intérieur, qui faisait la synthèse des rapports des éparques et des nomarques, expliquait leurs choix et présentait, sous forme d’un récit, la statistique collectée au cours des opérations de délimitation description des populations, de leurs activités, de leur caractère, recensement des ressources de chaque nome, éparchie par éparchie. La dernière partie du mémoire, une liste des éparchies et des communes accompagnée du nombre des habitants de chaque village et de chaque circonscription, était par la suite publiée au Journal du Gouvernement. La population, très mal connue jusque-là, était ainsi révélée à travers le cadre administratif nouveau et la classification qui en était issue. Pour la forme, on se trouve à mi-chemin entre les enquêtes statistiques départementales menées en France à l’époque napoléonienne, dont la méthode sous-tendait encore l’investigation de la Grèce lors de l’expédition de Morée, et une forme chiffrée, organisée en tableaux identiques et assemblables à la fin de l’enquête, qui se généralisa à la même époque45. En fait cette œuvre, menée par l’autorité monarchique, bien que visant à inscrire les populations dans un cadre local et régional, se prêtait peu au risque du morcellement de l’image du territoire national. L’affirmation de son unité, celle de son inscription dans l’histoire aussi occupaient un aspect majeur de l’organisation du nouveau territoire son hellénisation » officielle, menée conjointement par les représentants de l’État et les archéologues. Archéologie et dénomination hellénique » 46 C’est le terme employé par la loi sur les dèmes et un chapitre ainsi intitulé figure dans chaque ra ... 47 Circulaire aux nomarques, op. cit. supra, n. 20. 32La dénomination hellénique46 » tint en effet une place essentielle dans l’organisation du territoire grec. À cet effet des archéologues furent associés aux équipes des éparques, au même titre que les géomètres chargés de tracer la délimitation des circonscriptions47, et les comptes rendus de leurs travaux occupent une large proportion des rapports du ministère relatifs à la formation des dèmes. 48 Cf. N. Oulebsir, La définition du paysage architectural dans les expéditions scientifiques de Mor ... 33L’archéologie au service de la construction du territoire avait pour première fonction de permettre l’identification des sites des villes antiques et de leur rendre vie en plaçant sur ces sites les centres des nouveaux dèmes. De ce point de vue, il faut rapprocher cette utilisation de l’archéologie par l’État du rôle que se donnèrent les archéologues français de l’expédition d’Algérie en 1840 qui repéraient, dans un contexte de conquête et dans la perspective de l’administration ultérieure du territoire, les établissements » et les moyens de colonisation employés avec tant de succès par les Romains48 ». 49 Cf. E. Gran-Aymerich, Naissance de l’archéologie moderne, 1798-1945 1998, p. 108-137. 50 Lucarelli, Les modes de prospection des architectes et des archéologues de l’expédition de ... 51 Cf. le rôle prépondérant de l’éparque de Calidromi Karpénissi, in GAK, OA, MI, dossier 122, pièce ... 34L’archéologie comme science en était alors à ses balbutiements, mais elle avait permis pendant l’expédition de Morée de mettre au jour et d’identifier des monuments antiques49 ; la comparaison des méthodes des archéologues grecs avec ceux de l’expédition française est difficile à mener, car les sources consultées permettent peu d’affiner le profil des archéologues » affectés au service des éparques. En fait, l’essentiel de leur travail semble avoir résidé dans la compilation des sources anciennes écrites et la recension de toutes les villes qui y étaient mentionnées ; puis leur localisation revenait généralement à les identifier à des villages existants. On utilisait pour cela les indications géographiques fournies éventuellement par les textes anciens, parfois la comparaison avec les toponymes modernes et, sur le terrain, le repérage de ruines. Les fouilles parfois mentionnées ne comportaient apparemment aucune analyse du matériau découvert. Elles semblent donc se situer en deçà des entreprises de l’expédition de Morée, qui avaient tenté une interprétation des monuments et leur reconstitution sur le papier50 l’objet unique des fouilles menées sous l’égide du gouvernement était d’apporter la preuve que le lieu sélectionné avait bien été le site d’un établissement antique, quel qu’il fût. La dernière étape de ce travail mené dans l’urgence, l’attribution des noms anciens aux communes nouvellement créées, semble avoir été menée de conserve avec l’éparque, qui décidait en dernier lieu de l’utilisation de tel ou tel nom antique pour la dénomination des nouveaux dèmes51. 52 Sur la formation des communes du Nomos de la Laconie, op. cit. supra, n. 35. 35Ainsi, le résultat le plus immédiatement visible de ces recherches archéologiques » fut, dans l’espace d’une année, entre 1834 et 1835, une hellénisation généralisée des noms de lieu. Celle-ci résulta du remplacement des noms des villes par celui des villes antiques les plus proches Karvassara devint Amphilochie, Salonne devint Amphissa, Zeitoun fut rebaptisée Lamia, Navarin, Pylos, Tripolitza, Tripoli, etc. Mais surtout, indépendamment de la modification de noms existants, la création, avec les dèmes, de circonscriptions nouvelles permit par l’attribution de noms à chacune d’elle de couvrir le territoire de noms d’origine grecque ancienne sans pour autant transformer les toponymes des hameaux et villages, auxquels les populations locales étaient attachées et que le ministère se réserva de modifier en d’autres temps52. Colettis rendit compte de cette hellénisation générale comme une forme d’achèvement de la construction du territoire 53 Ibid. Sire ! Le chaos existant dans l’intérieur du pays fera bientôt place à un système riche en résultats heureux. La statistique du pays a été recueillie ; les recherches archéologiques ont purgé presque tout le royaume des noms turco-vénitiens et albanais53. » 36La statistique, image de l’État dans sa nouvelle configuration, tout à la fois classait selon ses critères propres et renommait la fabrication du territoire semblait ainsi devoir nécessairement reposer sur l’invention d’un espace hellène, enfoui sous le chaos » associé à une occupation réputée étrangère et assimilée à l’autre par excellence, le Turc. La restauration de l’espace hellène, son individualisation par rapport à l’espace ottoman qui l’incluait reposaient donc sur la sélection et l’exclusion. La démarche découlait avant tout de la représentation philhellène de l’espace ottoman par l’Occident ; une remarque de Thiersch permet d’en préciser le fondement idéologique 54 Fr. Thiersch, op. cit. supra, n. 33, vol. 1, p. 217 sq. Depuis les temps héroïques jusqu’à la Révolution française, chaque nation y a laissé ses impressions, et chaque siècle ses mœurs ; le moyen-âge et les âges modernes y existent ensemble avec les mœurs de l’antiquité hellénique et avec les institutions byzantines, parce que les conquérants s’y sont succédés sans altérer le fond de la société, et aucune catastrophe, à la fois morale et politique, n’y a agi assez puissamment pour refondre les œuvres caduques des âges antérieurs et les faire cadrer avec de nouveaux besoins et de nouvelles lois54. » 55 Cf. l’analyse de textes en tous points semblables à celui-ci par D. Nicolaïdis, in D’une Grèce à l’ ... 37La représentation de l’espace ottoman exprimée ici est classique participant de l’immuable Orient, conservatoire de tous les âges parce qu’exclu du cours de l’histoire55 ; l’édification du territoire grec apparut de fait comme un choix opéré parmi ces reliquats des siècles, la sélection de ce qui était l’espace hellène parmi les œuvres caduques des âges antérieurs qui l’avaient recouvert sans le détruire. 38Dès lors, une fois la sélection opérée par le repérage des sites, la seconde fonction de l’archéologie était d’attester la coïncidence entre le nouveau territoire et l’espace hellène. Elle avait pour rôle majeur de conforter l’État dans ses choix, de confirmer leur validité. 39Deux exemples nous sont fournis par le rapport sur la formation des dèmes de Laconie. Colettis invoque la confirmation que Pausanias et la fouille archéologique purent apporter à la nouvelle délimitation des départements de Laconie et d’Arcadie 56 Sur la formation des communes du Nomos de la Laconie, op. cit. supra, n. 35. Pausanias rapporte que les Arcadiens se querellaient anciennement avec les Lacédémoniens sur la possession de Vélémina, et que c’était une ville de frontière appartenant aux Lacédémoniens ; ensuite il parle avec beaucoup d’admiration de ses temples et de ses qui est curieux c’est que le Ministère a donné la même limite à la Laconie du côté de l’Arcadie ; il a découvert même les ruines de Vélémina qui se trouve[nt] dans un endroit nommé Sainte Hérène. Un grand nombre de colonnes s’y trouvaient enfouies56. » 40Le travail des archéologues intervient dans ce cas a posteriori, comme pour inventer, à son tour, le nouveau territoire ; le constat de la coïncidence entre les limites décidées par le ministère et celles de l’Antiquité place les choix de celui-ci dans la continuité et dans la même logique que celle des Anciens ; l’ensemble de son œuvre en est donc implicitement validée. Mais, au-delà de cette continuité trouvée aux œuvres humaines, c’est par le sol lui-même qu’est révélée, non plus seulement la ville antique, mais aussi la fondation moderne à propos de la création du dème de Sparte, Colettis conclut son exposé par la constatation suivante 57 Ibid. Le meilleur vin de Lacédémone était recueilli anciennement dans son enceinte, et à sept stades de Sparte ; au dire du poète Alimon, il exhalait une odeur aussi douce que celle des fleurs. À sept stades de Sparte aujourd’hui le même endroit produit encore le meilleur vin de ce Nomos57. » 41On comprend bien ici qu’un espace hellène a survécu à la disparition de l’enceinte de l’ancienne Lacédémone, immanent, contenu dans les activités humaines, dans les produits du sol, le goût, les odeurs. Ici, sous les yeux du lecteur, se produit enfin à nouveau la fusion entre l’espace et le territoire, attendue depuis des siècles, quand le meilleur vin de Sparte, celui que chantait un poète ancien, devient le meilleur vin du département. 42Enfin, l’archéologie, révélateur de l’espace hellène, témoin de la réalité du territoire grec, n’était pas, comme le rappela Colettis aux nomarques, sans un but politique et moral » resusciter l’Antiquité […] lier le présent de la Grèce avec son glorieux passé, faire naître l’émulation chez nous par des réminiscences anciennes ». L’œuvre d’hellénisation du territoire devait avoir vertu pédagogique, façonner l’imaginaire collectif, obtenir l’adhésion et la participation de tous à la vie du pays, dans le cadre institutionnel et territorial désormais défini. Or ce cadre, qui prévoyait l’intégration collective des individus au niveau le plus local, trouva son unité dans la référence à l’Antiquité la Grèce ancienne du discours officiel apparaît en effet comme une entité sans profondeur, strictement uniforme. Tous les témoignages anciens sont indifféremment invoqués, Strabon et Pausanias, Homère, Virgile, Pline, Ptolémée, sans distinction chronologique ni de culture ; ils semblent participer d’une source unique, et être le reflet d’une seule et même géographie. 58 Chr. Koulouri, Dimensions idéologiques de l’historicité en Grèce 1834-1914. Les manuels scolaires ... 43Certes, les rapports de Colettis dont on analyse ici les présupposés n’étaient pas destinés à la publication et ils restèrent serrés dans les archives du gouvernement othonien. Mais ce discours émanait de celui qui sut, mieux que tout autre dans la Grèce d’Othon, galvaniser les ardeurs nationales ; il fut largement relayé et diffusé en Grèce par l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Christina Koulouri dans son étude des programmes et manuels scolaires grecs rappelle en effet que tous ces ouvrages s’appuyaient sur l’activité normative du pouvoir central » et note qu’à partir de 1834 ils traitèrent pour la plupart en parallèle la Grèce ancienne et la Grèce moderne, insistant notamment sur la correspondance des noms de lieux anciens et modernes58. 