Retrouvezles 141 critiques et avis pour le film Le bonheur est dans le prĂ©, rĂ©alisĂ© par Ătienne Chatiliez avec Michel Serrault, Eddy Mitchell, Sabine AzĂ©ma.En 1995, la quatriĂšme confĂ©rence mondiale sur les femmes se dĂ©roulait Ă Beijing en Chine. Lors de cette confĂ©rence, plusieurs thĂšmes furent abordĂ©s, parmi lesquels la question des violences faites aux femmes. Une dĂ©claration et un programme dâaction recoupant les rĂ©solutions adoptĂ©es au cours de la confĂ©rence de Beijing furent prĂ©sentĂ©s aux Nations-Unies sous forme de recommandations[1], avec dans chacun des domaines critiques considĂ©rĂ©s, des objectifs stratĂ©giques et des mesures concrĂštes pour les atteindre. Lâintroduction du point concernant la violence Ă lâĂ©gard des femmes » dans la dĂ©claration de Beijing indiquait que celle-ci constitue une violation des droits fondamentaux et des libertĂ©s fondamentales des femmes et empĂȘche partiellement ou totalement celles-ci de jouir de ces droits et libertĂ©s »[2]. Mais, cette conception de la violence, semble-t-il, devait Ă©chapper Ă lâentendement de quelques-uns. Un an plus tard, lors de la cĂ©rĂ©monie des CĂ©sars, Le bonheur est dans le prĂ© », film rĂ©alisĂ© par Ătienne Chatiliez en 1995, Ă©tait nominĂ© six fois, remportant le CĂ©sar du meilleur acteur dans un second rĂŽle par lâacteur Eddy Mitchell. Cette Ćuvre cinĂ©matographique », inspirĂ©e dâun poĂšme de Paul Fort intitulĂ© Le bonheur », peut briĂšvement ĂȘtre rĂ©sumĂ© ainsi Chef dâentreprise Ă Dole, dans le Jura, Francis Bergeade nâa pas une vie rĂ©jouissante tourmentĂ© par les employĂ©es de son usine de siĂšges de toilettes qui menacent de faire grĂšve rĂ©guliĂšrement, harcelĂ© par les impĂŽts et par son Ă©pouse et par sa fille qui ne songent quâĂ faire des dĂ©penses inconsidĂ©rĂ©es, il nâa comme joie dans la vie que les moments passĂ©s au restaurant Le bon laboureur » avec son meilleur ami, GĂ©rard, le concessionnaire automobile de Dole. Ce dernier lâappelle affectueusement Lapin ». Les tracas sâaccumulent tant quâil finit par en faire un malaise. HospitalisĂ©, câest pendant sa convalescence que se produit lâimprĂ©visible une fermiĂšre et ses deux filles, venues de Condom, dans le Gers participent Ă une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision pour retrouver leur mari et pĂšre, un certain Michel Thivart, disparu 26 ans plus tĂŽt⊠Or, Michel Thivart est le sosie parfait de Francis ! Alors, est-ce lui ou nâest-ce pas lui ?[3] » CatĂ©gorisĂ© comme comĂ©die, ce film totalise, en plus de ses six nominations aux cĂ©sars, 4 931 227 dâentrĂ©es[4], ce qui le place en troisiĂšme position des films français au box office de lâannĂ©e 1995. Il est Ă©galement notĂ© dâun 6,8 sur 10, sur lâInternet movie database Imdb[5]. RĂ©actionnaire sur plein dâaspects, ce film use des stĂ©rĂ©otypes les plus Ă©culĂ©s de ce type de rhĂ©torique, allant du dĂ©nigrement des Ă©vĂ©nements de mai 68 Ă lâexaspĂ©ration de ne voir que des grĂšves Ă la tĂ©lĂ© ». Ăgalement trĂšs fourni en stĂ©rĂ©otypes de classe et sur un fond imprĂ©gnĂ© de racisme, câest gĂ©nĂ©ralement par le biais des personnages fĂ©minins que ceux-ci sont mis en avant, quelques exceptions notables pouvant nĂ©anmoins ĂȘtre relevĂ©es, par exemple lâAfrique avec un grand A, ça ne sâexplique pas, ça se rĂȘve », le chien Bamboula », seul ĂȘtre fidĂšle et comprĂ©hensif de la famille, etc. En regard Ă dâautres films sexistes, la force de celui-ci relĂšve avant tout de sa cohĂ©rente et complĂšte misogynie. Mise en exergue dans la quasi totalitĂ© des dialogues, elle en est Ă©galement lâĂ©lĂ©ment moral central, faisant de nĂ©cessitĂ© vertu, notamment et surtout dans le concept de la quĂȘte du bonheur ». Bonheur des uns, il va sans dire, au dĂ©triment des autrEs qui par un procĂ©dĂ© fallacieux sont prĂ©sentĂ©es comme y trouvant leur compte. Du dĂ©but Ă la fin, sans que le ton sâessouffle en cours de route, le spectateur se voit offrir un vĂ©ritable rĂ©quisitoire contre les femmes en gĂ©nĂ©ral et contre tout ce qui relĂšve du fĂ©minin en particulier. La mise en scĂšne des rapports sociaux de sexes, rĂ©vĂšle une conception trĂšs conservatrice des rapports sociaux hommes/femmes, le scĂ©nario et les dialogues sâinscrivant dans une lignĂ©e particuliĂšrement anti-fĂ©ministe avec une orientation masculiniste[6] probante. Lâanti-fĂ©minisme du film sert de pastiche de fond, les femmes Ă©tant lâĂ©lĂ©ment repoussoir par excellence dont la prĂ©sence est tolĂ©rable et souhaitable, si elles sont cantonnĂ©es Ă la sphĂšre domestique.[7] Femmes, retournez en cuisine faire la popote pendant quâon discute grosse voiture entre mecs ⊠âŠet quâon trinque tandis que vous vous adonner Ă des passes-temps stimulants comme le nettoyage de nos fringues. En revanche, le masculinisme se dĂ©ploie comme fil rouge de la maniĂšre suivante. Le contexte de dĂ©part prĂ©sente un univers social chaotique, les femmes occupant des places indues, oppriment les hommes par ce biais, entravant un Ă©quilibre que lâon imagine alors dĂ©finitivement rompu. Les hommes, prĂ©sentĂ©s en groupe opprimĂ©, semblent avoir perdu majoritairement leurs prĂ©rogatives passĂ©es. La trame du film consistera pour le groupe dominant en une mobilisation de reconquĂȘte de ses prĂ©rogatives par la recherche du bonheur. Cette initiation virile est dâabord une question dâhonneur voire de survie puisquâils sont persĂ©cutĂ©s, mais Ă©galement un souci presque philanthropique de rĂ©tablir un ordre social juste » juste pour eux. Le groupe des femmes construit de bout en bout comme une menace nĂ©faste dirigĂ©e Ă leur encontre, ouvre la possibilitĂ© pour ces derniers dâuser de moyens explicitement oppressifs allant jusquâĂ lâĂ©loge de la violence, prĂ©sentĂ©e alors comme lĂ©gitime. Les oppresseurs devenus opprimĂ©s peuvent ainsi dĂ©ployer sans complexe une rĂ©pression massive, cohĂ©rente, assumĂ©e et revendiquĂ©e. En inversant les rĂŽles, la dĂ©fense de leur groupe se pose comme nĂ©cessaire et justifie lâhumiliation des personnages fĂ©minins, lâaffirmation de lâautoritĂ© des hommes sur les femmes, par un paternalisme rĂ©current et par le recours Ă diffĂ©rents types de violences, quâelles soient physiques, sexuelles ou verbales. Lâapprentissage de la virilitĂ© sâeffectue sur une portĂ©e aux nues de