59 Rapport sur la formation des dèmes d’Arcadie, op. cit. supra, n. 30. 60 Rapport sur la formation des dèmes de Laconie, op. cit. supra, n. 35. 44Enfin, la pédagogie qui ressortissait à l’organisation territoriale grecque trouva une manière d’achèvement dans les exceptions mêmes qui furent faites à l’hellénisation des noms de lieux. Il arriva que le ministère rétablît un nom que l’éparque avait remplacé, comme Valtetsi ou Doliana, lieux de bataille où quelques centaines de Grecs avaient écrasé des milliers de Turcs59. La réhabilitation de ces noms devenus historiques dans la guerre d’indépendance » contribuait ainsi à la réintégration de l’espace grec dans l’Histoire et par là même donnait la preuve de la renaissance politique du territoire. Un exemple extrême en fut fourni par le maintien du nom du lieu-dit Polyaravon, littéralement ville peuplée de beaucoup d’Arabes », en raison du fait qu’il avait été le théâtre du massacre de beaucoup d’Arabes – les Égyptiens d’Ibrahim Pacha60. Le conflit entre deux espaces confondus était alors définitivement résolu par l’exclusion de celui qui portait les valeurs de l’Orient et de l’Empire ottoman, exclusion officiellement inscrite dans le territoire par la réinterprétation d’un toponyme. 45Et sans doute est-ce sur cette pédagogie à l’usage de la nation qu’il faut conclure. La circulaire aux nomarques de Colettis s’achève en effet sur l’exhortation suivante 61 Circulaire aux nomarques, op. cit. supra, n. 20. Messieurs ! Un nouvel ordre des choses doit succéder à l’ancien. La régénération de la Grèce était de tout temps la grande affaire qui nous occupait ; pour elle tant de malheurs ; pour elle tant de sacrifices. La loi communale est appelée à la réalisation de cette grande idée ; il faut que la nation s’empresse à concourir à ce grand œuvre la Loi Communale l’y invite. Il faut qu’un esprit social naisse chez nous ; la Loi Communale formera les premiers liens de notre sociabilité. Il faut qu’il se développe un patriotisme local, fécond en améliorations de toute espèce ; la Loi communale donnera cette impulsion salutaire, et fera prendre à la Grèce une attitude plus convenable, et plus digne de son roi et de ses sacrifices récents, et de sa gloire ancienne61. » 62 K. Kostis, The Formation of the State in Greece, 1830-1914 », in M. Dogo, G. Franzinetti éds, D ... 46Ainsi, le cadre municipal devait-il permettre l’apprentissage de la vie commune sur de nouvelles bases, compatibles avec les exigences monarchiques l’ordre social était assuré, tout en permettant, reléguées au niveau le plus local, certaines formes de vie citoyenne qui devaient aboutir à l’adhésion à la nation, conçue comme la fidélité au roi. On ne peut sur ce point que rejoindre les analyses de Kostas Kostis, qui révoque la pertinence de l’affirmation, couramment faite, d’un échec de l’organisation d’un État moderne en Grèce sous Othon, et ce en raison d’une absence de volonté de la monarchie dans ce sens ; il conclut en revanche à une parfaite réussite des objectifs qu’elle s’était fixés, notamment la création d’un appareil d’État qui, avec des moyens très limités, réussit à intégrer les élites politiques locales et les populations paysannes […] et à s’imposer comme la seule source de légitimité de la vie politique62 ». 63 Cf., sur la formulation de la Grande Idée, E. Skopetea, ο Πϱυπο Βαίλειο » ϰαι η Μεγάλη Ιδέα. ... 64 F. Hartog, Faire le voyage d’Athènes J. et sa réception française », cité par ... 47Cet apprentissage par le local avait donc pour but ultime la régénération de la Grèce » dans son ensemble, le grand œuvre » de la nation », qui assimilait habilement la personne royale à la gloire ancienne de la Grèce c’est ce que Colettis nomma, de façon hautement significative, la réalisation de cette grande idée ». On sait la fortune que cette expression connut à partir de la décennie suivante, lorsque Colettis lui-même la lança en 1844 pour revendiquer la réunion à la Grèce de toutes les provinces ottomanes peuplées de Grecs, Constantinople comprise63. Sans doute cette occurrence, inattendue ici, n’est-elle pas fortuite ; elle résume vigoureusement les étapes et les modalités de la constitution de la conscience nationale dans une Grèce monarchique, organisée par le haut et sans débat. La référence à l’Antiquité grecque avait pu représenter, sous la révolution française mais aussi pendant la révolution grecque, la possibilité de miner l’autorité monarchique en exhumant un autre espace64 » ; elle était désormais mise au service, dans le cadre d’une monarchie et dans les limites d’un État territorial, de critères de définition nationale exclusifs et portait en elle les germes du nationalisme de la Grande Idée. Notes 1 Cf. pour le cadre général de la fondation et l’organisation de l’État grec, J. Petropulos, Politics and Statecraft in the Kingdom of Greece, 1833-1843 1968 ; la version utilisée ici est sa traduction en grec 1985. 2 Εφημεϱί η Κυβεϱνήε ου Βαιλείου η Ελλάδο/Regierungsblatt des Koenigreichs Griechenland [Journal du Gouvernement du Royaume de Grèce] 1833 n° 12, 6/18 avril, p. 75-80. 3 Cf. G. L. von Maurer, Das Griechische Volk in öffentlicher, kirchlicher und privatrechtlicher Beziehung vor und nach dem Freiheitskampfe bis zum 31 Juli 1834 1835, vol. 2, p. 113 ; sur Abel, sa formation et ses fonctions en Bavière, cf. H. Gollwitzer, Ein Staatsmann des Vormärz Karl von Abel, 1788- 1859 1993 ; cf. aussi D. Götschmann, Das Bayerische Innenministerium, 1825-1864. Organisation und Funktion, Beamtenschaft und politischer Einfluß einer Zentralbehörde in der Konstitutionellen Monarchie 1993, p. 227-235. 4 G. L. von Maurer, op. cit. ; pour les travaux de la commission cf. Archives générales de l’État GAK, Athènes, fonds d’Othon OA, ministère de l’Intérieur MI, dossier 99, pièces 14 et 15, Rapport de la commission chargée de l’examen de la loi sur l’organisation des communes au secrétaire d’État à l’Intérieur, Nauplie, 6/18 oct. 1833, et procès-verbaux des séances, 15-22 sept. 1833. 5 Ibid., pièce 13, Rapport du secrétaire d’État à l’Intérieur au conseil des ministres, Nauplie, 1/13 décembre 1833. 6 Νόμο Πεϱὶ υάε ν Δήμν/Gemeinde-Gesetz [Loi sur la formation des dèmes], Εφημεϱί η Κυβεϱνήε ου Βαιλείου η Ελλάδο /Regierungsblatt des Koenigreichs Griechenland [Journal du Gouvernement du Royaume de Grèce] 1834, n° 3, 10/22 janvier, p. 13-32. 7 G. L. von Maurer, op. cit, supra, n. 3, p. 97. 8 Cf. M. Dunan, Napoléon et l’Allemagne. Le système continental et les débuts du royaume de Bavière, 1806-1810 1943, p. 81-86 ; W. Demel, Der bayerische Staatsabsolutismus, 1806/08-1817. Staats-und Gesellschaftspolitische Motivationen und Hintergründe des Reformära in der ersten Phase des Königsreichs Bayern 1983, p. 116-123. 9 […] das Abelsche Organisationswesen, das alles französisch-bayerisch in Hellas machen will », Louis de Bavière à Armansperg, Schloßberg, 27 juin 1834, in J. M. von Söltl, Ludwig I König von Bayern und Graf von Armansperg 1886, p. 52. 10 Man hat […] den Vorwurf vernommen, dass der ganze Plan der Griechischen Landesverwaltung in der Bayrischen Kreiseintheilung […] ein sehr unpassendes Vorbild gehabt habe, gerade als wenn Bayrisch seyn und schlecht seyn synonym sey ! », G. L. von Maurer, op. cit. supra, n. 3, p. 109. 11 Constitution provisoire de la Grèce votée par la troisième Assemblée nationale de Trézène, le 1er mai 1827, in α Ελληνιϰά υνάγμαα [Les constitutions grecques] 1998, p. 135. 12 Cf. Th. Théodorou, Η Ελληνιϰή οπιϰή αυοδιοίϰηη [L’auto-administration locale grecque] 1995, et B. Panayotopoulos, Πληθυμ ϰαι οιϰιμοί η Πελοποννήου, 13ο-18ο αιώνα [Peuplement et agglomérations du Péloponnèse, xiiie-xviiie siècle] 1985 ; pour l’exemple de l’éparchie de Gortyne depuis 1700 jusqu’à la fin du xixe s., cf. p. 207-215. 13 Sur ces différents projets, cf. le recueil de sources de M. Chouliarakis, Γεγϱαφιϰή, διοιϰηιϰή ϰαι πληθυμιαϰή εξέλιξι η Ελλάδο, 1821-1971 [Évolution géographique, administrative et démographique de la Grèce, 1821-1971], EKKE 1973, tome I, vol. 1, p. 82-85. 14 Sur l’incorporation implicite des anciennes municipalités dans le nouveau cadre communal cf. E. Skiadas, Ιοϱιϰ διάγϱαμμα ν δήμν η Ελλάδο, 1833-1912 [Tableau historique des dèmes de la Grèce, 1833-1912] 1993, p. 87-94. 15 Rapport de la commission…, op. cit. supra, n. 4. 16 Ce terme est employé couramment par le secrétaire d’État à l’Intérieur. 17 Loi sur la formation des dèmes, op. cit. supra, n. 6, art. 4. 18 Ibid., art. 4, 6 et 7. 19 GAK, OA, MI, dossier 6, pièce 136, Instructions pour la formation des communes, [titre en français, texte en allemand, grec en regard], Nauplie, 15/27 mars 1834, 17 p. in fo. 20 GAK, OA, MI, dossier 99, pièce 23, Circulaire aux nomarques, 20 mars 1834. 21 Der Zweck dieser Gebiets-Eintheilung ist die organische Ausbildung des Staatskörpers und seiner Theile und die Herstellung einer leichten und einfachen Staatsverwaltung, die von einem gemeinsamen Mittelpunkte ausgehend, in der Nomarchie durch die Kreisbehörden, in der Eparchie durch die Bezirkbehörden, in der Gemeinde durch die Gemeindebehörden den Vollzug der Gesetze […] zu erreichen strebt », Instructions…, op. cit. supra, n. 19, p. 2. 22 Notons que le terme nation », régulièrement employé par le ministre – grec – de l’Intérieur, n’est jamais utilisé par le législateur bavarois. 23 Loi sur la formation des dèmes, op. cit. supra, n. 6, notamment IIIe partie, art. 15 à 17, Des droits et des devoirs des dèmes » et IVe partie, art. 19 à 27, Des biens et revenus des dèmes » ; les trois niveaux de circonscriptions étaient dotés de conseils élus au suffrage censitaire ; seuls cependant les conseils municipaux sembleraient avoir disposé d’un relatif pouvoir ; cf. les analyses de J. Petropulos, op. cit. supra, n. 1, p. 205-208. 24 In der Gemeinde enden demnach, als in dem aussersten Gliede, sämtliche Zweige der Staatsverwaltung ; jede derselben soll einen für sich bestehenden Körper bilden », ibid., p. 4. 25 Fehlt unter diesen Bewohner das Band gleichartiger Interessen, und werden dieselben nicht durch gewöhnte oder natürliche Verhältnisse und Verbindungen zusammengehalten, so ist der gemeinsammen Verwaltung die wesentliche Unterlage benommen […] », ibid. 26 Ozouf-Marignier, Centralisation et lien social le débat de la première moitié du xixe siècle en France », in Per un atlante storico del mezzogiorno e della Sicilia in età moderna 1998, p. 75-91. 27 Gemeinde-Corporation », terme employé dans la loi sur la formation des dèmes, art. 49. Sur cet aspect politique et social de la formation des communes, voir aussi A. Couderc, Structuration du territoire et formation des élites municipales en Grèce 1833-1843 », in P. Aubert, G. Chastagnaret et O. Raveux éds, Construire des mondes. Élites et espaces en Méditerranée, xvie-xxe siècle 2005, p. 163-184. 28 nicht blos die gegenwartige Bevölkerung eines bestimmtes Flächenraumes, sondern auch dessen Fähichkeit zur ernährung eines bestimmten Volkszahl, und dessen natürliche Anlagen zu gemeinsamen und frequenten Verkehre beachten », Instructions…, op. cit. supra, n. 19, p. 10. 29 Circulaire aux nomarques, op. cit. supra, n. 20. 30 Cf. entre autres occurrences Rapport de la commission…, op. cit. supra, n. 4, GAK, OA, MI, dossier 155, pièce 3, Rapport sur la formation des communes d’Arcadie, Colettis au roi, Nauplie, 20 oct./1er nov. 1834, 3e partie. 31 Sur la politique de fixation des populations semi-nomades à l’occasion de l’établissement des communes cf. W. McGrew, Land and Revolution in Modern Greece, 1800-1881 1985, p. 190-194. 32 Rapport sur la formation des communes d’Arcadie, op. cit. supra, n. 30. 