lâhomo-sociabilitĂ©, articulĂ©e avec le rejet, la haine et le mĂ©pris des femmes, bien que celles-ci soient prĂ©sentes, mais assignĂ©es Ă nâĂȘtre que des pourvoyeuses de services sexuels et domestiques. LâhĂ©tĂ©rosexisme et lâhomophobie sont Ă©galement constituantes de cette homo-sociabilitĂ© masculine. Que ce soit clair on est pas des fiottes⊠⊠on se sert juste les coudes entre potes face Ă ce ramassis de gonzesses qui nous pourrissent la vie ! Un film en deux temps tu seras un homme mon pote ! » Lâinitiation virile sâinstalle crescendo, deux parties pouvant ĂȘtre distinguĂ©es. Elle se joue entre les deux personnages principaux, GĂ©rard incarnĂ© par Eddy Mitchell qui reprĂ©sente lâhomme viril et dominant, et Francis incarnĂ© par Michel Serrault, reprĂ©sentant, lui, lâhomme Ă©masculĂ© et dominĂ©. Lâusage de lâantagonisme des personnages de Francis et GĂ©rard constitue un aspect incontournable dans lâapprentissage de Francis et dans sa reconquĂȘte du masculin. Par le biais de registres tel que lâamitiĂ© virile fondĂ©e sur le rejet du fĂ©minin, Francis va rĂ©ussir Ă sâĂ©manciper du joug de la femme », dont le spectateur comprend vite quâil sâagit dâun tout monolithique nĂ©faste. Lâaboutissement du film Ă©tant sa rĂ©demption matĂ©rielle et symbolique et lâaccĂšs au bonheur dans un monde oĂč chacun-e a retrouvĂ© sa place », la fin justifiant les moyens pour y parvenir. Le premiĂšre partie du film prĂ©sente les dĂ©boires successifs encourus par Francis, patron dâune entreprise dâaccessoires pour WC Ă©tabli dans le Jura. Il ne sait pas faire valoir son autoritĂ©, ni au travail auprĂšs de ses ouvriĂšres en grĂšve, ni dans sa vie de famille constituĂ©e par sa femme, Nicole, et sa fille, caricaturĂ©es en harpies vĂ©nales. Francis est prĂ©sentĂ© comme un homme brimĂ©, incompris, humiliĂ©, malheureux et bafouĂ©. Il est passif, sa voix est aiguĂ«. Il nâa pas de self-contrĂŽle, cĂ©dant vite Ă lâhystĂ©rie et sâexposant ainsi Ă la dĂ©convenue. Contrairement Ă son ami, il nâa pas de vie sexuelle. En somme, c »est lâantithĂšse de GĂ©rard qui est calme, sĂ»r de lui, charismatique. DotĂ© dâune voix grave, câest un bon vivant, hĂ©doniste, dragueur, il entretient des relations sexuelles avec toutes les femmes qui croisent sa route, de lâinfirmiĂšre Louison-qui-a-des-gros-nichons » Ă la vendeuse de chaussures, en passant par la femme de Francis. MalgrĂ© cela, les deux protagonistes partagent une forte relation homosociale faite de bonnes bouffes au resto, de bons moments de drague bien lourde, et de dĂ©testation du genre fĂ©minin. Cette haine des femmes, dans la premiĂšre partie du film, se traduit principalement par des discussions axĂ©es sur des constats misogynes. Leurs Ă©changes sur le sujet servent de prĂ©texte Ă la dĂ©nonciation de ce qui est donnĂ© Ă voir comme une succession dâabus perpĂ©trĂ©s par les femmes. Câest la partie thĂ©orique » de lâinitiation. Francis bien que conscient de ces abus en question, ne sait pas y faire face comme un homme, Ă©tat de fait que GĂ©rard sâĂ©vertue Ă lui rappeler, en vain. Francis, victime des femmes et de son propre manque dâautoritĂ©, est poussĂ© Ă bout et fait un malaise. Il se retrouve hospitalisĂ©. Suite Ă cela, Francis effectue des prises de conscience plus concrĂštes sur sa situation, aprĂšs tout, son malaise sonne comme un avertissement câest sa propre vie qui est en danger. La deuxiĂšme partie du film voit Ă©merger une appropriation pratique par Francis de sa propre virilitĂ©. Ainsi, il va expĂ©rimenter les privilĂšges lĂ©gitimes et nĂ©cessaires Ă tout homme qui se respecte. Cette appropriation du champ viril est montrĂ© aux spectateurs comme incontournable tant pour lui que plus largement pour toute la sociĂ©tĂ©. Toujours cadrĂ© par son ami GĂ©rard, mec accompli qui en a » et qui assume, celui-ci continue de lui servir de guide, dâexemple et de soutien. Francis mis sous pression par sa femme, sa fille et ses ouvriĂšres craque et part dans le Gers retrouver DolorĂšs et ses filles. Câest lĂ que peu Ă peu, il va redĂ©couvrir le bonheur, notamment grĂące aux soins bienveillants et Ă la dĂ©votion servile de DolorĂšs. Francis redevient un homme et trouve mĂȘme la force et le courage de rentrer dans le Jura pour sauver lâentreprise que Nicole est incapable de gĂ©rer. En lâabsence de Francis, son pote GĂ©rard va entamer avec elle une relation pĂ©dagogique. Il lui apprendra Ă bien se tenir en la remettant Ă sa place. Les deux couples ainsi reformĂ©s Ă la fin, nous montre un happy end, avec les deux hommes contemplant la campagne en sirotant un verre de vin et en arriĂšre plan DolorĂšs qui explique Ă Nicole de quelle maniĂšre laver les habits trĂšs sales de GĂ©rard. Le rĂ©tablissement normatif de liens sociaux idĂ©ologiquement conservateurs, encadrĂ© par une vision ultra-patriarcale est prĂ©sentĂ© comme nĂ©cessaire et salvatrice pour toutes-s. La morale Ă©tant que si la sociĂ©tĂ© va mal câest parce que les femmes ne sont plus Ă leur place et que cela a engendrĂ© des perturbations, au sein de lâinstitution de la famille, dans les relation entre les hommes, etc. La virilitĂ© est montrĂ©e sous diffĂ©rents angles qui permettent aux spectateurs de la cerner sans quâelle ne soit concrĂštement dĂ©finie puisquâelle se fonde sur des reprĂ©sentations Ă lâĆuvre. Lâusage binaire et manichĂ©en du fĂ©minin et du masculin, Ă©taye cette vision orientĂ©e du monde social selon ce point de vue. Tout ce qui relĂšve du fĂ©minin est constituĂ© en figure repoussoir. Dans cette dĂ©monstration, le duo Francis/GĂ©rard illustre bien la dichotomie entre les deux pĂŽles. Si la vie de Francis va mal, ce nâest dans le fond pas tant Ă cause des femmes, mais parce que lui-mĂȘme se comporte sans faire valoir ses compĂ©tences dâhomme auprĂšs de ces femmes. Lâhistoire se devant dâĂȘtre Ă©crite par et pour des hommes, câest donc de sa faute Ă lui si les Ă©vĂ©nements se passent mal. Dâailleurs GĂ©rard le lui signifie Ă plusieurs reprises, soit sous forme de plaisanteries narquoises, soit sur le ton dâinjonction du type Fous-y une bonne trempe », soit encore sous forme de reproches tel que VoilĂ , tout ça câest de ta faute, si tu lui avais mis une bonne torgniole de temps en temps, on en serait pas là ». GĂ©rard, sĂ»r de ses attributs de virilitĂ©, incarnation masculine par excellence, appelle Francis lapin ». Ce diminutif affectueux et gentiment ironique, voire paternaliste selon les situations, fait partie dâun registre dâhumour que GĂ©rard peut sans risque explorer puisque rien ni personne ne pourrait mettre en doute sa masculinitĂ©. Francis, personnage dĂ©jĂ largement fĂ©minisĂ© rĂ©agit plusieurs fois Ă cette appellation en exprimant son mĂ©contentement, notamment en lui disant arrĂȘte de me tripoter comme une gonzesse, jâai horreur de ça ». La proximitĂ© que les deux compĂšres partagent a nĂ©anmoins ses limites. Lorsque Francis, dĂ©sespĂ©rĂ©, le prend dans ses bras sur son lieu de travail, GĂ©rard exaspĂ©rĂ© sâexclame â Et voilĂ , maintenant ils vont croire quâon est pĂ©dĂ©s ! -Excuse-moi. », rĂ©pond Francis. Ce rappelle Ă lâordre montre que leur complicitĂ© doit rester dans un cadre explicitement et ostensiblement hĂ©tĂ©rosexuel. Et voilĂ , maintenant ils vont croire quâon est pĂ©dĂ©s !!! ⊠Et quand mĂȘme pĂ©dĂ© », pour un vrai mec sĂ©vĂšrement burnĂ© comme moi câest un peu la loose ! Lâacquisition du bonheur viril passe aussi par des petites choses toutes simples. Aussi le film nous gratifie de merveilleuses scĂšnes oĂč lâon voit lâhomme qui pisse heureux et libre, pĂ©nis au vent dans la campagne, ou encore lâhomme qui rote en se caressant la panse, bien repu quâil est, aprĂšs sâĂȘtre goinfrĂ© du repas prĂ©parĂ© et servi par les femmes. Ătant entendu que ces petites satisfactions de la vie sont bien sĂ»r rĂ©servĂ©es exclusivement aux hommes, il suffit dâimaginer lâeffet des ces mĂȘmes scĂšnes avec les hĂ©roĂŻnes du film pour sâen convaincre. Du reste, lorsque Nicole se permet de ronfler pendant sa sieste, le spectateur est tenu de comprendre quâelle est ridicule et de ressentir de la gratitude envers GĂ©rard qui lâinterrompt dâun coup de poing sur la table en criant OH, EH, Câest un opĂ©ra ou quoi ? ». Aaah, le plaisir des choses simples⊠rĂ©servĂ© aux hommes, cela va sans dire! Les personnages fĂ©minins, une vision trĂšs nuancĂ©e salopes », connes », connasses », grosses pĂ©tasses », truies », chienne », gueuses », pute », bĂ©casse », menteuses », bonnes femmes » et autre folle » Ce florilĂšge de qualificatifs, dans les dialogues et dans les interpellations faites aux personnages fĂ©minins, est systĂ©matique et sans appel. A tel point que le script dĂ©passe la dualitĂ© rĂ©ductrice classiques des figures emblĂ©matiques de la mĂšre » et de la putain ». Les hĂ©ros nous donnent Ă voir quâil nây a que des putains ». A lâadage toutes des putes sauf ma mĂšre », le film dĂ©montre que les femmes sont toutes des putes et les mĂšres aussi. Ce regard portĂ© par les personnages masculins sur les femmes est intĂ©ressant dans ce quâil donne Ă voir de leurs reprĂ©sentations et plus globalement, sur le caractĂšre normatif de cette dĂ©signation. Lâattribution dâune insulte dont on comprend quâelle constitue lâapogĂ©e de lâinfamie Ă leurs yeux, permet de rĂ©inscrire le groupe des femmes en Ă©tat de subordination. Dans un ouvrage[8] particuliĂšrement Ă©clairant sur cette question, lâauteure Gail Pheterson prĂ©sente les concepts de prostitution » et prostituĂ©e » comme Ă©tant des instruments sexistes de contrĂŽle social⊠». Elle montre aussi que si lâune des fonctions politiques de lâusage de ce stigmate est une division entre les femmes considĂ©rĂ©es comme honorables et celles qui ne sont pas considĂ©rĂ©es comme tel », celui-ci Ă©tant aussi un moyen dâattaque tout prĂȘt, le stigmate de la putain peut ĂȘtre utilisĂ© contre nâimporte quelle individue ou groupe de femme qui suit ou bien conteste le modĂšle du bon droit des hommes ⊠». Cette fonction politique de lâusage de ce stigmate se dĂ©ploie dans le film de bout en bout. Non seulement ramenĂ©e Ă leur Ă©tat essentialisĂ© dâĂȘtres subordonnĂ©s se devant dâĂȘtre contrĂŽlĂ©s, le groupe des femmes est aussi dĂ©pouillĂ© de son humanitĂ©. Explicitement traitĂ©es comme des objets tout au long du scĂ©nario, elles le sont Ă©galement de maniĂšre emblĂ©matique au niveau grammatical, lâusage de pronoms habituellement attribuĂ©s Ă des objets tel que ça » ou fous-y », renforçant un peu plus lâidĂ©e que nous nâavons pas vraiment affaire Ă des personnes, mais Ă des choses. Dans la mĂȘme optique, les femmes du film sont, Ă plusieurs reprises, interpellĂ©es directement mais Ă la troisiĂšme personne du singulier. GĂ©rard parlant Ă Louison lui dit sur un ton miĂšvre et directif Oh, mais elle va pas nous faire sa mĂ©chante, elle va trinquer avec nous, hein !». Dans le registre de lâusage du fĂ©minin comme figure repoussoir, les personnages des producteurs de lâĂ©mission de tĂ©lĂ©, en parlant de Francis disent elle se dĂ©fendait bien lâanimale ». Lâusage du nom commun animal » au fĂ©minin se caractĂ©rise par la raretĂ© de son emploi. Parler de Francis en usant du pronom elle » pour parler dâune animale montre lâemphase recherchĂ©e pour le fĂ©miniser dans le but de le rabaisser. Le renvoi du fĂ©minin Ă la nature est aussi caractĂ©ristique de la nĂ©gation de lâaccĂšs des femmes Ă lâhumanitĂ©, la culture Ă©tant une prĂ©rogative de lâhomme » lui confĂ©rant son statut dâĂȘtre humain Ă part entiĂšre. Hormis les insultes Ă caractĂšre sexiste et putophobe assumĂ©, la chosification des femmes, les euphĂ©mismes, onomatopĂ©es, rĂąles et grognements, ainsi que les expressions insultantes conjuguĂ©es Ă des postures et des mimiques non-verbales, sont Ă©galement constitutives des dialogues/Ă©changes du film. Il faudrait sans doute un livre entier pour passer tous les dĂ©tails en revue, tant cette production cinĂ©matographique est imprĂ©gnĂ©e de misogynie. A tel point, que les scĂšnes qui en sont dĂ©pourvues peuvent se compter sur les doigts dâune main, et probablement celle de Django Reinhardt. Nicole, incarnĂ©e par Sabine AzĂ©ma, est le rĂŽle principal fĂ©minin. Câest une bourgeoise antipathique et autoritaire uniquement prĂ©occupĂ©e par son bien-ĂȘtre matĂ©riel et par les apparences quâelle donne, le rĂ©sumĂ© du film[9] la prĂ©sente dâailleurs comme une emmerdeuse notoire ». Caricature hystĂ©rique, elle use de la manipulation et ment comme dâautres respirent. Nicole est la cible principale des insultes dispensĂ©es par Francis et surtout par GĂ©rard. Durant les quatre premiĂšres minutes