33 Fr. Thiersch, De l’état actuel de la Grèce et des moyens d’arriver à sa restauration 1833, 2 vol. L’ouvrage est cité en permanence par Maurer dans ses mémoires. 34 Ibid., vol. 1, p. 224. 35 GAK, OA, MI, dossier 122, pièce 72, Sur la formation et la délimitation des éparchies et des communes du Nomos de la Laconie, Colettis au roi, Athènes, 6/18 février 1835. 36 Ibid. Cf. aussi E. Skiadas, op. cit. supra, n. 14, p. 373. 37 GAK, OA, MI, dossier 48, pièces 1 à 20 mai-août 1837. 38 Cf. I. Burckhardt, Das Verhältnis von Wirtschaft und Verwaltung in Bayern während der Anfänge der Industrialisierung 1834-1868 2001, p. 73. 39 Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonienne 1989, p. 91 et 117, et, pour le postulat selon lequel l’économie rurale fonde l’économie publique, p. 87 sq. 40 I. Burckhardt, op. cit. supra, n. 38, p. 73. 41 Sur la pensée de Lip et Rau et leur rayonnement en Allemagne du Sud, ibid., p. 43-50. 42 Cf. pour le problème général des relations économiques entre État grec et diaspora, G. Dertilis, Banquiers, usuriers et paysans. Réseaux de crédit et stratégies du capital en Grèce 1780-1930 1988, p. 11-32. 43 Mr de Maurer seemed a man of talent in his department […], he had been Professor of Law in the University of Munich. Yet I fancied that he did not seem equally profound in the science of political Economy & more likely to pursue that system of legislation which throws barriers in the way of the advancement of society in European Monarchies than that wich had enabled America & New Holland to advance as they have done. » G. Finlay, Journal 3 janv. 1833-juin 1848, 23 mai 1833, p. 19, in The Journals and Letters of George Finlay publication des papiers Finlay de la British School of Archeology d’Athènes, 1995, vol. 1, p. 68. 44 Cf. J. Petropulos, op. cit. supra, n. 1, p. 494-514. 45 Cf. Bourguet, op. cit. supra, n. 39, p. 309-313. 46 C’est le terme employé par la loi sur les dèmes et un chapitre ainsi intitulé figure dans chaque rapport sur la formation des dèmes par département. 47 Circulaire aux nomarques, op. cit. supra, n. 20. 48 Cf. N. Oulebsir, La définition du paysage architectural dans les expéditions scientifiques de Morée et d’Algérie », in M. N. Bourguet, D. Nordman, V. Panayotopoulos et M. Sinarellis éds, Enquêtes en Méditerranée 1999, p. 293-314, p. 310. 49 Cf. E. Gran-Aymerich, Naissance de l’archéologie moderne, 1798-1945 1998, p. 108-137. 50 Lucarelli, Les modes de prospection des architectes et des archéologues de l’expédition de Morée », in Mani, témoignages sur l’espace et la société. Voyageurs et expéditions scientifiques 1996, p. 503-524. 51 Cf. le rôle prépondérant de l’éparque de Calidromi Karpénissi, in GAK, OA, MI, dossier 122, pièce 62, Rapport sur la formation des communes de l’éparchie de Calidromi, le secrétaire d’État à l’Intérieur Drossos Mansolas au roi, 6 mai 1836. 52 Sur la formation des communes du Nomos de la Laconie, op. cit. supra, n. 35. 53 Ibid. 54 Fr. Thiersch, op. cit. supra, n. 33, vol. 1, p. 217 sq. 55 Cf. l’analyse de textes en tous points semblables à celui-ci par D. Nicolaïdis, in D’une Grèce à l’autre, représentation des Grecs modernes par la France révolutionnaire 1992, p. 18 sqq. 56 Sur la formation des communes du Nomos de la Laconie, op. cit. supra, n. 35. 57 Ibid. 58 Chr. Koulouri, Dimensions idéologiques de l’historicité en Grèce 1834-1914. Les manuels scolaires d’histoire et de géographie 1991, p. 402. Le projet de loi sur l’éducation fut préparé entre 1833 et 1834 par une commission gréco-bavaroise dont faisait partie Konstantin Schinas, secrétaire d’État à l’Instruction publique, proche de Colettis, qui fut aussi l’un des membres de la commission chargée de l’examen de la loi sur l’organisation des communes en septembre 1833. 59 Rapport sur la formation des dèmes d’Arcadie, op. cit. supra, n. 30. 60 Rapport sur la formation des dèmes de Laconie, op. cit. supra, n. 35. 61 Circulaire aux nomarques, op. cit. supra, n. 20. 62 K. Kostis, The Formation of the State in Greece, 1830-1914 », in M. Dogo, G. Franzinetti éds, Disrupting and Reshaping. Early Stages of Nation-building in the Balkans 2002, p. 47-64, ici p. 47-57. 63 Cf., sur la formulation de la Grande Idée, E. Skopetea, ο Πϱυπο Βαίλειο » ϰαι η Μεγάλη Ιδέα. ψει ου εθνιϰού πϱοβλήμαο ην Ελλάδα 1830-1880 [Le royaume modèle » et la Grande Idée. Réflexions sur le problème national en Grèce 1830-1880] 1988 ; l’auteur, qui reprend les analyses de C. Dimaras, date la première formulation de cette expression du 14 janvier 1844, au cours d’une séance à l’Assemblée nationale grecque. 64 F. Hartog, Faire le voyage d’Athènes J. et sa réception française », cité par loc. cit. supra, n. 48, p. 295 sq.

AEDE 4 lettres. Nom commun aède (masculin singulier) 1. (Art) Poète de la Grèce antique, qui déclamait ou chantait des vers transmis par la tradition orale ou créés par lui-même. L'aède célébrait les dieux et les héros. Poète grec. Chanteur grec comme Homère. Barde de Grèce.

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La solution à ce puzzle est constituéè de 4 lettres et commence par la lettre D Les solutions ✅ pour ANCIENNE CIRCONSCRIPTION GRECQUE 4 LETTRES de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots Croisés pour "ANCIENNE CIRCONSCRIPTION GRECQUE 4 LETTRES" 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide à vos amis! Recommander une réponse ? Connaissez-vous la réponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires
Régionde Grèce en 8 lettres; Région de Grèce en 9 lettres; Publié le 14 mars 2017 14 mars 2017 - Auteur loracle Rechercher. Définition ou synonyme. Qu'elles peuvent être les solutions possibles ? Exemple: "P ris", "P.ris", "P,ris" ou "P*ris" Rechercher. Qu'elles peuvent être les solutions possibles ? Rechercher Il y a 1 les résultats correspondant à votre recherche .
Alors que l’élection était considérée comme une procédure oligarchique, le tirage au sort caractérisait la démocratie » pour les aristotéliciens et probablement aussi pour l’opinion commune de l’époque. Platon et Aristote y étaient hostiles, parce qu’ils estimaient que l’extension de son usage conduisit la démocratie à des excès et que le tirage au sort ne pouvait garantir aucune compétence. En décrivant les nombreux usages de cette pratique dans l’Athènes des Ve et du IVe siècles avant notre ère, Paul Demont montre à quel point le tirage au sort jouait un rôle central dans la vie générale comme dans la vie quotidienne de la Cité. Il nous permet ainsi de réfléchir aux divers mondes possibles aujourd’hui. Commençons par deux mises en garde. Les usages du tirage au sort dans la Grèce antique étaient très variés, bien souvent sans rapport avec la politique, et associés d’une façon ou d’une autre à des procédures religieuses, même lorsqu’il s’agissait de désigner des magistrats. D’autre part, le tirage au sort n’est pas intrinsèquement lié à la démocratie, car le régime d’égalité qu’il instaure est utilisé aussi dans des aristocraties et des oligarchies, pour éviter les conflits d’honneur et les rivalités, en Grèce, et aussi, par exemple, dans les Républiques italiennes au Moyen-Âge[1]. Mais dans la suite de cette brève présentation, je me bornerai à ses usages démocratiques dans l’Athènes du Ve et du IVe siècles avant notre ère, à partir, principalement, de la seule description antique précise, celle de la Constitution d’Athènes d’Aristote ou de son école, que l’on peut consulter dans la traduction nouvelle de Michel Sève au Livre de Poche. La meilleure et la plus complète description moderne des institutions athéniennes est le grand livre de Mogens H. Hansen, La Démocratie athénienne à l’époque de Démosthène[2] – une véritable somme. Des indemnités compensatrices pour l’exercice des charges La Constitution d’Athènes est une source absolument fondamentale, découverte tout à fait à la fin du XIXe siècle. Elle décrit d’abord, dans une première partie, l’évolution historique conduisant Athènes vers toujours plus de démocratie, puis offre, dans sa seconde partie, un tableau précis des institutions athéniennes à la fin du IVe siècle, qui se termine, de façon délibérée, par les modalités du tirage au sort dans le choix des juges. En effet, pour les aristotéliciens comme pour Platon, auparavant, et certainement aussi pour l’opinion commune, le recours au tirage au sort caractérisait la démocratie » le pouvoir du peuple, tandis que l’élection était plutôt un système oligarchique » donnant le pouvoir à un petit nombre. Selon Platon et Aristote, l’extension du tirage au sort conduisit Athènes à la démocratie extrême », qu’ils condamnaient. En effet, les citoyens athéniens reçurent peu à peu des indemnités compensatrices pour exercer certaines de leurs charges selon le système de la misthophorie » cela permit à chacun d’être volontaire, cela donna le pouvoir à n’importe qui, en particulier aux pauvres, cela les détourna du travail et encouragea, estimaient-ils, la paresse. Le fonctionnement des machines à tirer au sort » Klérotèrion, machine à tirer au sort, le pinakion des citoyens y était introduit. Musée de l’Agora antique d’Athènes. La Constitution d’Athènes décrit en détail les modalités pratiques de fonctionnement des machines à tirer au sort » utilisées à Athènes, que l’archéologie a aussi permis de reconstituer avec une quasi-certitude[3]. Les citoyens athéniens volontaires se présentaient chaque année pour le tirage au sort des charges pour un an, souvent non renouvelables, en tant que titulaires ou suppléants. Le tirage au sort des tribunaux populaires se faisait même à nouveau tous les jours ouvrables, à partir d’une liste établie pour l’année. On déposait leurs plaques d’identité, une à une, dans les rainures de tableaux à double entrée, et on tirait au sort, à l’aide d’un cube blanc ou noir, le nombre de postes à pourvoir, selon des procédures extrêmement rigoureuses et très surveillées. La population concernée était celle des citoyens de sexe masculin, enregistrés dans un dème » une sorte de commune et une tribu » une circonscription regroupant les dèmes » en les associant de telle façon que chaque tribu constituait une image représentative de la diversité géographique et sociale de l’Attique cela faisait environ on ne dispose d’aucun chiffre fiable 30 000 personnes, sur une population totale qui atteignait peut-être 300 000 personnes ni les femmes, ni les étrangers, même domiciliés, ni a fortiori les esclaves n’y participaient. Les principales fonctions tirées au sort Pour l’administration générale de la Cité c’est-à-dire de l’Attique tout entière, État souverain, les deux usages principaux du tirage au sort, du point de vue du nombre de citoyens concernés et de leur pouvoir, concernaient le Conseil » et l’ Héliée » ou Tribunal. Le Conseil » ou Boulè des 500 Bouleutes » avait de très larges pouvoirs législatifs, exécutifs ils convoquaient et dirigeaient notamment l’Assemblée du Peuple, l’organe souverain de la démocratie directe de l’Athènes classique, et même judiciaires. D’autre part, 6 000 autres citoyens étaient aussi tirés au sort pour former le groupe des jurés Héliastes », parmi lesquels, chaque jour, étaient tirés au sort les juges des tribunaux populaires qui avaient parfois à prendre position dans des affaires politiques. Parmi les Bouleutes, à tour de rôle, pendant un dixième de l’année, tribu par tribu représentant donc assez fidèlement l’ensemble du corps civique, 50 exerçaient ensemble le gouvernement quotidien d’Athènes en tant que Prytanes » et étaient pour cela logés au Prytanée cela comprenait notamment le contrôle régulier, à chaque prytanie, des comptes des magistrats. Un grand nombre de magistrats notamment les Archontes », qui étaient autrefois les principaux dirigeants de la Cité étaient aussi tirés au sort, mais non pas ceux qui avaient les principales responsabilités militaires les Stratèges » et les plus importantes charges financières. La quasi-disparition du rôle