du film, elle et sa fille sont conjointement traitĂ©es de deux connes », et de deux grosses pĂ©tasses » qui ne peuvent pas bouger leur cul ». La seule scĂšne oĂč Francis se rangera Ă lâavis de Nicole en rĂ©torquant Ă son ami Nicole a raison tu es vulgaire », celui-ci lui objectera Nicole, je lui pisse Ă la raie ». Mais les deux compĂšres se rĂ©concilieront, concluant que câest la premiĂšre fois quâils se disputent, Ă©tant entendu que câest de la faute de Nicole, irrĂ©ductible fauteuse de trouble. DolorĂšs, rĂŽle jouĂ© par Carmen Maura et second personnage fĂ©minin, est une figure emblĂ©matique dâabnĂ©gation et lâincarnation des bonheurs simples ». Elle est tout dâabord prĂ©sentĂ©e comme une femme trĂšs vertueuse. A la disparition de son mari, dont on apprend quâil sâagissait dâun malfrat violent, elle a Ă©levĂ© seule ses deux filles. Bien que soulagĂ©e de la disparition de celui-ci, puisquâil la traitait mal, sa dĂ©votion maternelle la pousse Ă accepter la demande faite par ses filles de retrouver leur pĂšre. Lâimportance dâune bonne image paternelle Ă©tant sans doute crucial pour le dĂ©veloppement des enfants, DolorĂšs nâa jamais Ă©voquĂ© ce point avec ses filles qui sont persuadĂ©es que câĂ©tait un homme bien. DolorĂšs est toujours souriante, elle est humble et discrĂšte, elle nâa aucune exigence ni attente pour elle mĂȘme et elle est complĂštement dĂ©vouĂ©e Ă son entourage, particuliĂšrement aux hommes et Ă ses enfants. Elle est aussi trĂšs intuitive, et trĂšs empathique. Câest un maĂźtresse de maison serviable, compĂ©tente. Elle va mĂȘme participer Ă lâĂ©ducation de Nicole en lui transmettant son savoir sur le nettoyage des vĂȘtements, sur la cuisine, etc. Mais comme toutes les femmes elle ment. Ainsi, GĂ©rard qui dans un premier temps demandait perplexe Ă Francis OĂč il a trouvĂ© une perle pareille ? », sâexclamera plus loin dans le film quand on apprend toutes les subtilitĂ©s autour du mari de DolorĂšs, â Ah les bonnes femmes ! Oh la pute, ah tâas le chic tout de mĂȘme !». DolorĂšs et ses filles sont aussi traitĂ©es ironiquement et dĂ©daigneusement de gueuses » par GĂ©rard, lorsquâil dĂ©couvre quâelles travaillent de maniĂšre autonomes comme agricultrices et Ă©leveuses de canards, gĂ©rant elles-mĂȘmes une entreprise familiale de foie gras. Que cela soit dans la famille ou Ă lâusine, les femmes ont pris le pouvoir, et cela bien quâelles soient prĂ©sentĂ©es comme des demeurĂ©es. Les ouvriĂšres nâĂ©chappent pas Ă la rĂšgle, Ă©galement lors des quatre premiĂšres minutes du scĂ©nario, on apprend quâelles sont des salopes » dĂ©chaĂźnĂ©es, et une bande de connasses ». DĂšs le dĂ©but du film, elles sont en grĂšve, bien quâelles nâaient pas de revendication explicite propre. Lorsque Francis sâexclame Elles sont dĂ©chaĂźnĂ©es ces salopes », GĂ©rard lui explique Elles regardent trop la tĂ©lĂ©, on voit que des grĂšves Ă la tĂ©lĂ© ». Donc pas de revendication nommĂ©e, sauf quand Nicole et sa fille reprennent la direction de lâentreprise, lĂ , les ouvriĂšres se trouvent un registre de protestation les patronnes ». Et leur revendication devient le retour du patron », donnant mĂȘme naissance Ă une banderole, histoire de crĂ©dibiliser leur lutte, sur laquelle on peut lire les patronnes sont des connes ». Les patronnes sont des connes ». Mais pas de souci camaradEs, tout sâarrangera avec le retour du patron! De la vraie prose syndicale ! Et une fois de plus câest aux femmes que lâon fait dire tout le bien quâelles pensent de la domination masculine, porteuse supposĂ©e dâune autoritĂ© juste et bonne. Yasmina, seule ouvriĂšre dont on connaĂźt le nom, est aussi la seule ouvriĂšre racisĂ©e. Caricature de la mauvaise fille, elle fume, regarde les gens mĂ©chamment, parle comme une racaille», etc. Elle est prĂ©sentĂ©e comme celle dont il faut se mĂ©fier car câest la pire, en plus », en plus de quoi, on ne le saura pas. On sait par contre quâelle est maquĂ©e avec un dĂ©lĂ©guĂ© CGT qui lui donne des cours du soir ». Contrairement Ă ses collĂšgues, Yasmina ne fait pas grĂšve Ă cause de la tĂ©lĂ©, mais parce quâelle entretient des relations sexuelles avec un homme qui lui a un engagement syndical et qui lui est français, dĂ©tail connu du spectateur puisque Francis sâempresse de connaĂźtre sa nationalitĂ©. LâidĂ©e que les femmes font comme Ă la tĂ©lĂ© et que leur monde intellectuel tourne autour du petit Ă©cran, incapables de prendre la moindre distance, est rĂ©currente. Elle est notamment mise en scĂšne lors de la diffusion de lâĂ©mission incriminant Francis. Visiblement toutes les femmes du Jura sont scotchĂ©es derriĂšre leur Ă©cran, et de surcroĂźt, elles forcent les hommes Ă regarder lâĂ©mission avec elles. Yasmina, oblige son dĂ©lĂ©guĂ© syndical Ă stopper leurs Ă©bats pour regarder, une mĂšre semi-aveugle force son fils Ă regarder avec elle, une ouvriĂšre incarnĂ©e par Yolande Moreau frappe son fils pendant lâheure du repas car il fait du bruit et quâelle ne peut pas voir lâĂ©mission tranquille. Bien entendu Nicole et sa fille la regarde aussi, prĂ©occupĂ©es, elles, par leur rĂ©putation. Lorsque les producteurs de lâĂ©mission viennent Ă lâusine nĂ©gocier avec Francis son passage dans lâĂ©mission, les ouvriĂšres sâagglutinent en mode groupies autour dâeux pour obtenir un autographe. Sauf Yasmina, vĂ©ritable opportuniste qui a oubliĂ© dâĂȘtre con celle-là », comme GĂ©rard nous lâapprend plus tard. En effet, aprĂšs avoir snobĂ© les producteurs ainsi que ses propres collĂšgues, on apprend quâelle a larguĂ© son syndicaliste et quâelle sâest maquĂ©e avec lâun dâeux, pour partir Ă Paris. Mais Yasmina a beau ĂȘtre une sĂ©ductrice et jouer les dures Ă cuire, le spectateur se rend vite compte que dans le fond, elle est aussi niaise que les autres femmes, notamment lorsquâelle se met Ă sangloter de maniĂšre pathĂ©tique devant son Ă©cran de tĂ©lĂ©, donnant lâoccasion Ă son amant de lâinsulter â Tâes conne ou quoi ? Tu vas pas tomber dans cette sensiblerie bon marchĂ© ? Merde !». De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les personnages fĂ©minins sont dĂ©pourvus de subjectivitĂ©, leurs discours nâexistent que pour abonder dans le sens des hommes, et toujours pour parler dâeux. En cas dâexceptions, si elles essaient dâexposer leurs griefs et dâargumenter, leurs