politique des magistrats tirés au sort au profit des élus Diverses observations peuvent être présentées à propos de ce système politique je me limiterai ici à cinq remarques. D’abord, le tirage au sort était lié, et peut-être bien avant que le mot lui-même de démocratie soit en usage, à l’existence de tribunaux populaires la justice y était rendue par des non-spécialistes, dans des tribunaux réunissant souvent un très grand nombre de jurés, après les plaidoiries de l’accusation et de la défense. Si l’on en juge par les nombreux plaidoyers conservés, les jurés étaient souvent plus sensibles à la rhétorique de l’argumentation qui fit donc des progrès pratiques et théoriques considérables qu’au droit. En second lieu, la conséquence de l’élargissement progressif du tirage au sort à toutes les classes sociales et à un très grand nombre de charges fut l’amoindrissement, et même la quasi-disparition, du rôle politique des magistrats tirés au sort, au profit de ceux qui étaient élus, dans la politique de l’État athénien. Pour prendre le cas le plus célèbre, Périclès était stratège » et fut réélu de nombreuses fois, et non pas archonte ». Mais il devait convaincre les Bouleutes tirés au sort avant de proposer à l’Assemblée, nécessairement par leur entremise, une mesure de politique intérieure ou extérieure. En matière proprement politique, donc, élection et tirage au sort se complétaient seule l’élection conférait un important pouvoir politique, mais sous le contrôle de citoyens tirés au sort. À cette occasion, au Conseil ou à l’Assemblée, d’autres citoyens pouvaient prendre la parole et les orateurs », par leur maîtrise de la rhétorique et leurs connaissances en matière militaire ou financière, constituaient une sorte de classe politique, le plus souvent issue de l’élite sociale, qui dirigeait Athènes. Thucydide, dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, offre de nombreux exemples des débats opposant les orateurs et les stratèges entre eux, et tranchés par le peuple, après introduction de la mesure à l’Assemblée par le Conseil. Une rotation rapide des citoyens En troisième lieu, le renouvellement annuel des charges tirées au sort entraînait une rotation rapide des citoyens dans l’exercice de ces charges, en particulier au Conseil. Quand je parlais donc de classe politique » à l’instant, c’était d’une façon anachronique les pratiques politiques athéniennes interdisaient en fait l’existence institutionnelle d’une large classe politique, ou plutôt étendaient, du moins en principe, cette classe à l’ensemble de la Cité. En principe, car, à en juger par certaines listes retrouvées, il semble qu’il n’y eut pas toujours assez de volontaires pour être bouleutes », et il fallut par exemple autoriser les citoyens à être deux fois bouleutes au cours de leur vie. Certains citoyens refusaient même d’entrer dans ce jeu démocratique[4]. Le cas de Socrate est remarquable il dut être volontaire ou avoir été fermement incité à l’être par ses compagnons de dème ?, puisqu’il fut bouleute. Mais divers témoignages montrent qu’il était très hostile au tirage au sort on ne tire pas au sort le pilote d’un navire, disait-il, selon Xénophon, Mémorables I, 2, 9, et, une fois bouleute, et même, quand il était prytane, président de l’Assemblée, il se révéla incapable prétend Platon dans le Gorgias, 473e de mettre aux voix une proposition. Platon et Xénophon, très hostiles, eux-mêmes, à la démocratie, veulent ainsi montrer sa distance à l’égard des procédures et des institutions de la démocratie directe, auxquelles il a pourtant participé. En quatrième lieu, le rôle social des indemnités » du Conseil, de certaines magistratures et des Tribunaux pour les classes les plus pauvres est avéré, non seulement par les descriptions hostiles de Platon surtout dans La République et dans le Gorgias et d’Aristote voir aussi La Politique, mais aussi par les caricatures des auteurs comiques notamment l’Assemblée des femmes d’Aristophane si l’on tente une comparaison très approximative, c’était une sorte de RSA à l’antique, avec, comme contrepartie, non pas un travail d’intérêt général plus ou moins fictif, mais une activité politique, elle aussi, peut-être, plus ou moins fictive dans certains cas. Une expertise en partie déléguée aux esclaves publics ? Ajoutons un dernier mot sur les charges moins importantes, mais essentielles pour le fonctionnement de la Cité, qui étaient aussi tirées au sort, et qui n’étaient pas toujours rémunérées, semble-t-il. Elles couvraient un très grand nombre de domaines. Aristote mentionne notamment, dans un certain désordre, des charges d’entretien voirie, bâtiments religieux et sanctuaires, des charges de police, d’instruction judiciaire et d’exécution des peines par exemple, affaires de flagrant délit, introduction des causes en justice, mises à mort après condamnation, arbitrage préalable à toute procédure judiciaire, des charges financières adjudication des mines d’argent, par exemple, vente des biens confisqués, tenue des comptes publics, surveillance des poids et mesures, de la qualité et du prix des grains, farines et pains sur les marchés, la surveillance spéciale du port du Pirée, la garde des archives publiques, le secrétariat des séances, un certain nombre de tâches religieuses relatives aux sacrifices et aux fêtes à célébrer, etc. Pour la mise en œuvre de certaines de ces tâches, les citoyens tirés au sort avaient à leur disposition des esclaves publics » propriété de la Cité qu’ils dirigeaient et qui, par la permanence de leur état, disposaient de compétences peut-être parfois absentes chez leurs maîtres. C’est donc la vie quotidienne d’Athènes qui était aussi très largement administrée par tirage au sort, avec une certaine délégation des tâches aux esclaves publics[5]. Au total, donc, c’est un monde très éloigné du nôtre, bien sûr, que celui de la démocratie athénienne classique. Mais qui peut faire réfléchir aux divers mondes possibles, encore aujourd’hui, que ce soit dans une perspective de politique générale de la Cité, ou pour l’administration de la vie quotidienne de la cité.
Lasolution à ce puzzle est constituéè de 4 lettres et commence par la lettre B Les solutions pour DIEU PHENICIEN 4 LETTRES de mots fléchés et mots croisés. ABBA - Vêtement islamique ou robe de derviche. Ainsi, le panthéon égyptien fut l'un des plus imposants de toute l'histoire avec plus de sept-cents divinités.
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Progressivement, en profitant de la disparition des Seldjoukides, de l'éloignement des Mongols, des rivalités entre tribus turques et turcomanes d' Asie Mineure, du recours par les Byzantins à des mercenaires, les Ottoman […] […] Lire la suite KURDES Écrit par Thomas BOIS, Hamit BOZARSLAN, Christiane MORE, Éric ROULEAU • 16 452 mots • 6 médias Dans le chapitre Un peuple sans État » […] Le Kurdistan » est un pays sans frontières. Territoire situé au cœur de l'Asie Mineure, peuplé en majorité de Kurdes, il est partagé entre plusieurs États. En forme de croissant, s'étendant sur 530 000 kilomètres carrés environ de la Méditerranée au golfe Persique, il part de l'est de la Turquie, entame légèrement le nord de la Syrie, recouvre les régions septentrionales de l'Irak, pénètre en Ir […] […] Lire la suite LYCAONIE Écrit par Xavier de PLANHOL • 116 mots Province antique de l'Asie Mineure, la Lycaonie ne connut de réelle individualité qu'au Bas-Empire. Occupant le sud de la steppe centre-anatolienne, elle couvre le rebord intérieur du Taurus central et les plaines voisines. Le site de la ville principale, Konya l'ancienne Iconium, est lié à des sources abondantes nées à la base des massifs volcaniques. Prospère dans l'Antiquité, elle constituait […] […] Lire la suite LYCIE Écrit par Universalis • 270 mots Province antique de l’Asie Mineure aujourd’hui en Turquie, dans le sud-ouest de l’Anatolie, la Lycie s’étend le long de la Méditerranée, entre la Carie et la Pamphylie, et s’étire dans les terres jusqu’à la chaîne du Taurus. Des documents égyptiens, hittites et ougaritiques datant du xiv e et du xi ii e siècle avant décrivent les Lyciens comme un peuple coincé entre les Hittites au nord […] […] Lire la suite LYDIE Écrit par André LARONDE • 1 774 mots La Lydie s'est développée à l'extrémité occidentale du plateau anatolien, échancré par les vallées de l'Hermos au nord, du Caystre au centre et du Méandre au sud. Ces moyennes vallées et les plateaux qui les séparent sont favorables à la culture des céréales et de la vigne, à l'élevage des chevaux et des moutons, au commerce, surtout entre l'Asie intérieure et les rivages de la mer Égée ; les ric […] […] Lire la suite LYSIMAQUE env. 355-281 av. Écrit par Jean DELORME • 367 mots Souverain hellénistique, macédonien, né à Pella d'une famille noble. Pendant les campagnes d'Alexandre, dont il était garde du corps, il se distingua à plusieurs reprises. Au partage de Babylone ~ 323, il reçut la Thrace où il fut, pendant plusieurs années, absorbé par des luttes contre le roi indigène Seuthès et par la défense des frontières qui demeura pour lui un souci constant. En ~ 315, il […] […] Lire la suite MITHRIDATE VI EUPATOR 132-63 av. roi du Pont Écrit par Paul GOUKOWSKY • 1 979 mots Né en 132 avant dans la ville grecque de Sinope, capitale du Pont, Mithridate VI Eupator y passa son enfance. Il posséda ainsi une double culture, hellénique et iranienne, qui lui permit de se présenter comme le défenseur de la Grèce, mais justifia la propagande des Romains, qui l'assimilèrent aux envahisseurs perses. Au-delà de ces images contradictoires apparaît un roi entreprenant, prompt […] […] Lire la suite MYRINA Écrit par Martine Hélène FOURMONT • 260 mots • 2 médias Ville d'Éolide en Asie Mineure, Myrina est connue pour ses ateliers qui produisirent à l'époque hellénistique une multitude de statuettes de terre cuite . Les sujets illustrés offrent une infinie variété. Certaines figurines représentent des personnages de la vie quotidienne esclaves, vendeurs, pédagogues ou encore nourrices accompagnées de leur pupille. À côté de ces thèmes traités parfois dans […] […] Lire la suite MYSIE Écrit par Xavier de PLANHOL • 146 mots Province du nord-ouest de l'Asie Mineure, la Mysie englobe la partie septentrionale des côtes de la mer Égée, la partie occidentale des côtes sud de la mer de Marmara, avec leur arrière-pays, et enserre la Troade. Elle doit son nom au peuple antique des Mysiens, autochtones refoulés peu à peu dans l'intérieur par les villes grecques éoliennes de la côte. Le pays a trouvé une unité politique au xi […] […] Lire la suite NAISSANCE DE LA MONNAIE MÉTALLIQUE Écrit par François REBUFFAT • 193 mots • 1 média Le berceau de la monnaie fut l'Anatolie, et plus précisément le royaume de Lydie. L'Asie Mineure avait déjà été la terre du roi Midas qui, selon la légende, possédait la faculté de changer en or tout ce qu'il touchait. Pour se débarrasser de ce pouvoir redoutable, il se plongea dans les eaux du Pactole ; les Lydiens purent désormais recueillir dans cette rivière les paillettes d'électrum, cet alli […] […] Lire la suite ORDRES, architecture Écrit par Bernard HOLTZMANN, Claude MIGNOT, Éliane VERGNOLLE • 13 359 mots • 23 médias Dans le chapitre L'ordre ionique et ses variantes l'éolique et le corinthien » […] S'il est plus facile de définir l'ordre ionique négativement et par contraste avec l'ordre dorique que par lui-même, c'est qu'il est beaucoup moins précisément codifié que ce dernier – et aussi beaucoup moins bien connu l'architecture ionique a connu des vicissitudes qui ont entravé son développement et gravement compromis la conservation de ses vestiges. En Asie Mineure, après un premier esso […] […] Lire la suite ORIENT QUESTION D' Écrit par Robert MANTRAN • 6 470 mots • 11 médias La succession d'événements historiques connus sous le nom de Question d'Orient », auxquels on donne comme point de départ la signature du traité de Kutchuk-Kaïnardji en 1774 