tentatives sont sĂ©vĂšrement interrompues, et de nouveau, les dialogues leur font reconnaĂźtre le bien fondĂ© des sanctions et des rappels Ă lâordre. Tout le film Ă©tant construit selon le point de vue des hommes avec pour but de les rendre lĂ©gitimes, le point de vue des femmes nâest donnĂ© que pour corroborer le discours de ceux-ci. Les trĂšs rares objections Ă©mises par les femmes sont tournĂ©es au ridicule, dĂ©nigrĂ©es, rĂ©primĂ©es par le recours Ă des propos injurieux ainsi que le mise en application de comportements violents. Dans tous les cas, cela aboutit au consentement des femmes elles-mĂȘmes, qui approuvent les hommes. En plusieurs occasions, elles vont mĂȘme jusquâĂ remercier leurs bourreaux pour la maltraitance quâelles subissent, dont on nous fait comprendre le bĂ©nĂ©fice quâelles en retirent. Chacun sa place, et les canards seront bien gardĂ©s Les mĂ©canismes de rĂ©assignation des femmes Ă leur statut dâĂȘtres subordonnĂ©s aux hommes sont mis en scĂšne de maniĂšre caricaturale et approuvĂ©s par ces derniĂšres. Lorsque Nicole apprend que Francis accepte de rĂ©pondre Ă lâĂ©mission de tĂ©lĂ©vision, elle et sa fille sont en cure de thalassothĂ©rapie. LĂ , elle fait une crise dâhystĂ©rie, allant jusquâĂ frapper son lit de maniĂšre simiesque, Ă tel point quâelle doit se faire calmer par une douche froide. Celle-ci est dispensĂ©e par un employĂ© du lieu, Ă lâaide de son gros jet, sous les yeux Ă©bahis de sa fille. LâemployĂ© explique Ă cette derniĂšre â Câest rien, câest le stress qui sâĂ©vacue, ça la dĂ©gage ». Pour rĂ©sumer certes, elle crie, mais en fait ça lui fait du bien. Comme lâillustre la capture dâĂ©cran ci-dessous, la posture de lâemployĂ©, lâexpression de son visage, lâorientation du jet sont trĂšs suggestives, Ă©voquant une image Ă caractĂšre pornographique. Câest rien, câest le stress qui sâĂ©vacue, ça la dĂ©gage »⊠Rien de tel quâun bon gros jet ⊠Cette scĂšne est aussi hallucinante quâimprobable. Quel Ă©tablissement admettrait quâun employĂ© se permette dâinfliger un pareil traitement Ă ses clientEs, particuliĂšrement lorsquâil sâagit dâune clientĂšle nantie comme Nicole et sa fille ? HumiliĂ©e par lâidĂ©e que son mari ait dĂ©jĂ une supposĂ©e famille et que toute la France le sache, Nicole accuse Francis de bigamie acceptant de retirer sa plainte si celui-ci accepte de lui cĂ©der tous ses biens, soit lâusine et la maison. Celui-ci obtempĂšre et part dans le Gers. Sâamorce alors la deuxiĂšme partie du film, et lâon apprend que Nicole incapable de gĂ©rer lâusine, a donnĂ© rendez-vous Ă GĂ©rard au restaurant, dans le but dâobtenir des informations sur Francis dâune maniĂšre sournoise. GĂ©rard, Ă qui on ne la fait pas, dĂ©code tout de suite ce manĂšge et va lui faire passer le goĂ»t de manipuler les hommes. Alors que Nicole est attablĂ©e, seule et lâair perdue dans le restaurant, GĂ©rard qui vient de rĂ©ajuster sa cravate, la surprend virilement par derriĂšre en lui plaquant une bise sur la joue. Nicole essayant dâexpliquer sa demande se prend dans la figure quâelle a sorti le grand jeu » sur un ton dĂ©nigrant, rĂ©fĂ©rence faite probablement Ă son dĂ©colletĂ© et ses bijoux. GĂ©rard prend dâentrĂ©e de jeu la conduite de la conversation et dĂšs lors câest Nicole qui sera tenue de rĂ©pondre, bien que lâinitiative du rendez-vous soit la sienne. Durant cette scĂšne elle est humiliĂ©e et ridiculisĂ©e par plusieurs procĂ©dĂ©s. Tout dâabord son interlocuteur ne lâĂ©coute pas, il lâinterrompt systĂ©matiquement, faisant les rĂ©ponses a sa place avec beaucoup de dĂ©dain. Elle est infantilisĂ©e du dĂ©but Ă la fin. GĂ©rard va jusquâĂ refuser la commande quâelle fait au serveur en la traitant de grossiĂšre » et en commandant Ă sa place sans la consulter. Il lui coupe la parole pour lui intimer de manger avant que cela soit froid. Cette infantilisation vis-Ă -vis de la nourriture se retrouve plus loin dans le film. Nicole qui reprend de la viande en cours du repas est interpellĂ©e par Francis sur un ton mĂ©prisant â Tu bouffes de la viande toi maintenant ? ». Et câest GĂ©rard qui rĂ©pond Ă sa place Elle mange de tout maintenant ». LâintĂ©ressĂ©e est renvoyĂ©e Ă un statut dâobjet de discussion qui se dĂ©roule dĂšs lors entre les deux hommes. Au restaurant, elle pleure Ă chaque fois quâelle essaie dâargumenter sa position en se faisant couper la parole et en essuyant des remarques du style ArrĂȘte de chialer comme un veau⊠!». Pendant quâelle essuie ses larmes, le serveur, de connivence avec GĂ©rard, lui demande en souriant â Alors ça vous a plu Nicole ? » Elle â CâĂ©tait exquis». Le spectateur aura remarquĂ©. Elle est aussi tenue de se justifier sans pouvoir finir ses phrases. Elle est insultĂ©e, notamment avec le terme de truie », car avec sa fille, elles nâont pas invitĂ© Francis au mariage de cette derniĂšre. Pourtant, son mari dĂ©nigrait ce mariage depuis le dĂ©but du film manifestant ouvertement lâennui profond que celui-ci lui inspirait. De plus le fait quâil soit parti dans le Gers nây change rien, GĂ©rard ne lâentend pas ainsi, il fallait lâinviter malgrĂ© tout. Vient alors la rĂ©vĂ©lation que GĂ©rard lui soutire grĂące Ă une tirade joliment formulĂ©e, aprĂšs avoir donnĂ© fermement du poing sur la table â Ăa suffit ! Ma belle, pendant des annĂ©es Ă chaque fois tu me regardais avec lâair de dire que ma bite elle a un goĂ»t, et maintenant tu tâhabilles comme un sapin de NoĂ«l pour avoir des nouvelles. Mais ça marche pas alors trouve autre chose ! » Peu de place est laissĂ©e Ă lâimagination pour anticiper ce que Nicole devra faire si elle persiste Ă vouloir obtenir du soutien. Mais avant cela, elle passe aux aveux. Elle explique que lâentreprise va trĂšs mal et que par consĂ©quent elle rĂ©clame de lâaide masculine, Ă©tant Ă©vident que deux femmes ne pouvaient aucunement ĂȘtre capables dâassumer de telles responsabilitĂ©s. En sortant du restaurant GĂ©rard la traĂźne par la main, refusant quâelle aille Ă sa voiture, lui expliquant quâelle la rĂ©cupĂ©rera le lendemain. Puis le scĂ©nario inflige Ă Nicole et aux spectateurs une scĂšne de coĂŻt pĂ©dagogique, dont on comprendra plus tard toutes les vertus Ă©ducatives que cela offre aux femmes. ⊠Lâheure de la saillie de King-Kong ? Non, non, en fait câest elle qui adore se faire