et comme point terminal le traité de Lausanne de 1923, gravite essentiellement autour du démembrement de l'Empire ottoman et de la lutte des grandes puissances pour établir leur contrôle ou leur influence sur l'Europe balk […] […] Lire la suite OTTOMAN EMPIRE Écrit par François GEORGEON, Robert MANTRAN • 9 905 mots • 18 médias Dans le chapitre Les origines et les débuts de l'Empire ottoman » […] Le sultanat turc seldjoukide d' Asie Mineure ou Anatolie avait réussi à établir, dans le courant du xii e siècle, sa domination sur la majeure partie de la péninsule anatolienne, ne laissant aux Byzantins que son extrémité occidentale. Après une période très brillante durant le premier tiers du xiii e siècle, il s'est ensuite trouvé confronté à plusieurs problèmes graves qui ont précipité sa d […] […] Lire la suite PALÉOLITHIQUE Écrit par Denise de SONNEVILLE-BORDES • 10 702 mots Dans le chapitre Hors de France » […] Par rapport à la France, les lacunes archéologiques sont importantes dans l'Europe de l'Ouest le Périgordien inférieur est rare et limité aux régions situées au sud de la Loire ; il s'étend peu au-delà des Pyrénées, quoiqu'il y en ait quelques traces en Catalogne et que son existence soit révélée dans la région de Santander ; le Solutréen est absent sous sa forme classique, en dehors de la régio […] […] Lire la suite PAPHLAGONIE Écrit par Xavier de PLANHOL • 68 mots Province antique du nord de l'Asie Mineure, la Paphlagonie est centrée sur la partie médiane de la chaîne Pontique. Entre Sinop à l'est, Zonguldak à l'ouest et Ankara au sud, les chaînons et bassins paphlagoniens restent un pays marginal, assez peu touché par les communications modernes et par les progrès agricoles. Les villes principales sont Kastamonu et Safranbolu. […] […] Lire la suite PERGAME Écrit par Pierre GROS, Roland MARTIN • 2 894 mots • 1 média Pergame, la capitale des Attalides, donne l'image la plus brillante et la mieux conservée du cadre urbain et architectural dans lequel se sont épanouies, après la mort d'Alexandre, les royautés hellénistiques. Puisant dans le répertoire architectural de la Grèce classique, les rois en adaptèrent les structures et les formes à leur volonté d'exprimer par la ville et par ses monuments les caractère […] […] Lire la suite PERGAME ROYAUME DE Écrit par André LARONDE • 556 mots État de l'Asie Mineure occidentale, formé autour de la ville de Pergame ~ iii e et ~ ii e s., et placé sous le gouvernement de la dynastie des Attalides. L'origine de cet État est liée à la malhonnêteté de Philétairos, préposé par le roi Lysimaque à la garde de son trésor. En ~ 282, Philétairos trahit son maître lors de sa lutte avec Séleucos I er et celui-ci lui permit en récompense de conse […] […] Lire la suite PHRYGIE Écrit par André LARONDE • 1 940 mots La Phrygie, région de l'Asie Mineure, a connu une extension variable suivant les époques. Au sens large, elle s'étendait sur la plus grande partie du plateau anatolien, de part et d'autre de l'Halys actuel Kizil Irmak. Le nord-ouest de l'Asie Mineure reçut le nom de Phrygie hellespontique ; mais le cœur de la Phrygie fut, de tout temps, le haut plateau de 800 à 1 500 m d'altitude que limite […] […] Lire la suite PISIDIE Écrit par Xavier de PLANHOL • 121 mots Province antique de l'Asie Mineure, au sud-ouest de la steppe centrale, la Pisidie qui correspond aujourd'hui à la région des lacs, en Turquie est un pays morcelé en cuvettes souvent lacustres lacs de Burdur, d'Eǧridir, de Kestel séparant des blocs montagneux. Au sud, des passes faciles à travers le Taurus, empruntées par les routes et voies ferrées venant de l'Anatolie centrale, la raccorden […] […] Lire la suite POMPÉE CONQUIERT L'ORIENT Écrit par Xavier LAPRAY • 269 mots • 1 média Les opérations militaires conduites en Méditerranée dans les années 60 avant notre ère permettent de constituer l'Orient romain et portent Pompée au faîte de sa puissance. Depuis — 67, Pompée détient un commandement extraordinaire sur toute la Méditerranée, alors infestée de pirates. La sécurité des mers rétablie, il se fait attribuer des pouvoirs supplémentaires qui lui confèrent la conduite de l […] […] Lire la suite POMPÉE ET L'ORIENT repères chronologiques Écrit par Xavier LAPRAY • 433 mots — 133 Le roi Attale III de Pergame lègue son royaume à Rome ; création de la province d'Asie. — 88-— 84 Première guerre de Rome contre Mithridate Mithridate VI Eupator, roi du Pont, envahit la province romaine d'Asie et fait massacrer tous les citoyens romains résidant en Asie ; le général romain Sylla bat Mithridate à la bataille de Chéronée et le contraint à signer la paix. — 83-— 82 Deuxiè […] […] Lire la suite PONT, Asie Mineure Écrit par Xavier de PLANHOL • 875 mots Nom antique de la partie nord-orientale de l'Asie Mineure, tiré du nom grec de la mer Noire Pont-Euxin. La partie occidentale du Pont n'est guère individualisée, par rapport aux chaînons paphlagoniens ou aux bassins bithyniens, mais le secteur oriental présente une forte originalité naturelle. À l'est des trouées et des plaines deltaïques du Kizil Irmak et du Yesil Irmak, une puissante barrière […] […] Lire la suite POTERIE Écrit par Colette CROUZET, Jeanne GIACOMOTTI, Henri MORISSON • 9 171 mots • 26 médias Dans le chapitre Asie antérieure et Proche-Orient » […] On fait remonter jusqu'au VII e ou VIII e millénaire avant notre ère l'exécution en Asie Mineure de figurines humaines ou animales embryonnaires, destinées à la pratique de la magie. En Anatolie, vers le V e millénaire, la poterie prend précocement un caractère artistique ; les vases, enduits d'une fine argile crème, sont peints d'ornements géométriques tracés à l'aide du pigment ocre-rouge ut […] […] Lire la suite SARDES Écrit par Claude MOSSÉ • 197 mots Capitale du royaume de Lydie qui a connu une histoire particulièrement brillante sous la dynastie des Mermnades et singulièrement sous le règne de Crésus ~ 561-~ 546. Après que celui-ci a été battu par le Perse Cyrus le Grand, Sardes devient la capitale d'une des plus riches satrapies de l'empire achéménide. Mais en ~ 498, lors de la révolte des cités grecques d'Ionie, les Grecs parviennent jusq […] […] Lire la suite SELDJOUKIDES Écrit par Robert MANTRAN • 2 829 mots • 2 médias Dans le chapitre Les Seldjoukides d'Anatolie » […] La dynastie des Seldjoukides d' Anatolie ou d' Asie Mineure, ou de Roum fut la plus longue et la plus brillante de toutes les dynasties seldjoukides. Fondée vers 1081, elle ne disparut que dans les premières années du xiv e siècle, mais en fait elle avait perdu la plus grande partie de sa puissance depuis l'invasion mongole en Anatolie au milieu du xiii e siècle. L'intérêt de cette dynastie r […] […] Lire la suite SELDJOUKIDES repères chronologiques Écrit par Pascal BURESI • 320 mots Fin du x e siècle Seldjouk, chef éponyme de la tribu, est contraint d'émigrer des rives du Syr-Daria vers la Transoxiane et Boukhara. Islamisation des Seldjoukides. 1035 Premier embryon d'un État seldjoukide musulman au nord du Khorasan et du Djurdjan. 1038-1052 Toghroul Beg, petit-fils de Seldjouk, s'empare de l'Afghanistan, de l'Iran, du Tabaristan et du Djurdjan. 1042 Qawurd, fils de Tchag […] […] Lire la suite TIGRANE II LE GRAND env. 121-env. 54 av. Écrit par Universalis • 565 mots Roi d'Arménie 95-54, né vers 121 av. mort vers 54 av. Membre de la dynastie fondée au début du ii e siècle par Artaxias, Tigrane est le fils ou le frère d'Artavasdès I er ou Artavazd. Donné en otage au roi des Parthes Mithridate II, il rachète par la suite sa liberté en cédant soixante-dix vallées bordant la Médie, dans le nord-ouest de l'actuel Iran. Tigrane II le Grand, monté […] […] Lire la suite URBANISATION DANS LE MONDE GRÉCO-ROMAIN Écrit par Pierre CHUVIN • 8 299 mots • 3 médias La civilisation gréco-romaine est partout présente aux yeux du voyageur qui parcourt aujourd'hui les rives de la Méditerranée et le Proche-Orient, grâce aux ruines majestueuses des villes antiques. Leur décor monumental manifeste une unité étonnante – le théâtre qui ressemble le plus à celui d'Orange Vaucluse se trouve à Bosra Syrie – et remonte largement à ce qu'on appelait naguère l' âge d […] […] Lire la suite XANTHOS Écrit par Pierre DEMARGNE • 2 050 mots • 1 média Xanthos en lycien Arn̂na , ville antique de Lycie, est située à 8 kilomètres de la côte sud de l'Asie Mineure ; elle commande le débouché du fleuve Xanthe vers la plaine côtière. Détruite à l'extrême fin de l'Antiquité, elle fut redécouverte entre 1838 et 1844 par l'Anglais Charles Fellows, qui y pratiqua les premières fouilles, y reconnut des monuments conservés sur toute leur hauteur et trans […] […] Lire la suite

VILLEDE LA GRÈCE ANTIQUE EN 7 LETTRES. Corinthe existait une ville presquerciale à cause un emplacement idéal qui lui permettait d’aplacarder deux ports maritimes l’un sur le golfe Saronique et l’autre sur le golfe de Corinthe En résultat la ville accomplissait l’une des villes les plus amples de la Grèce antrombidion, Prev ad meximieux. Next lungs of smokers pictures –

La démocratie athénienne désigne le régime politique mis en place progressivement dans la cité d'Athènes durant l'Antiquité et réputée pour être l'ancêtre des démocraties modernes. Le terme démocratie vient des mots grecs δῆμο / dêmos le peuple» et κράο / krátos la puissance, le pouvoir». Il s'agit donc d'un régime où les décisions sont prises par le peuple. La cité Plate-forme de la Pnyx d'où parle l'orateur public. En arrière-plan, l'Acropole. Athènes est fondée formellement vers 750 av. par synœcisme de plusieurs agglomérations partiellement préservées de l'invasion des Doriens. Le site est choisi pour la forteresse naturelle que représente l'Acropole ; les habitants peuvent résister aux hordes de pillards qui menacent la région, augmentant avec les années sa fortification. À partir de 510 av. cette fonction défensive est abandonnée, le lieu étant consacré aux cultes et notamment celui d'Athéna, déesse protectrice d'Athènes. Des remparts encerclent à partir de 478 av. la ville et son port, le Pirée. Rares sont les bâtiments au-delà des quinze majestueuses portes, exception faite du populaire quartier du Céramique dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et écoles de philosophie s'excentrent pour que leurs élèves profitent de la tranquillité et soient totalement isolés pendant les deux années de leur éphébie. L'agora devient le centre social et politique de la cité avec l'installation des institutions démocratiques sur cette place. En été de nombreux débats houleux ou amicaux se tiennent à l'ombre du portique sud et de la Stoa Poikilè, on discute politique et philosophie. Des joutes oratoires d'un autre genre se déroulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votées toutes les lois athéniennes. La cité est donc le cœur de la démocratie. Genèse de la démocratie La naissance de la démocratie peut être considérée par rapport à un horizon politique au sens large du terme qui va rendre cette réforme possible et nécessaire, une crise politique et sociale totale, la stasis. Les citoyens qui régissent leurs affaires sont amenés à réfléchir au meilleur système politique, à la meilleure politeia, c'est-à-dire la meilleure façon de s’organiser pour surmonter cette crise multiple. Les origines de la démocratie athénienne la crise de la cité grecque La démocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes. Au VIe siècle av. les cités du monde grec sont confrontées à une grave crise politique, résultant de deux phénomènes concomitants. D'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation financière, touche un nombre grandissant de paysans non propriétaires terriens l'inégalité politique et le mécontentement sont forts dans le milieu rural. D'autre part le développement de la monnaie et des échanges commerciaux fait émerger une nouvelle classe sociale urbaine aisée, composée des artisans et armateurs, qui revendique la fin du monopole des nobles