tirer comme une chienne » Il faut tendre lâoreille pour discerner parmi les rĂąles et grognements du mĂąle en rut â Tâadore te faire tirer comme une chienne !». Nicole qui sâest vue imposer de monter dans la voiture de GĂ©rard, qui subit une levrette dans lâespace contigu de celle-ci, nâa pourtant pas lâair de manifester un plaisir quel quâil soit. Cette scĂšne sâinscrit dans le prolongement de celle de la douche au jet, renforçant lâidĂ©e que le fait de violenter les femmes est une bonne chose, Ă commencer pour elles-mĂȘmes, que ça les soulagent et quâau fond, elles adorent ça. Les deux scĂšnes qui suivent nous montrent premiĂšrement Nicole rentrant chez elle, dĂ©braillĂ©e et Ă©puisĂ©e sâĂ©croulant sur son lit, puis GĂ©rard au volant de sa voiture chantonnant un air de de rock, heureux, soulagĂ© et content de lui. Retour dâune sympathique soirĂ©e passĂ©e en compagnie ⊠⊠du sosie de lâoncle Leslie Kalkon » film Braindead », de Peter Jackson ! La disparitĂ© entre les rĂ©actions des deux personnages est chargĂ©e de beaucoup de stĂ©rĂ©otypes sexistes, mais le plus dĂ©rangeant est la violence sous-jacente qui est donnĂ©e Ă voir. Tout dâabord, le consentement Ă lâacte sexuel de Nicole porte Ă caution. Tout lâĂ©change au restaurant montre que GĂ©rard est en position de force. Il peut obtenir ce quâil veut, du choix de ce quâelle va manger au moyen de transport quâelle va utiliser. En rentrant chez elle, bien quâelle dise Ă sa fille que le rendez-vous sâest bien, passĂ©, je crois quâil va nous aider », montrant que le point dâintĂ©rĂȘt central de Nicole et de sa fille est dâobtenir lâaide de GĂ©rard. Parce quâen tant que femmes elles ne sont pas capables de sâen sortir sans hommes, notamment dans les affaires, et quâen tant que femmes elles sont prĂȘtes Ă tout pour avoir ce quâelles souhaitent, Ă mentir, Ă manipuler, et Ă fournir des services sexuels humiliants[10]. La mise en scĂšne de son retour chez elle, la montre comme extĂ©nuĂ©e moralement et physiquement. Le rapport sexuel quâelle a subi explicite bien son rĂŽle complĂštement passif durant celui-ci, mais cette mise en scĂšne vient renforcer lâidĂ©e dâun exploit masculin. Bien que nâayant rien fait dâautre que dâutiliser son corps Ă des fins de satisfactions personnelles, les prouesses dâun mĂąle sont susceptibles dâextĂ©nuer les femmes par leur prĂ©tendue puissance ». Câest une maniĂšre dâeuphĂ©miser le fait que GĂ©rard lâa bien baisĂ©e », dâune part il sâest soulagĂ©, et dâautre part il lâa remise Ă sa place. Dâailleurs, la scĂšne qui suit le montre guilleret au volant de sa voiture. On observe quâil est bien loin dâĂ©prouver de la fatigue, alors quâil Ă©tait complĂštement actif pendant le coĂŻt. La comparaison entre les deux scĂšnes, montre aussi quâelle est dans une inexorable immobilitĂ©, rĂ©ductible Ă ses possibilitĂ©s dâaction, câest Ă dire lâattente dâune action masculine. Lui est dans le mouvement, dispose de son corps et de celui des femmes. Il suit son propre chemin, prĂȘt pour de nouvelles aventures. La nĂ©gociation de sa sexualitĂ© contre une protection est renouvelĂ©e plus loin dans le film. Nâarrivant pas Ă joindre GĂ©rard au sujet de Francis, elle va le voir Ă son garage. Il lui apprend que sâil ne lui rĂ©pond pas câest parce que ça lâemmerde », et que ce nâest pas parce quâils se sont secouĂ©s dans la bagnole que ça doit changer quelque chose ». Nicole lui explique quâelle ne vient pas pour ça, ce que lâon comprend aisĂ©ment, mais pour savoir si Francis compte revenir. GĂ©rard se moque dâelle en lui expliquant que non. Puis, changeant soudainement dâavis sur ses intentions envers elle, il lui propose dâun ton mielleux alors, on se voit ce soir ? ». Ainsi dĂ©marre entre eux une relation. GĂ©rard, qui ne cesse de lâhumilier, de lui donner des ordres, de lâinsulter, va la ramener dans le droit chemin par ces procĂ©dĂ©s. Lorsquâil est interrogĂ© par Francis sur les changements positifs dans le comportement de Nicole, GĂ©rard lui rĂ©pond Elle a beaucoup progressĂ©, mais yâa encore du boulot. Euh, il faut dire que pendant ton absence jâai ⊠il mime de maniĂšre suggestive lâacte sexuel, ⊠et ça lui a bien dĂ©gagĂ© les Ă©coutilles ! ». Francis qui nây trouve aucun inconvĂ©nient, nây voit dâailleurs que des avantages ». Le spectateur comprendra aisĂ©ment, puisque lors des scĂšnes prĂ©cĂ©dentes, Nicole qui sort de la cuisine avec une claque sur les fesses administrĂ©e par GĂ©rard, arrive, visiblement heureuse de cette attention, dans le salon avec deux verres de vin Ă la main. GĂ©rard qui la suit de prĂȘt, lui ordonne - EH, OH, faut pas rester lĂ Ă bailler aux corneilles ! Va surveiller la fricassĂ©e, pendant que je me bois tranquillement un petit godet avec mon pote ! â Je vous laisse, je vous laisse », rĂ©pond Nicole confuse et sâexĂ©cutant docilement. Sur les mĂȘmes injonctions, elle obtempĂ©rera plus loin dans le film au service du cafĂ© et au va me faire couler un bain ». LâĂ©ducation masculine a portĂ© ses fruits elle est devenue une brave femme et en plus elle est heureuse de sa nouvelle condition. Lâassignation Ă des rĂŽles genrĂ©s passe aussi dans le scĂ©nario par le recours Ă la naturalisation de ceux-ci. Les mĂ©canismes de rĂ©assignations des femmes sâarticulent de maniĂšre Ă©troite avec la quĂȘte du bonheur des protagonistes masculins, un bonheur qui se trouve comme le titre du film lâannonce, dans le prĂ© ». Une opposition se dĂ©marque Ă©galement entre deux concepts, dâun cĂŽtĂ© celui de la ville », illustration de la modernitĂ©, et de lâautre, celui de la campagne » prĂ©sentĂ©e en image dâĂpinal. Cette campagne » dotĂ©e dâun lien implicite avec la nature » est aussi chargĂ©e dâune dimension traditionnelle Ă laquelle il est facile dâassocier le patriarcat. Cette habile Ă©quation entre campagne-nature-tradition patriarcale » permet de dĂ©ployer une essentialisation des rapports de pouvoir, pourtant socialement construits, un moyen efficace, sâil en est, de les faire passer pour lĂ©gitimes puisquâils se supposent naturels ». Les hommes du film, et surtout Francis, sont les victimes de la modernitĂ© tandis que les femmes en sont aliĂ©nĂ©es. Certes, les hommes, attachĂ©s Ă la tradition, consomment par exemple des plats du terroir au restaurant le Bon Laboureur », Ă la fois leur lieu de prĂ©dilection et leur refuge, oĂč ils peuvent ripailler tranquilles en mĂ©disant sur les femmes. Mais ces moments de rĂ©pit sont une bien maigre consolation en comparaison des oppressions auxquelles ils sont confrontĂ©s quotidiennement. La consommation de mets carnĂ©s semble reprĂ©senter un enjeu dans leur rapport au monde, ceux-ci bĂ©nĂ©ficiant dâune forme indĂ©niable de plus-value dans leurs discours. Nicole la grossiĂšre », mĂ©chante citadine va aussi devoir comprendre que câest mal-Ă©levĂ© de ne pas en manger, et GĂ©rard va lui apprendre Ă dĂ©laisser lâeau minĂ©rale pour lui prĂ©fĂ©rer la blanquette et le rĂŽti. Dans cette infantilisation des femmes autour de la nourriture, les hommes se rĂ©affirment en pourvoyeur de ressources consommables dĂ»ment assimilables aux espaces extĂ©rieurs, que les femmes cuisinent dans lâenceinte close de la maison, au foyer. En sâexilant Ă la campagne, les hommes sont plus proches de la vraie vie », ils peuvent se ressourcer et rĂ©instaurer des rapports naturels » avec les femmes. En abandonnant provisoirement les territoires citadins perdus, Francis offre Ă ses instincts rĂ©primĂ©s de mĂąle la possibilitĂ© de sâexprimer. Fort de cette conquĂȘte symbolique, il peut alors effectuer son come back » viril, auprĂšs de sa femme, de sa fille et de ses ouvriĂšres et reprendre la place qui lui avait Ă©tĂ© indĂ»ment prise. Si le bonheur est dans le prĂ© », câest bien parce que dans le prĂ©, et donc dans la nature, est inscrite la Vraie Nature des rapports entre les hommes et les femmes le bon vieux patriarcat. Ăloge de la violence envers les femmes des bienfaits de la bonne torgniole» Ă la bonne trempe » Câest un point crucial du film. Il est mĂȘme central dans la rĂ©appropriation du champ viril, en permettant de conjurer la prĂ©sence prĂ©sentĂ©e systĂ©matiquement comme essentiellement dĂ©lĂ©tĂšre des femmes. Ătant fourbes, manipulatrices et menteuses, elles doivent ĂȘtre cadrĂ©es. La morale du film montre que lorsque ce cadrage nâa pas lieu, la situation dĂ©gĂ©nĂšre. Câest la leçon que Francis apprend dans son parcours initiatique. Dans la premiĂšre partie du film, GĂ©rard se disputant avec Francis lui dit â ⊠tout ça câest de ta faute, si tu lui avais mis une bonne torgniole de temps en temps, on en serait pas lĂ . â Bah oui je sais, seulement moi je bats pas les femmes. » Mielleux et lâimitant GĂ©rard reprend â Mmmh, je bats pas les femmes. Mais tu leurs fais quoi aux femmes ? », sous-entendant quâil ne les frappe pas et quâil ne les baise pas non plus. A ce stade Francis sait que câest ce quâil faut faire. Il est dĂ©jĂ convaincu. Câest uniquement par un principe de lâordre du politiquement correct quâil ne les bat pas ». Dans la deuxiĂšme partie, GĂ©rard revient Ă la charge en lui disant, Ă propos de lâintrigue entourant la disparition du mari de DolorĂšs â Cuisine-lĂ un peu. Ah non, câest pas assez, fous-y une bonne trempe. ». LĂ , Francis ne rĂ©torque rien, il a bien compris la leçon avec Nicole. Il a vu sâopĂ©rer les changements bĂ©nĂ©fiques de celle-ci grĂące aux mĂ©thodes de GĂ©rard. Il sâexĂ©cute donc et gifle DolorĂšs violemment. GrĂące Ă cela, elle collaborera plus efficacement. Tu vas arrĂȘter de te foutre de ma gueule maintenant !!! » Comme pour tous les autres types de violences, elles sont prĂ©sentĂ©es comme acceptables et utiles, les actrices verbalisant lâapprobation quâelles en ont. Ainsi DolorĂšs remercie Francis car tout cela a permis de crever lâabcĂšs ». Si lâusage de la violence est nĂ©cessaire pour les hommes, on comprend quâelle lâest aussi pour les femmes, pour les protĂ©ger dâelles-mĂȘmes de leur mauvaise nature ». ⊠conclusion Concernant la question de la violence Ă lâĂ©gard des femmes », plusieurs points, extraits des recommandations du programme dâaction de la confĂ©rence de Beijing, sâavĂšrent Ă©clairants. Le point 118 souligne le fait que La violence Ă lâĂ©gard des femmes traduit des rapports de force historiques qui ont abouti Ă la domination des femmes par les hommes et Ă la discrimination âŠ. La violence Ă lâĂ©gard des femmes de tous Ăąges dĂ©coule essentiellement de comportements culturels âŠ. Les images de violences vĂ©hiculĂ©es par les mĂ©dias âŠ, contribuent Ă gĂ©nĂ©raliser ces formes de violence et ont un effet dĂ©plorable sur le public en gĂ©nĂ©ral âŠ. » La mise en scĂšne gĂ©nĂ©rale du film le bonheur est dans le prĂ© » reflĂšte explicitement ces rapports de force et sâinscrit dans la domination du groupe des femmes par le groupe des hommes. De mĂȘme la dimension culturelle de ces prises de pouvoir se dĂ©ploie de bout en bout. Les images de violences matĂ©rielles et symboliques, prĂ©sentĂ©es sous forme de comĂ©die, sans pour autant ĂȘtre du deuxiĂšme degrĂ©, forcent le spectateur Ă rentrer dans un registre dâhumour qui le place inĂ©luctablement dans la posture du dominant avec son regard spĂ©cifique portĂ© sur le monde. Ainsi, il est de grĂ© ou de force contraint dâobserver une mise en scĂšne des rapports sociaux selon un point de vue donnĂ©, dont le caractĂšre normatif est Ă©minent. Le point 118, en nommant lâancrage historique des rapports de force entre le groupe des hommes et celui des femmes, permet de faire un lien avec la dimension contextuelle de la production dâune Ćuvre artistique. De mĂȘme la mise en scĂšne des rapports entre les hommes et les femmes dans le film nâest pas neutre, elle traduit au contraire une vision orientĂ©e et partie prenante de ceux-ci. Cet extrait met en lumiĂšre, quâau-delĂ du contexte prĂ©-existant qui la produit, une Ćuvre a des effets, lâapologie de la violence en faisant partie. Et au-delĂ de cette apologie et du regard normatif plĂ©biscitĂ©s par le film, la rĂ©ception gĂ©nĂ©rale de celui-ci est Ă©galement Ă©clairante. En effet, dâune part lâengouement du public, les rĂ©compenses octroyĂ©es par le milieu du cinĂ©ma et donc la reconnaissance par les pairs, et dâautre part le silence gĂ©nĂ©ralisĂ© de la part des critiques quant Ă la dimension misogyne du film, montrent Ă quel point la question des violences faites Ă lâencontre des femmes et la domination masculine sont intĂ©riorisĂ©es et normalisĂ©es dans les reprĂ©sentations sociales. Elles sont invisibilisĂ©es. Ce mĂ©canisme fait partie de la violence symbolique qui amĂšne