sur la sphère politique. Pour répondre à cette double crise, de nombreuses cités modifient radicalement leur organisation politique. À Athènes, un ensemble de réformes amorce un processus débouchant au Ve siècle av. sur l'apparition d'un régime politique inédit une sorte de démocratie pour les hommes libres mais avec la continuation de l'esclavage. À titre d'exemple, le philosophe Jacques Rancière estime que la démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété. C’est le sens des grandes réformes qui ont institué la démocratie dans la Grèce antique la réforme de Dracon qui réforma la justice, la réforme de Clisthène au VIe siècle av. instituant la communauté politique sur la base d’une nouvelle redistribution territoriale qui cassait le pouvoir local des riches propriétaires ; la réforme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes »[1]. On ne saurait méconnaître cependant le lien essentiel entre démocratisation économique et sociale décrite ci-après et démocratisation politique, non plus que l'essor naval athénien à partir de 483 av. qui conditionna la démocratie[2]. Paupérisation rurale À partir du VIIe siècle av. la plupart des cités grecques sont confrontées à une crise politique. Le commerce se développe, notamment avec l'apparition de la monnaie au Ve siècle av. en provenance de la Lydie de Crésus, en contact avec les cités grecques avant la défaite de -546 face au Perse Cyrus. Ce développement extraordinaire du commerce méditerranéen a deux conséquences. D'une part, les agriculteurs grecs sont peu compétitifs face à la concurrence de plus en plus vive des terres fertiles de la Grande-Grèce récemment colonisée. De plus en plus de paysans, incapables d'écouler suffisamment leur production, sont condamnés à se vendre comme esclaves pour faire face à leurs dettes. Cette main-d'œuvre servile est utilisée par les urbains et vient donc elle-même concurrencer les petits artisans indépendants. Ces sujets peu fortunés, sur lesquels repose une part croissante de l'économie, viennent grossir le rang des chômeurs et manifestent leur mécontentement. Révolution hoplitique émergence d'une petite bourgeoisie Gravure d'un hoplite. D'autre part, corrélativement à l'appauvrissement des masses paysannes, émerge une nouvelle classe de sujets aisés, faite de commerçants et d'artisans notamment potiers à Athènes[réf. souhaitée]. Ceux-ci sont dorénavant suffisamment riches pour acheter des équipements d'hoplites la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie. Le système aristocratique basé sur la propriété agraire est battu en brèche face aux revendications égalitaires de ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de révolution hoplitique. Instabilité politique Au sein de chaque cité les grandes familles s'appuient sur le mécontentement populaire tant des paysans appauvris que des nouveaux riches urbains pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hésitent pas non plus à faire appel à des puissances extérieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les cités se combattent fréquemment entre elles, ce qui nourrit souvent les révoltes, par ailleurs durement réprimées. Mais les guerres sont aussi parfois un facteur de cohésion interne des cités. En outre, chaque cité grecque frappe désormais sa propre monnaie, forgeant ainsi une nouvelle composante majeure de son identité. Au Ve siècle av. les cités grecques ne frappent plus la monnaie irrégulièrement et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'épicène, qui permet de la reconnaître. Pour la monnaie athénienne, c'est une chouette. Qu'elles retardent ou précipitent l'éclosion d'un nouveau régime, les différentes mesures politiques guerres, chutes de régime, répressions, levées ou baisses d'impôts, introductions de monnaies n'y pourront peu la donne sociale a définitivement changé. Partout la nouvelle configuration des rapports de forces sociales fait émerger une nouvelle donne politique. Deux nouveaux modèles, appelés à s'opposer dans le siècle à venir, se distinguent par leur originalité l'oligarchie militaire spartiate et la démocratie athénienne. Les réformes politiques La démocratie athénienne ne naît pas d’insurrections populaires mais de l'engagement de citoyens en politique pour assurer l'unité de la cité. On distingue quatre principales séries de réformes. Réformes de Dracon Dracon est mandaté, en 621-620 av. pour mettre par écrit des lois ; on ne connaît bien que sa législation sur les meurtres désormais, tout meurtrier est soustrait à la vengeance des clans et un véritable procès se déroule devant l'Aréopage ou devant les tribunaux des Éphètes[3]. La sévérité des peines prévues reste légendaire, et l'adjectif draconien » devient synonyme d' implacable ». Mesure limitée qui, cependant, affirme pour la première fois l'autorité de l'État au-dessus des parentés dans le domaine de la justice, instaure un droit commun pour tous et, par là même, porte atteinte à l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothètes gardiens de la loi écrite viennent alors renforcer le collège des archontes. Malgré l'amplification de la crise, le monopole économique et politique des grandes familles athéniennes, les Eupatrides, n'est cependant en rien attaqué, les archontes dirigeant collégialement la cité étant toujours tous issus de ces milieux. Deux modèles résolvant ce problème émergèrent en Grèce au VIe siècle av. soit l'arbitrage d'un législateur, chargé, dans une sorte de consensus, de mettre fin à des troubles qui risquent de dégénérer en guerre civile ; soit la tyrannie, qui, dans l'évolution de la Grèce archaïque, apparaît bien souvent comme une solution transitoire aux problèmes de la cité. Avec Solon, le législateur, puis avec les Pisistratides, Athènes fera successivement l'expérience de l'une et de l'autre. Réformes de Solon Solon. Athènes est en pleine crise politique et sociale lorsque les adversaires se mettent d'accord pour choisir Solon comme arbitre. Archonte de -594 à -593, législateur, auteur d’un code de lois, il aurait effacé les dettes, interdit l’esclavage pour dettes et défait les lois draconiennes. Il a surtout effectué des réformes constitutionnelles qui lui valurent la réputation d'être le père de la démocratie. Le système qu'il a proposé est un peu différent de la ploutocratie. Il existerait alors quatre groupes socio-économiques à Athènes les aristocrates, ou Eupatrides, composés des propriétaires fonciers les plus riches ; les gémoroi, cultivateurs, constitués des autres propriétaires fonciers ; la classe populaire, qui compose le reste de la population et vit de son salaire ou du commerce ; les esclaves, considérés comme des biens et non comme des hommes libres. Des hommes libres, Solon tire quatre classes censitaires. D'après le nombre de mesures de blé, de vin et d'huile que le citoyen possède, il appartient à l'une des quatre classes » suivantes les pentacosiomédimnes, qui possèdent plus de 500 médimnes de céréales ; les hippeis, cavaliers plus de 300 médimnes ; les zeugites, laboureurs plus de 200 médimnes ; les thètes moins de 200 médimnes. Les plus hautes magistratures ne sont accessibles qu'aux plus hautes classes ; les thètes n'ont accès qu'à l'Ecclésia et aux tribunaux. L'accès aux charges passait toutefois par une élection à l'Ecclésia. Aristote affirme qu'il aurait créé un deuxième Conseil de quatre cents membres[4] à raison de 100 par tribu au fonctionnement probouleumatique[5] mais aucune preuve de son existence n'a été découverte à ce jour. La véritable originalité de Solon réside toutefois dans ses réformes judiciaires il créa l'Héliée, un tribunal populaire ouvert à tous où, chose nouvelle, chacun avait le droit d'intervenir en justice contre quiconque aurait enfreint les lois, affirmant ainsi la responsabilité collective des citoyens. Réformes de Clisthène et poussée politique des thètes Organisation géographique de l'Attique. À travers sa réforme de -508, Clisthène, membre d’une des plus grandes familles d’Athènes, les Alcméonides, concéda au peuple la participation non seulement aux décisions politiques mais aussi aux fonctions politiques en échange de son soutien. Cette réforme repose sur la réorganisation de l’espace civique. Les anciennes structures politiques fondées sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacées par un système de répartition territoriale. Un citoyen athénien ne se définit désormais plus que par son appartenance à un dème, circonscription administrative de base de la vie civique ; chaque citoyen athénien doit être admis dans son dème lors de ses dix-huit ans. L'Attique est divisée en trois ensembles la ville asty, la côte paralie, et l’intérieur mésogée. Dans chaque ensemble se trouvent dix groupes de dèmes, nommés trittyes. La réunion de trois trittyes, une de chaque ensemble, forme une tribu, phylè il y a donc dix tribus. Chaque tribu regroupe plusieurs membres ; ils sont mélangés et non pas classés par culture, région et classes sociales afin que la population soit répartie de manière homogène et que les goûts politiques et culturels et les envies soient tous entendus[6]. Ce système, sur lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du clientélisme traditionnel. On parle d'isonomie, ce qui ne signifie pas égalité devant la loi », comme on l'affirme souvent, mais égale répartition » du verbe grec νέμ, répartir, distribuer[7]. Nouvelle organisation administrative et civique de l'Attique après la réforme de Clisthène. À la structure sociale et administrative hiérarchisée Dème ⊂ Trittye ⊂ Tribu ⊂ Cité, Clisthène fait correspondre une structure hiérarchisée du pouvoir Prytanes ⊂ Boulè ⊂ Ecclésia. Juges ⊂ Héliée ⊂ Ecclésia. La Boulè passe ainsi de 400 à 500 membres, 50 pour chaque nouvelle tribu, et sert non plus à éclairer l'Aréopage mais à définir l'ordre du jour de l'Ecclésia. Malgré la création des tribunaux de l'Héliée, la mainmise sur le pouvoir judiciaire de l'Aréopage reste prédominante. La réforme ne retint pas le vote comme mode principal de désignation des responsables politiques, lui préférant des tirages au sort pour la désignation des bouleutes et des héliastes et un système d'alternance régulière pour les prytanes, ce qui fait, pour partie, de la démocratie athénienne une stochocratie. D'autre part, lorsque Thémistocle convainquit les Athéniens de construire une flotte de combat pour leur défense contre les Perses, en 483 av. il fallut embarquer des milliers de citoyens de la quatrième classe, les thètes à raison de 174 rameurs par bâtiment, pour une flotte de deux cents trières, ces citoyens pauvres acquéraient un poids politique bien plus important que celui des hoplites. Cet essor naval d'Athènes conditionna aussi la démocratie proprement dite. Réformes de Périclès Vers le milieu du Ve siècle av. en 451 av. Périclès mit en place une indemnité journalière de présence au sein de l'Héliée et de la Boulê, ainsi qu'aux spectacles des Panathénées c’est le misthoï salaire » destiné à faire participer les citoyens les plus pauvres et résidant le plus loin de la ville[8]. Elle leur permettait de chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant de cette indemnité ou misthos passa de deux à trois oboles par jour sous Cléon, soit l'équivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractère démocratique du régime athénien. Cependant, Périclès se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques et par les grands chantiers qu'il entreprit que par sa rénovation des institutions politiques. En -451, Périclès fit adopter un décret qui imposa, pour devenir citoyen, d'être né de l'union légitime d'un père citoyen et d'une mère, fille de citoyen[9]. Fonctionnement de la démocratie athénienne La citoyenneté athénienne Jusqu'en 451 av. pour être citoyen athénien, il faut être un homme né de père athénien, et avoir suivi l'éphébie de 18 à 20 ans, c’est-à-dire être capable de défendre la cité. L'éphébie est en effet une