le groupe dominĂ© Ă adopter le point de vue des dominants. Ainsi, lâexemple de la quĂȘte du bonheur » dâindividus hommes, pourtant assise sur la participation subalterne et nĂ©cessaire des femmes, se constitue en quĂȘte du bonheur » gĂ©nĂ©rique, applicable Ă lâhumanitĂ©. Leur accĂšs au bonheur induit une mise Ă disposition physique et psychique des femmes sans laquelle celui-ci ne peut ĂȘtre atteint. Cet accĂšs au bonheur, prĂ©sentĂ© comme valable pour lâĂȘtre humain, renforce la posture du groupe des femmes qui pour y accĂ©der Ă©galement est irrĂ©mĂ©diablement relĂ©guĂ© Ă son statut de dominĂ©. MoralitĂ© de lâaffaire le bonheur de femmes, câest le bonheur des hommes. Pourtant cette moralitĂ© nâest pas irrĂ©ductible. Des mesures ont Ă©tĂ© proposĂ©es et devraient pouvoir ĂȘtre prises en compte, les points 125 j et 126 b des recommandations soulignant dans cette optique lâimportance de Sensibiliser les mĂ©dias Ă la responsabilitĂ© quâils ont de promouvoir des images non stĂ©rĂ©otypĂ©es des hommes et des femmes, ainsi que dâĂ©liminer les prĂ©sentations qui engendre de la violence, et encourager les responsables du contenu des mĂ©dias Ă Ă©tablir des rĂšgles de dĂ©ontologie et des codes de conduite ; faire comprendre lâimportance du rĂŽle qui incombe aux mĂ©dias dâinformer, dâĂ©duquer et de stimuler le dĂ©bat public sur les causes et les effets de la violence Ă lâĂ©gard des femmes ». Concevoir des programmes et mettre en place des procĂ©dures visant Ă Ă©duquer et sensibiliser le public au sujet des actes de violence Ă lâĂ©gard des femmes qui constituent un crime et une violation des droits fondamentaux des femmes ». La notion de lâĂ©limination des prĂ©sentations qui engendrent de la violence » touche Ă des questions de censure qui dĂ©passent de loin le cadre de la prĂ©sente analyse, et dont la pertinence mĂ©rite dâĂȘtre dĂ©battue. Il est cependant manifeste que rien du contexte critique ou de diffusion de ce film, ni le film en lui-mĂȘme ne sâinscrivent dans les recommandations ci-dessus, bien au contraire. Pourtant, une telle Ćuvre donne Ă voir que la violence faite contre les femmes nâest pas une fatalitĂ© mais procĂšde de rapports de force et reste une production directe des rapports sociaux de sexes. Bien quâil existe des objectifs et des propositions concrĂštes quant Ă lâĂ©limination de ces violences, les rĂ©sistances sont puissantes au sein dâune sociĂ©tĂ© traversĂ©e par la domination masculine dans sa dimension systĂ©mique et reflĂštent ces tensions. Car, au final, que reste-t-il dâun film annoncĂ© comme fable bucolique », sinon une vision phallocrate, misogyne, bourgeoise et raciste ? Une production artistique traduisant le regard de lâhomme blanc aisĂ© sur un monde quâil domine, quâil souhaite garder Ă son service pour sa seule satisfaction et le maintien de ses privilĂšges. Bravo Francis, te voilĂ enfin Ă©mancipĂ© de la domination fĂ©minine! Tu vois mon pote, le retour aux sources câest ça⊠la campagne, la nature, et surtout la vrai nature des rapports avec les femmes, dans la bonne vieille tradition patriarcale. Faut quand mĂȘme avouer que quelques taloches câest pas cher payĂ© ! The Streum Bibliographie Ouvrages Delphy, C. 2001. Lâennemi principal. Tome 1 & 2. Paris Syllepse Pheterson, G. 2001. Le prisme de la prostitution. Paris LâHarmattan Romito, P. 2006. Un silence de mortes. La violence masculine occultĂ©e. Paris Syllepse Tabet, P. 2004. La grande arnaque. SexualitĂ©s des femmes et Ă©change Ă©conomico-sexuel. Paris LâHarmattan Ouvrage collectif Collectif Stop masculinisme ». 2012. Contre le masculinisme. Petit guide dâautodĂ©fense intellectuelle. Documents Ă©lectroniques Annexe Jaquette du DVD avec le rĂ©sumĂ© du film [7] Sur lâanalyse du travail domestique comme base matĂ©rielle de lâoppression des femmes, voir Christine Delphy, Lâennemi Principal », 2001, tome 1 et 2 aux Ă©ditions Syllepse. [8] Gail Pheterson, Le Prisme de la prostitution », 2001, [9] Cf. la jaquette du DVD en annexe. [10] Sur la question des Ă©changes Ă©conomico-sexuels entre hommes et femmes, voir Paola Tabet La grande arnaque », 2004. Autres articles en lien
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Debonheur, se dit dans le mĂȘme sens. ⊠De bonheur pour elle, ces gens partirent presque aussitĂŽt, LA FONT., PsychĂ©, II, p. 118. 3° Le bonheur de, avec un infinitif, c'est-Ă -dire la satisfaction intime, le bonheur. Il a eu le bonheur de conserver longtemps sa mĂšre. ⊠Toutes deux d'une si heureuse constitution, qu'elles semblaient nous
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Notedesutilisateurs Bande-annonce Synopsis "Le bonheur est dans le prĂ©, cours-y vite, cours-y vite, le bonheur est dans le prĂ©, cours-y vite il va filer." C'est ce que s'empresse de faire le hĂ©ros du film aprĂšs avoir Ă©chappĂ© Ă la mort, aux employĂ©es de son usine de matĂ©riel pour et Ă ses emmerdeuses de femme et fille. Ătienne Chatiliez Director Florence Quentin Writer You need to be logged in to continue. Click here to login or here to sign up. GĂ©nĂ©ral s Mettre le curseur dans la barre de recherche p Ouvrir le menu du profil esc Fermer une fenĂȘtre ouverte ? Ouvrir la fenĂȘtre des raccourcis clavier Sur les pages des mĂ©dias b Retour ou vers le parent si faisable e Afficher la page de modification Sur les pages des saisons des Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es â Afficher la saison suivante flĂšche droite â Afficher la saison prĂ©cĂ©dente flĂšche gauche Sur les pages des Ă©pisodes des Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es â Afficher l'Ă©pisode suivant flĂšche droite â Afficher l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent flĂšche gauche Sur toutes les pages des images / photos a Ouvrir la fenĂȘtre d'ajout d'image / photo Sur toutes les pages de modifications t Ouvrir le sĂ©lecteur de traduction ctrl+ s Envoyer le formulaire Sur les pages des discussions n CrĂ©er une nouvelle discussion w Basculer le statut de suivi p Basculer publique / privĂ©e c Basculer fermer / ouvrir a Ouvrir l'activitĂ© r RĂ©pondre Ă la discussion l Afficher la derniĂšre rĂ©ponse ctrl+ enter Envoyer votre message â Page suivante flĂšche droite â Page prĂ©cĂ©dente flĂšche gauche
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