formation militaire et civique qui permet à la cité d'assurer sa défense sans avoir d'armée permanente ; elle prémunit aussi la ville des risques de tyrannie. En 451, Périclès modifie la loi qui désormais confère la citoyenneté au jeune adulte à la seule condition de la double filiation d'un père de statut citoyen et d'une mère, fille de citoyen, ce second critère introduisant une restriction notable. Les esclaves et les femmes considérés respectivement comme des biens et d'éternelles mineures, ainsi que les métèques étrangers n'étaient pas inclus dans la communauté politique, comme dans la plupart des cités grecques. Cependant, si un métèque non barbare c’est-à-dire grec accomplissait de hauts faits pour la cité, il pouvait recevoir, à titre exceptionnel et en remerciement de ses actions, la citoyenneté athénienne, moyennant finances. Une telle décision ne pouvait être prise qu'à la suite d'un vote de l'Ecclésia réunissant 6 000 citoyens. Ces naturalisations sont donc très rares et solennelles. Par exemple, un métèque riche a fait don à la cité d'Athènes de plus de 1 000 boucliers, et il n'a jamais obtenu cette citoyenneté. La rareté de ce droit de cité accordé à des étrangers s'explique par le désir de maintenir un équilibre optimum entre le territoire et ceux qui se le partagent, et de ne point accroître inconsidérément le nombre des citoyens, c'est-à-dire des ayants droit[10]. La citoyenneté conférait un pouvoir politique, mais aussi une protection judiciaire, les citoyens ne pouvant ni être soumis à la question torture, ni être condamnés au supplice ou à une peine corporelle. Les seules peines qui pouvaient leur être infligées étaient donc l'amende, l'atimie, l'exil, et la mort. La citoyenneté confère aussi un privilège économique seuls les citoyens peuvent avoir une propriété foncière. Ce privilège s'explique par l'histoire de la démocratie athénienne ; héritier d'un passé aristocratique, le régime considérait l'agriculture comme le seul travail digne d'un citoyen, et valorisa la vie de rentier. Le citoyen athénien avait le droit de voter et d'être élu mais il avait le devoir de faire la guerre et de payer les impôts. Par ailleurs, les riches devaient financer les liturgies et les pauvres devaient être aidés financièrement pour pouvoir participer à la vie de la cité. Les institutions politiques Répartition des pouvoirs politiques dans l'Athènes démocratique au IVe siècle. Les institutions constitutives de la démocratie athénienne nous sont connues essentiellement grâce à la découverte inopinée, à la fin du XIXe siècle d'une Constitution des Athéniens attribuée à Aristote, et à ses disciples du Lycée, et rédigée aux environs de 330 av. Bien que la démocratie athénienne n'eût jamais de constitution écrite officielle, les rôles de ses institutions n'en demeurent pas moins clairement connus et distincts les uns des autres. Leurs évolutions font donc l'objet de subtiles luttes politiques. L'Ecclésia C'est l'assemblée qui rassemble tous les citoyens réunis sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois en général avec un quorum de 6 000 citoyens, en certaines circonstances ; la participation est normalement inférieure à ce chiffre si l'on en croit Thucydide[12],[13]. Ces votes se font à main levée et à la majorité simple. N'importe quel citoyen peut prendre la parole liberté qu'en grec ancien on appelle ἰηγορία, isegoria, exercer son pouvoir d'amendement et proposer une motion. C’est le propre de la démocratie directe. Une fois votée, la loi est exposée au public sur l'Agora. Selon un processus similaire, l'Ecclésia peut, une fois par an, prononcer l'exil d'un citoyen, pour différents motifs et pour une durée déterminée. Ce vote est appelé l'ostracisme dont le nom vient du morceau de céramique l'ostracon sur lequel est inscrit le nom de la personne dont on demande le bannissement. Cette sanction est dure, car le banni n'est plus protégé par sa cité. Il est soumis à tous les aléas, et dans les pires cas, il peut connaître l'esclavage. La réunion annuelle d'ostracophorie s'effectue après celle pendant laquelle les magistrats, bouleutes et héliastes sont tirés au sort pour des mandats d'un an. Elle nécessite la présence de 6 000 membres, c'est le fameux quorum de 6 000. Cette pratique disparaîtra en 417 av. après avoir frappé une dizaine de grands hommes politiques athéniens, évincés par des rivaux politiques. La Boulè La Boulè orthographiée parfois Boulê est le nom générique des conseils dans différents régimes grecs. À Athènes, la Boulê est souvent appelée Conseil des Cinq-Cents », car, à partir des réformes de Clisthène, elle est composée de 500 membres bouleutes à raison de cinquante par tribu. Les bouleutes sont tirés au sort parmi des listes dressées par chaque dème de citoyens volontaires âgés de plus de trente ans et renouvelés chaque année l'absence de toute qualification autre que d'âge empêche que la fonction soit l'objet d'une compétition ; un citoyen ne peut être bouleute au maximum que deux fois non successives, ce qui exclut la possibilité d'y faire carrière. Cette assemblée siège de façon permanente. La présidence et la coordination du travail sont assurées par les prytanes. Chaque tribu assure pendant un dixième de l'année 35-36 jours la prytanie, c'est-à-dire la permanence. Le principal travail de la Boulè est de recueillir les propositions de loi présentées par les citoyens, puis de préparer les projets de loi pour pouvoir ensuite convoquer l'Ecclésia. La Boulè siège au Bouleuterion, bâtiment contigu à la Tholos sur l'Agora. On a pu dire de la boulé athénienne que c'était une machine à éliminer les influences et à faire triompher le sens commun du démos, et le meilleur garant de la démocratie »[14]. Les magistrats La magistrature est une institution de la démocratie athénienne. Elle comprend environ 700 magistrats, choisis par élection, désignation, ou par tirage au sort. Leur mandat dure le plus souvent 1 an mais il existe plusieurs exceptions[15]. Les magistrats gèrent les affaires courantes et veillent à l'application des lois. Ils doivent exercer leur pouvoir de manière collégiale, aucune magistrature n'étant légalement en état de développer un pouvoir personnel, ce qui est censé éviter le retour à la tyrannie. Les magistrats et les ambassadeurs sont contrôlés à la fin de leur mandat. C'est la reddition de comptes que l'on nomme euthynai. Cela permet aux Athéniens de contrôler efficacement les magistrats et de limiter ainsi les dérives. Avant d'être investis, les hommes tirés au sort devaient passer devant une commission de contrôle qui avait pour mandat de s'assurer que les individus sélectionnés possédaient les compétences nécessaires pour exercer la magistrature pour laquelle ils avaient été désignés[16]. La dokimasia est l'examen préliminaire que subissent les futurs magistrats pour limiter les effets malheureux du tirage au sort. Il s'agit d'un examen de capacité légale il permet de vérifier que le candidat est bien citoyen, qu'il a bien l'âge minimum et le cens requis, qu'il n'a jamais occupé le poste et qu'il n'est pas frappé d'incapacité juridique. Il se déroule soit devant la Boulé, soit devant l'Héliée[17]. Magistratures athéniennes liste non exhaustive Archontes Édiles Magistratures judiciaires Magistratures financières Magistratures commerciales Magistratures culturelles et religieuses Magistratures militaires Magistratures de contrôle L'archonte éponyme Les astynomes Les Onze Les trésoriers Les agoranomes Les hiéropoioi Les stratèges Les euthynes et leurs parèdres L'archonte-roi Les hodopoioi Les juges des dèmes Les colacrètes ou apodectes Les métronomes Les exégètes Les taxiarques Les logistes et leurs substituts L'archonte polémarque Les polètes Les sitophylakes Les athlothètes Les phylarques Les thesmothètes Les logistes Les épimélètes d'emporion Les hipparques Le secrétaire Les hellénotames Les intendants de galère Les practores Les sophronistes Parmi eux, on trouve donc les 10 stratèges, élus pour un an et rééligibles à leurs fonctions militaires, puisqu'ils sont chargés du commandement de l'armée, étaient liées de multiples affaires qui leur ont valu une compétence et une autorité grandissantes. Ce sont les magistrats les plus importants de la démocratie. L'Aréopage L'Aréopage est une institution politique, précédant l'avènement de la démocratie et aux origines mythiques, qui eut pour but premier de conserver les lois », c’est-à-dire de veiller au respect de la constitution, et ayant à cette fin des pouvoirs judiciaires très étendus. Il est formé d'anciens archontes, c’est-à-dire d'anciens nobles riches et puissants avant qu'ils ne fussent tirés au sort. C'est traditionnellement l'institution athénienne la moins démocratique et la plus aristocratique. Elle tient son nom de la colline d’Arès où siègent les aréopagites. Son emplacement, hors de l’Agora qui est le cœur de la cité, a une forte symbolique le crime n'a, littéralement, pas le droit de cité. Les réformes de Dracon permirent aux citoyens de former des recours auprès de l'Aréopage à l'encontre de magistrats les ayant lésés dans l'exercice de leurs fonctions. Celles de Solon renforcèrent encore le pouvoir de l'Aréopage, qui fit alors figure de conseil des Sages, protégeant la cité non seulement contre les menaces internes et prévenant ainsi — paradoxalement — les complots ourdis contre la démocratie mais aussi les menaces externes. À ce titre, l’Aréopage ne rendait compte de ses activités auprès d'aucune autre institution. Après les réformes de Clisthène et les guerres médiques, le pouvoir détenu par l'Aréopage devient donc prépondérant. Éphialtès et Thémistocle travaillèrent de concert pour réduire cette influence au profit de l'Ecclésia, de la Boulê, et des nouveaux tribunaux de l'Héliée. Ainsi, après 462 av. l'Aréopage ne dispose plus de pouvoir politique mais fait figure de vénérable institution. L'Héliée Ce tribunal populaire est composé de 6 000 citoyens, toujours âgés de plus de 30 ans et répartis en dix classes de 500 citoyens 1 000 restant en réserve tirés au sort chaque année pour devenir héliastes[18]. Ils étaient désignés grâce à la plaque que l'on voit ci-contre à gauche. Pour ce faire, on mettait les noms de tous les volontaires dans les cases et on ajoutait des fèves blanches et noires dans un autre compartiment qui a été arraché, puis on tirait au sort un nom et une fève si la fève était blanche, le citoyen était héliaste et si la fève était noire, il ne l'était pas, et on recommençait pour en avoir jusqu'à 500. L'accusation est toujours, en l'absence d'équivalent à nos ministères publics », une initiative personnelle d'un citoyen. Celui-ci percevant, en cas de condamnation, une partie de l'amende, pour indemnisation et récompense de ses efforts pour la justice, certains citoyens font de la délation leur métier, ce sont les sycophantes. Malgré des mécanismes limitant les dérives de ce système, celui-ci contribue à diviser la cité et servit d'argument fort au parti aristocratique contre le nouveau régime. Par un système compliqué et selon l'affaire, on désigne par tirage au sort sous contrôle d'un magistrat instructeur un plus ou moins grand nombre d'héliastes pour chaque procès. Ainsi, à titre d'exemple, pour un procès privé, 201 juges siègent normalement, 401 exceptionnellement. Pour les procès publics, ils sont 501, 1 001, voire 1 501 juges. La tâche de juger est d'autant plus difficile qu'il n'y a ni code de procédure, ni code pénal, offrant ainsi une grande liberté d'interprétation des lois par ailleurs en nombre réduit. De plus, les verdicts sont sans appel et immédiatement exécutoires, on comprend dès lors l'important rôle politique que prennent les tribunaux de l'Héliée. 200 réunions ont lieu par an, chacune sous la présidence d'un magistrat qui ne prenait pas part au vote. Le tribunal des Éphètes, juges des causes criminelles, compte 51 membres, c'est celui qui a le plus accaparé les prérogatives de l’Aréopage ; il peut siéger en quatre endroits différents selon les types d'affaires au Prytaneion, tribunal du sang », ils jugent tout ce qui a pu amener mort d'hommes objets, animaux ; au Palladion, ils jugent les homicides involontaires, les instigations au meurtre, les métèques et les esclaves ; au Delphinion, ils jugent les homicides considérés par l'archonte-roi comme excusables ou découlant de la légitime défense ; à Phréattys sur une plage, ils jugent les bannis pour homicide involontaire qui ont commis un meurtre avec préméditation dans leur exil. L'accusé, encore en état de souillure et interdit de séjour, est alors placé sur une embarcation au large d'où il présente sa défense aux juges[19]. Équilibre entre l’Ecclésia et l’Héliée Au cours du temps, l’Héliée a limité le pouvoir de l'Ecclésia. Au Ve siècle avant notre ère, à l'époque de Périclès, la démocratie est radicale et l'Ecclésia vote tout, toute seule. Mais au IVe siècle av. à l'époque de Démosthène, l'Ecclésia ne vote plus que les décrets. Les lois doivent être votées par les nomothètes sur proposition de l'Ecclésia. Les nomothètes sont tirés au sort de la même façon que les membres du tribunal de l'Héliée, elle-même chargée de veiller à la légalité des décrets. En effet, en 416 av. la procédure de graphè paranomôn ἡ γραφή παρανμν est une action en illégalité pour la mise en accusation d'un décret ; elle se substitue à la pratique de l'ostracisme utilisée pour la dernière fois l'année précédente. Elle permet à n’importe quel citoyen de faire examiner par un tribunal de l’Héliée, le dikastèrion, tout décret ayant été voté par l’Ecclésia ou en cours de proposition par l’Ecclésia. Si le tribunal juge le décret ou la proposition de décret contraire aux lois, non seulement elle est annulée mais son auteur, et l’épistate dirigeant les débats au moment de son adoption ou proposition, sont passibles de lourdes sanctions, allant jusqu’à l’atimie. Si le tribunal est appelé pour juger un décret en cours de proposition et qu’il l’a déclaré compatible avec la loi, cela entraînait son adoption sans réexamen par l’Ecclésia. La graphè paranomôn offre donc à l’Héliée au fil du temps un rôle de co-législateur, partageant le pouvoir législatif avec la Boulê et l’Ecclésia. Résultat à partir de 355 av. les luttes politiques ne se tiennent plus seulement sur la Pnyx, mais aussi devant les Héliastes qui, à l'inverse des ecclésiastes, avaient prêté serment, votaient à bulletin secret, devaient avoir au moins trente ans, et consacraient une journée entière par affaire, alors que l'Ecclésia votait plusieurs décrets en une demi-journée. Les Athéniens considéraient donc que les décisions des nomothètes étaient supérieures, en raison du serment religieux d'écouter également les deux parties et de se déterminer en son âme et conscience, de la sagesse qui vient avec l'âge et du temps consacré à chaque affaire. Cependant les nomothètes sont quand même tirés au sort dans l'ensemble des citoyens volontaires, ils ne constituent donc pas une limitation élitiste de la souveraineté du démos. Peines judiciaires et sanctions démocratiques à Athènes Les citoyens ne pouvaient pas, contrairement aux métèques ou aux esclaves, encourir la torture. Mais ils encouraient plusieurs peines judiciaires en cas d’infraction à la loi, ou des sanctions inhérentes aux institutions démocratiques Les citoyens peuvent subir des amendes financières ; Les citoyens ayant commis des délits mineurs avaient la maison peinte d'une couleur voyante pour susciter la honte du coupable et le mépris du voisinage[réf. nécessaire] ; Les citoyens pouvaient être démis de leur qualité par l'atimie, ce qui les privait de nombreux avantages ; L'ostracisme pouvait être voté par l'Ecclésia, il consistait généralement en un bannissement d'une durée de 10 ans ; Enfin, dans les cas exceptionnels, la peine de mort était appliquée, par exemple, par absorption de la ciguë que Socrate ou Théramène sont condamnés à boire[20]. Globalement, les citoyens étaient beaucoup mieux protégés par la loi que les non-citoyens ; en général le meurtre d'un citoyen était puni de la peine de mort tandis que le meurtre d'un métèque entraînait le bannissement. Les grandes crises de l'Empire Athénien guerre du Péloponnèse et coups d'État L'année -430 marque, avec la guerre du Péloponnese, le début du déclin d'Athènes. La désastreuse et longue lutte contre Sparte conjuguée à une épidémie de fièvre typhoïde, fatale pour Périclès en -429, ne sont que les premiers facteurs qui finalement conduiront à leur perte l'empire athénien et la cité désormais démoralisée et soumise aux démagogues. Après Périclès, les auteurs contemporains dont les ouvrages nous sont parvenus les historiens Thucydide puis Xénophon, le comique Aristophane, et plus tard au IVe siècle Platon, critiquent fortement la dérive démagogique de la démocratie athénienne. Pour Aristophane, qui critiqua notamment le passage à trois oboles du misthos sous Cléon dans sa pièce les Guêpes les pauvres, de plus en plus impliqués dans l'exercice du pouvoir, sont plus sensibles aux arguments des démagogues. La foule des citoyens prend des décisions qu'on analysera ultérieurement comme particulièrement injustes, un exemple souvent cité étant la condamnation à mort de Socrate[réf. nécessaire]. Il n'est donc pas étonnant que la critique intellectuelle de la démocratie apparaisse sous une forme particulièrement sévère, chez le principal disciple de Socrate Platon. Celui-ci hiérarchise dans la République les régimes politiques en plaçant la démocratie juste devant la tyrannie et derrière l'aristocratie, la timocratie, et l'oligarchie. Un premier coup renverse la démocratie au profit d'une éphémère tyrannie en -411, avec le coup d'État des Quatre-Cents. À la suite de la défaite finale d'Athènes contre Sparte à Aegos Potamoi, Sparte occupe Athènes et instaure en -404 un régime tyrannique avec les Trente tyrans ». Ceux-ci suppriment l'Héliée, restaurent les prérogatives passées de l'Aréopage, et relèguent l'Ecclésia à un simple rôle consultatif, s'assurant eux-mêmes les rênes du pouvoir. Ce régime, de plus en plus violent[20], ne survivra pas au départ de l'occupant spartiate au début de l’an -403. IVe siècle av. Périodes hellénistique et romaine Alexandre le Grand avait mené une coalition des États grecs à la guerre avec l'Empire perse en 336 av. mais ses soldats grecs étaient des otages pour le comportement de leurs États autant que des alliés. Ses relations avec Athènes étaient déjà tendues quand il retourna à Babylone en 324 av. Après sa mort 323 av. Athènes, qui a reconstitué ses finances et ses forces navales, et Sparte ont mené plusieurs États grecs à la guerre avec la Macédoine et ont perdu cette guerre. Athènes dut adopter un régime oligarchique protégé par une garnison macédonienne. Hypéride fut exécuté et Démosthène se suicida[21]. Ceci a abouti à un certain nombre de périodes au cours desquelles une force extérieure a commandé Athènes[22]. Souvent, le pouvoir extérieur mit en place un agent local en tant que gouverneur politique à Athènes. Mais quand Athènes était indépendante, elle fonctionnait sous sa forme de gouvernement traditionnel. Elle a rarement contrôlé toute l'Attique, puisque le Pirée est une excellente base navale, et un des rois hellénistiques habituellement la contrôlait. Même les gouverneurs, comme Démétrios de Phalère qui gouverna Athènes pour le compte de Cassandre entre 317 et 307 av. maintenaient les institutions traditionnelles formellement. L'Athènes indépendante était une puissance mineure à l'époque hellénistique. Elle eut rarement beaucoup à faire de la politique étrangère. Elle restait généralement en paix, alliée soit avec la dynastie des Ptolémées, ou plus tard, avec Rome. Quand elle fit la guerre, le résultat comme dans la guerre lamiaque, chrémonidéenne ou de Mithridate fut généralement désastreux. Notes et références ↑ Jacques Rancière La démocratie est née d’une limitation du pouvoir de la propriété » », sur 17 novembre 2007. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, PUF, 1972, p. 65, 102 et 421. ↑ Pierre Lévêque, L'Aventure grecque, Armand Colin, 1969, p. 186-187. ↑ Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] lire en ligne, VIII, 4. ↑ Pierre Lévêque, L'aventure grecque, Armand Colin, 1969, p. 188. ↑ Édouard Will, Le monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 69 à 74. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 73-74. ↑ Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] lire en ligne, XXVII, 3-4. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 421. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, PUF, 1972, p. 421. ↑ Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] lire en ligne. ↑ Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, VIII, 72. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, PUF, p. 450. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, PUF, 1972, p. 451-452. ↑ Yves Pepin, Ressemblances et différences La démocratie Athénienne et la République Romaine », sur ↑ Anastasia Colosimo, Démocratie 1/3 Démocratie et libéralisme, je t’aime moi non plus ? », sur France Culture, 24 décembre 2018 consulté le 25 décembre 2018 ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siècle 510-403, PUF, 1972, p. 454. ↑ Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] lire en ligne, LXIII et suiv. ↑ Robert Flacelière, La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès, Hachette, 1971, p. 282-283. ↑ a et b Xénophon trad. Jean Hatzfeld, Helléniques, Les Belles Lettres, 1948. ↑ Édouard Will, Claude Mossé, Paul Goukowsky, Le Monde grec et l'Orient, Le IVe siècle et l'époque hellénistique, PUF, 1975, p. 352. ↑ De 322 à 318 ; de 317 à 307 ; de 266 à 229 Macédoine ; de 58 à 55 av. Rome. Voir aussi Bibliographie Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Payot, coll. Petite bibliothèque », 2003 ISBN 2228897515 1re éd. 1973 Democracy, Ancient and Modern. Mogens Herman Hansen, La Démocratie athénienne à l'époque de Démosthène, Les Belles Lettres, coll. Histoire », 2003 ISBN 2251380248, 1re éd. 1991 The Athenian Democracy in the Age of Demosthenes. Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif 1re éd. 1995 [détail des éditions] présentation en ligne.. Pascal Morisod, D'Athènes à Berne, la voix du peuple… », dans Chronozones no 10 2004, Lausanne ISSN 1422-5247. Jacques Jouanna, Athènes et la démocratie », Comptes rendus des séances de l’Académmie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 155e année, no 4,‎ 2011, p. 1659-1668 lire en ligne, consulté le 18 août 2020. Claude Mossé Histoire d'une démocratie Athènes. Des origines à la conquête macédonienne, Seuil, coll. Points Histoire », 1971 ISBN 2020006464, Politique et société en Grèce ancienne le modèle » athénien, Flammarion, coll. Champs », 2000 ISBN 2080814389. S. Price et O. Murray s. dir., La Cité grecque d'Homère à Alexandre, La Découverte, coll. Textes à l'appui », 1992 ISBN 2707121770. Jacqueline de Romilly Problèmes de la démocratie grecque, Herman, coll. Agora », 1998 ISBN 2705657819, 1re éd. 1975 L'Élan démocratique dans l'Athènes ancienne, Éditions De Fallois, 2005 ISBN 2877065561. Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle, de Clisthène à Socrate, Seuil, collection Points Histoire », 1995. en R. Sinclair, Democracy and Participation in Athens, Cambridge University Press, 1988 ISBN 0521423899. Cornelius Castoriadis, Ce qui fait la Grèce, tome 2 La cité et les lois, Seuil, coll. la couleur des idées, 2008 ISBN 9782020971416. Articles connexes Histoire de la Grèce antique Liens externes La citoyenneté à Athènes, dossier du projet Musagora de l'Educnet. Textes sur la société athénienne à l'époque classique. Textes sur la pensée politique grecque Naissance de la démocratie, Département des programmes éducatifs du Ministère hellénique de la Culture.
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